L’inflation élevée s’est généralisée. Aux États-Unis, différentes mesures de l’inflation sous-jacente ont marqué une hausse considérable dépassant toutes largement la cible de 2?% de la Réserve fédérale (graphique 1). Dans la zone euro, le pourcentage des composantes de l’indice harmonisé des prix à la consommation (IPCH) enregistrant une inflation annuelle supérieure à 2% a connu une augmentation spectaculaire (graphique 2).
Rien n’indique que cette situation changera à court terme. Le livre Beige d’avril de la Réserve fédérale mentionne que « les pressions inflationnistes sont restées importantes depuis le dernier rapport, les entreprises répercutant la hausse rapide du coût des intrants sur les consommateurs [...]. Dans la plupart des régions, les entreprises s’attendent à ce que les pressions inflationnistes se poursuivent au cours des prochains mois1. »
Dans sa dernière déclaration de politique monétaire, la BCE indiquait que « les coûts de l’énergie font grimper les prix dans de nombreux secteurs. Les goulets d’étranglement de l’offre et la normalisation de la demande au fur et à mesure de la réouverture de l’économie continuent également d’exercer une pression à la hausse sur les prix2. »
Quand il s’agit d’évaluer les implications de ces observations, il convient de distinguer l’inflation généralisée de l’inflation persistante. La première a trait au nombre d’éléments de l’indice des prix à la consommation subissant une hausse similaire d’inflation. Ce chiffre peut être élevé en raison de la survenance simultanée de plusieurs chocs (par exemple, la hausse des prix des matières premières en parallèle à une perturbation de l’offre).
Dans la mesure où ces chocs sont ponctuels, leur impact direct sur l’inflation devrait être temporaire, même en cas de hausse permanente des prix3. Cependant, selon toute vraisemblance, ces chocs auront également des effets indirects étant transmis par la chaîne d’approvisionnement. Ce processus prend du temps parce que les entreprises confrontées à la hausse du coût des intrants n’augmenteront pas leurs prix de vente en même temps.
Cet ajustement échelonné des prix crée une persistance de l’inflation, un phénomène d’inertie où les dernières données sur l’inflation sont largement corrélées au rythme des variations des prix des mois précédents. C’est « la tendance de l’inflation à converger lentement vers sa valeur à long terme à la suite d’un choc qui l’a éloignée de sa valeur à long terme.4 »