L’inflation allemande a repris le chemin de la baisse, après une stabilisation entre mai et août (6,4% a/a en août selon l’indice harmonisé), pour atteindre 4,3% en septembre, en raison d’abord d’effets de base (l’inflation désaisonnalisée était de 2,3% m/m en septembre 2022, contre une évolution plus normale de 0,3% en septembre 2023). Nous attendons une nouvelle baisse de près de 1 point de pourcentage de l’inflation en octobre pour la même raison.
Les courbes se sont croisées : l’inflation française, longtemps en deçà de celle de la zone euro, lui est désormais supérieure (5,7% en septembre contre 4,3% a/a, selon l’indice harmonisé). En moyenne, l’inflation française dépasse même en août-septembre de près de 0,5 point son niveau de juin-juillet (contre une décrue 0,6 point en zone euro). En cause, le rebond des prix de l’énergie.
La confiance des ménages est en léger recul depuis le mois d’avril. Cela reflète une baisse des intentions d’achat de biens durables et une dégradation du jugement sur les perspectives d’évolution du chômage. Néanmoins, le marché du travail italien maintient le cap. Le taux de chômage a fléchi à 7,3% en août, son niveau le plus bas depuis quinze ans. Conséquence de ce recul, les problèmes de recrutement s’intensifient.
L’indice du sentiment économique de la Commission européenne recule, en Espagne, en septembre à son plus bas niveau de l’année, témoignant d’un ralentissement de l’activité qui se traduirait, selon nos prévisions, par une baisse de la croissance à 0,3% t/t au T3 et 0,2% t/t au T4. L’inflation regagne, par ailleurs, du terrain et pèse à nouveau sur la confiance des ménages, tout comme les perspectives de chômage qui se dégradent, toutefois modérément.
En Europe centrale, les flux de capitaux (investissements directs étrangers, flux de portefeuille et flux bancaires) ont plutôt bien résisté en dépit des incertitudes géopolitiques. De même, ils ne semblent pas affectés, pour le moment, par l’affaiblissement de l’activité économique dans la région.
Le gouvernement actuel brigue un troisième mandat aux élections législatives du 15 octobre prochain. Quelle qu’en soit l’issue, le futur gouvernement sera confronté à trois défis majeurs sur le plan économique : un ralentissement marqué de la croissance, une dégradation du déficit budgétaire et une hausse du risque de crédit. Toutefois, cette montée des risques ne constitue pas un réel motif d’inquiétude. Des garde-fous à la hausse de la dette publique existent. Le pays dispose aussi de liquidités extérieures confortables et le secteur bancaire est solide. Le reflux de l’inflation a facilité le changement de cap en matière de politique monétaire mais cela semble prématuré compte tenu des pressions salariales élevées.
En dépit de la remontée inédite des taux d’intérêt, en Espagne, le ratio des créances douteuses des ménages et des entreprises se maintient toujours à un niveau historiquement bas
Les enquêtes auprès des entreprises de la zone euro (PMI, Commission européenne) ont continué de se détériorer cet été, même si un léger mieux a été observé en septembre pour les PMI. La hausse des taux directeurs de 25 points de base en septembre – la dernière selon nos prévisions – amplifiera ce phénomène. Nous ne prévoyons pas de récession dans la zone euro dans son ensemble en 2023, mais une croissance modérée à 0,5% qui reposera essentiellement sur un acquis de croissance favorable en 2022. Après un premier semestre légèrement positif, l’activité stagnerait au second semestre. Des écarts de croissance importants sont à prévoir entre les pays membres.
L’économie allemande est affectée par la transmission du choc inflationniste à la consommation des ménages. Cette sous-performance reflète aussi des difficultés plus structurelles qui renvoient à la problématique du « Standort Deutschland ». Ces difficultés ont débuté peu avant la mise en œuvre des premières réglementations européennes visant à adapter le secteur automobile au changement climatique. Depuis lors, le secteur manufacturier a ainsi vu sa production et ses capacités de production se réduire. Dans un contexte toujours difficile, nous prévoyons une nouvelle récession au 2nd semestre 2023.
L’économie française connait une dichotomie entre les ménages et les entreprises. Si la consommation et l’investissement des premiers ont diminué en volume (-1,4% et -6,6% au T2 par rapport au T4 2021), l’investissement des secondes a progressé (+6,7% entre le T4 2021 et le T2 2023). Cet élément et la réduction des contraintes sur la production de matériels de transport ont soutenu la croissance au T2 (0,5% t/t) et devraient continuer de le faire à moyen terme. Dans les prochains trimestres, la croissance serait contrainte par la baisse de la demande due, en particulier, à une épargne des ménages élevée.
Au deuxième trimestre 2023, le PIB réel italien a reculé de 0,4 % t/t. La demande intérieure s’est affaiblie et les investissements en machines et équipements ont diminué, signe de la détérioration de la situation des entreprises. La consommation s’est légèrement redressée. Les ménages italiens souffrent toutefois de la hausse des prix à la consommation et des taux d’intérêt. Au T2, la récession s’est généralisée aux différents secteurs d’activité. La valeur ajoutée des services a baissé, reflétant la lenteur de la reprise du tourisme. Par ailleurs, l’inflation diminue lentement : en septembre, elle atteignait encore 5,7 % a/a. Contrairement à la plupart des prévisions, les prix de l’immobilier ont enregistré une hausse de 2,0 % t/t au T2.
L’économie espagnole a bien résisté, jusqu’à cet été, au choc des taux d’intérêt. La consommation privée et l’investissement ont progressé respectivement, sur un an, de 2,7% et 2,0% au deuxième trimestre 2023. L’élan du marché du travail et l’épargne accumulée durant la pandémie ont soutenu les dépenses des ménages, tout comme le recul de l’inflation qui a permis au pouvoir d’achat de se stabiliser. Toutefois, ces soutiens s’estompent. Sans marquer le pas, l’activité ralentira au second semestre 2023. Néanmoins, avec une croissance anticipée à 2,2% sur l’ensemble de 2023, l’Espagne restera cette année encore l’un des moteurs de la zone euro.
Les révisions négatives des chiffres du PIB ont assombri le climat économique belge. Nous prévoyons une croissance stable au second semestre 2023, sous l’effet du resserrement monétaire. Une volatilité à court terme des chiffres de l’inflation est probable, ce qui pourrait entraîner un épisode temporaire de déflation vers la fin de l’année. Le marché du travail demeure en bonne santé, ce qui présage un atterrissage en douceur de l’économie. Un cycle d’émission d’obligations d’État réussi pourrait inciter le gouvernement d’Alexander De Croo à engager des dépenses de dernière minute avant les élections, mais les perspectives à long terme des finances publiques restent sombres.
L’incidence sur les charges financièresdes ménages de la remontée des taux d’intérêt, qui découle du resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne, est très hétérogène selon les pays de la zone euro. Elle dépend de la proportion des prêts à taux variable dans l’encours, mais aussi des niveaux et de l’évolution des montants empruntés.
Avec +4% au T3 et +5% au T2, les défaillances d’entreprises cumulées sur 3 mois ont été, pour le 2e trimestre consécutif, supérieures à leur niveau d’avant-Covid sur la même période, selon les données préliminaires de la Banque de France. En cumul annuel, l’industrie, l’hébergement-restauration et les activités immobilières font partie des secteurs où les défaillances sont plus élevées qu’avant-Covid. Au global, le phénomène risque de s’amplifier avec une proportion de liquidations judiciaires plus conséquente que par le passé et un nombre plus élevé de grandes entreprises et ETI concernées par des défaillances.
Les exportations allemandes de biens ont augmenté de 2,6% a/a sur les sept premiers mois de l’année 2023 par rapport à la même période en 2022, mais une destination habituelle manque à l’appel : la Chine (-8%).
L'inflation reflue en zone euro et les dernières enquêtes de conjoncture indiquent une possible stabilisation de l’activité économique. Toutefois, l'inflation reste très au-dessus du niveau cible, tandis que le climat des affaires a atteint un niveau (très) bas. Sur la base de la relation historique, le niveau actuel du PMI composite S&P Global et l’indice du sentiment économique de la Commission européenne augurent au mieux d'une stagnation de l'activité au cours des prochains mois. La question de savoir si la croissance finira par être supérieure ou inférieure à ces anticipations dépendra en grande partie de l'évolution de l’environnement économique
La BCE a augmenté ses taux directeurs de 450 points de base depuis juillet 2022. Ce resserrement de la politique monétaire est inédit par son amplitude depuis la création de la zone euro. Ce resserrement se diffuse aux taux des prêts et des dépôt bancaires, ce qui est tout à fait en ligne avec l’objectif de la politique monétaire qui est de freiner la demande agrégée et de ramener l’inflation vers la cible de 2%.
Depuis sa publication en mai dernier par France Stratégie, le rapport « Pisani-Mahfouz » sur le coût de la transition écologique en France a fait l’objet de nombreux commentaires, certains imprécis. Ainsi le chiffre de EUR 66 milliards, auquel il est souvent fait allusion, ne désigne-t-il pas l’investissement nécessaire à la décarbonation, mais un besoin additionnel net de financement. Explication.
Les chiffres clés de l'économie française comparés à ceux des principaux pays européens, l'analyse des données relatives à la population et au marché du travail français, l'activité par secteur, les chiffres des administrations publiques, de l'inflation, des taux et des comptes des entreprises.
Après avoir bien résisté, les enquêtes PMI dans les services pour la zone euro se détériorent plus significativement. L’indicateur a perdu 3 points en août pour atteindre 47,9, son plus bas niveau depuis février 2021. Les sous-indices portant sur l’emploi et les nouvelles créations d‘entreprises sont, en particulier, en net recul.
Alors que l’Allemagne sort à peine d’une récession, enregistrée au 4e trimestre 2022 et au 1er trimestre 2023, les enquêtes de conjoncture soulignent le risque que le pays y retombe au 2nd semestre. La détérioration relevée par l’IFO est nette (85,7 en août, de retour à son faible niveau d’octobre 2022), tant dans l’industrie que dans les services.
Les premières données concernant le mois de juillet sont relativement bonnes (production manufacturière en hausse de 0,7% m/m). Néanmoins, les enquêtes de conjoncture pour la France soulignent une détérioration.
L’économie italienne connait des développements ambivalents mais devrait bénéficier de la diminution en cours de l’inflation.
Le ralentissement de l’activité au second semestre 2023 devrait être contenu : la croissance du PIB réel fléchirait seulement, passant de +0,4% t/t au T2 2023 à +0,3% t/t au T3, et +0,2% t/t au T4. La détérioration des enquêtes PMI se poursuit aussi bien du côté du secteur manufacturier (46,5 en août) que de celui des services (49,3).