Depuis un an, la masse monétaire M2 ralentit aux États-Unis1 (+9,5% en glissement annuel en mars 2022 contre +27,1% en février 2021). Cette décélération résulte principalement d’une modération des achats, par la Réserve fédérale (Fed) et les banques, de titres de dette du Trésor (Treasuries, histogramme bleu) et de titres adossés à des créances hypothécaires (MBS, histogramme vert hachuré). La Fed ayant interrompu ses achats nets fin février 2022, l’incidence du QE a été encore plus modeste au T1 2022. Depuis le T2 2021, les mises en pension de la Fed auprès des fonds monétaires (histogramme gris clair) contribuent de surcroît à une destruction (temporaire) de monnaie2.
D’autres facteurs l’ont en revanche soutenue. La réduction des avoirs du Trésor auprès de la Fed (histogramme bleu hachuré), afin de financer les plans de soutien à l’économie, a contribué à augmenter les dépôts auprès des banques commerciales. Déprimé par un important effet de base en 2021 (97% des encours de prêts garantis aux entreprises, originés en 2020, ont été effacés en 2021), le moteur traditionnel de création monétaire (les prêts bancaires, histogramme vert) a, en outre, été réactivé au T1 2022.
La normalisation de la politique monétaire américaine devrait prolonger ce ralentissement. D’une part, la hausse des taux directeurs pourrait temporairement entretenir l’attractivité du dispositif de mises en pension de la Fed et renforcer celle des dépôts à terme3 auprès des clients bancaires. La rapidité du resserrement monétaire risque, en outre, d’affaiblir le canal des crédits. À compter du 1er juin, d’autre part, la Fed cessera de réinvestir intégralement les tombées de dette sur son portefeuille de titres. Certains agents non bancaires se porteront acquéreurs des Treasuries et MBS nouvellement émis, réduisant, de fait, leurs dépôts.