Dans un entretien à la presse de 2021[1], la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, affirmait que « croissance et émissions de CO2 [n’étaient] pas obligatoirement liées », citant en exemple l’Union européenne (UE). Depuis 1990, celle-ci a, de fait, réduit de 25% ses rejets de gaz à effet de serre tout en augmentant son produit intérieur brut (PIB) de 60%. Bien qu’il soit recevable au niveau des Vingt-Sept, le constat n’est toutefois guère transposable à l’échelle planétaire.
Sur un échantillon de 126 économies en croissance depuis dix ans, une minorité (36%) réduisent leurs rejets de CO2[2], le plus souvent à partir d’un niveau de richesse relativement élevé (les deux-tiers appartiennent au quartile supérieur de la distribution des PIB par habitant). Au bas de l’échelle des revenus, le recul des émissions est l’exception plutôt que la règle.
Si l’expansion des pays en développement ou émergents repose encore beaucoup sur les énergies fossiles, c’est que leur disponibilité comme leur coût (notamment pour ce qui est du charbon) restent des critères de choix décisifs. Afin d’aider à en sortir, les experts du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) recommandent d’intensifier la coopération internationale dans tous les domaines (financiers, technologiques ou socio-culturels). En 2009, les pays développés s’étaient d’ailleurs engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an afin d’aider les pays en développement dans leur transition écologique. Au dernier pointage de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques), le compte n’y est toujours
Jean-Luc Proutat