Le compte rendu de la réunion de politique monétaire de la BCE illustre le dilemme auquel elle est confrontée : l’inflation est modérée et les risques pour la croissance sont orientés à la baisse, néanmoins elle doit surveiller de près les conséquences de sa politique très accommodante sur la stabilité financière. La Revue de stabilité financière de la banque centrale fournit à cet égard une analyse détaillée. L’un des possibles effets secondaires des taux d’intérêt bas à négatifs est l’accentuation de la pro-cyclicité des décisions d’emprunts et de dépenses
Alors que la santé du secteur manufacturier en zone euro inquiète depuis plusieurs mois, l’activité dans celui des services continue d’afficher une résilience certaine. Les dernières indicateurs envoient toutefois un message moins favorable. L’indice des directeurs d’achats (PMI) du secteur des services apparaît en effet en baisse en novembre à 51,5 (après 52,2 en octobre), un niveau faible au regard de sa moyenne historique. Comme souvent souligné, la résistance relative de la croissance de l’emploi demeurera déterminante dans les mois à venir.
Les stabilisateurs fiscaux automatiques contribuent à amortir l’impact des chocs économiques sur le PIB par le biais de la variation des recettes publiques (dues à la progressivité de l’impôt) et des dépenses sociales (assurance chômage). L’efficacité de ces stabilisateurs présente d’autant plus d’intérêt que la marge de manœuvre de la politique monétaire est limitée. Une étude de la Commission européenne confirme que, dans une certaine mesure, les stabilisateurs automatiques atténuent l’impact des chocs négatifs sur le PIB. Cet effet est-il suffisant ? Cela reste à vérifier. Ces questions justifient un débat sur le rôle des politiques budgétaires discrétionnaires en cas de récession.
Le positionnement des indicateurs de notre baromètre laisse une impression négative trompeuse. En s’établissant à 0,3% t/t au T3 2019 (première estimation), la croissance française continue, en effet, de faire preuve d’une résistance et d’une stabilité remarquables. Et les perspectives pour le T4 sont à l’avenant au regard du résultat des enquêtes INSEE et Markit sur le climat des affaires pour octobre et novembre
L’impulsion du crédit a reculé en septembre, modérément pour les ménages, beaucoup plus sensiblement pour les sociétés non financières (SNF). Pour ces dernières, l’impulsion du crédit n’a jamais été aussi basse depuis le début des mesures d’achats d’actifs par la BCE au début de 2015.
En septembre 2019, l’encours des dépôts à vue collectés par les établissements de crédit demeurait particulièrement dynamique (+11,9% en glissement annuel) et atteignait plus de EUR 1 106 Mds. Cette évolution concerne l’ensemble des clientèles et surtout les sociétés non financières (SNF). Premières contributrices à la croissance des dépôts à vue totaux chaque année depuis 2011, leur proportion au sein de ces derniers a nettement progressé. Plusieurs explications à cela. Le contexte de taux d’intérêt bas, voire négatifs, rend les autres supports de placement peu attractifs et annule le coût d’opportunité lié à la détention de dépôts non rémunérés
La croissance économique au 3e trimestre 2019 a surpris à la hausse. Elle s’est stabilisée à +0,2% en variation trimestrielle (v.t.) par rapport au trimestre précédent. Par pays, la croissance est stable en Espagne (+0,4%), en France (+0,3%) et en Italie (+0,1%). Les données pour l’Allemagne ne sont pas encore publiées. Alors que l’activité dans le secteur manufacturier reste très déteriorée, l’indice des directeurs d’achats dans le secteur des services s’établit nettement en deçà de sa moyenne de long terme en octobre. La contagion des difficultés manufacturières aux services reste le point à surveiller au cours des prochains mois. L’évolution du chômage, qui reste relativement faible au regard du passé, en est un élément déterminant à court terme.
En 2018, malgré un climat social tendu et un environnement économique marqué par l’essoufflement de la croissance européenne, le Brexit et le différend commercial sino-américain, les indicateurs d’attractivité de la France sont restés bien orientés. D’après le baromètre EY en particulier, la France devance l’Allemagne et talonne le Royaume-Uni en nombre de projets d’investissements étrangers (IDE) sur son territoire. Ces projets sont essentiellement portés par l’industrie, le numérique et les services aux entreprises. Cette attractivité de l’Hexagone témoigne de la solidité de ses secteurs historiques, de la densité de son écosystème entrepreneurial et du dynamisme de sa recherche. Les réformes récemment entreprises jouent également favorablement
Après des mois de mauvaises surprises, certains indicateurs du Baromètre ont migré vers la droite du graphique. On notera particulièrement que l'indice ifo du climat des affaires s'est stabilisé en octobre, alors que le marché s'attendait à une nouvelle baisse. Les enquêtes ifo et PMI indiquent une légère amélioration de la confiance dans le secteur manufacturier, même si les indices sont restés fermement ancrés en zone de contraction. La faiblesse persistante des commandes en août confirme cette tendance. De ce fait, la légère reprise de l’activité industrielle au cours de ce mois n’a probablement été qu’un «soubresaut» statistique
Dans son projet de loi de finances pour 2020, le gouvernement prévoit un déficit de 3,1% du PIB en 2019 et de 2,2% en 2020 (après un déficit observé de 2,5% en 2018). L’amélioration en 2020 est en trompe-l’œil, comme le creusement du déficit en 2019. Les chiffres de 2020 ne portent plus la trace, contrairement à ceux de 2019, du coût budgétaire ponctuel de la bascule du CICE en baisse de charges. Hors éléments exceptionnels, le déficit budgétaire se réduit de 0,1 point chaque année et atteint 2,1% en 2020. Le nouvel objectif de déficit pour 2020 est près d’un point plus élevé que celui établi il y a un an dans le PLF 2019. Cette dégradation est imputable, dans des proportions équivalentes, à la révision à la baisse des prévisions de croissance et d’ajustement structurel
Au premier semestre 2019, la croissance économique a bien résisté à la dégradation de la conjoncture internationale. Les perspectives demeurent relativement positives à court terme malgré le retournement du cycle. Fondement de la période de transition économique dont la Pologne est un exemple de réussite, le modèle reposant sur la compétitivité et les faibles coûts de main d’œuvre est altéré par les politiques sociales plus généreuses de l’actuel gouvernement. Des facteurs conjoncturels et structurels plaident pour un ralentissement de l’investissement à court et moyen terme. Parmi les facteurs pesant sur la croissance potentielle à moyen et long terme, le déclin démographique apparaît le plus prégnant.
Les indicateurs de notre baromètre sont moins dispersés qu’il n’y paraît. Situés dans le cadran nord-est, les données d’enquête de l’INSEE envoient un signal positif pour le mois de septembre, tandis que dans le cadran sud-ouest, les données d’activité pour le mois d’août renvoient un signal négatif. Quel signal l’emporte ? Alors que les bons résultats des enquêtes de l’INSEE sont encourageants, l’évolution décevante de la production et de la consommation des ménages en biens est préoccupante. Notre modèle nowcast réconcilie les deux informations. Sur la base des données d’enquêtes et des données d’activité, la croissance estimée est la même pour le T3 : à peine 0,2% t/t. Cela correspond à notre prévision tandis que l’INSEE et la Banque de France viennent de confirmer les leurs, à 0,3%.
Lors de sa réunion de politique monétaire de septembre, la Banque centrale européenne a envoyé un signal fort. La large mobilisation de ses outils non conventionnels de politique monétaire vise à respecter son mandat, et à atteindre l’objectif d’inflation. La conférence de presse qui a suivi cette réunion a été l’occasion pour Mario Draghi de réitérer son appel en direction de certains gouvernements de la zone euro en faveur d’un soutien budgétaire accru. Pour longtemps désormais, la BCE devrait passer le relais aux Etats membres qui disposent de marges de manœuvre budgétaire confortables. Face aux difficultés économiques traversées par la zone euro, ce nouveau soutien monétaire pourrait être bienvenu, bien que son efficacité interroge.
Ainsi qu’il ressort du fléchissement des données et des indicateurs conjoncturels, l’économie serait en légère récession technique. Ce ralentissement de l’activité touche principalement le secteur manufacturier sans presque aucune incidence sur le reste de l’économie. Pressé de toutes parts d’adopter des mesures de soutien budgétaire, le gouvernement ne va probablement pas aller au-delà de ce que prévoient l’accord de coalition et le plan climat. Les simulations montrent, par ailleurs, que les effets d’entraînement d’une impulsion budgétaire sur les autres pays de la zone euro seraient limités. De plus, la mise en œuvre d’un plan de relance pourrait se heurter à la longueur des délais nécessaires à sa préparation ainsi qu’aux goulets d’étranglement sur le marché du travail
L’économie française continue de faire preuve de résistance à en juger la stabilité de la croissance, sur un rythme annualisé d’un peu plus de 1%, et la bonne tenue des enquêtes de confiance et du marché du travail. Les perspectives restent favorables mais elles se sont assombries ces derniers mois avec les signes de récession outre-Rhin, l’accroissement des tensions commerciales et l’incertitude sur le Brexit. Nous prévoyons que l’investissement des entreprises et les exportations fléchissent nettement sous le poids de cet environnement extérieur plus incertain et moins porteur. Mais le tassement de la croissance serait amorti par le rebond attendu de la consommation des ménages, porté par les mesures importantes de soutien au pouvoir d’achat.
Le nouveau gouvernement a approuvé l’actualisation du document économique et financier prévoyant de porter le déficit à 2,2 % du PIB en 2020. Le projet de loi de finances 2020 est estimé à EUR 30 mds. Certaines mesures prévues par le projet de budget, comme la réduction du coin fiscal, devraient soutenir l’économie et avoir un effet positif sur la croissance, malgré une incertitude grandissante. Au deuxième trimestre, le PIB a augmenté de 0,1 % en glissement annuel, avec la contribution négative des stocks à la croissance globale, tandis que les exportations ont poursuivi leur progression. La demande intérieure a pâti de l’évolution contrastée du marché du travail et d’un marché du logement qui ne s’est toujours pas complètement redressé.
Les Espagnols sont à nouveau convoqués aux urnes le 10 novembre prochain, mais rien ne permet d’affirmer que ce scrutin permettra de sortir de l’impasse. Le paysage politique reste trop fragmenté pour produire des coalitions durables. La conduite à tenir face à l’indépendantisme catalan exacerbe les clivages et aide à justifier le manque de coopération. Pendant ce temps, la croissance a ralenti de façon un peu plus marquée qu’on ne le croyait jusqu’ici, tout en restant à un niveau, 2%, que beaucoup d’autres grands pays européens pourraient envier. La préparation et l’adoption d’un budget pour 2020 attendront la formation d’un nouveau gouvernement.
La croissance du PIB devrait reculer de 1,4 % en 2018 à 1 % à peine en 2019 et à 0,7 % en 2020. Ce repli s’explique par un nouveau ralentissement du commerce international, que la bonne tenue de la demande intérieure ne compense que partiellement. Malgré le recul des créations d’emplois, le redressement du revenu disponible devrait stimuler la consommation privée jusqu’à fin 2019 et une partie de 2020. Les finances publiques demeurent un facteur de risque majeur, la dette publique étant supérieure à 100 % du PIB. Un nouveau dérapage budgétaire semble inévitable, les négociations en vue de former un gouvernement n’étant pas près d’aboutir.
Après son succès aux élections de fin septembre, le parti conservateur (ÖVP) va devoir former un nouveau gouvernement. Pour obtenir une majorité, il pourrait de nouveau faire appel au FPÖ (extrême droite). Dans ce cas, la politique qui sera mise en œuvre devrait rester largement inchangée et centrée sur l’assainissement budgétaire et la réduction de la charge fiscale. Toutefois, le prochain gouvernement devra faire face à un environnement économique moins favorable. La croissance du PIB pourrait fléchir pour atteindre autour de 1,2 % en 2020. Néanmoins, la santé des finances publiques s’est considérablement améliorée, offrant au gouvernement une importante marge de manœuvre pour lutter contre la récession, si nécessaire.
Très progressif jusqu’ici, le ralentissement économique devrait peu à peu s’étendre au cours de la seconde moitié de 2019 et en 2020. Alors que le chômage est au plus bas depuis 2002, le moral des ménages est bon. Ils viennent d’ailleurs de renouveler leur confiance à l’équipe sortante du premier ministre Costa. Le Parti socialiste est ainsi arrivé largement en tête des élections législatives du 6 octobre dernier avec plus de 36% des votes. Comme lors de la précédente législature, il va chercher à s’assurer du soutien des autres partis de gauche pour former un nouveau gouvernement.
La Finlande, qui n’avait retrouvé un certain dynamisme qu’en 2015, a vu sa croissance ralentir dès 2018. Celle-ci devrait à nouveau faiblir au cours des prochains trimestres. L’ouverture de son économie l’expose en effet à la détérioration de l’environnement économique mondial. L’investissement pâtira de la moindre progression des exportations et de l’incertitude liée aux politiques protectionnistes. En revanche, les ménages devraient bénéficier d’une plus forte progression des salaires. En effet, le taux de chômage, au plus bas depuis fin 2008, devrait continuer à reculer malgré la décélération du rythme des créations d’emplois.
L’Allemagne est probablement en récession technique et les données récentes n’annoncent aucune amélioration à court terme, bien au contraire. Compte tenu d’un excédent budgétaire considérable, les chefs d’entreprises allemands réclament une hausse de la dépense publique. Cette demande fait écho au plaidoyer de Mario Draghi en faveur d’une expansion budgétaire dans les pays disposant d’une marge de manœuvre en matière de finances publiques. Comme le montrent les simulations, les effets d’entrainement sur les autres pays de la zone euro seraient limités. De plus, la mise en œuvre d’un train de mesures budgétaires exige une longue préparation et elle pourrait se heurter aux pénuries de main-d’œuvre.
L’impulsion du crédit s’est légèrement redressée en août 2019 pour les sociétés non financières (SNF), tandis qu’elle demeurait presque inchangée pour les ménages. En dépit du léger freinage de la croissance observé dans la zone euro au deuxième trimestre 2019 (+1,1% sur un an au deuxième trimestre 2019, vs +1,3% au premier), la faiblesse exceptionnelle des taux d’intérêt a continué de soutenir les encours de prêts, en progression de +3,4% (en glissement annuel) pour les ménages en août, et de +4,3% pour les sociétés non financières.
L’endettement des États de la zone euro a beaucoup augmenté depuis la grande crise de 2008. Le risque induit pour les finances publiques dépend toutefois aussi d’autres changements dans l’environnement économique. Si la baisse des taux souverains s’accentue aujourd’hui, avec des taux à long terme négatifs dans plusieurs pays européens, elle est à l’œuvre depuis plusieurs années et a déjà produit des effets importants. Sur le graphique, chaque point représente un pays de la zone euro en fonction de son endettement et de la charge d’intérêt qu’il paye annuellement. La rotation de la droite de régression entre 2007 et 2019 montre que les États membres supportent aujourd’hui une charge d’intérêt plus faible qu’avant la crise, alors même que leur endettement est plus important
La polarisation de l’emploi désigne la déformation de la structure de l’emploi où, conjointement, la part des emplois situés aux deux extrémités de l’échelle des qualifications augmente et celle des emplois intermédiaires baisse. La polarisation prend donc, théoriquement, la forme d’un U. Empiriquement, les données mettent facilement en évidence la baisse de la part des emplois en milieu de distribution (le creux du U) ainsi que la hausse des emplois les plus qualifiés (la « jambe droite »). Cette semi-polarisation dessine une courbe en J, symptomatique de l’effet « revalorisation », c’est-à-dire de l’élévation globale du niveau de formation et de qualification