Eco Pulse

Royaume-Uni : la croissance rechute, le marché immobilier se stabilise

21/12/2023
PDF

Avec la désinflation plus franche des prix à la consommation et des salaires, la décision de la Banque d’Angleterre de conserver les taux directeurs inchangés lors de la réunion du 14 décembre était largement attendue. Néanmoins, et comme en zone euro, le signal d’un pivot monétaire n’est pas venu. D’ailleurs, les trois membres du MPC en faveur d’une nouvelle remontée de taux en novembre ont maintenu leur position en décembre.

En glissement annuel, l’indice des prix à la consommation a ralenti de 4,6% en octobre à 3,9% en novembre. Les sources de cette baisse sont multiples : une déflation énergétique plus marquée (-1,2 point de pourcentage à - 16,9%) et une désinflation qui se poursuit à la fois sur l’alimentaire (-0,9 pp à 9,2%) et les équipements ménagers (- 0,8 pp à 2,3%). L’inflation sous-jacente baisse également (-0,6 point à 5,2%). En termes désaisonnalisés, la variation mensuelle de l’indice sous-jacent a très nettement marqué le pas ces derniers mois, elle est même devenue négative pour la première fois depuis février 2021.

L’activité demeure très fragile et nous ne prévoyons pas de sursaut avant le second semestre 2024, celui-ci serait toutefois très modéré. Selon les premiers chiffres de l’ONS, le PIB en volume s’est contracté de 0,3% m/m en octobre, après une stagnation au troisième trimestre. Malgré des salaires réels agrégés désormais en hausse, la consommation de biens courants des ménages ne décolle pas, et reste sous son niveau prépandémique. Les ventes au détail ont baissé à nouveau en octobre (-0,3% m/m), atteignant leur plus bas niveau depuis mai 2020, en pleine période de confinement. La confiance des ménages a repris quelques couleurs en décembre – l’indice GfK gagne 2 points (-22) – mais le sous-indice sur les intentions d’achat de biens durables reste très en dessous de sa moyenne de long-terme.

Le marché immobilier montre des signes de stabilisation : les indices de prix publiés par Nationwide et Halifax ont tous deux progressé au cours des mois d’octobre et de novembre. L’enquête RICS pour le mois de novembre affiche de nettes améliorations notamment au niveau des indices sur les anticipations de vente et de hausse des prix, au plus haut, respectivement, depuis février 2022 et août 2022. Les risques à la baisse en 2024 restent toutefois importants. Comme l’a rappelé la Banque d’Angleterre dans son dernier rapport de stabilité financière, les effets de la hausse des taux d’intérêt sur les charges d’emprunts des ménages continueront de se propager l’an prochain et jusqu’à l’horizon de 2026, à mesure que les réajustements de taux s’effectuent. Le taux d’intérêt moyen sur les prêts à taux variables a d’ailleurs continué de grimper très légèrement en novembre, passant de 8,01% en octobre à 8,03%, selon la BBA.

L’activité resterait donc sur une ligne de crête en 2024, en stagnation même, selon nos dernières prévisions. Les écarts de trajectoire d’activité vis-à-vis de la zone euro et des États-Unis seraient donc amenés à s’accroitre l’an prochain.

Guillaume Derrien (achevé de rédiger le 20/12/2023)

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE

Découvrir les autres articles de la publication

Global
EcoPulse - Décembre 2023

EcoPulse - Décembre 2023

En Europe, la croissance a marqué un net ralentissement au 3e trimestre (-0,1% t/t en zone euro et 0% au Royaume-Uni) [...]

LIRE L'ARTICLE
Zone euro
Zone euro : fin d’année difficile

Zone euro : fin d’année difficile

La fin d’année s’annonce difficile en zone euro, un constat qui se dégage des indicateurs flash PMI pour le mois de décembre [...]

LIRE L'ARTICLE
Allemagne
Allemagne : une stagnation qui va encore durer

Allemagne : une stagnation qui va encore durer

Les indicateurs de climat des affaires soulignent une situation toujours dégradée, laissant craindre un nouveau trimestre de contraction de l’activité (-0,1% t/t au T4 selon nos prévisions), après déjà 4 trimestres de stagnation ou de repli (dont -0,1% t/t au T3). En effet, les indices liés aux conditions contemporaines dans les enquêtes de l’IFO ou du ZEW restent proches des plus bas historiques, que ce soit dans l’industrie ou dans les services. Si une amélioration est attendue, elle proviendrait d’un début d’anticipation d’assouplissement monétaire par la BCE en 2024, qui reste encore incertain pour l’instant. [...]

LIRE L'ARTICLE
France
France : au pied du mur

France : au pied du mur

Les signes de refroidissement de la conjoncture française se sont accentués en décembre, avec le nouveau repli du PMI composite flash à 43,7 (44,6 en novembre) [...]

LIRE L'ARTICLE
Italie
Italie : l'activité ralentit, l’inflation aussi

Italie : l'activité ralentit, l’inflation aussi

La croissance économique ralentit en Italie. Après une contraction de 0,4% t/t au T2, l’activité économique n’a progressé que de 0,1% t/t au T3, frôlant donc le surplace ce trimestre-là [...]

LIRE L'ARTICLE
Espagne
Espagne : la croissance s’effrite, mais les perspectives restent encourageantes

Espagne : la croissance s’effrite, mais les perspectives restent encourageantes

Contrairement à la tendance observée au sein des trois autres grands pays de la zone euro, l’Espagne enregistre en novembre une baisse plus mesurée de son inflation [...]

LIRE L'ARTICLE
États-Unis
Etats-Unis : vers des baisses de taux en 2024

Etats-Unis : vers des baisses de taux en 2024

L’enquête ISM indique une amélioration de l’activité non-manufacturière aux États-Unis en novembre, l’indice associé s’élevant à 52,7 (+0,9pp) [...]

LIRE L'ARTICLE
Japon
Japon : un troisième trimestre difficile mais des perspectives plus positives

Japon : un troisième trimestre difficile mais des perspectives plus positives

La révision des chiffres de croissance japonais a été défavorable, débouchant sur une baisse plus importante du PIB au 3e trimestre qu’initialement estimée (-0,7% t/t contre -0,5% t/t) [...]

LIRE L'ARTICLE