Après l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ce fut au tour du Fonds monétaire international, la semaine dernière, d’abaisser sensiblement ses prévisions de croissance du commerce mondial pour 2022. La hausse des exportations est désormais attendue à 4,4%, contre une prévision de 6% en octobre dernier. Ces chiffres sont plus élevés que ceux de l’OMC qui table, pour sa part, sur une augmentation de 3% en 2022.
Après le rebond spectaculaire de 2021 (+9,8%), une moindre croissance du commerce mondial était, mécaniquement, attendue. Mais la guerre en Ukraine et les difficultés que rencontre la Chine, sur le plan économique et sanitaire, constituent un frein supplémentaire. Les premières traces de ce ralentissement sont visibles : l’indicateur PMI manufacturier global pour les nouvelles commandes à l’exportations baisse significativement en mars (-2,8 points, à 48,2) pour atteindre son plus bas niveau depuis 18 mois (graphique 2). Les nouvelles commandes à l’exportation en provenance de Taiwan, généralement perçues comme un bon indicateur de la demande mondiale, se sont repliées en mars, mais restent à un niveau très élevé.
La Chine est une nouvelle fois au centre de l’attention. Les mesures de confinement imposées à Shanghai et ses environs ont contraint à l’arrêt de nombreuses entreprises industrielles, notamment dans l’électronique. Cela devrait aggraver les perturbations sur les chaînes de production mondiales dans les semaines à venir, et affecter de nombreux secteurs. L’indice synthétique des tensions sur les chaînes de valeur (graphique 3), en baisse en janvier et février, a toutes les chances de rebondir. En effet, les délais de livraison dans le secteur manufacturier se sont rallongés à nouveau le mois dernier (graphique 6).
Un véritable relâchement des goulets d’étranglement sur le commerce maritime est par ailleurs très peu probable avant 2023. Le taux de fret moyen s’est stabilisé, depuis la fin de 2021, à un niveau élevé (graphique 5). En outre, le prix des porte-conteneurs (indice Harpex) continue de progresser en 2022 (+ 19% entre le 1er janvier et le 15 avril), après avoir quasiment triplé en 2021.