Aux États-Unis, le ratio vacance d’emploi-chômage demeure très élevé, signe parmi d’autres d’un marché du travail en grande tension. Ce ratio devrait diminuer avec le ralentissement de l’économie, qui s’accompagne, d’après les données historiques, d’une décélération de la croissance des salaires. Néanmoins, le processus pourrait prendre, cette fois-ci, plus de temps, et ce pour deux raisons : d’une part, la rétention de main-d’œuvre qui devrait limiter la hausse des licenciements et, par conséquent, le taux de chômage, et, d’autre part, le taux élevé de vacance d’emploi, qui devrait soutenir la création d’emplois. Autrement dit, la désinflation risque fort d’être lente.
Croissance, inflation, taux d'intérêt et taux de change
Le calendrier économique actualisé au 23 janvier 2023 et les nouveaux indicateurs à suivre
Quels sujets domineront l’économie mondiale en 2023 ? Après une année de chocs majeurs avec le grand retour de l’inflation et du resserrement monétaire, le moment est venu de se tourner vers l’année 2023 qui devrait être une année de transition en deux temps : la première moitié sera placée sous le signe de la désinflation et la seconde devrait nous permettre d’entrevoir les grandes tendances de 2024. Un vrai dynamisme tout au long de cette année qui influencera donc les décisions des ménages, des entreprises, mais également les marchés financiers.
L'équipe en charge des pays de l'OCDE vous présente les thèmes qui seront au cœur de ses analyses 2023. Une année qui démarre sous des signes contrastés dans la Zone Euro, entre espoir de la désinflation et crainte de la récession.
Nous venons de traverser une période très chaotique, en effet les trois dernières années ont été marquées tout d'abord par la pandémie de Covid-19 en 2020 — et le choc récessif massif qu’elle a provoqué — puis par le rebond économique de 2021 qui a surpris par sa vigueur, et enfin par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le choc inflationniste et la crise énergétique en 2022. De quel bois l’année 2023 sera-t-elle faite ? À quoi peut-on et à quoi doit-on s’attendre ? Hélène Baudchon, responsable de l’équipe OCDE nous répond.
Au T4 2022, la croissance économique chinoise a ralenti à 2,9% en glissement annuel (g.a.), contre 3,9% au T3. En glissement trimestriel, l’activité a stagné. Notre baromètre ci-dessous illustre l’affaiblissement généralisé de l’activité au cours du dernier trimestre 2022.
Où en est le débat sur l’enclenchement éventuel d’une boucle prix-salaires dans la zone euro ? Il y a 6 mois environ, lorsque ce débat est apparu, on avait des présomptions mais pas de preuves de l’enclenchement d’une telle boucle. Aujourd’hui, on peut considérer qu’un début de boucle est enclenché mais d’une manière somme toute normale et avec un risque limité d’un engrenage problématique.
Au cours des tous derniers mois 2022, les marchés actions des principales places émergentes font preuve d’un peu plus d’optimisme. Ils parient sur une relance de la croissance en Chine après la levée des restrictions sanitaires, sur l’effet positif de la baisse des prix des matières premières pour les pays importateurs et sur un impact moins sévère qu’anticipé du durcissement monétaire américain et de l’appréciation du dollar. Les deux premiers arguments sont fragiles et doivent être relativisés. Quant au choc financier, il est probablement derrière nous en effet. Mais ses conséquences négatives sur l’investissement persisteront cette année
La baisse du prix du gaz, la décrue de l’inflation globale et l’amélioration des données d’enquête en décembre ont donné le sentiment que l’année 2023 pourrait être meilleure que prévu pour la zone euro. Les résultats des enquêtes sont de bon augure pour la dynamique de la croissance à la fin 2022. Cela qui pourrait créer un acquis de croissance favorable pour 2023 et renforcer l’espoir d’une diminution des relèvements de taux par la BCE sous l’effet de la baisse de l’inflation. La prudence s’impose toutefois. L’inflation globale reste bien trop élevée et l’inflation sous-jacente a augmenté en décembre. De plus, les données d’enquête ne fournissent aucune information, ou presque, sur le rythme de la croissance au-delà du premier trimestre.
Le calendrier économique actualisé au 9 janvier 2023 et les nouveaux indicateurs à suivre
Le calendrier économique actualisé au 2 janvier 2023 et les nouveaux indicateurs à suivre
Lors de la conférence de presse qui a suivi la dernière réunion du Conseil des gouverneurs, Christine Lagarde a insisté à plusieurs reprises sur le fait que le passage à une hausse des taux de 50 pb contre 75 pb auparavant ne représentait pas un point pivot, ajoutant que les taux doivent encore augmenter de façon significative et à un rythme régulier. Par conséquent, la probabilité d’un taux terminal supérieur à 3,00 % a augmenté, ce qui explique la hausse des taux obligataires. La révision à la hausse des projections d’inflation est probablement un autre facteur à l’origine de la tonalité ferme du message. Prévoir l’inflation sur plusieurs années est une tâche difficile, et le contexte actuel la rend encore plus complexe
L’INE, l’institut de la statistique espagnol, a légèrement rehaussé sa deuxième estimation du taux d’inflation harmonisée pour novembre, de 6,6% à 6,7% a/a. Le repli de l’inflation reste toutefois marqué depuis juillet (10,7%) et l‘Espagne enregistre désormais la hausse des prix à la consommation (IPCH) la moins élevée de la zone euro.
L’inflation britannique a enfin baissé en novembre pour atteindre +10,7% a/a (+0,4% m/m), contre +11,1% en octobre (+2% m/m). Autre bonne nouvelle, l’inflation sous-jacente recule également, et ce pour la première fois depuis septembre 2021 (-0,2 point, soit 6,3% a/a). Face à une inflation qui demeure toutefois très élevée, le Comité de politique monétaire (MPC) de la Banque d’Angleterre (BoE) a décidé d’une nouvelle hausse de son taux directeur, de 50 points de base, le portant ainsi à 3,5%.
D'un point de vue économique, 2022 restera dans l'histoire comme l'année du retour en force de l’inflation, qui a obligé les principales banques centrales à entamer un cycle de resserrement agressif. Il est fort probable que dans douze mois, nous regarderons 2023 comme une année de récession et de désinflation, une année où les taux d’intérêt officiels auront atteint leur taux final. Comme toujours, la liste des « inconnues connues » est longue. Les prix de l'énergie pourraient encore augmenter après leur récent fléchissement, la désinflation pourrait être plus lente que prévu, les taux directeurs pourraient culminer à un niveau plus élevé que les prix actuels des marchés, la récession pourrait être plus longue et plus profonde
La croissance américaine a nettement rebondi au T3 mais devrait ralentir au T4 selon nos prévisions. Le marché du travail reste tendu, néanmoins les premiers signes de ralentissement émergent. L’inflation semble avoir atteint son pic mais la désinflation de sa composante sous-jacente reste à confirmer. Cela devrait pousser la Réserve fédérale (Fed) à poursuivre le resserrement de sa politique monétaire, au risque de précipiter l’économie en récession en 2023. Du côté du budget, le compromis sera la clé des prochaines échéances budgétaires compte tenu de la division du Congrès depuis élections de mi-mandat (midterms).
En 2023, l’inflation dans la zone euro devrait très certainement refluer, le PIB se contracter et les taux directeurs de la BCE atteindre leur pic. L’incertitude réside dans l’ampleur de la désinflation et de la récession. Le moment où les taux atteindront leur pic et le niveau de ce pic sont également incertains. Selon nos prévisions, la baisse de l’inflation serait rapide en apparence (l’inflation totale passant d’environ 10% a/a au T4 2022 à 3% au T4 2023) mais elle masquerait une baisse plus lente de l’inflation sous-jacente (qui resterait supérieure à 2% à l’horizon d’1 an, contre 5% aujourd’hui)