L’Afrique verra-t-elle l’essor du libre-échange en 2024 ?

08/02/2024

En 2024, 24 nouveaux pays se joindront à l’Initiative de Commerce Guidé de la Zone continentale de libre-échange africaine (ZLECAf). Avec l’ambition d’accélérer le commerce intrarégional, la ZLECAf pourrait augmenter les revenus de l’Afrique et accroître sa résilience aux chocs extérieurs. Toutefois, au-delà des barrières tarifaires, des obstacles structurels doivent d’abord être résolus pour pouvoir observer le plein potentiel de la plus grande zone de libre-échange au monde.

Transcription

Le mois dernier, à l’occasion du Forum de Davos, le Secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a annoncé son extension imminente. En 2024, 24 nouveaux pays vont se joindre aux 7 membres qui avaient participé à l’Initiative de Commerce Guidé, la phase pilote du projet de libre-échange lancée en octobre 2022.

Par la réduction des barrières au commerce, aux investissements et à la mobilité, la ZLECAf a pour ambition de jouer un rôle catalyseur dans l’industrialisation et la croissance économique de l’Afrique. La Banque mondiale estime ainsi que la ZLECAf pourrait aller jusqu’à augmenter de 9% les revenus réels du continent d’ici 2035, si toutes les politiques envisagées en matière d’investissement, de commerce électronique et de propriété intellectuelle étaient adoptées.

En outre, l’accord de libre-échange permettrait d’accroitre la résilience de l’Afrique aux chocs extérieurs, en stimulant le commerce intrarégional et les investissements directs étrangers (IDE) grâce à l’attractivité renforcée de la zone. Selon la Banque africaine de développement, à l’heure actuelle, seulement 13% du commerce de l’Afrique est intrarégional, contre 60%, voire plus, en Asie et en Europe. Le continent africain est donc fortement exposé aux aléas conjoncturels de ses partenaires commerciaux, notamment de la Chine, premier partenaire de la région et source importante mais déclinante d’IDE.

La ZLECAf a déjà permis des avancées considérables pour réduire la dépendance de l’Afrique au reste du monde. Depuis septembre 2021, le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) permet aux transactions transfrontalières de ne plus recourir à une devise tierce comme le dollar ou l’euro, ce qui donne lieu à des économies annuelles de 5 mds USD ainsi qu’à une réduction des délais transactionnels.

Toutefois, certaines barrières non-tarifaires sont plus difficiles à éliminer. En premier lieu, le déficit d’infrastructures logistiques dans la région entrave à moyen terme les capacités des pays africains à accroitre leurs exportations à travers le continent. Par ailleurs, les détracteurs d’un accord de libre-échange continental soulignent le manque de complémentarité des économies africaines : alors qu’elles ne sont pas toutes au même stade de développement économique, l’ouverture prématurée de certains pays aux produits venus de l’étranger pourrait contrecarrer le développement économique national.

Il reste donc du chemin à parcourir pour que la ZLECAf soit pleinement opérationnelle : en 2023, seulement 96 produits s’échangeaient au sein de l’Initiative de Commerce Guidé. Mais avec un PIB de 3400 mds de dollars réparti entre 54 pays et 1,3 md d’habitants, la ZLECAf pourrait devenir la plus grande zone de libre-échange au monde.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE