Baromètre

Changement de cap

13/02/2022
PDF

Au Royaume-Uni comme ailleurs, le retour en force de l’inflation ne laisse pas de surprendre et pousse la Banque centrale à agir. Le Comité de politique monétaire (MPC) s’attend à ce que la hausse annuelle des prix atteigne 7% en avril (elle dépasse actuellement 5%), du jamais-vu depuis trois décennies. Il renchérit par conséquent le loyer de l’argent. Fixé à 0,1% pendant la crise, le taux d’intérêt directeur de la Banque d’Angleterre a été porté à 0,25% en décembre, puis à 0,50% en février. D’autres hausses suivront, l’objectif du MPC - qui épouse les anticipations du marché - étant de porter le Bank rate à 1,50% en milieu d’année 2023.

Ce n’est pas tout. À l’instar de la Réserve fédérale américaine, la Banque d’Angleterre va réduire la taille de son bilan, en cessant de réinvestir à l’échéance dans les actifs acquis au titre du quantitative easing (dont l’encours atteint GBP 895 milliards, soit 40% du PIB, et se trouve essentiellement constitué d’obligations du Trésor). La normalisation monétaire intervient alors que l’économie retrouve son niveau de fin 2019. Très entamé par la pandémie - la récession britannique fut l’une des plus marquées dans le monde en 2020 - le PIB a connu un rebond spectaculaire en 2021 (+7,5%), notamment parce que le « quoi qu’il en coûte » est allé très loin. D’après les calculs du Fonds monétaire international (FMI), les transferts gouvernementaux aux ménages et aux entreprises (hors prêts et garanties) ont représenté 19 points de PIB, pratiquement le double de l’effort consenti en zone euro, qui bénéficie il est vrai de stabilisateurs automatiques plus puissants.

Le contrecoup a été une explosion du déficit public qui, bien qu’en régression du fait du retour de la croissance, reste élevé d’un point de vue structurel (l’Office for Budget Responsabililty l’évalue à 8,3 points de PIB potentiel pour l’exercice fiscal 2021-22). Priorité est donc donnée à sa réduction. Tout ou partie des dispositifs « Covid » (TVA réduite sur la restauration, abattements spéciaux sur les droits de mutation…) ont été supprimés, tandis qu’il est prévu d’augmenter les prélèvements sociaux dès avril 2022 et le taux de l’impôt sur les sociétés en avril 2023.

Jean-Luc Proutat

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE

Découvrir les autres articles de la publication

Zone euro
Zone euro : les spreads souverains hantés par les faits stylisés

Zone euro : les spreads souverains hantés par les faits stylisés

Dans la zone euro, certains spreads souverains ont tendance à se creuser quand le rendement des obligations d’État allemandes augmente [...]

LIRE L'ARTICLE
Baromètre
Hausse des prix et de l’emploi

Hausse des prix et de l’emploi

Comme on le voit sur le baromètre, la forte poussée inflationniste se poursuit en ce début d’année, avec un indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) en hausse de 6,1% en janvier [...]

LIRE L'ARTICLE
Calendrier Actualisés et Prévisionnels
Vaccination :  le seuil symbolique de 1 milliard de doses de rappel est franchi

Vaccination : le seuil symbolique de 1 milliard de doses de rappel est franchi

Le monde totalise 19,9 millions de nouveaux cas confirmés de Covid-19 entre le 2 et le 8 février, soit 14% de moins que la semaine précédente. Il s'agit de la deuxième semaine consécutive de baisse [...]

LIRE L'ARTICLE