D’après la première estimation de l’INSEE, le PIB français a progressé de 0,9% t/t au T2 2021. Ce résultat est légèrement meilleur qu’attendu : nous tablions sur 0,8% et l’INSEE sur 0,7%. La croissance française est, certes, nettement moins élevée que celle de la zone euro (2% t/t) ou des États-Unis (1,6% t/t) mais il s’agit tout de même d’un bon chiffre compte tenu des circonstances. Il est, en effet, significativement positif malgré le troisième confinement d’avril.
Pour juger du retour à meilleure fortune du marché du travail français, on peut s’appuyer sur les deux indicateurs retenus par le gouvernement dans le cadre de la réforme en cours de l’assurance-chômage : 1/ le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A doit avoir diminué d’au moins 130 000 sur 6 mois ; 2/ les déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) doivent, concomitamment, dépasser les 2,7 millions cumulés sur 4 mois glissants. En juin 2021, le double critère d’amélioration est satisfait. C’est moins une surprise pour les déclarations d’embauche que pour les inscriptions à Pôle emploi, la barre semblant plus facile à franchir pour les premières que pour les secondes. Ce premier signal positif[1] doit encore s’inscrire dans la durée mais cela semble en bonne voie
L’Espagne est redevenue l’un des épicentres de la pandémie de Covid-19 en Europe avec une remontée en flèche des contaminations au variant Delta, en particulier en Catalogne. Le nombre d’infections pourrait ainsi très rapidement dépasser les pics atteints lors des vagues précédentes. Les prochains jours et les prochaines semaines diront si la vaccination porte ses fruits – le seuil des 50% de la population totalement immunisée (2 doses) ayant été franchi – et si elle permet aux autorités de limiter le rétablissement de mesures contraignantes pour l’activité économique.
La Covid-19 n’aura été qu’un frein passager à la croissance polonaise. L’économie surperforme celles de ses voisins, avec une récession plus modérée en 2020 et un rebond plus précoce de l’activité. Le risque de crédit apparaît relativement bien contrôlé malgré une participation élevée des entreprises et des ménages au moratoire de remboursement sur les prêts. Les contraintes d’offre font même craindre un risque passager de surchauffe conjoncturelle avec une hausse de l’inflation. Mais le maintien d’un fort excédent courant et la bonne maîtrise de la dette publique sont des éléments stabilisateurs. Le potentiel de croissance reste inchangé même si la perspective d’une harmonisation fiscale internationale peut ralentir les investissements étrangers.
Le rebond de l’économie roumaine est spectaculaire. Le PIB a déjà retrouvé son niveau pré-Covid et la croissance économique devrait être de 8,2% en 2021. Mais cette performance s’accompagne de déficits budgétaire et externe élevés. En conséquence, la dette publique ne devrait pas se réduire à horizon 2022, contrairement aux autres pays d’Europe centrale. Les emprunteurs qui ont bénéficié d’un moratoire sur les remboursements de dette présentent un taux de créances douteuses élevé (10,9%). Le système bancaire devrait pouvoir les absorber. Cependant, la croissance débridée du crédit à l’immobilier mérite d’être surveillée.
Les conclusions de la revue stratégique de la BCE montrent que le Conseil des gouverneurs a écouté attentivement les propos de son auditoire. Son objectif d’inflation est désormais vraiment symétrique, levant ainsi toute ambiguïté sur la perception que son précédent objectif était asymétrique. Trois autres changements se font l’écho des points abondamment commentés lors des manifestations de sensibilisation organisées par l’Eurosystème. Le coût des logements occupés par leur propriétaire sera pris en compte dans l’évaluation du contexte d’inflation. La communication sera orientée vers un public plus large et une décision a été prise de s’engager dans un plan d’action ambitieux en matière de climat. Retour désormais à la lourde tâche d’essayer de faire grimper l’inflation à 2%.
L’économie de la zone euro reprend de belles couleurs. Sur le plan macroéconomique, le rattrapage des pertes accumulées depuis le printemps 2020 est plus rapide que ce qui était anticipé il y a seulement quelques mois. En l’absence d’une nouvelle vague épidémique due à la prolifération des variants du virus, la zone euro pourrait retrouver son niveau d’activité d’avant-crise dès la fin de cette année. L’accélération des campagnes de vaccination et la levée progressive des restrictions sanitaires réduisent les incertitudes et redonnent confiance aux agents économiques. Les consommateurs, qui se sont adaptés aux mesures sanitaires, jouent un rôle prépondérant. Face à ces dynamiques favorables, les politiques publiques restent prudentes
Après une forte contraction au premier trimestre 2020, le climat économique s’est nettement amélioré au T2, avec l’ouverture progressive de l’économie. En 2020, le gouvernement allemand a réussi à limiter l’impact de la crise du coronavirus sur les ménages et les entreprises. Cette année, l’orientation de la politique budgétaire restera très accommodante et les mesures de soutien liées à la Covid-19 pourraient représenter 3% du PIB. Les élections législatives fédérales ayant lieu le 26 septembre prochain, le budget pour 2022 sera élaboré par le nouveau gouvernement. D’après les sondages, une coalition serait possible entre la CDU/CSU et les Verts, de sorte que le changement climatique devrait figurer au premier rang des priorités
Au regard des enquêtes sur le climat des affaires en mai et juin, le rebond de l’économie française, au sortir du troisième confinement, est plus vigoureux que prévu. Nous avons rehaussé notre prévision de croissance au T2, d’un chiffre frôlant zéro à presque 1% t/t. Au T3, le rebond mécanique porterait la croissance à environ 3% t/t. Elle refluerait ensuite, l’effet de rattrapage se dissipant, mais resterait élevée, soutenue par l’impulsion budgétaire. Le revers de la médaille du redressement vigoureux de la demande est la mise sous tension de l’offre. Les contraintes d’approvisionnement, la hausse des prix des intrants, les difficultés de recrutement qui en découlent sont autant de points de friction pouvant freiner la reprise
Au début de l’année, la croissance économique a dépassé les attentes. Au premier trimestre, le PIB réel italien a ainsi progressé de 0,1%. La consommation privée a, de nouveau, reculé, reflétant l’évolution décevante des revenus et une propension toujours élevée à l’épargne, tandis que l’investissement a grimpé de près de 4%. La reprise a été inégale : l’industrie et le bâtiment ont rapidement rebondi, alors que les services étaient toujours à la peine. La croissance économique devrait se raffermir dans les prochains mois. Avec l’accélération du programme de vaccination et l’amélioration notable des perspectives en matière de santé, consommateurs et entreprises ont retrouvé la confiance
Alors que les voyants semblaient passer au vert sur le front sanitaire, la propagation du variant Delta en Espagne, comme ailleurs en Europe, inquiète. À ce stade, les risques restent contenus et l’activité économique devrait accélérer notablement cet été. Le relâchement des restrictions de voyage et le pass sanitaire européen (en place depuis le 25 juin) permettront au secteur touristique espagnol de relever la tête, ce qui aura des effets d’entraînement sur la consommation et l’emploi. Néanmoins, et malgré un rebond de la croissance important estimé à 6,0% en 2021, les finances publiques espagnoles porteront pour plusieurs années encore les stigmates du coronavirus
L’économie belge a enregistré une croissance supérieure au potentiel au premier trimestre 2021 et semble bien partie pour maintenir ce rythme tout au long de l’année. La croissance en année pleine devrait s’inscrire à 5,1 %. Le secteur privé affiche une confiance robuste et le marché du travail sort de la crise sanitaire quasiment indemne, avec un taux de chômage d’environ 5 %. Les finances publiques qui, au travers de l’adoption de solides mesures de soutien, sont en grande partie à l’origine de la robustesse de la situation actuelle, doivent être renforcées à moyen terme. Le gouvernement entend, en effet, utiliser la reprise pour s’attaquer à d’autres problèmes plus structurels.
La Finlande a été touchée par l’une des épidémies de coronavirus les plus faibles d’Europe, mais elle a tout de même vu sa reprise économique décalée par une troisième vague de contaminations à la fin de l’hiver 2020 et au début du printemps 2021. L’activité va repartir au second semestre, soutenue par la consommation et la reprise du commerce mondial ; sa croissance pourrait s’établir entre 2,5% et 3% cette année et l’an prochain. Très soucieux de la solidité de ses finances publiques, le pays a vu sa dette publique augmenter d’environ dix points de PIB l’an dernier et son déficit s’ouvrir à 5,4% du PIB.
Sur le plan économique, la Grèce a fait preuve de résistance, avec une reprise d’activité jusqu’au T1 2021 comparativement plus rapide que dans la plupart des autres pays de la zone euro. Le rebond, très significatif, des exportations (biens) en est le principal moteur. La propagation du variant Delta en Europe constitue un risque pour l’activité touristique, dont le redémarrage est crucial pour soutenir la croissance et l’emploi dans les mois à venir. En effet, la dynamique sur le marché du travail reste fragile. Le taux de chômage est remonté au T1 (16,3%), tandis que le nombre de travailleurs inactifs a bondi, en partie sous l’effet de la hausse du nombre de travailleurs au chômage partiel
Le marché du travail devrait jouer un rôle crucial dans la reprise par son impact sur les revenus et les dépenses des ménages. À cet égard, plusieurs éléments incitent à l’optimisme. Les dernières enquêtes auprès des chefs d’entreprises indiquent une nouvelle hausse des intentions de recrutement tandis que les anticipations de chômage des ménages ont reculé en deçà de leur niveau prépandémie. Les intentions d’achats importants des ménages au cours des douze prochains mois ont déjà augmenté, une tendance qui devrait se poursuivre à la faveur de l’amélioration de la situation financière et de la diminution de l’incertitude sur le revenu.
Le baromètre de l'Italie continue de s’améliorer, reflétant à la fois un réel rebond d’activité, ainsi que les effets de base (positifs) liés au plongeon de l’activité au premier semestre 2020. Ces derniers sont particulièrement prononcés pour la production industrielle et les ventes de détail qui s’établissaient encore, en avril dernier, à des niveaux inférieurs à la fin de l’année 2019.
Face à la crise sanitaire, la réponse budgétaire a été rapide, conséquente et multiple. Aux mesures d’urgence, visant à amortir le choc récessif et à faciliter la reprise économique, se sont adjoints des plans de relance pour soutenir et renforcer le redémarrage en cours des économies et la croissance de demain. Les montants engagés et la répartition des mesures varient néanmoins d’un pays à l’autre. D’après notre décompte, toutes mesures confondues, l’Italie a déployé les efforts les plus importants, atteignant au total 71% du PIB. L’Allemagne suit avec 47%, puis l’Espagne avec 31% et la France avec 26%
En zone euro, le pic économique conjoncturel n’est toujours pas atteint. Au cours des trois derniers mois, la situation a poursuivi son amélioration, généralisée à l’ensemble des pans de l’économie. L’indice des directeurs d’achats (PMI – Purchasing Managers Index) dans le secteur manufacturier, après une franche amélioration depuis avril 2020, s’est stabilisé en juin à un niveau très élevé (63,1). Toujours bien orienté, cet indicateur a toutefois été freiné par le tassement de sa composante « nouvelles commandes à l’export » qui diminue à 60,9 en juin. Ce niveau reste malgré tout élevé par rapport à sa moyenne sur longue période. La composante « emploi » du PMI manufacturier affiche également une relative stabilisation à un niveau élevé (57,8 en juin).
L’économie allemande connaît un fort rebond. La zone en bleu du graphique, qui représente la situation au cours des trois derniers mois, s’est clairement élargie par rapport à celle du trimestre précédent (zone délimitée par la ligne en pointillés). Les dernières données confirment la consolidation de la dynamique de croissance. En juin, l’indice Ifo du climat des affaires s’est inscrit à 101,8 (2015 = 100), un plus haut depuis avril 2018. Les entreprises se sont notamment déclarées plus satisfaites de leur situation actuelle. La reprise est, par ailleurs, générale, l’indice du climat des affaires affichant une progression dans tous les secteurs.
Notre baromètre continue de faire état d’une nette amélioration de la situation conjoncturelle française ces derniers mois par rapport aux trois mois précédents : la zone en bleu déborde en effet largement celle en pointillés au niveau des indicateurs d’activité, et elle dépasse ou est très proche de l’hendécagone gris délimitant la valeur moyenne de long terme au niveau des enquêtes de confiance. S’agissant des données d’activité, comme il y a un mois, l’amélioration repose toutefois sur un effet de base très favorable.
Malgré une remontée importante en mai (+1,98%), l’inflation en zone euro reste tirée par deux composantes de l’indice des prix à la consommation (IPC) en lien avec le coût de l’énergie. Ainsi, avec une contribution de 0,87 point de pourcentage (p.p.), soit près de la moitié de l’inflation totale, l’IPC pour les « dépenses d’utilisation des véhicules » est de loin le plus important contributeur, et reflète la remontée du prix des carburants automobiles. Il est suivi de la catégorie « électricité, gaz et autres combustibles » qui ajoute 0,43 p.p. à l’IPC total de la zone euro
Un an après la mise en place des prêts garantis par l’État (PGE), 39% des dirigeants de TPE/PME qui en ont bénéficié déclarent ne l’avoir que peu ou pas consommé, tandis qu’à peine un tiers d’entre eux déclarent en avoir consommé la majorité. Ces comportements de précaution ont conduit les entreprises à thésauriser tout ou partie de leur PGE afin de constituer une réserve de liquidités à des conditions favorables. Dans le même temps, la part des dirigeants qui envisagent d’amortir l’intégralité de leur PGE sur plusieurs années s’est accrue (41% en septembre 2020, 56% en avril 2021), tandis que celle des dirigeants qui envisageaient d’en rembourser une partie en 2021 a reculé (de respectivement 36% et 23%)
À en juger par les statistiques récentes, le PEPP, acronyme du Pandemic Emergency Purchase Programme (programme d’achats d’urgence face à la pandémie), introduit l’année dernière par la BCE, pourrait tout aussi bien se lire « pressions exceptionnelles sur les prix liées à la pandémie ». La prochaine réunion du conseil des gouverneurs et les projections de la banque centrale sont très attendues. La prolongation du PEPP au-delà de mars 2022 dépendra des chiffres de l’inflation. La BCE préfèrera probablement disposer de davantage de données et reporter sa décision après l’été.
Les dernières données économiques venant d’Espagne indiquent un écart de dynamique important entre les signaux très positifs envoyés par les enquêtes d’opinion, et les données plus « tangibles », notamment celles relatives à la consommation.
Dans les États de la zone euro, les ressources publiques ont été massivement mobilisées pour répondre à l’urgence sanitaire, afin de soutenir les ménages et les entreprises confrontés à la perte d’activité. Le ratio de dette publique a ainsi fortement augmenté en 2020, pour s’établir à 98% du PIB. Alors que le besoin de soutenir l’activité économique reste fort en ce début d’année, l’endettement de la zone euro devrait franchir le seuil de 100% du PIB en 2021. La BCE prévoit de poursuivre ses achats d’actifs dans le cadre du PEPP au moins jusqu’en mars 2022, alors que l’Eurosystème détient actuellement presque 30 points de PIB de titres de dettes publiques de la zone euro. Les premiers versements du plan Next Generation EU pourraient intervenir dès le second semestre 2021