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France : 66 milliards pour la transition écologique, de quoi parle-t-on ?

27/09/2023
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France : surcoût annuel brut de la transition écologique

Depuis sa publication en mai dernier par France Stratégie, le rapport « Pisani-Mahfouz » sur le coût de la transition écologique en France a fait l’objet de nombreux commentaires, certains imprécis. Ainsi le chiffre de EUR 66 milliards, auquel il est souvent fait allusion, ne désigne-t-il pas l’investissement nécessaire à la décarbonation, mais un besoin additionnel net de financement. Explication.

France stratégie estime qu’à horizon 2030, le respect des engagements climatiques de la France nécessitera d’investir quelque EUR 100 milliards supplémentaires chaque année dans les énergies vertes, l’isolation thermique des bâtiments, le déploiement des infrastructures, etc. Les montants s’entendent à prix constants de 2023 et par rapport à un scénario de référence « sans action ». En 2021 et d’après l’institut I4CE, les investissements climat (publics et privés) atteignaient déjà EUR 84 milliards, soit 3,4 points de PIB. En conservant ce ratio, l’existant serait de quelque EUR 95 milliards en 2023[1]. Un rajout de EUR 100 milliards reviendrait donc, au bas mot, à doubler l’effort pour le porter aux environs de EUR 200 milliards par an à horizon 2030.

La France disposant déjà, grâce au nucléaire, d’une production énergétique et industrielle peu carbonée, les investissements bruts additionnels requis se répartissent essentiellement entre deux secteurs : les transports et le bâtiment. France Stratégie estime qu’un tiers d’entre eux pourront être couverts par des réallocations au détriment des énergies « brunes » (désinvestissements dans les filières essence ou diesel, par exemple).

L’effort annuel « net », qui correspond au besoin additionnel de financement à trouver d’ici 2030, est finalement évalué à EUR 66-67 milliards, le fameux chiffre de référence. Dans le rapport de France Stratégie, l’effort se trouverait partagé à parts égales entre le privé (entreprises et ménages, pour EUR 33 mds) et l’État (pour EUR 34 mds).

Jean-Luc Proutat

[1] Sous hypothèse d’une croissance nominale du PIB de 5,9%. Cf. I4CE (2022), Panorama des financements climat, octobre.

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