Gabriel Boric entreprend de dépasser les objectifs fixés jusqu’ici sur le plan national, en atteignant la neutralité carbone avant 2050, et sur le plan international en développant les capacités de production et d’exportation de lithium et d’hydrogène vert.
Même si la croissance de début 2023 a été meilleure que prévu pour les pays émergents, le scénario du ralentissement semble se confirmer pour le reste de l’année. En 2024, la vigueur de la reprise dépendra du contexte géopolitique et de l’ampleur de la détente de la politique monétaire aux États-Unis et en zone euro. Elle dépendra également des perspectives d’investissements des pays. Le rapport annuel de la CNUCED autorise un certain optimisme en la matière, sauf pour les économies à faible revenus.
La reprise de l’activité à la suite de l’abandon de la politique zéro Covid s’essouffle rapidement. La demande intérieure est freinée par une chute de la confiance des ménages et des investisseurs, et le moteur exportateur s’enraye. Les autorités assouplissent prudemment la politique monétaire, mais les effets sur l’activité de crédit pourraient s’avérer limités. D’autres mesures de relance sont attendues à court terme. Elles devraient entre autres viser à encourager l’emploi des jeunes.
La croissance indienne résiste grâce notamment au ralentissement de l’inflation et à un début d’amélioration du marché du travail. Les finances publiques, qui se sont légèrement consolidées au cours de l’année 2022/2023, restent beaucoup plus fragiles qu’il y a cinq ans. Le gouvernement privilégie la croissance à la consolidation budgétaire. Ses dépenses d’investissement continuent d’augmenter alors même que ses marges de manœuvre diminuent en raison de la hausse du poids des intérêts sur la dette. La forte hausse des investissements publics a permis d’améliorer la qualité des infrastructures, ce qui devrait attirer un peu plus les investissements étrangers
L’activité économique taiwanaise a fortement ralenti depuis le printemps 2022. L’île est particulièrement vulnérable à l’affaiblissement de la demande mondiale et au retournement du cycle électronique en raison de sa dépendance aux exportations de semi-conducteurs. En même temps, sa position de quasi-monopole sur le marché des microprocesseurs les plus sophistiqués la protège probablement contre la menace d’une agression chinoise, au moins à court terme. D’un point de vue strictement macroéconomique, Taiwan dispose de solides fondamentaux – et en particulier une position financière extérieure très confortable – qui renforcent sa capacité à résister aux chocs externes.
À l’occasion des élections présidentielles et législatives du mois de mai dernier, la livre turque s’est de nouveau fortement dépréciée et les taux d’intérêt domestiques se sont tendus. Le calme est revenu au cours des dernières semaines avec le revirement monétaire de la Banque centrale (CBRT), désormais dirigée par Hafize Gaye Erkan, et le retour de Mehmet Simsek, caution du gouvernement vis-à-vis des marchés et investisseurs étrangers, à la tête du ministère du Trésor et des Finances. Mais la tâche qui leur est confiée de rééquilibrer une économie réelle en état de surchauffe et confrontée à une inflation toujours vive s’annonce difficile. Plus que le ralentissement récent de la croissance, c’est le risque – assez probable - d’une aggravation des déficits jumeaux qui inquiète
L’activité économique s’est nettement affaiblie au cours de ces trois derniers trimestres. Au T1 2023, le recul du PIB s’explique principalement par le repli de la demande intérieure. Pour 2023, le scénario d’une faible récession semble se dessiner ne serait-ce qu’en raison d’un acquis de croissance fortement négatif. De plus, les perspectives d’un rebond sont faibles à court terme car l’inflation reste très élevée et le marché de l’immobilier donne des signes de faiblesse. En 2022, les déficits budgétaire et courant se sont accentués en raison du choc énergétique. Mais les ratios d’endettement (public et externe) se sont peu aggravés. En 2023, les comptes externes devraient s’améliorer grâce à la relative détente des prix des matières premières et de l’énergie.
La croissance économique, jusqu’à présent très dynamique, devrait faiblir et les autorités sont confrontées à plusieurs défis en 2023. La consolidation des comptes publics est une priorité à court terme, faute de quoi la Roumanie pourrait faire l’objet de nouvelles mesures disciplinaires de la part de l’Union européenne. L’inflation reste élevée, même si elle reflue depuis fin 2022. Cela devrait inciter les autorités monétaires à privilégier un statu quo. Le déficit courant s’est creusé pour avoisiner 10% du PIB en 2022 mais il devrait s’atténuer à court terme en raison de la baisse des prix de l’énergie. En dépit de l’importance des déficits courant et budgétaire, la Roumanie continue d’attirer les flux de capitaux étrangers.
Un vent d’optimisme souffle actuellement sur le Brésil. Les actifs brésiliens se sont fortement redressés au T2 2023 sur fond d’avancées des réformes et de surprises positives concernant la croissance, l’inflation, le marché du travail et les comptes externes. De nouvelles mesures de soutien budgétaire, conjuguées à la détente des prix de l’énergie et à l’assouplissement monétaire attendu au S2 devraient, en outre, atténuer le ralentissement de l’activité cette année. Les voyants au vert cachent néanmoins les fragilités de la demande interne et des dynamiques sectorielles différenciées. Sans une hausse des recettes, les cibles de résultat primaire définies par la nouvelle règle budgétaire semblent difficilement atteignables.
La transition énergétique au Chili apparaît plus avancée que dans la majorité des pays d’Amérique latine. La conjonction d’une géographie favorable, de ressources importantes, des aspirations de l’opinion publique et de la volonté politique a favorisé la mise en place de nombreuses mesures depuis près de 25 ans. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, Gabriel Boric entreprend de dépasser les objectifs fixés jusqu’ici sur le plan national, en atteignant la neutralité carbone avant 2050, et sur le plan international en développant les capacités de production et d’exportation de lithium et d’hydrogène vert.
L’Égypte est fortement exposée aux conséquences du réchauffement climatique. Le stress hydrique est déjà considéré comme critique. Les différents indicateurs de vulnérabilité et de résilience ont tendance à se détériorer, accroissant le risque climatique à terme. Les moyens financiers du gouvernement sont extrêmement contraints, étant donné la situation macroéconomique dégradée. La transformation du mix énergétique peut être partiellement financée par des capitaux privés. En revanche, le financement des politiques de réduction et d’adaptation au changement climatique, par définition moins rentables à court terme, reste problématique.
Après s’être financé durant des années auprès des marchés internationaux et de la Chine, le Kenya fait face à une hausse considérable du service de la dette extérieure, qui a entraîné de fortes pressions sur la liquidité extérieure et sur le shilling. La croissance soutenue de 2021-2022 n’a pas suffi à stabiliser les ratios d’endettement. Le soutien des créanciers multilatéraux, renouvelé fin mai 2023, a permis de reconstituer partiellement les réserves officielles de change et de rassurer quelque peu les investisseurs. Mais le risque d’instabilité sociale a nettement augmenté en raison des efforts engagés de consolidation budgétaire et d’une inflation élevée persistante.
L’économie ivoirienne semble avoir bien résisté aux différents chocs externes depuis 2020. La croissance est restée robuste et l’inflation relativement maîtrisée. Cependant, les mesures mises en place par les autorités pour protéger la population et la poursuite des grands chantiers d’infrastructures publiques ont fortement creusé le déficit budgétaire alors que les conditions de financement se dégradaient. Afin de réduire les pressions sur les finances publiques et les comptes extérieurs, les autorités ont fait appel au FMI. Elles se sont engagées dans un programme de consolidation budgétaire qui pourrait s’avérer délicat à mener à bien.
Hormis le fait d’être situés en Asie du Sud, le Sri Lanka, le Pakistan et le Bangladesh ont comme point en commun d’être très vulnérables aux chocs exogènes, notamment ceux liés au cycle des matières premières et au changement climatique. L’épidémie de Covid-19 et la très forte hausse des prix des matières premières en 2021 et 2022 ont ainsi aggravé les déséquilibres macroéconomiques de ces pays, dont les finances publiques et les comptes extérieurs étaient déjà fragiles. Ainsi, le Sri Lanka a fait défaut sur sa dette extérieure en 2022. Ce n’est pas encore le cas du Pakistan, même si le risque est très élevé. Quant au Bangladesh, il a beaucoup mieux résisté aux chocs que ses deux voisins et devrait échapper au défaut.
Selon l’Organisation des Nations Unies, la population indienne aurait dépassé celle de la Chine en avril. Cette forte croissance de la population est perçue comme un atout considérable pour l’économie. Cependant, le niveau très élevé du chômage des jeunes est une source d’inquiétude et certains redoutent que l’avantage démographique de l’Inde ne soit en réalité un risque social en devenir.
Le 14 mai dernier, les élections législatives se sont tenues en Thaïlande, permettant de renouveler les 500 membres de la chambre des représentants. L’ensemble des partis dits « démocratiques » ont vraisemblablement remporté plus de 300 sièges.
Plus tôt cette semaine, la Hongrie a publié ses comptes nationaux pour le premier trimestre. Le PIB hongrois a reculé de 0,2% par rapport au trimestre précédent, après -0,6% au quatrième trimestre et -0,8% au troisième trimestre. Ce résultat est conforme aux attentes compte tenu de la détérioration très marquée des indicateurs conjoncturels, tels que les ventes au détail et la production industrielle ces derniers mois. Dans la région, la croissance était également morose mais l’activité économique a mieux résisté en République tchèque, en Roumanie et en Pologne. L’économie hongroise est actuellement confrontée à plusieurs défis. Des éléments en faveur de la Hongrie sont toutefois à souligner.
Les exportations des pays émergents se sont fortement contractées fin 2022-début 2023, notamment en Asie en raison du retournement du cycle électronique mondial. Mais le découplage structurel États-Unis/Chine est probablement déjà à l’œuvre.
Le candidat de la majorité sortante, Bola Tinubu, a remporté une victoire serrée aux élections présidentielles du 25 février dernier. Les défis qui l’attendent sont de taille : relancer la première puissance économique africaine et restaurer une stabilité macroéconomique qui s’est détériorée dangereusement malgré l’envol des cours du pétrole.
L’Égypte connait actuellement une détérioration de l’ensemble des indicateurs macroéconomiques. En 2023, on devrait assister à un ralentissement de la croissance dans un contexte de très forte poussée inflationniste. Contrairement aux autres pays émergents, l’inflation devrait accélérer en 2023, en raison notamment de la dépréciation de la livre égyptienne de 50% depuis un an.
La situation économique de la Tunisie suscite l'inquiétude. La prime de CDS sur les obligations souveraines à 5 ans est passée de moins de 730 points de base (pb) fin novembre à 1072 pb actuellement. À ce stade, le pays rejoint la catégorie des émetteurs émergents considérés comme proches du défaut par les investisseurs.
Au T4 2022, la croissance économique chinoise a ralenti à 2,9% en glissement annuel (g.a.), contre 3,9% au T3. En glissement trimestriel, l’activité a stagné. Notre baromètre ci-dessous illustre l’affaiblissement généralisé de l’activité au cours du dernier trimestre 2022.
Au cours des tous derniers mois 2022, les marchés actions des principales places émergentes font preuve d’un peu plus d’optimisme. Ils parient sur une relance de la croissance en Chine après la levée des restrictions sanitaires, sur l’effet positif de la baisse des prix des matières premières pour les pays importateurs et sur un impact moins sévère qu’anticipé du durcissement monétaire américain et de l’appréciation du dollar. Les deux premiers arguments sont fragiles et doivent être relativisés. Quant au choc financier, il est probablement derrière nous en effet. Mais ses conséquences négatives sur l’investissement persisteront cette année
L’abandon soudain et mal préparé de la politique zéro Covid début décembre 2022 a plongé la Chine dans de nouvelles turbulences. La forte vague épidémique a gêné la production du secteur manufacturier et retardé, une nouvelle fois, le redressement de la consommation privée et de l’activité dans les services. Toutefois, en supposant un reflux de l’épidémie à partir de février 2023, la demande intérieure devrait enfin rebondir, aidée par des mesures supplémentaires de soutien monétaire et budgétaire. En revanche, les exportations devraient rester pénalisées par la faiblesse de la demande mondiale. Alors que l’excédent courant devrait se réduire en 2023, l’évolution des flux de capitaux est plus incertaine.
L’économie indienne a bien résisté à l’environnement extérieur en 2022 mais elle ralentit en raison notamment des pressions inflationnistes. Sur l’année fiscale qui s’achèvera en mars 2023, le déficit budgétaire pourrait excéder la cible initiale, mais le dépassement devrait être marginal et le ratio de la dette rapportée au PIB devrait poursuivre sa décrue. Les risques de refinancement de l’État restent contenus. En revanche, les tensions sur les comptes extérieurs devraient rester relativement fortes, en raison, notamment, de la baisse des exportations dans un contexte international défavorable. Pour autant, la banque centrale devrait être en mesure de contenir la dépréciation de la roupie