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Covid-19 : synthèse des mesures budgétaires et monétaires

01/07/2020
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1.Union européenne

2.Zone euro : comparatif des 4 grands

3.Allemagne

4.France

5.Italie

6.Espagne

7.Banque centrale européenne

8.Etats-Unis

9.Réserve fédérale

10.Royaume-Uni

11.Banque d’Angleterre

12.Chine

13.Banque centrale chinoise

Louis Boisset

Hélène Baudchon

Raymond Van Der Putten

Hélène Baudchon

Guillaume Derrien

Guillaume Derrien

Louis Boisset

Jean-Luc Proutat

Céline Choulet

Hubert de Barochez

Hubert de Barochez

Christine Peltier

Christine Peltier

Union européenne : principales mesures de soutien

Les Etats membres de l’Union européenne ont rapidement activé le levier budgétaire pour contrer les effets de la crise du Covid-19 sur les revenus des ménages et la trésorerie des entreprises. La crise actuelle a également entraîné une réponse européenne forte au niveau budgétaire, réponse nécessaire et attendue. En particulier, l’Eurogroupe a proposé des instruments pour faire face à la crise, d’un montant significatif de EUR 540 mds (soit environ 4,5% du PIB de la zone euro). Ces instruments ont par la suite été entérinés par le Conseil européen. La proposition de la Commission européenne concernant un fonds de relance (Recovery fund) doté de EUR 750 mds doit encore être discutée entre les Etats membres. La question du partage entre transferts et prêts apparaît particulièrement sensible.

Zone euro : comparatif des mesures budgétaires nationales de soutien

Allemagne : principales mesures de soutien budgétaire

Le 3 juin, le gouvernement fédéral a annoncé un programme de relance de l’économie, d’un montant de EUR 130 mds (4 % du PIB en 2020).

Ce programme consiste en une longue liste de mesures en 57 points. Le plan de relance vise, pour près de la moitié, à atténuer l’impact économique et social de la crise. La baisse temporaire de la TVA au second semestre 2020 constitue l’un des volets essentiels du plan. Le taux de TVA standard sera, ainsi, ramené de 19 % à 16 % et le taux réduit, de 7 % à 5 %.

Le programme vise également à moderniser et rendre l’économie plus respectueuse de l’environnement en encourageant le numérique, l’amélioration de la mobilité, la protection du climat et en subventionnant les technologies du futur telles que celles à base d’hydrogène et les technologies quantiques.

Le gouvernement fédéral apportera, en outre, un soutien financier aux Länder et aux collectivités locales afin de compenser l’augmentation des dépenses sociales et les moindres recettes fiscales. Selon les estimations de la Bundesbank, le programme stimulera la croissance à hauteur d’un point de pourcentage en 2020 et de 0,5 point en 2021.

France : principales mesures de soutien budgétaire

Dès le 23 mars, la France a déployé un arsenal conséquent de mesures, autour de cinq piliers : dépenses additionnelles de santé, extension du chômage partiel, fonds de solidarité pour les petites structures les plus en difficulté, reports de charges fiscales et sociales, garanties de prêts par l’État. Initialement de EUR 345 mds, l’enveloppe totale du plan de soutien a été rehaussée plusieurs fois, pour atteindre EUR 455 mds, soit près de 21% du PIB (au 16 juin).

Le calibrage diffère de celui de ses principaux partenaires européens mais les mesures sont de nature similaire, avec pour objectif de parer à l’urgence, d’amortir le choc récessif et de préparer la reprise, qu’il s’agit désormais de soutenir. L’heure est aux plans de relance, au pluriel : sectoriels d’abord (tourisme, automobile, aéronautique, etc.), puis global (en cours d’élaboration, annoncé pour septembre, des premières mesures, concernant notamment l’évolution du dispositif de chômage partiel, étant attendues plus tôt, d’ici la mi-juillet).

Italie : principales mesures de soutien budgétaire

Le gouvernement de Giuseppe Conte a mis en place le 16 mars dernier le programme d’urgence Cura Italia, d’un montant de EUR 25 mds. Ce dernier a été fortement renforcé, le 14 mai, par un décret de relance allouant près de EUR 155 mds supplémentaires. Parmi les grandes mesures se trouvent l’extension du fonds de licenciement (pour financer le chômage partiel), l’exonération d’impôts et le remboursement partiel des loyers pour les entreprises, un moratoire jusqu’au 30 septembre sur les échéances de crédits pour les PME. Le gouvernement a aussi mis à disposition des garanties de prêts d’un montant pouvant atteindre jusqu’à EUR 530 mds, ce qui porterait le soutien total autour de EUR 780 mds.

Les états généraux (13 et 21 juin), qui avaient pour but de dessiner les contours d’un grand plan de relance, ont laissé transparaître quelques nouvelles mesures possibles : baisse de la TVA, nouveaux crédits d’impôt pour les entreprises, modernisation du réseau ferroviaire. Ce plan devrait être présenté à la Commission européenne en septembre.

Espagne : principales mesures de soutien budgétaire

Pour faire face à la crise, le gouvernement espagnol a mis en place le 17 mars dernier un plan d’urgence de EUR 117 mds en fonds publics (EUR 200 mds en incluant la contribution du secteur privé). Ce programme se compose de EUR 100 mds de garanties financières aux entreprises et EUR 17 mds en soutiens directs, principalement sous la forme de dépenses de santé, chômage partiel et reports de charges fiscales et sociales pour les entreprises et les particuliers.

Ce programme d’urgence s’est, par la suite, étoffé de deux plans de relance stratégiques pour soutenir les secteurs particulièrement et durablement touchés par la crise. Le 15 juin a été présenté un plan de soutien au secteur automobile de EUR 3,5 mds, tandis que le 18 juin était dévoilée une liste de mesures (EUR 4,26 mds) pour le tourisme. En parallèle, un fonds de solidarité pour les communautés autonomes, de EUR 16 mds, sera progressivement mis en place, principalement afin d’aider les localités à faire face à leurs obligations financières.

BCE : principales mesures de soutien monétaire

Face à la crise du Covid-19, la Banque centrale européenne (BCE) a adopté une approche particulièrement proactive et flexible. Au total, en tenant compte des achats d’actifs mensuels initialement prévus (EUR 20 mds par mois) et des programmes d’urgence, les achats d’actifs supplémentaires de la BCE à horizon mi-2021 représenteraient, pour l’heure, environ 15% du PIB de la zone euro. Le choc pandémique fait peser un risque sensible sur la stabilité des prix et pourrait accroître la fragmentation financière en zone euro. A ce titre, l’institution monétaire de Francfort conservera une approche flexible et un nouvel élargissement de l’enveloppe d’achats d’actifs est à prévoir.

Etats-Unis : principales mesures de soutien budgétaire

Ce ne sont pas moins de cinq lois qui, depuis le début du mois de mars, ont été adoptées par le Congrès des États-Unis pour faire face aux conséquences de l’épidémie de Covid-19. Pièce majeure du dispositif, le CARES Act (Coronavirus Aid, Relief, and Economic Security Act) prévoit d’engager jusqu’à USD 2 300 milliards (10 points de PIB) de fonds fédéraux en faveur des ménages et des entreprises américains, essentiellement sous forme de prêts garantis, reports et crédits d’impôts.

Les mesures budgétaires se sont vues renforcées et complétées par la suite, pour atteindre à ce jour USD 3 600 milliards (16 points de PIB). Le poids des stabilisateurs automatiques (transferts) étant relativement faible aux États-Unis, les deux-tiers de l’enveloppe sont disponibles sous forme d’allocations directes ; l’intervention fédérale (extension des indemnités chômage, « chèques » adressés aux ménages…) aurait ainsi permis de maintenir les revenus au deuxième trimestre 2020, alors que l’activité a plongé.

Réserve fédérale : principales mesures de soutien monétaire

En l’espace de trois mois, le soutien massif apporté par la Réserve fédérale a fait croître son bilan de près de USD 2800 mds et permis d’atténuer les tensions financières extrêmes provoquées par la pandémie de Covid-19. Au 17 juin, son bilan, désormais plus large que celui de la BCE, s’établissait à plus de USD 7000 mds, soit 33% du PIB. Ses achats de titres, dispositifs de refinancement et swaps de liquidités ont permis d’injecter près de USD 1300 mds de monnaie centrale supplémentaires de sorte que, depuis la mi-avril, le stock agrégé de réserves des institutions de dépôt auprès de la Fed excède son précédent point haut, atteint à l’issue de QE3 en octobre 2014. Bien que l’enveloppe globale de ses divers dispositifs soit déjà importante, la Fed se déclare prête à amplifier son soutien à l’économie et aux marchés financiers si besoin.

Royaume-Uni : principales mesures de soutien budgétaire

En plus de mesures de trésorerie pour les entreprises, le gouvernement britannique a promis au moins GBP 330 mds de garanties de prêts. Jusqu’ici, les différents programmes créés à cet effet – dont fait partie le Covid Corporate Financing Facility (CFF), créé en coopération avec la Banque d’Angleterre – ont fourni plus de GBP 60 mds de financements.

Du côté des ménages, le gouvernement a prolongé jusqu’à octobre 2020 son programme de chômage partiel (CJRS), même si la part du salaire prise en charge par celui-ci, de même que le montant maximum d’indemnités, vont progressivement diminuer. Depuis le 1er juillet, les employés peuvent ainsi retourner au travail à temps partiel tout en continuant à bénéficier du CJRS.

Banque d’Angleterre : principales mesures de soutien monétaire

Face à la crise, la Banque d’Angleterre a agi sur tous les tableaux : réduction de son taux de base, extension de son programme d’assouplissement quantitatif, création de programmes de financement et d’apport de liquidités, etc. Cependant, si ses programmes de refinancement des banques (TFSME) et des entreprises (CCFF) dureront encore de nombreux mois, la Banque commence à retirer son soutien sur d’autres segments. Ainsi, son programme d’apport de liquidités (CTRF) a été arrêté le 26 juin et les opérations de provisions de liquidités en dollars ne se tiennent plus que trois fois par semaine depuis juillet, alors qu’elles étaient quotidiennes précédemment.

Chine : principales mesures de soutien budgétaire

Le plan de soutien budgétaire est mis en œuvre progressivement depuis février. Fin mai, le gouvernement a publié son budget pour cette année et annoncé son objectif de déficit, qui doit augmenter de CNY 1000 mds et atteindre 3,6% du PIB en 2020, contre 2,8% en 2019. Cependant, ce budget « officiel » sous-estime largement l’ampleur réelle du stimulus. Celui-ci comporte plusieurs volets : certains sont inscrits au budget officiel, d’autres sont inscrits dans divers comptes hors de ce budget (caisses de sécurité sociale, fonds financés par l’émission d’obligations « spéciales », comptes des véhicules de financement des collectivités locales, etc.).

Les mesures introduites/annoncées en réponse à la crise sanitaire et économique visent à aider les secteurs directement affectés par les conséquences de l’épidémie, soutenir les revenus des entreprises et des ménages et soutenir l’emploi. L’investissement public dans les projets d’infrastructures reste un instrument privilégié, et son rebond est notable depuis deux mois. Il est notamment financé par l’émission d’obligations « spéciales » par le gouvernement central (CNY 1000 mds doivent être émis en 2020 – la dernière émission de ce type datait de 2007) et par les collectivités locales (dont le quota d’émissions pour 2020 a été augmenté de CNY 1600 mds pour atteindre CNY 3750 mds). L’exécution des mesures en faveur des micro entreprises et des PME, de l’emploi et de la consommation privée devrait prendre de l’ampleur plus progressivement.

Banque centrale chinoise (PBOC) : principales mesures de soutien monétaire

Les mesures de soutien monétaire visent à aider les entreprises et les secteurs fragilisés par les conséquences de l’épidémie pour faciliter la reprise de l’activité, éviter défauts et faillites, et contenir les risques d’instabilité dans le système financier. La banque centrale (People’s Bank of China, PBOC) a injecté les liquidités nécessaires pour répondre à la demande du secteur financier, baissé les taux d’intérêt directeurs et vivement encouragé les banques à refinancer les prêts existants et couvrir les besoins de trésorerie de leurs clients. Les micro et petites entreprises semblent être au centre des préoccupations des autorités. La croissance des crédits totaux (social financing) a déjà accéléré de 10,7% en glissement annuel fin février, à 12,5% fin mai 2020. Elle pourrait atteindre 13% à 14% fin 2020 selon nos prévisions. De fait, l’assouplissement des conditions monétaires et de crédit devrait rester prudent, la marge de manœuvre de la banque centrale étant fortement contrainte par l’endettement déjà excessif de l’économie.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE