Après l’inflation, serait-ce au tour des salaires de changer de braquet au Japon ? Les chiffres publiés ce 7 juillet par le ministère du Travail font en effet état d’une augmentation notable des salaires de base en mai, de 1% m/m, soit la plus forte augmentation mensuelle jamais enregistrée depuis le début des statistiques actuelles en 1990.
Pour les économistes et les observateurs des banques centrales, la conférence de la BCE à Sintra (Portugal) et la conférence de la Réserve fédérale en août à Jackson Hole sont les temps forts de l’été. À la conférence de Sintra, les présentations et les panels ont été, comme toujours, très stimulants, mais ont aussi invité à la réflexion. La désinflation est trop lente, l'inflation présente des risques à la hausse par rapport à l'ère prépandémique, les taux directeurs devront rester élevés et les prévisions économiques sont plus difficiles que jamais à établir.
Dans les principales économies de l’OCDE, la lenteur qui caractérise la baisse de l’inflation devrait se prolonger, tandis que le ralentissement de la croissance finirait par déboucher, sous l’effet du resserrement monétaire (particulièrement rapide et important), sur une récession aux États-Unis et une stagnation du PIB de la zone euro. Divers facteurs de soutien devraient limiter l’ampleur du retournement mais la reprise qui s’ensuivra serait tout aussi limitée. La lenteur de la convergence de l’inflation vers sa cible de 2% obligerait les banques centrales à garder une politique restrictive malgré un début de baisse des taux au premier semestre 2024.
L’économie américaine continue de croître et de créer des emplois mais à un rythme progressivement plus lent. De plus, la Réserve fédérale n’en a pas tout à fait terminé avec les hausses de taux. Nous continuons d’anticiper une récession, à compter du T3 2023 et jusqu’au T1 2024, sous l’effet du resserrement monétaire. La Fed, qui a opté pour le statu quo en juin, à la faveur d’une inflation qui confirme son reflux, et pour prendre le temps d’évaluer les effets du resserrement monétaire opéré jusqu’ici, procèderait à une dernière hausse de 25 pb en juillet, portant la fourchette des Fed funds à 5,25-5,50%.
La croissance économique chinoise s’est redressée rapidement à la suite de l’abandon de la politique zéro Covid, mais elle s’essouffle également plus vite que prévu. La demande intérieure est freinée par une importante perte de confiance des ménages et des investisseurs, alors que le moteur exportateur s’enraye. Les autorités assouplissent prudemment la politique monétaire, et d’autres mesures de relance sont attendues à court terme. Elles devraient entre autres viser à encourager l’emploi des jeunes.
L’inflation au Japon poursuit sa progression en se diffusant à l’ensemble des postes de l’indice des prix à la consommation. Les anticipations d’inflation demeurent ancrées autour de la cible des 2% et la hausse des prix devrait se maintenir à ce niveau à moyen terme. Nous prévoyons que la Banque du Japon (BoJ) réhausse le plafond du taux souverain à 10 ans à 1% en juillet, avant de mettre fin à sa politique de contrôle de la courbe des taux d’ici la fin 2024. Le PIB japonais a crû de 0,7% t/t au 1er trimestre (+2,7% en rythme annualisé), principalement soutenu par la consommation des ménages et l’investissement non-résidentiel. Le retour des touristes étrangers (+71% t/t au T1) a également permis à l’activité de rebondir après deux trimestres décevants
La zone euro est entrée en récession technique au premier trimestre 2023, Eurostat ayant rabaissé son estimation de la croissance trimestrielle du PIB pour le T1, de +0,1% à -0,1% t/t, soit une contraction identique à celle du T4 2022. Ces résultats ne modifient pas profondément notre grille de lecture pour l’année 2023 : une activité économique faible ou légèrement négative, trimestre sur trimestre, même si la croissance pour 2023 dans son ensemble devrait être plus positive grâce à des effets d’acquis favorables. Nos prévisions actuelles tablent sur un taux de refinancement terminal de 4,5%, qui serait atteint lors de la réunion de politique monétaire du 14 septembre prochain
L’Allemagne a enregistré une récession technique au 4e trimestre 2022 (-0,5% t/t) et au 1er trimestre 2023 (-0,3% t/t) sous le poids notamment d’une contraction de la consommation des ménages (-1,7% puis -1,2%). Si cette récession n’a pas eu pour principale origine le cœur industriel de l’économie allemande, ce dernier a toutefois montré des signes de faiblesse qui l’ont empêché de croître davantage. Alors que la désinflation devrait permettre un rebond de la consommation des ménages au 2e trimestre, les enquêtes de conjoncture augurent toutefois d’une nouvelle détérioration au-delà, qui expose à nouveau l’économie allemande à un risque de récession au 2nd semestre.
Après un second semestre 2022 au cours duquel la croissance s’est singulièrement affaiblie, le 1er trimestre 2023 a marqué un rebond relatif, qui devrait se confirmer au 2e trimestre : un rebond plutôt concentré sur certains secteurs, principalement les matériels de transport et le tourisme. Toutefois, les enquêtes de conjoncture se sont dégradées depuis mars, pour atteindre des niveaux relativement bas, notamment dans l’industrie. Le logement résidentiel, les services aux entreprises ou les exportations sont autant de points de vigilance qui, cumulés, devraient avoir un impact négatif plus marqué au second semestre 2023 tant en termes de croissance que de créations d’emplois, qui persistent pour le moment.
Après une légère baisse au 4e trimestre 2022, le PIB italien a progressé de 0,6 % t/t au 1er trimestre 2023. L’acquis de croissance pour 2023 s’élève à +0,9%. Au 1er trimestre, la demande intérieure hors stocks a contribué à hauteur de 0,7 point de pourcentage à la croissance, tandis que le commerce extérieur et les variations de stocks ont eu un impact négatif. L’investissement a progressé de près de 1% reflétant l’amélioration des conditions économiques et financières des entreprises italiennes. Les ménages italiens ont bénéficié de la forte croissance des revenus nominaux, tout en pâtissant de l’érosion de leur pouvoir d’achat due à l’inflation qui reste l’une des plus élevées de la zone euro, à 8% en g.a. en mai (mesure harmonisée).
Le recul de l’inflation en Espagne n’a offert aucun répit à la coalition au pouvoir. Le revers du Parti socialiste aux élections régionales et locales du 28 mai dernier, au profit du Parti populaire, a conduit le Premier ministre, Pedro Sanchez, à annoncer des élections législatives anticipées le 23 juillet, cinq mois avant la date initialement prévue. Malgré un marché de l’emploi toujours dynamique, la baisse du pouvoir d’achat et la crise du logement pénalisent le parti au pouvoir, dont le retard dans les sondages s’est accentué au cours du printemps. Le marché immobilier montre des signes de retournement contenus pour le moment, mais la poursuite du resserrement monétaire et la hausse des taux d’emprunt qui en découle risquent d’accentuer ce repli.
Au début de cette année, la croissance du PIB belge est restée soutenue et supérieure à son rythme moyen. L’inflation baisse tandis que le marché de l’emploi ralentit. Les effets de la hausse des taux d’intérêt commencent à se faire sentir : le marché immobilier ralentit et l’investissement des entreprises devrait suivre le mouvement. Une (brève) récession vers la fin de l’année reste possible, mais peu probable. Si elle se concrétisait, les marges de manœuvre du gouvernement pour y répondre seraient toutefois limitées en raison du niveau élevé de la dette publique.
Les projections de taux d’intérêt (« dots ») des membres du FOMC constituent un élément de référence pour les investisseurs et les agents économiques en général quand il s’agit de formuler des anticipations de taux d’intérêt. Elles peuvent être tout particulièrement utiles lorsque l’environnement monétaire connaît une évolution rapide, comme ce fut le cas ces deux dernières années. En comparant les projections de taux des fonds fédéraux, issues de l’enquête auprès des opérateurs de marché (Survey of Market Participants, SMP), et celles des membres du FOMC, il semble que ces dernières jouent un rôle-clé dans l’ancrage des anticipations à long terme de taux d’intérêt
L’incertitude portant sur la politique économique américaine, basée sur la couverture médiatique, a baissé en juin après un rebond en mai. L’indice d’incertitude économique de la Commission européenne a fléchi en juin à la faveur de la diminution de l’incertitude dans les différents secteurs d’activité, hormis l’industrie où l’indice est resté stable.
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et taux de change
Qui, des États-Unis ou de la zone euro, est le plus exposé à la récession ? La première réponse qui vient est : la zone euro. Celle-ci a, en effet, « techniquement », déjà basculé en récession au regard de la double baisse du PIB au 4ème trimestre 2022 et au 1er trimestre 2023. Mais, pour l’heure, cette récession apparaît seulement d’ordre « technique » : la contraction du PIB est, en effet, de faible ampleur et elle n’est pas généralisée à l’ensemble des composantes de la croissance ni aux Etats-membres de la zone euro.
Alors que l’on pouvait espérer que le reflux en cours de l’inflation soutiendrait plus nettement la confiance des ménages, celle-ci, et par voie de conséquence la consommation, reste contrainte. En cause : l’impact de la remontée des taux d’intérêt sur les intentions d’achats en France comme en Allemagne.
Le 22 juin dernier, la Banque centrale mexicaine a maintenu son principal taux directeur à 11,25% pour la deuxième fois consécutive. La décision du Conseil des gouverneurs a été unanime et largement anticipée. Dans son communiqué de presse, le Conseil précise que la pause devrait se prolonger au cours des prochains mois : la tendance baissière de l’inflation semble se confirmer, mais les perspectives restent « complexes et incertaines ».
Le resserrement monétaire important et rapide opéré par les grandes banques centrales et la perspective d’autres relèvements de taux à venir font craindre un excès de zèle dans la lutte contre l’inflation avec une réaction non-linéaire des agents économiques à une énième hausse. Plusieurs facteurs entrent en jeu : des esprits animaux négatifs, le niveau et les caractéristiques de la dette, la valorisation des actifs, les prêts bancaires, les marchés financiers. Ceci plaide pour une plus grande progressivité et, à un certain stade, marquer une pause tout en insistant sur le fait que le cycle de resserrement n’est pas terminé.
Croissance, inflation, taux d'intérêt et taux de change
Au mois de juin, les principales économies de l’OCDE ont connu des évolutions divergentes qui posent la question du point de bascule entre une situation où la croissance se poursuit - avec des tensions inflationnistes qui nécessitent de poursuivre le resserrement monétaire - et une autre où elle ralentit davantage et où le reflux de l’inflation permet d’envisager la fin de la hausse des taux.
Initialement estimée à +0,1% t/t, la croissance de la zone euro au T1 2023 est désormais légèrement négative, à -0,1% (après un recul de même ampleur au T4 2022). Cette révision en baisse a été entraînée par celle de la croissance allemande.
Les indicateurs du climat des affaires en Allemagne se sont dégradés ces derniers mois, que ce soit l’enquête IFO ou l’indice ZEW. Ce dernier se redresse légèrement en juin mais reste très négatif.
Les indicateurs de conjoncture français soulignent un essoufflement de la croissance. Ainsi, le climat des affaires de l’Insee dans l’industrie manufacturière (99) est passé en mai en deçà de sa moyenne de long terme rejoignant ainsi le commerce de gros (94) et le commerce de détail hors automobile (94).
L’économie italienne a surpris favorablement au premier trimestre 2023, le PIB réel enregistrant une croissance de 0,6% t/t. Nous anticipons toutefois que cette bonne performance soit suivie d’un ralentissement au deuxième trimestre, puis d’une contraction ponctuelle au troisième trimestre.