La situation macroéconomique en zone euro reste très incertaine dans un contexte de résurgence épidémique dans la plupart des États membres. La mise en place de nouvelles mesures de restriction sanitaire, bien qu’elles soient globalement moins sévères que lors de la première vague du printemps, constitue un nouveau frein à la reprise économique et au processus de rattrapage...
D’après l’estimation flash de l’INSEE, l’emploi salarié privé en France a rebondi de 1,8% t/t au T3 2020 après avoir chuté de 2,5% au T1 et de 0,8% au T2. Un peu plus de la moitié des emplois détruits au S1 a ainsi été récupérée (345k sur 650k). L’emploi se situe 1,5% en-deçà de son niveau d’avant-crise contre 4% pour le PIB. L’évolution très amortie du premier par rapport au second, à la baisse comme à la hausse, est remarquable. Il faut y voir l’effet du recours massif au chômage partiel permis par l’important renforcement du dispositif décidé par le gouvernement dans le cadre des mesures d’urgence prises au printemps pour faire face au choc du confinement. Au T4, l’emploi devrait rechuter dans le sillage de l’activité, sous l’impact du nouveau confinement
Le rebond de la croissance de la zone euro au T3 2020 a dépassé les attentes : +12,7% t/t contre +10,5% t/t prévu. Parmi les quatre plus grandes économies de la zone, la France enregistre le rebond le plus important suivie de l’Espagne, de l’Italie et de l’Allemagne. Ces chiffres sont spectaculaires mais ne corrigent que partiellement le choc récessif massif qui a précédé. Les PIB allemand, français et italien se situent encore 4% sous leur niveau du T4 2019, celui de l’Espagne 9%. La forte hausse du PIB français est soutenue par l’ensemble des composantes de la demande. L’hétérogénéité sectorielle reste importante et révélatrice de l’impact différencié du choc. Dans tous les pays, le rebond est largement mécanique mais pas seulement
Malgré un rebond de l’activité significatif et supérieur aux anticipations au troisième trimestre (+12,7% t/t d’après Eurostat après -11,8% au T2), la contraction annuelle du PIB demeurait encore sensible quoique moindre (-4, 3%, après-14,8% au T2). À contre-courant des évolutions macroéconomiques, l’impulsion du crédit bancaire au secteur privé (i.e. la variation annuelle du glissement annuel des encours de prêts bancaires) a très légèrement progressé en septembre 2020 (+1,0%) alors qu’elle avait continûment reculé entre mai (+1,9%) et août 2020 (+0,8%)...
La principale nouvelle économique est la publication, par l’INSEE, vendredi 30 octobre, d’une première estimation de la croissance française au T3. La surprise est bonne puisque le rebond du PIB est plus important qu’attendu : +18,2% t/t (contre +16% t/t prévu). Il est aussi spectaculaire que le plongeon qui l’a précédé (-5,9% t/t au T1 et -13,7% t/t au T2) mais il ne permet pas de rattraper tout le terrain perdu : le PIB reste 4% sous son niveau de la fin 2019. L’ensemble des composantes du PIB ont très fortement rebondi, plus que prévu. La contribution des variations de stocks, plus négative qu’anticipé, vient atténuer le rebond...
D’après le Baromètre, l’activité s’est fortement redressée en Allemagne au cours des trois derniers mois. La zone bleue du graphique s’est encore élargie par rapport au trimestre précédent (surface délimitée par la ligne en pointillés). L’activité manufacturière s’est raffermie, à la faveur de carnets de commandes bien remplis. Cependant, en août (dernières observations), elle restait inférieure d’environ 10 % aux niveaux enregistrés un an plus tôt. La production de biens d’investissement, en particulier, est restée déprimée, la faiblesse des taux d’utilisation des capacités de production, conjuguée à une forte incertitude, ayant pesé sur les dépenses en capital. Dans l’industrie automobile, la production se situait même à près de 30 % en deçà du niveau de l’année dernière...
Dans son projet de loi de finances pour 2021, présenté fin septembre, le gouvernement prévoyait un déficit de 10,2% du PIB en 2020 et de 6,7% en 2021 (après un déficit observé de 3% en 2019). Selon les prévisions, le ratio de dette publique devait augmenter de près de 20 points, à 117,5% du PIB en 2020, avant de refluer légèrement à 116,2% en 2021. Ces chiffres hors normes portent la double trace du choc récessif massif au premier semestre 2020, provoqué par la pandémie de Covid-19, et de la réponse budgétaire, également massive, apportée tant pour amortir la crise que pour soutenir la reprise. Leur détérioration devrait s’amplifier avec la recrudescence de l’épidémie à l’automne
La crise sanitaire de la Covid-19 constitue un choc historique pour l’économie de la zone euro. La réaction des politiques économiques a été d’ampleur et rapide, en particulier du côté de la politique monétaire menée par la Banque centrale européenne (BCE). L’institution monétaire de Francfort a notamment mis en place un programme d’urgence de rachats d’actifs, le PEPP (Pandemic Emergency Purchases Programme). La BCE a augmenté l’enveloppe de ce programme qui atteint désormais EUR 1350 mds. La politique monétaire a ainsi eu depuis le mois de mars 2020 un impact important sur les taux d’intérêt à long terme, facilitant ainsi le financement des États membres de la zone euro mais également des agents économiques privés. À titre d’illustration, les spreads souverains – i.e
Le moteur de la croissance française, la consommation des ménages, serait-il grippé ? Ou, au contraire, était-il en train de repartir ? En 2019, elle a progressé de 1,5% en volume en moyenne annuelle[1], un rythme considéré comme décevant. Pour quelle(s) raison(s) ? Par rapport à quoi ? S’agit-il vraiment d’un rebond de faible ampleur ? Il n’est pas si facile d’en juger : tout dépend de la perspective retenue et du déterminant analysé. Cet article apporte des éléments de contextualisation et de réponses à ces questions. La première partie décrit le rôle de moteur de la consommation des ménages, sa dynamique de croissance, et sa composition. La seconde partie analyse le (manque de) dynamisme de la consommation depuis 2008 en général et en 2019 en particulier
Les indicateurs économiques ont, de façon générale, marqué le pas en septembre. La tendance sur les trois derniers mois reste cependant à la hausse du fait du processus de rattrapage post confinement. Cela se traduit par une nette amélioration de notre baromètre...
Après avoir contenu de façon efficace l’épidémie durant les mois qui ont suivi le déconfinement, l’Italie enregistre désormais une nette recrudescence des cas de Covid-19. Cela a forcé le gouvernement à renforcer les restrictions sanitaires depuis le 13 octobre, en imposant, notamment, la fermeture des restaurants, cafés, et des discothèques à minuit...
La production nouvelle de prêts hypothécaires a reculé de 33% au deuxième trimestre 2020 en glissement annuel, accusant sa plus forte baisse depuis 2008. Les établissements de crédit britanniques se montrent ainsi plus prudents depuis le début de l’année. En témoigne la diminution de 4,0 points de pourcentage (pp) de la part des prêts dont le montant rapporté à la valeur du bien financé (Loan To Value, LTV) excède 75%, principalement au titre de ceux dont la LTV est comprise entre 75% et 90% (-3,2 pp). Pour infléchir cette évolution, et alors que l’indice des prix immobiliers Nationwide continue de croître, le gouvernement britannique entend favoriser l’accession à la propriété en encourageant les prêts dont la LTV pourrait s’élever jusqu’à 95%
L’économie hongroise a particulièrement souffert des conséquences de la Covid-19 au 2e trimestre 2020, en raison du poids des exportations dans son PIB. Le choc semble avoir été plutôt bien absorbé, le gouvernement et la banque centrale s’étant attaché en priorité à soutenir le marché du travail, ainsi qu’à appliquer les moratoires de paiements ou de remboursements nécessaires. La relance mise en œuvre l’a été sous contrainte, notamment afin d’éviter une dépréciation trop conséquente du forint. Le désendettement public, interrompu cette année, devrait reprendre ses droits rapidement dans le cadre d’une stratégie inchangée : maintenir une fiscalité modérée afin de continuer à attirer des investissements étrangers dans l’industrie.
La situation économique de la zone euro conjoncturelle s’est nettement améliorée ces trois derniers mois par rapport aux trois mois précédents. Toutefois, cette bonne dynamique se tasse voire se retourne.
Trente ans après la réunification, les disparités de revenus persistent. Les nouveaux Länder connaissent toujours un déficit de productivité, celle-ci étant inférieure d’environ 20 % à celle du reste du pays. Les inégalités de revenus les plus marquées concernent le secteur manufacturier, les sièges des entreprises et les centres de recherche restant concentrés dans la partie ouest du pays. Attirés par des rémunérations plus élevées et un meilleur niveau de vie, de nombreux jeunes ont migré d’est en ouest. Entre 1991 et 2016, les nouveaux Länder ont ainsi perdu environ un quart de leur population en âge de travailler. L’Est et l’Ouest se sont rapprochés sur le plan démographique
Après le rebond de l’économie plus marqué qu’attendu à la sortie du confinement, la dynamique semble moins allante. Le rattrapage reste incomplet et la fin de l’année, entourée d’incertitudes sur les fronts sanitaire et économique, devrait être marquée par un ralentissement notable de l’activité. Dans notre scénario central, le niveau du PIB ne devrait pas être atteint à l’horizon de la prévision, fin 2021. De plus, les pressions désinflationnistes s’accentuent et l’appréciation de l’euro n’arrange rien. La Banque centrale européenne reste pour l’heure patiente mais se dit prête à intervenir de nouveau. Si cette situation venait à durer, une extension des mesures monétaires d’urgence, à la fois au niveau de l’enveloppe et de la durée du programme, est à prévoir.
Un fort rebond est attendu au troisième trimestre (7,2 %) avec la levée progressive des restrictions. Cependant, la reprise va probablement rester lente et difficile, au moins tant qu’un vaccin ou de meilleurs traitements contre la Covid-19 n’auront pas été trouvés. Grâce à un large recours aux dispositifs de chômage partiel, le marché du travail a assez bien résisté. Cependant, les mesures adoptées ont peut-être aussi contribué à reporter des restructurations nécessaires, ce qui pourrait peser sur la performance économique à long terme. La forte augmentation des dépenses publiques pour atténuer les conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19 a contraint les autorités à activer la clause dérogatoire aux règles de limitation de l’endettement public
Après un redémarrage rapide en mai et juin, l’économie est revenue à 95% de son niveau normal en août. L’amélioration se fait néanmoins plus asymptotique à mesure que les effets mécaniques du rattrapage s’estompent, et du fait des fortes disparités sectorielles, des contraintes et des incertitudes sanitaires qui persistent. Le rebond au T3 s’annonce toutefois important (de l’ordre de +15% t/t). C’est au T4 que la croissance retomberait comme un soufflé et que se joue la suite de la reprise. D’où l’importance du plan de relance, de son double rôle d’amortisseur des séquelles de la crise et de renfort du redémarrage en cours. Nous estimons son impact sur la croissance en 2021 à +0,6 point, ce qui la porterait à 6,9% après avoir plongé de 9,8% en 2020.
Au T2 2020, le PIB réel s’est effondré de 12,8 %, retrouvant les niveaux des années 1990. La récession s’explique principalement par la chute de la demande intérieure : les ménages ont réduit leurs dépenses et les investissements ont baissé de 15 %. La contraction économique a été générale. Les signaux sont contrastés dans l’immobilier : les prix ont grimpé au T1 2020 alors que le volume des transactions était en net repli. Les données récentes indiquent un rebond de l’économie, mais le scénario demeure incertain. La vigueur de la reprise dépendra du comportement des entreprises et des ménages, qui sera lui-même fonction de l’évolution de la pandémie. Dans le secteur immobilier, l’année pourrait s’achever sur une forte baisse des prix comme du nombre d’opérations
L’Espagne a enregistré une chute record d’activité de 22,7% au premier semestre 2020. Alors que le déficit public pourrait atteindre plus de 10% du PIB cette année, des décisions délicates se posent désormais à l’exécutif espagnol, notamment concernant les conditions d’attribution du chômage partiel. Le rebond de l’activité industrielle depuis le déconfinement constitue un soutien à la reprise meilleur qu’attendu, mais il ne compense que faiblement les pertes dans les autres secteurs. À l’instar d’autres pays, le dernier trimestre 2020 sera une période charnière pour l’Espagne. Un soutien fort à l’emploi et à l’investissement (grâce au plan de relance présenté cet automne) sera nécessaire, avec un recentrage des aides sur les secteurs durablement impactés par la crise.
La contraction économique (-8,5 %) est moins importante que dans les pays voisins. Les données d’activité confirment un rebond au troisième trimestre malgré le poids des règles de distanciation sociale, en particulier dans les services. Grâce à de solides amortisseurs financiers, l’État est en mesure de supporter les coûts considérables entraînés par la pandémie de Covid-19. Selon les prévisions pour 2021, le déficit devrait s’élever aux environs de 5 % du PIB et la dette publique, dépasser à peine la barre des 60 %. La coalition de centre-droit perdra probablement la majorité lors des prochaines élections législatives en mars 2021. Dans l’hypothèse d’un bon score des socio-démocrates et des verts, la formation d’une «?coalition pourpre?» serait une option possible.
L’économie belge pourrait se contracter de 7,5% cette année, puis croître de 4,6 % en 2012. La tenue de la consommation plaide pour une reprise dynamique mais l’investissement reste hésitant, une faiblesse que les dépenses publiques pourraient en partie compenser. Le pays vient de se doter d’un nouveau gouvernement seize mois après les élections. La nouvelle coalition devra jongler avec les mesures de soutien à court terme et le programme de réduction du déficit à moyen terme.
L’économie finlandaise montrait déjà des signes de fragilité avant que la pandémie de Covid-19 survienne. En effet, la croissance du PIB s’était contractée au dernier trimestre 2019. Malgré cela, la Finlande s’est avérée l’une des économies les plus résilientes d’Europe. La pandémie a été relativement contenue, permettant aux autorités d’imposer des mesures de restriction plus souples que celles des autres pays européens. Une autre explication réside dans le soutien important apporté par le gouvernement.
La bonne gestion de l’épidémie n’a pas permis au Portugal d’éviter un choc économique sévère. Le PIB réel a chuté de 13,9% au T2, principalement sous l’effet d’un plongeon des exportations de biens et services (-36,1% t/t) et de la consommation privée (-14,0% t/t). Le Portugal a pâti de la chute du tourisme et de l’arrêt de l’activité à l’étranger, en particulier en Espagne. Cela pourrait également freiner la reprise, étant donné la recrudescence des contaminations de l’autre côté de la frontière. Cependant, et grâce à des efforts budgétaires consentis ces dernières années, le déficit public pour 2020 devrait être inférieur à celui de ses voisins européens (environ 7,0% du PIB selon les estimations gouvernementales), ce qui offre quelques marges de manœuvre à l’exécutif.
La pandémie de Covid-19 a provoqué la plus grave récession de l’après-guerre en Allemagne. La chute brutale des recettes, combinée à des coûts qui ne s’ajustent qu’en partie seulement, a rapidement épuisé les réserves de trésorerie des entreprises. Celles-ci ont dû réduire les stocks, annuler des commandes et reporter des projets d’investissement, ce qui n’a fait qu’aggraver la récession. On pourrait être tenté de penser que l’investissement va retrouver vite sa dynamique, comme ce fut le cas après la Grande récession de 2008-2009, mais cela semble trop optimiste