Le point sur les chiffres du PIB et de l'inflation, les taux d'intérêt et les taux de change
L’économie française a enregistré une croissance du PIB de 0,2% t/t au 1er trimestre, partagée entre facteurs de résilience et de faiblesse.
La situation inflationniste actuelle est inédite à de nombreux égards. L’inflation trouve, en effet, une partie de sa force dans la capacité des entreprises à répercuter la hausse de leurs coûts de production dans leur prix de vente. C’est ce que l’on appelle le pricing power. Et cela permet aux entreprises de préserver leurs marges dans un environnement difficile.
La stabilité des prix, la stabilité financière et la soutenabilité de la dette font partie des conditions nécessaires au développement équilibré d’une économie sur le long terme. On peut ainsi les voir comme les piliers de « l’édifice économique ». La faiblesse ou la fragilité d’un seul d’entre eux (ex. : une inflation bien supérieure à l’objectif, des prix d’actifs surévalués, ou un ratio de dette publique élevé et en forte hausse) peut affecter la solidité des deux autres, et affaiblir la structure dans son ensemble.Cela pose la question de la relation entre ces trois conditions. Compte tenu de ces interactions, il est important que chaque politique— monétaire, budgétaire ou orientée vers la stabilité financière — soit menée en tenant compte de son influence sur les autres objectifs
Au T1 2023, la croissance économique chinoise s’est établie à +2,2% en rythme trimestriel (contre +0,6% au T4 2022) et +4,5% en glissement annuel (contre +2,9% au trimestre précédent). L’activité a rapidement rebondi après l’abandon, en décembre dernier, de l’ensemble des restrictions sanitaires. Le taux de croissance en glissement annuel devrait encore se renforcer au T2 2023.
Croissance, inflation, taux d'intérêt et taux de change
En mars, la conjoncture des principales économies de l’OCDE est restée positive. Alors qu’aux États-Unis, il s’agit d’une dynamique de croissance qui se poursuit, l’Europe continue de bénéficier d’effets de rattrapage dans les secteurs énergivores, qui avaient ralenti leur production pendant l’hiver, et dans les matériels de transport qui bénéficient de la réduction des difficultés d’approvisionnement.
La première estimation de la croissance en zone euro au 1er trimestre 2023, publiée vendredi 28 avril, permettra de quantifier la résistance signalée par la plupart des données d’enquête et d’activité disponibles. La croissance devrait être modestement positive (+0,3% t/t, prévision légèrement revue en hausse, à hauteur de 0,2 pp, à la faveur des bonnes surprises conjoncturelles), tandis que notre estimation nowcast est atone (0,0%).
La croissance de l’activité industrielle observée en janvier (+3,7% m/m) et en février (+2% m/m) suggère plus qu’un simple rebond technique corrigeant la baisse de décembre dernier (-2,4% m/m). Certains secteurs, comme la métallurgie, auraient connu au 1er trimestre 2023 un rattrapage par rapport à un 4e trimestre 2022 difficile.
Les entreprises ont bénéficié d’un léger rebond du climat des affaires au 1er trimestre 2023, d’1 point en moyenne en comparant février et mars à la moyenne des cinq mois précédents. Des signes de redressement ont également été visibles dans les données d’activité.
Selon nos prévisions actuelles, la contraction de l’activité économique italienne, enregistrée au dernier trimestre 2022, n’aurait été que temporaire et serait suivie d’un rebond du PIB de 0,3% t/t au premier trimestre 2023. La croissance économique devrait toutefois ralentir.
Les enquêtes PMI enregistrent un net regain depuis le début de l’année. L’indice composite a notamment atteint son meilleur niveau en près d’un an et demi (58,2), tiré par les services (59,4). Cependant, la détérioration du pouvoir d’achat affecte encore lourdement le moral des ménages et leur capacité à épargner.
D’après la dernière estimation GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta pour le T1 2023, la croissance américaine resterait élevée (2,5% en rythme trimestriel annualisé). Le rythme serait quasi identique à celui du T4 2022 (2,6%), comme si la croissance était imperméable au choc inflationniste et au resserrement monétaire.
Le PIB britannique a stagné en février selon l’ONS, après une hausse de 0,4% m/m en janvier. Le rebond du secteur de la construction (+2,4% m/m), qui s’était nettement contracté en janvier (-1,7% m/m), a compensé la contraction dans les services (-0,1% m/m) et dans l’industrie (-0,2% m/m). L’économie a donc bien résisté malgré l’impact négatif des grèves
Un rebond de l’activité japonaise est attendu au premier trimestre 2023, en lien avec l’amélioration des enquêtes de confiance auprès des entreprises et des ménages. L’indice PMI composite est repassé en janvier au-dessus du seuil d’expansion et a poursuivi sa progression modérée, atteignant 52,9 en mars. La confiance des ménages – au plus haut depuis un an – a, elle aussi, repris quelques couleurs en mars.
Industrie, services : lequel des secteurs entrainera l’autre dans son sillage ? C’est la question qui se pose lorsqu’on observe la divergence actuelle des indices PMI de S&P Global pour la zone euro.
L’indice du climat des affaires de l’Insee s’est modérément replié au mois d’avril. Cela suggère que l’embellie du début d’année ne durera pas.
La croissance économique chinoise ré-accélère depuis fin janvier, tirée principalement par les services et la consommation des ménages. Le redressement de l’activité du secteur manufacturier est plus modéré. Dans l’immobilier, la crise s’atténue. Ces améliorations vont se poursuivre à court terme. Les freins à la croissance restent néanmoins importants ; ils découlent de l’affaiblissement de la demande mondiale et des tensions géopolitiques, des difficultés financières des promoteurs immobiliers ainsi que des collectivités locales et de leurs véhicules de financement. Au-delà, c’est la question d’une perte de confiance durable du secteur privé chinois qui se pose.
La croissance économique a ralenti en 2022 mais elle reste solide. Les perspectives pour l’année 2023/2024 sont favorables même si la croissance devrait décélérer d’environ 1 point de pourcentage. À court terme, les principaux risques sur l’activité sont liés à la hausse des prix qui pourrait contraindre la banque centrale à durcir davantage sa politique monétaire. La survenue du phénomène météorologique El Niño pourrait également constituer un facteur négatif. En dépit du ralentissement de la croissance et de la hausse des taux d’intérêt (48% des crédits sont à taux variables), les banques et les entreprises restent bien plus solides qu’à la fin de l’année 2019
Au cours des douze derniers mois, la situation économique du Pakistan s’est très sensiblement dégradée. Confronté à une crise de balance des paiements, le gouvernement a dû prendre d’importantes mesures pour tenter de contenir la baisse des réserves de change et répondre aux exigences du FMI afin de recevoir les fonds indispensables pour ne pas faire défaut sur sa dette extérieure. Les restrictions sur les importations, la forte hausse des taux directeurs, la dépréciation de la roupie et la réduction drastique des dépenses budgétaires ont lourdement pesé sur la croissance et provoqué une très forte hausse des pressions inflationnistes. Depuis février 2023, la position extérieure s’est améliorée très légèrement
La croissance coréenne a marqué le pas au dernier trimestre 2022. Le ralentissement devrait se poursuivre en 2023. Les exportations souffriront du ralentissement de la demande mondiale, tandis que la demande interne sera pénalisée par la hausse des taux d’intérêt et la persistance de l’inflation. Les risques d’instabilité financière restent limités, mais ont augmenté au cours des derniers mois. La dette des ménages est élevée, à près de 110% du PIB, et les ménages sont largement exposés à une hausse des taux d’intérêt. 76% des prêts aux ménages étant toujours contractés à taux variable. Les risques de crédit potentiels seraient toutefois limités aux ménages les plus vulnérables.
En dépit de la guerre en Ukraine, l’économie polonaise a enregistré une croissance annuelle relativement solide en 2022. Elle a été néanmoins très erratique avec de fortes baisses au T2 et au T4. Pour 2023, malgré un acquis de croissance négatif, la récession sera probablement évitée en raison du maintien du soutien budgétaire. Les pressions inflationnistes restent fortes à court terme en raison des pressions salariales et du retour du taux de TVA sur l’énergie à son taux initial. Le blocage temporaire des fonds européens depuis 2022 peut, a priori, susciter des inquiétudes dans un contexte où les comptes publics et externes restent dégradés. Toutefois, l’afflux d’investissements directs étrangers constitue un amortisseur notable. En 2022, ces flux ont plus que compensé le déficit courant
Les appels du pied de l’exécutif aux autorités monétaires pour abaisser les taux alimentent les débats sur la cible d’inflation, l’indépendance de la Banque centrale et le bon dosage du policy mix. L’opposition grandissante entre les deux parties rend la trajectoire de la politique économique plus incertaine, ce qui pèse sur les anticipations d’inflation. Soucieux de créer les conditions favorables à un assouplissement monétaire, le gouvernement a accéléré la présentation de sa réforme du mécanisme de contrôle budgétaire. Après un repli au T4 2022, l’économie devrait renouer temporairement avec la croissance au T1 2023, tirée par une production agricole exceptionnelle. Le ralentissement – engagé au deuxième semestre 2022 – devrait toutefois se poursuivre sur le reste de l’année
La croissance devrait nettement ralentir en 2O23. La relative résistance de la consommation privée ne suffira pas à compenser le ralentissement de la demande extérieure, en particulier en provenance des États-Unis. En outre, les perspectives d’investissement restent limitées. À moyen terme, l’économie mexicaine pourrait bénéficier de la relocalisation des entreprises américaines, tendance récemment accélérée par les perturbations des chaînes de valeur liées à la pandémie et les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis. Pour en tirer pleinement parti, le Mexique devra restaurer la confiance des investisseurs et respecter les engagements pris en matière de politique énergétique.