Le mercredi 5 mars, le rendement du Bund à 10 ans a augmenté de 30 points de base, soit la plus forte hausse depuis la chute du mur de Berlin. Il a continué à augmenter les jours suivants, atteignant un pic le 11 mars. L'élément déclencheur a été l'annonce faite par Friedrich Merz (CDU) et les dirigeants de la CSU et du SPD lors d'une conférence de presse nocturne le mardi 4 mars 2025, durant laquelle ils avaient annoncé leur accord pour :réformer le frein à l'endettementexempter du frein à l’endettement les dépenses de défense supérieures à 1 % du PIB créer un fonds de 500 milliards d'euros pour les investissements dans les infrastructures.L'évolution du marché obligataire allemand a eu des répercussions importantes sur les marchés de la zone euro mais ce n'est pas une surprise.
Face au désengagement américain, l’Union européenne a décidé de serrer les rangs et de réinvestir massivement dans sa défense. Le Conseil européen a ainsi approuvé, le 6 mars dernier, un plan permettant théoriquement de mobiliser 800 milliards d’euros. Ce plan est divisé en deux volets. Le premier permettra à chaque État membre de dévier de sa trajectoire de dépenses à hauteur de 1,5% du PIB en moyenne sur une période de quatre ans, sans être visé par une procédure de déficit excessif. Ce dispositif permettrait – en théorie – de dégager une marge de manœuvre budgétaire supplémentaire de 650 milliards d’euros. Pour l’heure, plusieurs gouvernements nationaux ont annoncé qu’ils ne feraient pas usage de la clause dérogatoire (France) ou y sont défavorables (Italie, Espagne).
Les chiffres clés de l'économie française comparés à ceux des principaux pays européens, l'analyse des données relatives à la population et au marché du travail français, l'activité par secteur, les chiffres des administrations publiques, de l'inflation, des taux et des comptes des entreprises.
Conséquence de l’explosion des dettes post-Covid et de la remontée des taux d’intérêt, la charge financière des États s’alourdit. Dans l’OCDE, elle atteint 3,3% du PIB, son plus haut niveau depuis 2010. Pour l’Union européenne, la fin de la période d’argent facile coïncide avec une augmentation substantielle de ses besoins d’emprunt, liée en partie à l’impératif de réarmement. Les finances publiques, déjà aux prises avec le dérèglement climatique et le vieillissement des populations, sont sous pression et ne pourront pas seules répondre à tous les défis.
Le bras de fer entre les États-Unis et l’Union européenne est lancé. L’administration Trump a relevé, le 12 mars dernier, de 25 % les droits de douane sur les importations américaines d’aluminium et d’acier. En réaction, l’UE a annoncé qu’elle rétablira, mi-avril, les droits de douane introduits lors du premier mandat de Donald Trump, suspendus depuis 2020.
Le taux de chômage s’est maintenu à 6,2% en janvier, un plus bas historique. Les baisses sont observées surtout dans l’Europe du Sud et en Irlande, tandis que le taux de chômage est relativement stable en France et en Allemagne. Les salaires négociés ont progressé (+4,1% a/a au T4 2024) mais moins qu’au T3 (5,4% a/a) ; cela dépasse nettement l’inflation.
L’indice IFO du climat des affaires est resté stable en février par rapport à janvier, à 85,2, et demeure proche du plus bas enregistré en novembre 2024 (84,7). C’est l’industrie qui pèse le plus dans cette situation. La production industrielle, qui inclut la construction, s’est de nouveau contractée, de 0,7% (t/t) au T4 (6e baisse en 7 trimestres). Les chiffres de janvier font toutefois état d’un léger rebond (+0,6% en glissement mensuel sur la moyenne mobile 3 mois).
La confiance des ménages a rebondi, passant de 89 en décembre à 93 en février (95 en septembre, 100 en moyenne de long terme). Le solde d’opinion sur l’évolution passée des prix (à -5 en février) atteint son plus bas niveau depuis juillet 2021. En revanche, le solde d’opinion sur la crainte du chômage augmente encore en février (+55, contre +29 en septembre) et alimente l’opportunité d’épargner.
Les intentions d’effectuer des achats importants au cours de l’année à venir sont à leur plus haut depuis juillet 2021. Ainsi, la consommation privée devrait soutenir davantage la croissance italienne. En effet, pour le moment, les données dures déçoivent : les nouvelles immatriculations de véhicules ralentissent (-3,3% 3m/3m en février), tout comme les volumes des ventes au détail (-0,4% 3m/3m en janvier).
Le PMI composite (55,1 en février contre 54 en janvier) est soutenu par la composante « services » (PMI à 56,2 ; +1,3 point). Néanmoins, l’activité industrielle se détériore fortement : la production industrielle baisse de 1% a/a en janvier (-22,8% a/a sur les véhicules) et le PMI manufacturier passe sous les 50 pour la première fois depuis plus d’un an en février (49,7 ; -1,3 point).
On dit que le consensus de Davos a toujours tort, mais il faut généralement plus de deux mois pour le vérifier. Pas cette année.
Les rendements des obligations d’État des économies avancées sont fortement corrélés, bien plus qu’avec la croissance du PIB réel. Les gouvernements doivent avoir conscience qu’un manque de discipline budgétaire peut engendrer des externalités négatives, en augmentant les rendements obligataires à l’étranger. Compte tenu des besoins de financement énormes dans les secteur public et le secteur privé, chaque émetteur de dette devrait envisager la possibilité d’être confronté à des taux d’intérêt plus élevés et devrait soumettre son bilan à des tests de résilience.
Nous sommes à près d’une semaine d’un vote qui pourrait changer la face de l’Allemagne. Le 18 mars, le Bundestag décidera de l’adoption de deux projets structurants portant sur la défense et les infrastructures. Un plan budgétaire massif qui pourrait dépasser les EUR 1 000 Mds sur les 10 prochaines années et relancer la croissance allemande, aux abonnés absents depuis près de 3 ans.
L’inflation n’est plus le problème économique n°1 qu’elle a été, au cours de ces trois dernières années, mais elle demeure un enjeu majeur. Alors qu’elle n’est pas encore arrivée à sa cible, que les dernières poches se réduisent lentement, de nouvelles pressions haussières s’annoncent. Elles demeurent légères à ce stade mais elles sont bien réelles et de nouveaux risques inflationnistes, liés au contexte économico-géopolitique actuel, prennent forme. La tâche de la Réserve fédérale se complique face au risque de stagflation de l’économie américaine, et celle de la BCE devient un peu plus délicate du fait d’un rééquilibrage entre risques baissiers et haussiers sur la croissance dans la zone euro.
La production nouvelle de crédits bancaires (hors renégociations) aux ménages et aux sociétés non financières (SNF) de la zone euro a poursuivi en janvier 2025 son accélération sur fond de baisse des taux d’intérêt. En cumul annuel, les nouveaux crédits au secteur privé non financier (SPNF) ont augmenté de 8,6% sur un an, après 7,4% en décembre 2024, pour s’établir à EUR 3 437 mds.
L’inflation devrait avoir diminué en février, notamment en France, en raison du net repli du tarif réglementé de l’électricité. Ce mouvement masque toutefois des évolutions divergentes. Si la désinflation se diffuse (les deux tiers des composantes de l’indice Insee témoignaient d’une inflation inférieure à 2% a/a en janvier en France), la hausse des prix reste soutenue dans les services, en France comme dans la zone euro. À court terme, un regain d’inflation énergétique est possible dans la zone, mais il devrait être de courte durée. La BCE devrait poursuivre ses baisses de taux à l’issue de sa réunion du 6 mars, mais la persistance de l’inflation sous-jacente (en deçà mais proche des 3% a/a) pourrait en modifier le rythme par la suite.
Le résultat des élections allemandes révèle un vainqueur clair : la CDU/CSU. Seuls cinq partis ont pu entrer au parlement, réduisant ainsi la fragmentation du Bundestag. Une grande coalition avec le SPD est possible. Les négociations devraient débuter rapidement afin d’établir une feuille de route commune. À leur terme, il faut s’attendre à des changements : un gouvernement allemand plus à l’initiative dans les affaires européennes, plus d’investissements publics, le renforcement des dépenses de défense et, par conséquent, un déficit budgétaire et une dette publique allemands qui pourraient augmenter.
Les pourparlers de paix ont débuté. Nous ne savons pas exactement quand ni où ils aboutiront mais les choses évoluent rapidement. Si l'attention se concentre à juste titre sur les défis géostratégiques colossaux qui n’avaient pas été anticipés, il n'est pas trop tôt pour commencer à tracer la carte des principales implications économiques pour l'Europe.
Les enjeux des élections allemandes du 23 février sont importants. Le PIB allemand stagne depuis 3 ans et les capacités de production dans l’industrie ont subi leur première baisse depuis la réunification. La question du maintien du territoire allemand en tant que site de production (standort deutschland) se pose à nouveau. Dans ce contexte, ces élections permettront-elles d’entamer une nouvelle ère (zeitenwende) dans la politique économique allemande, comme ce fut le cas avec les lois Hartz dans les années 2000 ? L’attention se portera sur deux points en particulier : la réforme du frein à l’endettement, ainsi que celles concernant le coût de l’énergie.
Alors que la croissance française a atteint 1,1% en 2023 et 2024, les incertitudes, notamment de nature politique, devraient la conduire un peu en deçà en 2025 (0,7% selon nos prévisions). La différence s’explique en premier lieu par la faiblesse de l’acquis de croissance après le 4e trimestre 2024 et le 1er trimestre 2025. Toutefois, le pire est probablement derrière nous et la croissance devrait se raffermir à partir du 2e trimestre. En effet, la mise en œuvre du budget 2025 devrait restaurer la confiance et permettre une augmentation de la consommation publique par rapport au T1 (où elle avait été pénalisée par la reconduction du budget 2024)
Vu de France, on pourrait croire que l'alourdissement des dettes publiques est une conséquence générale de la crise de la Covid-19. Or, le graphique que nous commentons ici montre qu'il n'en est rien.
D’après le consensus actuel, la divergence importante entre l’économie des États-Unis et celle de l’Union européenne, observée depuis la pandémie, devrait persister. Il est vrai que l’économie américaine bénéficie d’une dynamique de croissance forte et affiche un moral d’acier, alors que l’Europe n’a ni l’une ni l’autre. Mais extrapoler à partir d’un instantané, comme l’instinct nous pousse à le faire, est souvent une erreur. En réalité, il existe de solides raisons pour que l’écart entre la croissance des États-Unis et celle de l’Europe se réduise en 2025, comme le prévoit le scénario central de BNP Paribas, avec un ralentissement de l’économie américaine et une accélération de celle de la zone euro (quoique modeste)
Les enquêtes de conjoncture auprès des ménages et des entreprises démarrent l’année sur une note légèrement plus positive. La confiance des consommateurs (+0,3 point) a bénéficié d’un léger repli des indicateurs des perspectives de chômage et d’inflation. L’indice PMI composite repasse en zone d’expansion (+0,6 point à 50,2) – la contraction dans l’industrie manufacturière se faisant moins forte (+1,5 point à 46,6) – tandis que l’indice dans les services accuse un léger repli (-0,2 point à 51,4).
Le climat des affaires allemand est tiré vers le bas par la récession prolongée de l’industrie. La production industrielle au sens large (construction incluse) s’est contractée sur 10 des 12 derniers trimestres (en anticipant un nouveau trimestre négatif au T4 2024). La baisse cumulée atteint 8,4% (-14,7% vs. le pic de fin 2017, cf. graphique). Cette dynamique explique le faible niveau de l’IFO en décembre et janvier (à son plus bas, hors Covid-19, depuis la crise de 2008).
La conjoncture française reste sur une note faible, bien qu’elle montre des signes de stabilisation. Le climat des affaires de l’Insee est resté stable à 95 en janvier, tandis que le PMI composite a marqué un léger rebond (47,6 en janvier contre 47,5 en décembre).