Au mois de juillet, la divergence est restée de mise entre les principales économies de l’OCDE. Les enquêtes de conjoncture ont montré des signes de ralentissement plus marqués en Europe qu’aux Etats-Unis, où divers indicateurs (ISM non manufacturier, enquêtes auprès des ménages) se sont même améliorés.
L’activité économique en zone euro montre des signes d’affaiblissement de plus en plus manifestes et notre Nowcast prévoit désormais une stagnation du PIB réel au deuxième trimestre 2023. Les ventes au détail sont restées stables au cours des deux premiers mois du T2. Les données d’enquête offrent, par ailleurs, peu de réconfort et semblent attester d’une possible rechute d’activité au T3 que nous estimons actuellement à -0,1% t/t : l’indice PMI composite s’est en effet nettement détérioré en juin, et retombe sous le seuil des 50, à 49,9. L’indice du secteur manufacturier s’enfonce davantage en zone de contraction et se situe désormais à des niveaux comparables à ceux observés durant l‘année 2020, en pleine pandémie.
Les enquêtes de conjoncture se sont de nouveau détériorées, qu’il s’agisse de l’IFO (88,5 en juin contre 93,4 en avril) ou du ZEW (-14,7 en juillet contre 28,1 en février). La dynamique erratique des nouvelles commandes à destination de l’industrie, qui ont rebondi de 6,4% en mai (après un plus bas en avril 2023 depuis mai 2013), souligne l’une des contraintes à l’œuvre : l’irrégularité de l’activité dans les matériels de transport qui reste soumise à l’instabilité de ses approvisionnements.
La détérioration des enquêtes de conjoncture souligne une diminution de la demande (contraction des soldes d’opinion sur les carnets de commande globaux et à l’export), singulièrement dans l’industrie. Les secteurs les plus sensibles à la conjoncture (chimie, plastiques, métaux, emballage, commerce de gros, transport) subissent tous un repli marqué de leur indice synthétique de confiance.
La croissance du PIB réel devrait ralentir de moitié au deuxième trimestre par rapport au trimestre précédent, à 0,3% t/t, avant un nouveau fléchissement au T3. La production industrielle (en baisse de 0,5% sur les deux premiers mois du T2) et les ventes au détail (en légère hausse de 0,1%) attestent de la fragilité de l’activité dans le pays. L’indice composite PMI pour les nouvelles commandes à l’exportation continue par ailleurs de se détériorer en juin (-4,4 points à 43,3).
L’activité économique en Espagne conserve un certain dynamisme. La baisse de l’inflation, combinée aux gains d’emploi cette année, constitue un soutien important à l’activité, qui fera contrepoids au renchérissement des coûts du crédit auquel est confrontée une partie des ménages. Nous anticipons désormais une croissance stable et modérée de l’activité à 0,4% t/t pour le deuxième et le troisième trimestres.
Si la trajectoire du climat des affaires pouvait en mai laisser augurer une récession à venir, celle de juin est plus ambivalente. Certes, la nouvelle baisse de l’ISM manufacturier, à 46 en juin, a porté ce dernier à son plus bas niveau depuis la crise de 2008 (hors période de Covid). Le message de l’ISM non-manufacturier est toutefois clairement divergent avec un rebond à 53,9 en juin contre 50,3 en mai.
L’économie britannique s’est contractée en mai (-0,1% m/m) selon l’ONS, après une croissance de 0,2% m/m en avril. Le secteur des services a stagné alors que la production industrielle et la construction ont chuté respectivement de 0,6% et 0,2% m/m. Selon l’enquête PMI du mois de juin, l’activité, se serait accrue dans le secteur des services, mais aurait décru dans le secteur manufacturier. Si le jour férié supplémentaire lié au couronnement du roi Charles III a probablement participé au repli de l’activité en mai, l’économie britannique reste néanmoins sur une phase de ralentissement plus étendue dans le temps. L’économie a, du reste, stagné en moyenne sur 3 mois en mai.
L’économie japonaise a poursuivi sa reprise postpandémique en mai et juin, même si celle-ci reste fragile. Selon l’estimation finale pour le mois de mai, la production industrielle s’est contractée de 2,2% m/m en mai mais a augmenté de 4,2% sur un an. Dans le même temps, l’activité du secteur tertiaire a progressé de 1,2% m/m et de 1,8% a/a.
Au mois de juin, les principales économies de l’OCDE ont connu des évolutions divergentes qui posent la question du point de bascule entre une situation où la croissance se poursuit - avec des tensions inflationnistes qui nécessitent de poursuivre le resserrement monétaire - et une autre où elle ralentit davantage et où le reflux de l’inflation permet d’envisager la fin de la hausse des taux.
Initialement estimée à +0,1% t/t, la croissance de la zone euro au T1 2023 est désormais légèrement négative, à -0,1% (après un recul de même ampleur au T4 2022). Cette révision en baisse a été entraînée par celle de la croissance allemande.
Les indicateurs du climat des affaires en Allemagne se sont dégradés ces derniers mois, que ce soit l’enquête IFO ou l’indice ZEW. Ce dernier se redresse légèrement en juin mais reste très négatif.
Les indicateurs de conjoncture français soulignent un essoufflement de la croissance. Ainsi, le climat des affaires de l’Insee dans l’industrie manufacturière (99) est passé en mai en deçà de sa moyenne de long terme rejoignant ainsi le commerce de gros (94) et le commerce de détail hors automobile (94).
L’économie italienne a surpris favorablement au premier trimestre 2023, le PIB réel enregistrant une croissance de 0,6% t/t. Nous anticipons toutefois que cette bonne performance soit suivie d’un ralentissement au deuxième trimestre, puis d’une contraction ponctuelle au troisième trimestre.
Les effets sur l’économie espagnole de la remontée des taux d’intérêt et de la baisse du pouvoir d’achat des ménages devraient se durcir au fil de l’année. La poursuite des créations d’emplois permet, pour le moment, d’amortir le choc.
D’après l’estimation GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta, la croissance américaine s’élèverait à +0,5% t/t au T2 2023, un chiffre légèrement supérieur à notre prévision et légèrement meilleur que celui du T1.
L’activité économique britannique a rebondi de 0,2% m/m en avril. Ce redressement succède à une contraction de 0,3% m/m en mars. Il est à relativiser puisque le PIB mensuel reste inférieur de 0,1% au niveau atteint en janvier et février.
La croissance du PIB réel a progressé au cours des deux derniers trimestres au Japon, mais évolue encore légèrement sous les niveaux de 2019. Un ralentissement de l’activité est toutefois attendu à partir du deuxième trimestre et jusqu’à la fin de l’année 2023.
En avril et mai, la conjoncture des principales économies de l’OCDE affiche une relative détérioration dont l’ampleur et le degré d’avancement varient selon les pays. En Europe, la détérioration observée depuis quelques mois dans l’industrie commence à se transmettre aux services, où les indices de confiance ont engagé un mouvement de repli. Aux États-Unis, l’ISM des services a modérément crû en avril a contrario d’un indice ISM en deçà de 50 pour le 6e mois consécutif dans l’industrie.
La croissance de la zone euro au 1er trimestre 2023 s’est établie à +0,1% t/t selon les données disponibles. Ce résultat en deçà de notre prévision (+0,3% t/t) déçoit donc, même s’il dépasse notre estimation nowcast (-0,0%). Cette croissance faible vient aussi relativiser l’impression de résistance du PIB signalée par la plupart des données d’enquêtes et d’activité au cours du 1er trimestre.
L’activité industrielle et les nouvelles commandes dans l’industrie ont connu des évolutions marquées au 1er trimestre : un net rebond en janvier-février et un fort repli en mars. Au global, les nouvelles commandes sont toutefois restées stables au 1er trimestre (t/t). L’enquête IFO s’est même dégradée au mois de mai (91,7 contre 93,4 en avril) tout comme l’indice ZEW.
Les enquêtes sur le climat des affaires de l’Insee se sont détériorées en avril et en mai, faisant craindre que le rebond de l’activité observé au 1er trimestre (+0,2% t/t, après 0% t/t au T4) ait été en partie temporaire. Les effets exceptionnels, liés à la réaccélération de la production manufacturière en tout début d’année et à ses effets induits favorables sur la production de services et sur l’emploi, semblent donc s’être rapidement évaporés.
L’estimation préliminaire de la croissance économique italienne au premier trimestre a surpris favorablement, avec un rebond du PIB réel de 0,5% t/t. Nous anticipons cependant une décélération de l’activité au T2, avant une contraction au troisième trimestre. À 0,9% en 2023, la croissance du PIB italien resterait toutefois au-dessus de celle de la zone euro dans son ensemble.
La croissance espagnole s’est légèrement renforcée au T1 2023, à +0,5% t/t, selon les chiffres préliminaires de l’INE. Toutefois, cette accélération, soutenue par l’investissement et la demande extérieure, ne permet pas au PIB réel de franchir le seuil de l’avant-Covid. Il affiche en effet encore un léger déficit de 0,2% par rapport au T4 2019.
Au 1er trimestre 2023, la croissance américaine s’est établie à +0,3% t/t. Ce résultat est nettement en-deçà des attentes : le chiffre est deux fois moindre que l’estimation GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta et que notre prévision (0,6%). La croissance ne serait donc pas si imperméable que cela au choc inflationniste et au resserrement monétaire.