Après deux années – 2021 et 2022 – de nette amélioration liée à la reprise d’activité post-Covid, 2023 marque un coup d’arrêt dans le rétablissement des finances publiques en zone euro. Selon les résultats préliminaires publiés ce lundi par Eurostat, le déficit public a diminué en 2023 de seulement 0,1 point de PIB, à 3,6%. Le déficit primaire a baissé également, dans la même ampleur, à 1,9% du PIB.
Les flux annuels de titres d’OPC[1] monétaires détenus par les sociétés non financières (SNF) en France ont été positifs durant toute l’année 2023 après avoir été négatifs entre le deuxième trimestre 2021 et le quatrième trimestre 2022. Cette inversion de tendance s’explique notamment par la hausse, à partir du 27 juillet 2022, des taux directeurs de la BCE qui ont tiré les rendements du marché monétaire.
L’activité en zone euro devrait progressivement se renforcer au cours de l’année 2024, portée par l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages et la baisse des taux d’intérêt. Le secteur industriel en zone euro fait toutefois face à des problèmes structurels importants, que la baisse des taux directeurs de la BCE n’endiguera pas (ou peu). La montée en puissance du fonds de relance européen permettrait théoriquement aux pays du sud de la zone euro, qui en sont les principaux bénéficiaires, de surperformer à nouveau en 2024. Néanmoins, à ce stade, ses effets ont été relativement limités et les problèmes d’implémentation – mis en évidence dans un rapport récent de la Commission européenne – ne se dissiperont pas totalement cette année.
L’économie allemande sous-performe de façon notable depuis un peu plus de 6 ans par rapport à la moyenne de la zone euro et à ses standards passés. Il se pourrait même que le pays ait de nouveau été en récession au T4 2023 et au T1 2024. L’Allemagne aura-t-elle alors touché le fond ? D’un point de vue conjoncturel c’est probable car l’accès de faiblesse, enregistré cet hiver, résulte pour partie d’effets exceptionnels. D’un point de vue structurel, l’économie allemande devrait continuer d’enregistrer une croissance modérée, qui ne lui permettrait pas de retrouver son statut de moteur de la croissance européenne.
Comme en 2022 et 2023, l’économie française a entamé l’année sur une note faible et devrait voir sa croissance s’accélérer au 2e trimestre. Même s’ils sont différents des précédentes années, des vents contraires ont pesé sur l’économie française au 1er trimestre 2024. Au-delà de ce phénomène purement conjoncturel, pour renouer avec une croissance plus durable il faudra attendre le retour du consommateur français, que nous anticipons également pour le 2e trimestre. Enfin, l’investissement des entreprises devrait redevenir un support à la croissance française, avec notamment la mise en œuvre du plan France industrie verte.
En 2023, le PIB réel italien a progressé de près de 1 %. La croissance a été généralisée : la consommation des ménages a augmenté de 1,2%, notamment en raison de la poursuite de l’amélioration des conditions sur le marché du travail, et l’investissement est resté le principal moteur de la croissance. Les dépenses en machines et équipements de technologies de l’information et de la communication (TIC) sont en hausse de 20% par rapport à 2019, ce qui a eu des premiers effets positifs sur la croissance potentielle. La croissance des investissements depuis la période postpandémique a contribué à augmenter le nombre d’entreprises s’appuyant efficacement sur les technologies de transformation numérique pour soutenir leur productivité.
En 2023, le PIB réel espagnol (en hausse de 2,5% en moyenne annuelle) a beaucoup plus progressé que celui de la zone euro (0,5% a/a). La consommation des ménages, principal moteur de la croissance, a été soutenue par la robustesse du marché du travail et la modération de l’inflation. Nous prévoyons une croissance de 0,4% t/t au T1 2024, avant une accélération au cours des trimestres suivants. Pour la quatrième année, la croissance espagnole serait ainsi l’un des principaux moteurs de la zone euro (2% a/a contre 0,7% a/a).
La courte récession néerlandaise semble avoir pris fin, grâce au dynamisme de la consommation privée et publique. L’inflation continue de ralentir, même si elle reste plus forte que prévu dans certains secteurs. Le nouveau gouvernement n’a pas encore été formé, mais un large consensus estime qu’une fois qu’il le sera, les dépenses publiques augmenteront, ce qui donnera un coup de fouet à l’économie. Celle-ci devrait donc suivre une trajectoire différente, plus positive, de celle de ses voisins.
Notre estimation « nowcast » de la croissance belge au premier trimestre 2024 confirme les perspectives relativement positives de l’économie : elle continue de croître à un rythme proche de la tendance (0,3 % par trimestre), en dépit d’un environnement extérieur difficile. Des facteurs ponctuels ont amplifié le recul de l’investissement des entreprises et des échanges en fin d’année dernière, mais la consommation des ménages est redevenue le principal moteur de la croissance économique. Les modes de consommation évoluent toutefois, avec une augmentation du commerce électronique et de la part des dépenses consacrées aux services. Les entreprises belges continuent cependant d’afficher une certaine résilience, tandis que le marché du travail ralentit.
Après huit ans de gouvernement socialiste, la coalition de centre droit Alliance démocratique a remporté les élections législatives anticipées du 10 mars dernier. Ce revirement politique, dans un contexte d’absence de majorité absolue au Parlement, pourrait être source d’instabilité dans le pays. Néanmoins, l’assainissement profond des finances publiques réalisé durant le mandat d’António Costa, ainsi que la solidité des fondamentaux macroéconomiques, permettent au futur gouvernement de disposer d’une importante marge de manœuvre économique et budgétaire. La croissance portugaise devrait rester largement supérieure à celle de la zone euro en 2024 (1,2% selon la Commission européenne, contre 0,7% pour la zone euro).
L'indice mondial S&P des directeurs d'achat du secteur manufacturier du mois de mars indique une reprise du momentum économique dans la plupart des pays. Dans la zone euro, l’amélioration est forte, en particulier dans l’industrie manufacturière et, dans une moindre mesure, dans les services. La dynamique de l’emploi est toutefois faible. Aux États-Unis, l’amélioration récente de la confiance dans le secteur manufacturier est également significative quand on la replace dans son contexte historique. Au regard de ces éléments et d’autres données récentes, les responsables de la Fed ont insisté sur la nécessité d’être prudent dans la réduction des taux, d’autant plus que le rythme de désinflation a nettement ralenti
Au 1er trimestre 2024, les défaillances d’entreprises ont atteint près de 15 000 unités. C’est à peine moins qu’au 4e trimestre 2023 qui avait été marqué par une nette remontée. Si la construction et le commerce cumulent le plus de difficultés avec une hausse notable d’entreprises touchées, dans ces secteurs les défaillances restent en deçà des plus hauts historiques. A contrario, des records ont été battus dans les services aux entreprises ou dans les services de transport et d’entreposage.
Notre indice des défaillances d’entreprises dans l’Ouest de l’Europe a dépassé son niveau pré-Covid. Il reste toutefois nettement en deçà des plus hauts atteints après la crise de 2008 et au moment de celle de la zone euro (entre 2011 et 2015). Dans une majorité de pays, le niveau des défaillances d’entreprises est désormais supérieur à celui enregistré avant la pandémie. Cela a été le cas dès 2022 pour le Royaume-Uni et la Suède, rejoints courant 2023 par la France, la Belgique et l’Allemagne. Toutefois, pour cette dernière, ainsi que pour l’Italie et les Pays-Bas, les niveaux de défaillances restent nettement inférieurs à leur pic pré-Covid
Selon notre prévision, l’inflation aurait de nouveau diminué en mars à 2,4% a/a contre 3% en février, en raison de la nette accalmie sur les prix alimentaires. Toutefois, l’inflation française resterait ensuite entre 2 et 2,5% a/a jusqu’à fin août, du fait de l’épuisement des effets favorables liés à la fin de l’inflation sur l’alimentation et les biens manufacturés et du maintien de l’inflation sur les services, avant de probablement passer sous les 2% en septembre.
La désinflation en zone euro continue de soutenir la confiance des ménages. L’indice de la Commission européenne a, en effet, progressé de 0,6 point à 14,9 en mars, selon l’estimation flash. Cela constitue son meilleur niveau depuis février 2022 et le début de la guerre en Ukraine.
Les premiers indicateurs disponibles pour le mois de janvier soulignent un début de trimestre encore faible (après une contraction du PIB de -0,3% t/t au T4 2023), d’où notre prévision d’une nouvelle baisse du PIB de -0,1% t/t au 1er trimestre. La production manufacturière (en rebond de 1% m/m en janvier) reste inférieure à celle de novembre de 1,5%, en raison d’une nette baisse de la production automobile (de 10% inférieure en janvier à son niveau de novembre).
Le 1er trimestre a mal commencé, avec la baisse de la production manufacturière en janvier (-1,6% m/m) liée à la mise à l’arrêt pour maintenance de raffineries de pétrole (avec de nouvelles difficultés en mars) et à un retournement dans l’automobile (problèmes d’approvisionnement, puis baisse de la demande affectant la cadence de production). En parallèle, les données de commerce extérieur de janvier ne suggèrent pas de rebond des importations de biens intermédiaires (intrants pour les autres secteurs).
L’activité du secteur privé italien continue de s’améliorer en février d’après l’indice PMI composite, qui a gagné 0,4 point sur un mois, ce qui le porte à 51,1. Toutefois, à l’inverse de la situation actuellement observée en Espagne, la divergence entre le secteur manufacturier et celui des services continue de s’accentuer.
L’inflation espagnole a, comme anticipé, ralenti en février. En variation annuelle, l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) n’a progressé que de 2,9% (-0,6 point de pourcentage par rapport à janvier) en raison d’une accentuation de la déflation des prix de l’énergie, elle-même induite par des conditions météorologiques favorables.
En matière de balance commerciale, 2023 a, dans une large mesure, détricoté l’année 2022 qui, avec son lot de charges et de chocs, avait constitué une annus horribilis pour le commerce extérieur français.
Depuis 2022, le gouvernement français a réduit plusieurs impôts de production. C’est le cas de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) abaissée par étapes en 2021 et 2023, dont le retrait progressif continuera en 2024, pour s’achever en 2027. Pourtant, les impôts de production des sociétés non financières (SNF) pèsent autant dans le PIB en 2023 qu’en 2017 (2,6% du PIB). Cela s’explique par la dynamique conjoncturelle favorable, l’assiette de ces impôts (qui comprend principalement la main d’œuvre, les salaires ou le foncier) augmentant plus rapidement que la valeur ajoutée
La croissance française connait un cycle en stop and go depuis près de 4 ans. Si la période Covid a initié ce phénomène au gré des confinements et des réouvertures successifs de l’économie, la suite des évènements a été marquée par de nouveaux chocs entourés d’un comportement de précaution : déstockage et arrêt de la croissance au moment du choc (crise énergétique, impact de la remontée des taux d’intérêt), puis restockage et redémarrage de la croissance ensuite. Un phénomène qui pourrait initier le retour à une croissance significative courant 2024, après la stagnation enregistrée au 2nd semestre 2023.
Après un plus bas (depuis plus de 30 ans) atteint fin 2021, à 16,4% de la population active, le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) est, depuis, légèrement remonté : 17,5% au 4e trimestre 2023 (contre 16,7% au 1er trimestre). Ce taux est certes près de 3 points supérieur à la moyenne de la zone euro mais reste nettement inférieur à celui enregistré en 2019 (20,8%).
Parmi les arguments avancés par les banques centrales pour justifier une monnaie numérique éponyme, celui de l’ancrage figure en bonne place. A en croire les thuriféraires de l’euro numérique, le moindre usage de la monnaie fiduciaire, sinon sa disparition, irait dans le sens de l’histoire et impliquerait le lancement d’une forme numérique de monnaie de banque centrale qui serait seule garante de la préservation de l’ancrage à l’ère numérique. Rien ne paraît moins évident.
Dans cet audiobrief, Stéphane Colliac nous explique les raisons du déficit de la balance commerciale de la France pour l’année 2023. Outre un déficit lié aux importations d’hydrocarbures et un déficit structurel reflétant la désindustrialisation du pays, il est aussi lié à l’investissement de la France dans les besoins nés de la transition écologique et digitale et à l’électrification de l’automobile.