Le dernier rapport de surveillance du Comité de Bâle (BCBS)1 a mis en évidence qu’en dépit de politiques monétaires très accommodantes, la position de liquidité (immédiatement disponible) des grandes banques américaines2 ne s’était pas améliorée entre le T4 2019 et le T2 2021 contrairement à celle des grandes banques européennes. D’après les premiers éléments publiés, le ratio moyen de liquidité à court terme, Liquidity Coverage Ratio3 (LCR), des premières se serait établi à 116% au T4 2021 contre 119% au T4 2019, celui des secondes à environ 173% contre 141%. Dans les deux cas, les ratios moyens demeurent sensiblement supérieurs aux exigences prudentielles (100%).
La différence entre les États-Unis et la zone euro s’explique en partie par le dispositif de mises en pension de la Réserve fédérale américaine (Fed). Comme en zone euro, sa politique d’assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE) a certes conduit à un gonflement des réserves des banques américaines auprès de la Fed – définies comme les actifs les plus liquides au sens du LCR - et des dépôts de leur clientèle - lesquels bénéficient, lorsqu’ils sont considérés stables, d’un traitement privilégié dans le cadre du LCR (assortis de faibles taux de fuite théoriques). Aux États-Unis, l’ampleur inédite du QE a toutefois desservi les LCR. La croissance exceptionnelle de la masse monétaire, donc des dépôts bancaires, a en effet fortement accru le volume des sorties nettes de trésorerie théoriques (dénominateur des LCR)4. Or, afin d’enrayer les pressions à la baisse exercées sur les taux courts de marché par la surabondance de liquidités centrales, la Fed en a détruit une partie par le biais de mises en pension de titres, ce qui a limité l’augmentation du stock d’actifs liquides (numérateur des LCR).