Depuis le 1er juin, la Réserve fédérale américaine (Fed) a engagé la réduction de la taille de son bilan, en limitant le réinvestissement des tombées de dette sur son portefeuille de titres. Si le rythme annoncé de cessions nettes se maintient, son bilan pourrait dégonfler d’environ USD 1 600 milliards en l’espace d’un an et demi.
Le portefeuille de titres de la Fed (à l’actif du bilan) va mécaniquement se réduire tandis qu’une partie des liquidités placées auprès de la Fed par les banques commerciales et/ou fonds monétaires (au passif) vont être détruites. En 2019, la première expérience de resserrement quantitatif de la Fed (QT1) avait dû être interrompue : elle avait épuisé le volant de réserves « excédentaires » au regard des contraintes de liquidité imposées aux banques1 et grippé les marchés monétaires.
Certes, le stock actuel de réserves auprès de la Fed (USD 3 200 mds au 15 juin contre USD 1 400 mds au moment de la crise des marchés repo en septembre 2019) et l’encours des mises en pension de titres de la Fed auprès des fonds monétaires (USD 2 200 milliards au 17 juin) constituent de larges réservoirs de liquidités, susceptibles d’amortir le choc de ce dégonflement. Il semble toutefois peu probable, du moins à court terme, que les fonds monétaires réallouent une partie du cash déposé auprès de la Fed vers les T-bills (du fait du rendement attractif de la facilité et de la rareté des T-bills). À défaut d’une appétence suffisante des investisseurs pour les titres longs émis, les primary dealers pourraient, de surcroît, être contraints d’élargir leurs inventaires et solliciter de nouveaux financements auprès des fonds monétaires. Or, la plupart des dealers sont des filiales de grandes banques, dont les ratios de levier flirtent déjà avec les minima réglementaires. Les contraintes de bilan pourraient ainsi gêner les débuts de ce QT2.