Le maintien à un niveau élevé de l’inflation en glissement annuel et son momentum haussier continuent de peser négativement sur le moral des ménages aux États-Unis. En avril, la confiance des consommateurs, mesurée par le Conference Board, s’est repliée pour un troisième mois consécutif (97,0, -6,1pp), ce qui achève d’effacer les progrès de la fin d’année 2023. De même, l’enquête de l’Université du Michigan fait état d’un décrochage de son indice du sentiment du consommateur en mai, avec un résultat de 69,1 (-10,5), constituant un plus bas depuis novembre.
L’estimation préliminaire de la croissance au premier trimestre n’a pas dissipé les doutes sur l’état de la demande intérieure au Royaume-Uni. Bien que l’inflation ait baissé, que les salaires réels et la confiance des ménages se soient améliorés, les consommateurs britanniques restent frileux. En hausse de seulement 0,2% t/t au T1, la consommation des ménages ne comble en effet qu’une petite partie de la contraction enregistrée les deux trimestres précédents (-1,0% en cumul). Par ailleurs, les ventes au détail ont encore surpris défavorablement en avril, accusant un repli en volume de 2,3% m/m, après une légère baisse en mars (-0,1% m/m).
L’économie japonaise a, conformément à nos attentes, fait l’objet d’une contraction du PIB de -0,5% q/q au premier trimestre 2024. Celle-ci est à mettre en relation avec les perturbations liées au séisme du 1er janvier sur la péninsule de Noto et à la fermeture temporaire de centres de production automobile sur fond de scandale de sécurité. Les composantes du PIB suggèrent par ailleurs une faiblesse généralisée de l’économie, avec, au premier chef, une quatrième contraction consécutive de la consommation des ménages qui constitue le premier moteur de la baisse du PIB. Par ailleurs, la publication s’est accompagnée d’une révision de la croissance du T4 2023 à +0,0% q/q (contre +0,1% précédemment)
La dynamique de l’économie chinoise reste caractérisée par des divergences sectorielles et par la morosité de la demande intérieure privée. Comme l’illustre notre graphique ci-dessous, l’activité dans le secteur manufacturier a gagné en vigueur sur la période février-avril 2024 par rapport aux trois mois précédents, alors que l’activité dans le secteur des services ne s’est pas renforcée.
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et de change.
Le mois d’avril pourrait marquer le retour de l’inflation sous-jacente (selon la définition de l’Insee) vers le seuil des 2%. La désinflation se diffuse progressivement à davantage de postes (au premier rang desquels se trouvent les biens manufacturés et l’alimentation) : sur les 3 premiers mois de l’année, seule la moitié de ces postes témoignait toujours d’une inflation supérieure à 2% en glissement annuel.
Le message de la Réserve fédérale à l’issue de la réunion du comité directeur des 30 avril-1er mai, était sans équivoque. Il faudra attendre encore avant d’acquérir le degré de confiance suffisant sur les perspectives d’inflation qui justifierait une baisse des taux des fonds fédéraux. Voici donc le retour d'un scénario « High for longer » (l’hypothèse que les taux restent élevés plus longtemps que prévu) pour les taux des fonds fédéraux, comme à l'automne 2023. En l'état actuel des choses, la grande question consiste à savoir dans quelle mesure l’économie peut rester résiliente si les Fed funds demeurent à leur niveau actuel jusqu'à l’automne, voire au-delà, ou si le risque d'un atterrissage brutal s’est accru
Les chiffres clés de l'économie française comparés à ceux des principaux pays européens, l'analyse des données relatives à la population et au marché du travail français, l'activité par secteur, les chiffres des administrations publiques, de l'inflation, des taux et des comptes des entreprises.
Le débat sur la souveraineté monétaire au sein des pays émergents refait surface, avec d’un côté le projet du président argentin Javier Milei de dollariser son économie, et de l’autre la tentation de plusieurs dirigeants de pays d’Afrique de l’Ouest d’abandonner le franc CFA. D’un point de vue strictement économique, la dollarisation est efficace pour éteindre les incendies inflationnistes. Mais, pour être soutenable dans la durée, elle impose des contraintes fortes sur la politique budgétaire et la nature des investissements étrangers
Au Maroc, les derniers chiffres de la croissance du PIB et de l’inflation ont été meilleurs qu’attendu, mais le nouvel épisode de sécheresse compromet la reprise économique. L’instabilité régionale constitue un autre risque à prendre en considération. Le pilotage adéquat de la politique économique et les fondamentaux solides du pays restent toutefois des facteurs rassurants de stabilité macroéconomique.
Historiquement, on observe une corrélation très étroite entre les variations des rendements des Treasuries et du Bund allemand. Cela est pertinent dans le contexte actuel dans la mesure où le biais plus restrictif dans les messages récents de la Réserve Fédérale pourrait continuer à exercer une pression haussière sur les taux d’intérêt à long terme aux États-Unis et sur les rendements obligataires en zone euro. Depuis le début de l'année toutefois, l'augmentation des rendements du Bund est moins importante qu’attendu au regard de la relation statistique passée. Cette évolution reflète sans doute la conviction des investisseurs que la BCE commencera à baisser ses taux directeurs avant la Réserve Fédérale
2024 devrait être l'année où la Réserve fédérale, la BCE comme la Banque d’Angleterre commenceront à baisser leurs taux directeurs, principalement pour accompagner la baisse de l’inflation. Le timing de la première baisse de taux reste toutefois incertain, de même que le nombre de baisses attendues. Les conditions d’une première baisse des taux en juin semblent en passe d’être réunies pour la BCE, qui, selon nos prévisions, précèderait ainsi de peu la Fed, dont la première baisse de taux est attendue non plus en juin mais en juillet. En outre, l’éventualité que la Fed ne baisse pas du tout ses taux cette année gagne en probabilité au regard de la résistance de la croissance et de l’inflation. Un tel statu quo monétaire de la Fed pourrait avoir plus de conséquences négatives que positives.
L’activité en zone euro devrait progressivement se renforcer au cours de l’année 2024, portée par l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages et la baisse des taux d’intérêt. Le secteur industriel en zone euro fait toutefois face à des problèmes structurels importants, que la baisse des taux directeurs de la BCE n’endiguera pas (ou peu). La montée en puissance du fonds de relance européen permettrait théoriquement aux pays du sud de la zone euro, qui en sont les principaux bénéficiaires, de surperformer à nouveau en 2024. Néanmoins, à ce stade, ses effets ont été relativement limités et les problèmes d’implémentation – mis en évidence dans un rapport récent de la Commission européenne – ne se dissiperont pas totalement cette année.
L’économie allemande sous-performe de façon notable depuis un peu plus de 6 ans par rapport à la moyenne de la zone euro et à ses standards passés. Il se pourrait même que le pays ait de nouveau été en récession au T4 2023 et au T1 2024. L’Allemagne aura-t-elle alors touché le fond ? D’un point de vue conjoncturel c’est probable car l’accès de faiblesse, enregistré cet hiver, résulte pour partie d’effets exceptionnels. D’un point de vue structurel, l’économie allemande devrait continuer d’enregistrer une croissance modérée, qui ne lui permettrait pas de retrouver son statut de moteur de la croissance européenne.
Comme en 2022 et 2023, l’économie française a entamé l’année sur une note faible et devrait voir sa croissance s’accélérer au 2e trimestre. Même s’ils sont différents des précédentes années, des vents contraires ont pesé sur l’économie française au 1er trimestre 2024. Au-delà de ce phénomène purement conjoncturel, pour renouer avec une croissance plus durable il faudra attendre le retour du consommateur français, que nous anticipons également pour le 2e trimestre. Enfin, l’investissement des entreprises devrait redevenir un support à la croissance française, avec notamment la mise en œuvre du plan France industrie verte.
En 2023, le PIB réel italien a progressé de près de 1 %. La croissance a été généralisée : la consommation des ménages a augmenté de 1,2%, notamment en raison de la poursuite de l’amélioration des conditions sur le marché du travail, et l’investissement est resté le principal moteur de la croissance. Les dépenses en machines et équipements de technologies de l’information et de la communication (TIC) sont en hausse de 20% par rapport à 2019, ce qui a eu des premiers effets positifs sur la croissance potentielle. La croissance des investissements depuis la période postpandémique a contribué à augmenter le nombre d’entreprises s’appuyant efficacement sur les technologies de transformation numérique pour soutenir leur productivité.
La courte récession néerlandaise semble avoir pris fin, grâce au dynamisme de la consommation privée et publique. L’inflation continue de ralentir, même si elle reste plus forte que prévu dans certains secteurs. Le nouveau gouvernement n’a pas encore été formé, mais un large consensus estime qu’une fois qu’il le sera, les dépenses publiques augmenteront, ce qui donnera un coup de fouet à l’économie. Celle-ci devrait donc suivre une trajectoire différente, plus positive, de celle de ses voisins.
Notre estimation « nowcast » de la croissance belge au premier trimestre 2024 confirme les perspectives relativement positives de l’économie : elle continue de croître à un rythme proche de la tendance (0,3 % par trimestre), en dépit d’un environnement extérieur difficile. Des facteurs ponctuels ont amplifié le recul de l’investissement des entreprises et des échanges en fin d’année dernière, mais la consommation des ménages est redevenue le principal moteur de la croissance économique. Les modes de consommation évoluent toutefois, avec une augmentation du commerce électronique et de la part des dépenses consacrées aux services. Les entreprises belges continuent cependant d’afficher une certaine résilience, tandis que le marché du travail ralentit.
Après huit ans de gouvernement socialiste, la coalition de centre droit Alliance démocratique a remporté les élections législatives anticipées du 10 mars dernier. Ce revirement politique, dans un contexte d’absence de majorité absolue au Parlement, pourrait être source d’instabilité dans le pays. Néanmoins, l’assainissement profond des finances publiques réalisé durant le mandat d’António Costa, ainsi que la solidité des fondamentaux macroéconomiques, permettent au futur gouvernement de disposer d’une importante marge de manœuvre économique et budgétaire. La croissance portugaise devrait rester largement supérieure à celle de la zone euro en 2024 (1,2% selon la Commission européenne, contre 0,7% pour la zone euro).
Les perspectives économiques au Royaume-Uni restent dégradées. Après une année 2023 marquée par une détérioration progressive de l’activité – un ralentissement au premier semestre suivi d’une contraction au second – la croissance devrait tout juste se maintenir en territoire positif en 2024. À l’approche des élections législatives, prévues en fin d’année, le premier ministre Rishi Sunak, en difficulté au sein du parti Conservateur, peine à rassurer les ménages qui subissent de plein fouet l’augmentation du coût de la vie et des taux d’intérêt. Malgré le regain de pouvoir d’achat et la bonne tenue du marché du travail, la consommation privée reste déprimée