Après huit ans de gouvernement socialiste, la coalition de centre droit Alliance démocratique a remporté les élections législatives anticipées du 10 mars dernier. Ce revirement politique, dans un contexte d’absence de majorité absolue au Parlement, pourrait être source d’instabilité dans le pays. Néanmoins, l’assainissement profond des finances publiques réalisé durant le mandat d’António Costa, ainsi que la solidité des fondamentaux macroéconomiques, permettent au futur gouvernement de disposer d’une importante marge de manœuvre économique et budgétaire. La croissance portugaise devrait rester largement supérieure à celle de la zone euro en 2024 (1,2% selon la Commission européenne, contre 0,7% pour la zone euro).
L'indice mondial S&P des directeurs d'achat du secteur manufacturier du mois de mars indique une reprise du momentum économique dans la plupart des pays. Dans la zone euro, l’amélioration est forte, en particulier dans l’industrie manufacturière et, dans une moindre mesure, dans les services. La dynamique de l’emploi est toutefois faible. Aux États-Unis, l’amélioration récente de la confiance dans le secteur manufacturier est également significative quand on la replace dans son contexte historique. Au regard de ces éléments et d’autres données récentes, les responsables de la Fed ont insisté sur la nécessité d’être prudent dans la réduction des taux, d’autant plus que le rythme de désinflation a nettement ralenti
Au 1er trimestre 2024, les défaillances d’entreprises ont atteint près de 15 000 unités. C’est à peine moins qu’au 4e trimestre 2023 qui avait été marqué par une nette remontée. Si la construction et le commerce cumulent le plus de difficultés avec une hausse notable d’entreprises touchées, dans ces secteurs les défaillances restent en deçà des plus hauts historiques. A contrario, des records ont été battus dans les services aux entreprises ou dans les services de transport et d’entreposage.
Notre indice des défaillances d’entreprises dans l’Ouest de l’Europe a dépassé son niveau pré-Covid. Il reste toutefois nettement en deçà des plus hauts atteints après la crise de 2008 et au moment de celle de la zone euro (entre 2011 et 2015). Dans une majorité de pays, le niveau des défaillances d’entreprises est désormais supérieur à celui enregistré avant la pandémie. Cela a été le cas dès 2022 pour le Royaume-Uni et la Suède, rejoints courant 2023 par la France, la Belgique et l’Allemagne. Toutefois, pour cette dernière, ainsi que pour l’Italie et les Pays-Bas, les niveaux de défaillances restent nettement inférieurs à leur pic pré-Covid
Selon notre prévision, l’inflation aurait de nouveau diminué en mars à 2,4% a/a contre 3% en février, en raison de la nette accalmie sur les prix alimentaires. Toutefois, l’inflation française resterait ensuite entre 2 et 2,5% a/a jusqu’à fin août, du fait de l’épuisement des effets favorables liés à la fin de l’inflation sur l’alimentation et les biens manufacturés et du maintien de l’inflation sur les services, avant de probablement passer sous les 2% en septembre.
La désinflation en zone euro continue de soutenir la confiance des ménages. L’indice de la Commission européenne a, en effet, progressé de 0,6 point à 14,9 en mars, selon l’estimation flash. Cela constitue son meilleur niveau depuis février 2022 et le début de la guerre en Ukraine.
Les premiers indicateurs disponibles pour le mois de janvier soulignent un début de trimestre encore faible (après une contraction du PIB de -0,3% t/t au T4 2023), d’où notre prévision d’une nouvelle baisse du PIB de -0,1% t/t au 1er trimestre. La production manufacturière (en rebond de 1% m/m en janvier) reste inférieure à celle de novembre de 1,5%, en raison d’une nette baisse de la production automobile (de 10% inférieure en janvier à son niveau de novembre).
Le 1er trimestre a mal commencé, avec la baisse de la production manufacturière en janvier (-1,6% m/m) liée à la mise à l’arrêt pour maintenance de raffineries de pétrole (avec de nouvelles difficultés en mars) et à un retournement dans l’automobile (problèmes d’approvisionnement, puis baisse de la demande affectant la cadence de production). En parallèle, les données de commerce extérieur de janvier ne suggèrent pas de rebond des importations de biens intermédiaires (intrants pour les autres secteurs).
L’activité du secteur privé italien continue de s’améliorer en février d’après l’indice PMI composite, qui a gagné 0,4 point sur un mois, ce qui le porte à 51,1. Toutefois, à l’inverse de la situation actuellement observée en Espagne, la divergence entre le secteur manufacturier et celui des services continue de s’accentuer.
L’inflation espagnole a, comme anticipé, ralenti en février. En variation annuelle, l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) n’a progressé que de 2,9% (-0,6 point de pourcentage par rapport à janvier) en raison d’une accentuation de la déflation des prix de l’énergie, elle-même induite par des conditions météorologiques favorables.
En matière de balance commerciale, 2023 a, dans une large mesure, détricoté l’année 2022 qui, avec son lot de charges et de chocs, avait constitué une annus horribilis pour le commerce extérieur français.
Depuis 2022, le gouvernement français a réduit plusieurs impôts de production. C’est le cas de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) abaissée par étapes en 2021 et 2023, dont le retrait progressif continuera en 2024, pour s’achever en 2027. Pourtant, les impôts de production des sociétés non financières (SNF) pèsent autant dans le PIB en 2023 qu’en 2017 (2,6% du PIB). Cela s’explique par la dynamique conjoncturelle favorable, l’assiette de ces impôts (qui comprend principalement la main d’œuvre, les salaires ou le foncier) augmentant plus rapidement que la valeur ajoutée
La croissance française connait un cycle en stop and go depuis près de 4 ans. Si la période Covid a initié ce phénomène au gré des confinements et des réouvertures successifs de l’économie, la suite des évènements a été marquée par de nouveaux chocs entourés d’un comportement de précaution : déstockage et arrêt de la croissance au moment du choc (crise énergétique, impact de la remontée des taux d’intérêt), puis restockage et redémarrage de la croissance ensuite. Un phénomène qui pourrait initier le retour à une croissance significative courant 2024, après la stagnation enregistrée au 2nd semestre 2023.
Après un plus bas (depuis plus de 30 ans) atteint fin 2021, à 16,4% de la population active, le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) est, depuis, légèrement remonté : 17,5% au 4e trimestre 2023 (contre 16,7% au 1er trimestre). Ce taux est certes près de 3 points supérieur à la moyenne de la zone euro mais reste nettement inférieur à celui enregistré en 2019 (20,8%).
Parmi les arguments avancés par les banques centrales pour justifier une monnaie numérique éponyme, celui de l’ancrage figure en bonne place. A en croire les thuriféraires de l’euro numérique, le moindre usage de la monnaie fiduciaire, sinon sa disparition, irait dans le sens de l’histoire et impliquerait le lancement d’une forme numérique de monnaie de banque centrale qui serait seule garante de la préservation de l’ancrage à l’ère numérique. Rien ne paraît moins évident.
Dans cet audiobrief, Stéphane Colliac nous explique les raisons du déficit de la balance commerciale de la France pour l’année 2023. Outre un déficit lié aux importations d’hydrocarbures et un déficit structurel reflétant la désindustrialisation du pays, il est aussi lié à l’investissement de la France dans les besoins nés de la transition écologique et digitale et à l’électrification de l’automobile.
Pour tenir ses engagements climatiques, l’Union européenne (UE) doit viser une baisse de 90% de ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2040 (par rapport à 1990) selon une recommandation récente de la Commission. Cela signifie multiplier en peu de temps les investissements dans les énergies renouvelables, les réseaux électriques, les infrastructures de transports, la rénovation thermique des bâtiments. Il en résulte une surcharge financière importante (évaluée entre 58 et 66 milliards d’euros par an en France) mais aussi une quête exacerbée de moyens technologiques et humains
Un large consensus se dessine parmi les prévisionnistes économiques : celui d’une reprise progressive de la croissance trimestrielle du PIB réel dans la zone euro en 2024, portée par la décrue persistante de l’inflation, les baisses de taux directeurs ainsi que par les investissements dans la transition énergétique et ceux liés au programme NextGeneration EU. Le commerce extérieur pourrait aussi jouer un rôle. Les données d’enquête de la Commission européenne et de S&P Global se sont améliorées depuis l’automne dernier mais leur niveau reste inférieur à la moyenne historique
Avec une croissance nulle au dernier trimestre 2023, la zone euro a échappé de peu à la récession, mais l’activité reste sur un fil. Sur l‘ensemble de l’année 2023, la hausse du PIB réel s’est établie à seulement 0,5% et l’acquis de croissance pour 2024 est nul, du fait d’un second semestre plus faible encore que le premier. Néanmoins, notre nowcast indique actuellement une croissance de 0,3% t/t au premier trimestre 2024, supérieure au chiffre de nos prévisions de décembre dernier.
Les indicateurs du climat des affaires et de la confiance des ménages sont restés stables à un bas niveau au mois de février, soulignant le peu de ressort conjoncturel en Allemagne au 1er trimestre. Ainsi, la croissance du PIB serait nulle, selon nos prévisions, après une contraction de 0,3% t/t au 4e trimestre : une croissance sans dynamique (pour le moment) mais également sans effet d’acquis (-0,2% après le T4 2023).
Après trois trimestres de croissance nulle sur les cinq derniers trimestres (entre le T4 2022 et le T4 2023), nous anticipons une croissance modérée au 1er trimestre à 0,1% t/t (même si notre nowcast et la prévision de l’Insee suggèrent un chiffre un peu plus élevé, de +0,2%).
Les enquêtes de conjoncture de janvier menées auprès des entreprises italiennes indiquent des signes de reprise du secteur privé : l’indice PMI composite a gagné 2,1 points et s’établit désormais à 50,7. Cette amélioration est tirée par les services, pour lesquels le PMI repasse en zone d’expansion, après six mois en zone de contraction (+1,4 point, à 51,2). Les entreprises interrogées signalent désormais une hausse des nouvelles affaires à venir (52,5 ; +4,4 points) qui entraîne l’emploi dans son sillage (51,2). De son côté, la dégradation du secteur manufacturier, observable depuis avril 2023, continue de ralentir, l’indice PMI associé ayant gagné 3,2 points en janvier et s’inscrivant à 48,5.
Les enquêtes de conjoncture de janvier auprès des entreprises espagnoles révèlent des signes d’amélioration. L’indice PMI composite montre en effet une expansion de l’activité (51,5), notamment portée par la performance toujours solide du secteur des services (52,1). Le secteur manufacturier semble, lui aussi, avoir un peu plus le vent dans le dos en ce début d’année. Après dix mois de contraction, le PMI associé indique des signes de redressement (49,2 ; +3,1 points), les entreprises signalant une moindre détérioration de tous les sous-indicateurs, hormis celui relatif aux délais de livraisons (44,5 ; -3,5 points)
Les émissions nettes de titres de dette des sociétés non financières (SNF) ont été positives, en cumul annuel, en décembre 2023 (EUR 8,3 mds) pour le quatrième mois consécutif.
Récemment, un accord a été conclu entre les représentants du Conseil européen, du Parlement européen et de la Commission européenne sur un nouveau cadre de gouvernance économique. Ce cadre porte essentiellement sur une surveillance fondée sur les risques, sur une distinction entre les États membres en fonction de leur situation spécifique, ainsi que sur l’intégration des objectifs en matière de politique budgétaire, de réformes et d’investissements au sein d’un plan budgétaire à moyen terme. Un indicateur opérationnel unique, sous la forme d’une trajectoire de dépenses nettes, devrait faciliter la communication et privilégier le rôle clé des dépenses primaires discrétionnaires au lieu des hausses d’impôts pour ramener les finances publiques sous contrôle