La crise du Covid-19 va laisser une plaie profonde sur l’économie. La décennie qui s’ouvre offre cependant des perspectives nouvelles de croissance et d’emploi. L’Espagne souffre d’un déficit d’emplois et d’investissements dans les secteurs technologiques mais dispose d’atouts pour combler son retard. Le secteur des énergies renouvelables est une source d’emplois significative dans le moyen/long terme. Le plan national pour l’énergie et le climat constitue une avancée notable (s’il est accepté et mis en œuvre). Le pacte vert européen et le Brexit peuvent aussi favoriser les investissements de pointe dans le pays.
La masse monétaire M3 a poursuivi son accélération en avril dans la zone euro (+8,4% en glissement annuel, après +7,5% en mars), enregistrant sa plus forte croissance annuelle depuis le début de 2009. Le rythme de progression mensuelle de l’agrégat monétaire, qui avait atteint, en mars, son niveau le plus élevé (+2,5% cvs) depuis la création de la zone euro, s’est toutefois assagi en avril (+1,2% cvs). Il demeurait néanmoins trois fois supérieur à sa tendance de long terme (+0,4% m/m)
La Commission européenne propose un plan global pour soutenir la croissance et donner à l’UE les moyens de ses ambitions en termes de politique climatique et de stratégie numérique. Un tel effort est nécessaire. Il doit permettre d’éviter que la crise n’aggrave les divergences économiques entre les Etats membres, ce qui fragiliserait le fonctionnement du marché unique et pèserait sur la croissance à long terme. La Commission propose un ensemble de subventions et de prêts à des conditions favorables, financés par la dette émise directement par l’UE. Compte tenu de la réticence de certains pays à l’octroi de subventions, les négociations sur cette proposition s’annoncent difficiles.
Cela ne fait plus guère de doute : la croissance économique en zone euro sera nettement plus dégradée au 2e trimestre que celle observée au 1er trimestre (-3,8% en variations trimestrielles, t/t). Toutefois, la détérioration semble être globalement enrayée. Après le timide redressement perceptible dans l’indice des directeurs d’achats (Purchasing Managers Index, PMI) de mai, l’indicateur de sentiment économique (ESI), pour ce même mois, semble également indiquer que le creux en zone euro est derrière nous. Après avoir touché un point bas historique en avril 2020 (64,9), l’ESI s’est légèrement redressé à 67,5 en mai [...]
La confiance des ménages reste un déterminant clé de la reprise économique. La détérioration (ressentie ou anticipée) du marché du travail a pesé sur le moral des consommateurs européens : en avril, l’indice de la Commission européenne sur les anticipations de chômage dans la zone euro était à son pire niveau depuis onze ans (63,0). Cependant, les indices des directeurs d’achat (PMI) confirment une activité moins déprimée en mai qui pourrait, à terme, entraîner un certain rétablissement de la confiance des ménages. Le graphique ci-dessous montre, en effet, que l’indice de la Commission européenne est fortement corrélé avec le sous-indice PMI de l’emploi. Bien qu’il reste à un niveau historiquement bas, ce dernier a enregistré une hausse en mai
L’Europe centrale a enregistré au 1er trimestre 2020 une performance de croissance meilleure que celle de la moyenne de l’Union européenne, avec un repli limité à -1% (trimestre sur trimestre) contre -3,3% pour l’UE. La Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie sont même parvenues à maintenir une croissance positive. Il devrait en aller différemment au 2ème trimestre. Les chiffres de la production manufacturière montrent que le ralentissement économique s’est nettement renforcé en Europe centrale au mois de mars. Il est même devenu plus conséquent que celui de la moyenne européenne en Hongrie et en Roumanie, rejoignant en cela la Slovaquie (plus précocement touchée). Les exportations devraient être le vecteur prédominant de transmission de la récession vers les pays de la région
La vigueur du rebond post-crise dépendra des caractéristiques propres à chaque économie, de la réponse budgétaire apportée mais également du niveau d’intégration du pays aux chaînes mondiales de valeur. Certaines économies de la zone euro présentaient, avant la crise du Covid-19, des vulnérabilités plus fortes. Un niveau de dette ou de chômage élevé pourrait ainsi freiner la dynamique de sortie de crise. Sur le plan interne, les structures sectorielles, de l’emploi et de la consommation seront déterminantes. Une trop forte dépendance au tourisme, secteur durablement affecté, pèserait notamment sur la reprise. Sur le plan externe, un redémarrage lent du commerce mondial pénaliserait les économies les plus ouvertes
Le dernier Comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre (BoE) du 7 mai 2020 laisse la politique monétaire britannique inchangée, y compris l’encours cible de son programme d’achat d’actifs, malgré le vote de deux des membres du Comité en faveur d’une augmentation de GBP 100 mds. Inauguré en 2009 avec un encours initial de GBP 200 mds, le programme a été élargi à plusieurs reprises. Le dernier relèvement, décidé le 19 mars dernier, en a porté l’encours cible à GBP 645 mds (dont 20 mds de titres de dette privés investment-grade), contre GBP 445 mds (dont GBP 10 mds de titres privés) auparavant
Dans son jugement rendu le 5 mai, la Cour constitutionnelle allemande demande au Conseil des gouverneurs de la BCE de démontrer que les objectifs de politique monétaire de son programme d’achat de titres du secteur public ne sont pas disproportionnés par rapport aux effets de politique économique et budgétaire de ce programme. Dans la plupart des cas, les politiques monétaire, économique et budgétaire se renforcent mutuellement. Pour évaluer l’adéquation de la politique monétaire, il convient de tenir compte de l’orientation des politiques économique et budgétaire
Les indicateurs de l’Espagne se sont considérablement dégradés depuis le mois de mars et le début de la période de confinement, bien en deçà de leurs moyennes historiques. Les données concernant les exportations et la production industrielle ne portent à l’heure actuelle que sur février et vont elles aussi plonger en mars/avril [...]
La très forte hausse des anticipations d’inflation des ménages est l’un des résultats frappants de l’enquête mensuelle de conjoncture de l’INSEE d’avril 2020. Elle est en complète opposition avec la baisse du solde d’opinion sur l’évolution passée des prix et de l’inflation observée, un grand écart remarquable au regard de la relative proximité habituelle des trois indicateurs. Cette hausse de l’inflation anticipée fait écho au sentiment des Français, évoqué dans les médias, que les prix ont beaucoup augmenté depuis le confinement. Il faut probablement y voir un effet de composition des paniers de consommation et non le signe avant-coureur d’une hausse généralisée et importante des prix
Au cours des prochaines décennies, les pays européens seront confrontés à une augmentation des coûts liés au vieillissement de la population. D’après les simulations réalisées par le Comité de politique économique de l’Union européenne - à partir d’hypothèses très optimistes - ces coûts seront supportables. Il est néanmoins peu probable que les personnes qui entrent aujourd’hui sur le marché du travail partent à la retraite dans les mêmes conditions qu’actuellement. La transition vers des régimes de retraite publics plus austères requiert des mesures d’accompagnement, pour notamment encourager le maintien sur le marché du travail, et des incitations à mieux préparer sa retraite
L’impulsion du crédit bancaire dans la zone euro s’est très sensiblement redressée en mars 2020 dans la zone euro (+1,6%, contre -0,4% en février), dans un contexte de recul du PIB au premier trimestre (-3,3% t/t-4 versus +1,0% t /t-4 au quatrième trimestre 2019), l’activité du mois de mars ayant été lourdement pénalisée par les différentes mesures nationales de confinement appliquées en mars. Partant d’un taux de croissance annuel à la fois dynamique et relativement stable depuis l’été 2018 (+3,7% en février), les encours de crédit bancaire au secteur privé ont enregistré une accélération particulièrement sensible en mars (+5,0%)...
La crise du Covid-19 va entraîner une forte contraction du PIB de la zone euro. Toutefois, son effet sur l’inflation est incertain. L’impact sur la dynamique des prix pourrait être désinflationniste à court terme, tandis qu’un consensus ne semble pas se dégager à moyen terme. En mars, l’inflation totale en zone euro a nettement diminué, sous l’effet aussi de la baisse des prix de l’énergie. La destruction d’une partie du capital productif pourrait contraindre l’offre à moyen terme, tandis que les politiques publiques soutiendraient la demande, favorisant ainsi l’accélération des prix. Le déficit de demande par rapport à l’offre potentielle pourrait, à l’inverse, maintenir un biais désinflationniste en zone euro.
Des progrès rééls ont été réalisés lors du Conseil européen de cette semaine. Les propositions faites lors de la dernière réunion de l’Eurogroupe sur la création de trois filets de sécurité ont été approuvées. Il y a accord pour travailler sur un fonds de relance destiné aux secteurs et zones géographiques les plus touchés en Europe. Son financement serait lié au cadre financier pluriannuel. Fait important, la chancelière Merkel a déclaré que, dans un esprit de solidarité, il fallait se tenir prêt à verser temporairement une contribution plus élevée au budget européen.
L’économie roumaine s’est progressivement déséquilibrée au cours de ces dernières années, terminant l’année 2019 avec des déficits jumeaux (budgétaire et courant) significatifs. Une politique budgétaire accommodante a soutenu la croissance et devrait continuer de le faire. Toutefois, la Roumanie n’échappera pas à une contagion du ralentissement économique lié à la pandémie. Le pays devrait basculer en récession, alors même que sa croissance s’est déjà amoindrie. La liquidité en devises reste suffisante, mais son niveau relativement limité devrait contraindre la politique monétaire, la stabilité du taux de change restant importante dans une économie où les dettes en euro ont diminué mais restent significatives.
Les pays de l'Eurogroupe sont parvenus à un accord portant sur 500 milliards d'euros supplémentaires - 4,2% du PIB de la zone euro - pour atténuer l'impact économique immédiat de la pandémie de Covid-19. Trois outils seront utilisés : le programme SURE pour soutenir temporairement les filets de sécurité nationaux, la BEI qui garantit des prêts aux entreprises - en particulier les PME - et un soutien via le Mécanisme de stabilité européen. Les travaux sur la création d'un fonds de relance pour dynamiser les investissements européens se poursuivront. Toute la difficilité sera de s'entendre sur son financement.
Le nombre de personnes sans emploi a bondi de 311 037 en mars (données ajustées), la plus forte hausse mensuelle jamais enregistrée. Le rapport n’intègre cependant qu’une fraction des personnes en chômage partiel ; la hausse devrait être bien plus marquée en avril. Le résultat des comptes publics pour 2019 montre une forte résorption du déficit primaire depuis 2013. L’amélioration des comptes publics offre une marge de manœuvre au gouvernement pour affronter la crise.
La pandémie de Covid-19 précipite la zone euro dans une récession a priori courte mais marquée. Après une année et demi compliquée sur le plan économique, la zone euro semblait faire preuve de résilience et commençait même à montrer des signes de stabilisation. Le choc actuel - à la fois d’offre, de demande et d’incertitudes - vient complètement modifier les prévisions. Les mesures sanitaires prises, nécessaires pour endiguer la propagation du virus, créent les conditions d’une récession. Les décideurs, sur le plan monétaire et budgétaire, ont réagi vite et de manière jusqu’ici relativement appropriée. Toutefois, le profil du rebond de l’activité reste inconnu et sera déterminant afin d’évaluer les dégâts globaux causés par la pandémie.
L’économie allemande est à l’arrêt en raison du confinement quasiment complet de la population. Pour lutter contre les conséquences économiques de cette crise, le gouvernement a lancé un plan de relance massif visant à accroître les dépenses dans le secteur de la santé, à protéger l’emploi et à soutenir les entreprises. Quoi qu’il en soit, la chute de la production et la contraction de la croissance pourraient atteindre des niveaux bien supérieurs à ceux enregistrés lors des récessions antérieures. En cas de confinement d’une durée de trois mois, correspondant au scénario du pire, la croissance du PIB pourrait baisser d’environ 20 points de pourcentage et six millions de personnes pourraient relever du dispositif d’indemnisation du chômage partiel.
2020 ne sera pas une année de croissance peu élevée mais résistante comme cela était anticipé au trimestre dernier. Il faut désormais s’attendre à un choc récessif massif, provoqué par la pandémie de Covid-19. La perte d’activité économique instantanée directement liée aux mesures d’endiguement est, à ce jour, estimée à 35% par l’INSEE, ce qui équivaut à amputer le PIB annuel de 3 points par mois de confinement. La chute libre du climat des affaires en mars donne aussi un tout premier aperçu de l’ampleur du choc. Un arsenal de mesures a été déployé pour amortir autant que possible ce choc. D’après nos prévisions, le PIB français se contracterait de 3,1% en 2020, plus qu’en 2009 (-2,8%), avant de rebondir de 5,4% en 2021
Lorsque l’épidémie de Covid-19 a frappé l’Italie, l’économie se contractait déjà. Devant l’augmentation fulgurante du nombre de personnes infectées, le gouvernement a pris des mesures draconiennes, dont l’arrêt de toutes les activités économiques non essentielles et le placement de l’ensemble de la population en confinement. Les chocs d’offre et de demande induits vont entraîner une récession, qui devrait être profonde et durer au moins jusqu’au mois de juin. Malgré le puissant soutien des politiques budgétaire et monétaire, la croissance économique italienne devrait être amputée de quelques points de pourcentage sur l’ensemble de l’année 2020.
Deuxième foyer de l’épidémie de Coronavirus en Europe, l’Espagne va subir une forte chute d’activité cette année. L’impact économique reste néanmoins, pour l’heure, difficile à quantifier. Le PIB devrait enregistrer une baisse de plus de 3% en 2020, avant de se redresser en 2021. La structure de l’économie espagnole – orientée vers les services et dotée d’une large proportion de PME – suggère que le choc économique sera plus marqué que dans d’autres pays industrialisés. Le chômage endémique risque de s’amplifier, laissant des traces durables sur la croissance à moyen terme. Néanmoins, l’amélioration des comptes publics (pré-coronavirus) et une situation politique plus stable offrent quelques marges de manœuvre au gouvernement pour faire face à la crise.
Après la mise en confinement restreint des Pays-Bas, la confiance des chefs d’entreprises s’est effondrée. Afin de limiter les répercussions sur l’économie, le gouvernement a annoncé un plan complet de mesures visant à protéger les emplois et les entreprises. Le pays bénéficie, en effet, d’une position budgétaire favorable, qui lui confère une puissance de feu suffisante. Quoi qu’il en soit, chaque mois de confinement pourrait amputer la croissance du PIB d’environ 2 points. En cas de redressement rapide de l’économie néerlandaise, le repli du PIB pourrait être contenu aux environs de 3,5 % en 2020.
Sous l’effet de l’épidémie de Covid-19, nos prévisions de croissance reculent de cinq points de pourcentage, à -3,5 % pour 2020, malgré l’action engagée par les pouvoirs publics pour atténuer son impact. La plupart des secteurs sont lourdement frappés, notamment la construction et l’immobilier. La Première ministre, Sophie Wilmès, s’est vue accorder des pouvoirs spéciaux par une « coalition Corona ». Un répit bienvenu, bien que temporaire, dans une situation de blocage des négociations en vue de la formation d’un nouveau gouvernement.