Malgré une remontée importante des cas de Covid-19 dans le pays depuis début novembre, le taux d’incidence est encore inférieur à celui observé en France et en Allemagne. Les inquiétudes liées à la situation sanitaire n’ont d’ailleurs eu que peu d’effet jusqu’ici sur la confiance des entreprises : l’indice PMI composite s’est amélioré en novembre (+1,9 point à 58,3) grâce à de meilleures perspectives du côté des services. La bonne dynamique dans ce secteur s’observe aussi dans le sondage de la Commission européenne, qui montre un niveau d’optimisme jamais atteint en 20 ans.
Après la récession soudaine, profonde et atypique de 2020, provoquée par la pandémie de Covid-19, l’année 2021 a également inédite à plusieurs égards. Les goulets d’étranglement du côté de l’offre et les perturbations des chaînes d’approvisionnement, thèmes dominants en 2021, ont freiné la croissance, directement mais aussi indirectement, en entraînant une remontée de l’inflation à des niveaux inédits depuis des décennies. Dans l’hypothèse d’une maîtrise progressive de la pandémie grâce à une meilleure couverture vaccinale, nous devrions assister en 2022 à une normalisation en termes de croissance, d’inflation et de politique monétaire.
La recrudescence de la pandémie de Covid-19 et l’apparition du nouveau variant Omicron compliquent plus encore la tâche de la Banque centrale européenne. La modération attendue de la croissance, qui reste élevée, risque de s’accentuer, du moins à court terme. En parallèle, l’inflation poursuit son envolée tout en se renforçant. Face à une incertitude accrue, la BCE tient un discours de prudence et de constance tout en se disant prête à réagir. D’après notre scénario, qui conserve un certain optimisme du côté de la croissance et entrevoit à une certaine persistance de l’inflation, la BCE mettrait fin au PEPP en mars 2022 et commencerait à remonter le taux de dépôt à la mi-2023.
Aux États-Unis, le dérapage des prix n’en finit plus et devient un véritable sujet d’attention. En novembre 2021, l’inflation a atteint 6,8% sur un an, un record depuis juin 1982. Si, comme les mois précédents, la flambée des prix de l’énergie (+33% sur un an) a contribué à renchérir le coût de la vie, elle n’est plus seule en cause. Hors alimentation et énergie, l’inflation a été mesurée à 4,9% en novembre, là encore, un record. En hausse de 3,9% sur un an, les loyers, qui constituent le principal poste de dépense pour les ménages (33% de l’indice), commencent notamment à peser lourd. Loin d’être anecdotique, leur renchérissement s’accentue mois après mois, dans le sillage de la flambée des prix de l’immobilier
Devant le Sénat américain, Jerome Powell a reconnu qu’il pouvait y avoir une inflation moins transitoire que ce que l’on avait pensé jusque-là, ce qui justifierait une réduction des achats d’actifs plus rapide. Malgré ce durcissement de ton, les bons du Trésor ont peu réagi. Cela pourrait refléter l’inquiétude des marchés sur l’évolution de la pandémie. Le nouveau variant Omicron constitue, en outre, un choc d’incertitude pour les ménages et les entreprises. Il vient s’ajouter à un choc d’offre négatif qui freine la demande. Cela rend la tâche des banques centrales plus complexe que jamais au moment de décider de l’ampleur du coup de frein monétaire qu’elles peuvent donner.
La BCE insiste sur l’importance de faire preuve de patience avant d’envisager un resserrement monétaire malgré l’inflation actuellement élevée. D’après elle, l’inflation reculera l’année prochaine et il n’y aura pas de spirale salaires-prix. En outre, les attentes d’inflation demeurent solidement ancrées. Dans la zone euro, la demande est freinée par la hausse des prix de l’énergie. Augmenter les taux, en réaction à l’inflation induite par l’offre, pourrait réduire encore davantage la demande. Pour éviter ce scénario, la banque centrale a raison d’attendre, adoptant ainsi une approche de gestion des risques appliquée à la politique monétaire
C’est un dérapage transitoire… qui dure ! En octobre, l’inflation américaine a été mesurée à 6,2% sur un an, son plus haut niveau depuis trente-et-un ans. Si, comme les mois précédents, l’alourdissement de la facture énergétique est en cause (il explique 30% du chiffre), l’accélération de la hausse des prix est un phénomène qui s’étend aux États-Unis. Elle rattrape les loyers, dont le renchérissement atteint déjà 3,5% sur un an et va, à coup sûr, s’accentuer.
Les pressions inflationnistes se renforcent dans les pays émergents depuis le début de l’année 2021. L’inflation totale a poursuivi son accélération au cours de l’été (à l’exception de l’Asie), principalement, sous l’effet conjugué de la hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie et du fléchissement des monnaies face à l’USD. Cependant, l’inflation sous-jacente s’est aussi globalement accélérée. Conséquence, les banques centrales d’Amérique latine et d’Europe centrale ont commencé à relever leurs taux directeurs. En Asie, l’inflation est restée faible (notamment en Asie du Nord) ou s’est stabilisée (Inde) de sorte que la politique monétaire est demeurée accommodante
La hausse significative de l’inflation dans la plupart des pays avancés devrait être transitoire. Il convient néanmoins d’examiner les conséquences possibles d’une inflation transitoire élevée sur la durée. Comment les entreprises, jusque-là hésitantes, répercuteront-elles la hausse des coûts sur les prix ? Quel sera l’impact sur les dépenses, mais aussi sur les revendications salariales ? Les anticipations d’inflation évolueront-elles à la hausse ? Quid de la sensibilité accrue du marché aux surprises concernant la croissance et l’inflation ? Sans oublier les craintes d’une modification de la fonction de réaction de la banque centrale
Au cours des derniers mois, l’état d’urgence en vigueur dans une grande partie du pays a freiné l’activité, notamment dans les services. De plus, le secteur manufacturier a été confronté à des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, en particulier dans l’industrie automobile. Enfin, les importants effets de base liés à la pandémie compliquent l’interprétation des données en glissement annuel.
D’après les données récentes, la confiance des entreprises et des ménages est en hausse, et la croissance du PIB réel devrait ralentir tout en restant bien supérieure à son potentiel. Les interactions entre les dépenses, les bénéfices des entreprises et l’emploi, alors que conditions monétaires et financières sont favorables, constituent un facteur-clé. Pour utiliser une métaphore courante, le ciel semblait jusqu’à présent dégagé mais les nuages s’amoncellent. Les banques centrales devraient durcir le ton. Aux États-Unis, les dissensions politiques influencent l’agenda économique du président Biden, tandis que la Chine traverse une phase d’ajustements majeure
Malgré un premier semestre décevant sur le front de la croissance économique, l’Espagne connaîtra, sauf dégradation de la situation sanitaire, un rebond d’activité important au second semestre 2021. La fréquentation touristique se rétablit (mais reste historiquement basse) tout comme l’emploi. Les risques inflationnistes s’intensifient cependant. La hausse spectaculaire des prix de l’énergie a contraint le gouvernement à prendre des mesures drastiques pour alléger la facture des ménages, au prix de dépenses budgétaires plus importantes. Dans ce contexte encore incertain, et bien que la situation sanitaire soit pour le moment plus favorable (soutenue par un niveau de vaccination élevé), le budget pour 2022, dévoilé cet automne, restera sans nul doute expansionniste
Depuis la fin 2020, l’inflation dans la zone euro remonte de façon quasi verticale. Il y a un an, elle était légèrement négative en glissement annuel ; en septembre 2021, selon l’estimation préliminaire d’Eurostat, elle s’élevait à 3,4%, un plus haut depuis septembre 2008. Cette remontada est particulièrement vive en Allemagne, suivie de l’Espagne, et, dans une moindre mesure, de l’Italie et de la France. En Allemagne, l’évolution de l’inflation porte la trace de l’abaissement temporaire de la TVA au second semestre 2020. En Espagne, la hausse des prix de l’énergie est notamment accentuée par un niveau de TVA sur l’électricité plus élevé que dans la plupart des autres pays européens
Lorsque, en phase d’expansion de l’activité, l’inflation est tirée par la demande, on parle de bonne inflation. Mais il existe aussi une mauvaise inflation. Dans ce cas, la hausse des prix ne découle pas, par exemple, de l’augmentation des salaires consécutive à un marché du travail tendu. La mauvaise inflation est davantage le résultat de chocs d’offre. C’est, dans une certaine mesure, le cas actuellement dans la zone euro et dans d’autres économies du fait de la flambée récente des prix du pétrole et du gaz. La mauvaise inflation pèse sur le revenu disponible réel et, donc, sur les dépenses des ménages. L’impact devrait être plus important encore pour les plus bas revenus. En effet, ces ménages consacrent une part plus importante de leurs dépenses au chauffage et aux carburants
Les nouvelles projections macroéconomiques de la Banque centrale européenne ont de quoi refroidir l’optimisme des épargnants, qui espéraient que plusieurs années de croissance supérieure au potentiel ouvriraient la voie à un relèvement des taux directeurs. Il est clair qu’au stade actuel, certaines conditions des indications prospectives (forward guidance) sur les taux d’intérêt, qui ont été récemment révisées, ne sont pas remplies. À en juger par les dernières projections de la BCE, ce devrait être encore le cas en 2023, même dans l’hypothèse d’un scénario de reprise en douceur. La lente augmentation de l’inflation sous-jacente ne sera probablement pas estimée satisfaisante
Les conclusions de la revue stratégique de la BCE montrent que le Conseil des gouverneurs a écouté attentivement les propos de son auditoire. Son objectif d’inflation est désormais vraiment symétrique, levant ainsi toute ambiguïté sur la perception que son précédent objectif était asymétrique. Trois autres changements se font l’écho des points abondamment commentés lors des manifestations de sensibilisation organisées par l’Eurosystème. Le coût des logements occupés par leur propriétaire sera pris en compte dans l’évaluation du contexte d’inflation. La communication sera orientée vers un public plus large et une décision a été prise de s’engager dans un plan d’action ambitieux en matière de climat. Retour désormais à la lourde tâche d’essayer de faire grimper l’inflation à 2%.
L’économie de la zone euro reprend de belles couleurs. Sur le plan macroéconomique, le rattrapage des pertes accumulées depuis le printemps 2020 est plus rapide que ce qui était anticipé il y a seulement quelques mois. En l’absence d’une nouvelle vague épidémique due à la prolifération des variants du virus, la zone euro pourrait retrouver son niveau d’activité d’avant-crise dès la fin de cette année. L’accélération des campagnes de vaccination et la levée progressive des restrictions sanitaires réduisent les incertitudes et redonnent confiance aux agents économiques. Les consommateurs, qui se sont adaptés aux mesures sanitaires, jouent un rôle prépondérant. Face à ces dynamiques favorables, les politiques publiques restent prudentes
Malgré une remontée importante en mai (+1,98%), l’inflation en zone euro reste tirée par deux composantes de l’indice des prix à la consommation (IPC) en lien avec le coût de l’énergie. Ainsi, avec une contribution de 0,87 point de pourcentage (p.p.), soit près de la moitié de l’inflation totale, l’IPC pour les « dépenses d’utilisation des véhicules » est de loin le plus important contributeur, et reflète la remontée du prix des carburants automobiles. Il est suivi de la catégorie « électricité, gaz et autres combustibles » qui ajoute 0,43 p.p. à l’IPC total de la zone euro
L’inflation en zone euro a nettement augmenté au T1 2021, et apparaît particulièrement volatile. L’inflation sous-jacente, d’habitude stable, évolue par à-coups. Le rebond des prix des biens explique en grande partie la hausse générale de l’inflation. Les prix des services marchands se redressent également, notamment pour ceux très touchés par la pandémie comme le secteur des transports. L’accélération récente des prix est portée par des facteurs temporaires : mouvement de TVA, hausse des cours du brut, modification des pondérations au sein de l’IPCH. L’inflation pourrait encore progresser ces prochains mois. Ces effets temporaires s’estomperaient à partir du début de l’année prochaine. Le risque d’un emballement inflationniste en zone euro apparaît très limité.
La très forte hausse des anticipations d’inflation des ménages est l’un des résultats frappants de l’enquête mensuelle de conjoncture de l’INSEE d’avril 2020. Elle est en complète opposition avec la baisse du solde d’opinion sur l’évolution passée des prix et de l’inflation observée, un grand écart remarquable au regard de la relative proximité habituelle des trois indicateurs. Cette hausse de l’inflation anticipée fait écho au sentiment des Français, évoqué dans les médias, que les prix ont beaucoup augmenté depuis le confinement. Il faut probablement y voir un effet de composition des paniers de consommation et non le signe avant-coureur d’une hausse généralisée et importante des prix
La dégradation de l’environnement économique international depuis mars 2020 a mis un terme à l’appréciation de la livre égyptienne. En 2019, la hausse des recettes en devises et des investissements de portefeuille avaient fait s’apprécier la livre de 12% par rapport au dollar. Depuis février, l’Égypte fait face à des sorties massives de capitaux, provoquant une dépréciation modérée de la livre, de 1,2%, et une baisse de 11% des réserves de change officielles de la banque centrale (BCE). À court terme, les recettes courantes devraient subir la chute des revenus du tourisme et du Canal de Suez (20% des recettes courantes au total)
La crise du Covid-19 va entraîner une forte contraction du PIB de la zone euro. Toutefois, son effet sur l’inflation est incertain. L’impact sur la dynamique des prix pourrait être désinflationniste à court terme, tandis qu’un consensus ne semble pas se dégager à moyen terme. En mars, l’inflation totale en zone euro a nettement diminué, sous l’effet aussi de la baisse des prix de l’énergie. La destruction d’une partie du capital productif pourrait contraindre l’offre à moyen terme, tandis que les politiques publiques soutiendraient la demande, favorisant ainsi l’accélération des prix. Le déficit de demande par rapport à l’offre potentielle pourrait, à l’inverse, maintenir un biais désinflationniste en zone euro.
L’introduction d’une fourchette d’inflation cible fait l’objet de débats au sein de la Réserve fédérale. Elle pourrait permettre une conduite plus flexible de la politique monétaire américaine, voire même prendre en compte les écarts passés par rapport à l’objectif. Si la Fed prenait une telle décision alors que l’inflation est inférieure à cet objectif, elle courrait le risque d’être perçue comme indifférente au déficit d’inflation. Cela plaide en faveur d’une fourchette asymétrique. Celle-ci augmenterait néanmoins le risque de turbulences sur les marchés lors du démarrage du cycle de resserrement.
La BCE reste prudente dans son évaluation de la situation économique, soulignant que les risques restent orientés à la baisse, mais moins qu’auparavant en raison de l’accord commercial entre les États-Unis et la Chine. Le message est légèrement meilleur concernant l’inflation sous-jacente, qui, d’après certains signes, enregistre une augmentation modérée. D’ici à la fin de l’année, la revue stratégique, qui a désormais été lancée, retiendra toute l’attention des marchés, qui se demandent si elle pourrait influencer l’orientation de la politique monétaire. Ce réexamen de la stratégie est également important du point de vue du changement climatique : les opérations de politique monétaire vont-elles l’intégrer parmi les facteurs de risque ou l’ambition ira-t-elle au-delà ?
Malgré un rebond en juin, l’inflation sous-jacente se maintient obstinément à un niveau bas. On observe néanmoins une dispersion significative entre les pays et les postes de dépenses de l’indice des prix. L’inflation est faible dans l’habillement et les chaussures, l’ameublement et l’équipement ménager, les transports et les communications ; elle est plus élevée pour les postes liés au logement, à la restauration et l’hôtellerie, aux autres biens et services, aux loisirs et à la culture. L’inflation des prix des produits industriels non énergétiques est très modérée. Autrement dit, si la situation devait persister, l’accélération de l’inflation, visée par le nouvel assouplissement de la politique monétaire de la BCE, devra venir des services