Depuis son lancement, le programme d’achat d’actifs de la Banque centrale européenne a eu un impact significatif sur les marchés financiers, l’activité économique et l’inflation, à travers divers canaux de transmission. Ces derniers mois, les doutes concernant les effets positifs d’achats d’actifs supplémentaires et les inquiétudes au sujet de possibles conséquences négatives grandissent. Dans ce contexte, la BCE a décidé de rompre le lien entre la fin des achats et la remontée des taux directeurs, une décision qui permet d’accroître l’optionalité de la politique du Conseil des gouverneurs. Les dernières projections macroéconomiques de la zone euro nous rappelle la forte incertitude actuelle. Par conséquent, la politique monétaire ne peut être que dépendante aux données.
La production industrielle en Italie a démarré l’année sur un repli marqué, avec une baisse de 3,4% m/m en janvier. Les risques d’une contraction du PIB au T1 2022 sont désormais élevés en raison de la guerre en Ukraine et des répercussions de l’envolée du coût des matières premières sur l’économie transalpine. L’Italie est, en effet, particulièrement dépendante du gaz russe (près de 45% de ses importations). Rome compte réorienter drastiquement ses importations de gaz depuis d’autres pays (Algérie, Azerbaïdjan) et accroître sa consommation de GNL, néanmoins cela mettra du temps à se matérialiser.
Les créations d’emplois au sein de la zone euro ont été très importantes en 2021. Cela a permis de ramener le taux de chômage à un niveau historiquement bas. Mais cette dynamique s’est aussi traduite par des difficultés de recrutement et un manque de main d’œuvre. Les pénuries de main d’œuvre les plus contraignantes frappent l’Allemagne (dans tous les secteurs), en lien avec un faible taux de chômage, et les plus faibles touchent l’Italie dont le marché du travail est le moins dynamique de la zone (hiérarchie vérifiée quel que soit le secteur). En France, les tensions sont plus vives dans le secteur de la construction et plus modérées par ailleurs
Nous nous intéresserons, en premier lieu, à l’ampleur de la révision en hausse des projections d’inflation de la Banque centrale européenne. Cette révision devrait être importante compte tenu des derniers chiffres disponibles, toujours plus élevés (5,8% en février en glissement annuel selon l’estimation flash d’Eurostat, 2,7% pour le sous-jacent) et des développements en cours.
Le conflit qui touche l’Ukraine affecte l’économie de la zone euro à travers différents canaux : une incertitude accrue, la volatilité des marchés financiers, la baisse des exportations, la hausse des prix du pétrole, du gaz et d’autres matières premières. Si les canaux de transmission à l’économie sont connus, l’ampleur de l’impact ne l’est pas. Les analyses contrefactuelles des hausses des prix du pétrole et du gaz en 2021 peuvent servir de référence. Néanmoins, la nature géopolitique du choc réduit la fiabilité des estimations basées sur de modèles économétriques. En outre, d’autres canaux peuvent affecter la croissance économique. On peut craindre que plus la crise durera et plus les conséquences économiques seront importantes
Le pouvoir d’achat est un sujet de préoccupation récurrent pour les ménages, que l’envolée actuelle de l’inflation vient exacerber. L’inflation devrait, en effet, dépasser la barre des 3 % sur l’essentiel de l’année 2022, une première depuis 1989. La croissance du revenu disponible nominal des ménages est cependant dynamique, ce qui implique un gain de pouvoir d’achat au niveau macroéconomique : 2,3 % en 2021 et 0,2 % en 2022 selon nos prévisions. Le revenu disponible total des Français est soutenu par une forte création d’emploi. Or, en considérant l’évolution de la rémunération moyenne, le pouvoir d’achat a connu une progression limitée à 1,1 % en 2021 et devrait se contracter de 0,6 % en 2022
Les restrictions sanitaires instaurées pour maîtriser la vague Omicron semblent avoir eu un impact limité sur la croissance française au début de l’année 2022. De plus, la levée progressive de ces contraintes augure d’une ré-accélération. Ces perturbations sont survenues dans un contexte plutôt favorable.
L’obstacle des élections présidentielles franchi, les préoccupations autour de l’économie italienne se sont centrées encore davantage sur les risques liés à l’envolée de l’inflation et à la normalisation à venir de la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Les taux à dix ans sur les obligations d’État italiennes ont grimpé de près de 50 points de base depuis le début du mois de février, et le seuil des 2% pourrait être franchi très prochainement.
Le nombre de paiements par carte bancaire[1] sans contact a augmenté de 61% en France entre 2019 et 2020 selon les derniers chiffres de la Banque des règlements internationaux (BRI). La pandémie de COVID-19 notamment a accéléré le développement de ce mode de paiement respectueux des gestes barrières. En outre, afin d’élargir le périmètre des opérations éligibles à ce mode de paiement dans le contexte de la pandémie, le plafond a été relevé de EUR 30 à EUR 50. Ainsi près de 60% des transactions réalisées en magasin, d’un montant inférieur à EUR 50, ont été réglées par carte bancaire sans contact en 2020, pour un montant cumulé de EUR 71 mds (contre EUR 38 mds en 2019) selon le Groupement des cartes bancaires[2]
Le thème de la désindustrialisation est souvent abordé en France. De fait, l’industrie manufacturière ne représente aujourd’hui plus que 13% du PIB et 12% de l’emploi salarié (contre près de 19% et 15% respectivement en 2000). L’industrie française a vu ses capacités de production culminer au début des années 2000, avant de connaître de multiples décrochages, en même temps que l’emploi industriel diminuait et que le déficit commercial se creusait. Les capacités de production se sont encore réduites ces dernières années et sont inférieures de près de 20% à ce qu’elles étaient au début des années 2000. Alors que les carnets de commande sont globalement les mêmes qu’en 2018, les capacités de production sont près de 6% en deçà
Dans la zone euro, certains spreads souverains ont tendance à se creuser quand le rendement des obligations d’État allemandes augmente. Cette corrélation positive perdure tant qu’il y a suffisamment d’investisseurs pour penser que cette relation maintes fois observée dans le passé se poursuivra. L’écartement des spreads constaté ces dernières semaines l’a encore démontré. C’est un défi pour les gouvernements, car il entraîne une hausse des coûts d’emprunt, mais aussi pour la BCE, car cela affecte la transmission de la politique monétaire. C’est pour cela que la banque centrale insiste sur la flexibilité des réinvestissements au titre du PEPP.
Comme on le voit sur le baromètre, la forte poussée inflationniste se poursuit en ce début d’année, avec un indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) en hausse de 6,1% en janvier. Si les détails pour le mois dernier n’ont pas encore été dévoilés, les prix énergétiques resteront, sans surprise, le principal carburant de cette hausse de l’inflation. L’IPCH pour l’énergie enregistrait déjà un bond de 40,2% en g.a. en décembre 2021, tandis que les prix à la production du secteur ont quasiment doublé (+95,9% en g.a.) entre décembre 2021 et décembre 2020.
La dernière conférence de presse de Christine Lagarde montre l’évolution assez significative de la position du Conseil des gouverneurs de la BCE en matière de perspectives d’inflation. Depuis la réunion de décembre dernier, les risques à la hausse ont augmenté, ce qui préoccupe les membres du Conseil. Les marchés financiers y ont vu le signal que la première remontée des taux pourrait avoir lieu plus tôt qu’attendu. Les rendements obligataires ont ainsi sensiblement augmenté. La forward guidance de la BCE, que l’on peut également considérer comme l’illustration de sa fonction de réaction, suggère de fixer les taux d’intérêt sur la base de règles et de conditions précises en termes de perspectives d’inflation et d’évolution récente des prix
Dans un contexte de reprise économique (rebond du PIB réel de +14,4% en glissement annuel au T2 2021 puis de +3,9% au T3 et +4,6% au T4, d’après l’estimation préliminaire d’Eurostat), les encours de prêts bancaires aux sociétés non financières (SNF) et aux ménages ont continûment accéléré dans la zone euro de mai à décembre 2021. Même si d’importants effets de base la maintenaient en territoire négatif, leur impulsion (qui reflète la variation, sur un an, de la croissance annuelle des encours) s’est donc redressée pour s’établir, en décembre 2021, à -0,6%.
Si l’Allemagne n’est pas le pays de la zone euro où l’inflation est la plus élevée, la dynamique n’en reste pas moins inconfortable. Les prix à la consommation y enregistraient encore une hausse conséquente à 5,1% en g.a. en janvier (indice harmonisé), en retrait néanmoins par rapport à décembre 2021 (5,7%). La disparation des effets de base positifs, induits par le retour des taux de TVA à leur niveau antérieur après leur baisse au second semestre 2020, ne s’est donc pas matérialisée par une chute marquée de l’inflation. D’autres facteurs se sont fortement renforcés, au premier rang desquels l’augmentation des prix énergétiques.
Habituellement proches, les inflations française et allemande, mesurées sur une base comparable (indice des prix à la consommation harmonisé d’Eurostat, IPCH), se sont fortement écartées depuis début 2021. L’inflation outre-Rhin dépasse très nettement l’inflation hexagonale. En novembre 2021, l’écart a atteint +2,6 points contre une moyenne de +0,2 point depuis 1991. Cet écart important est à mettre, en partie, sur le compte d’un effet TVA : la baisse des taux allemands au second semestre 2020 a d’abord tiré vers le bas l’inflation allemande avant de jouer dans l’autre sens en 2021 avec leur retour à leur niveau antérieur
L’actualité conjoncturelle a été particulièrement riche la semaine dernière. Le premier résultat important, si l’on regarde dans le rétroviseur, est la publication des premières estimations de la croissance au T4 2021 en France, en Allemagne et en Espagne. Les performances sont contrastées : baisse de 0,7% t/t du PIB allemand, nouvelle forte progression de 2% t/t du PIB espagnol et hausse de 0,7% t/t du PIB français.
L’industrie française bénéficie d’un contexte porteur. La production est soutenue par des carnets de commande remplis depuis le printemps 2021 et par une capacité croissante à répondre à cette demande. En effet, l’enquête de l’Insee de janvier 2022 montre un rebond du stock de produits finis à près de 84% d’un niveau de stock normal, un niveau inédit depuis la mi-2020. Le phénomène s’observe singulièrement dans les biens intermédiaires. Dans la chimie, les plastiques ou l’emballage (secteur « bois, papier »), une partie de l’écart avec un niveau de stock normal a été comblé, même si ces stocks restent à un niveau inférieur à la normale. Dans la métallurgie ou les équipements électriques, le niveau très élevé des stocks souligne un niveau d’activité conséquent
L’économie française semble débuter l’année 2022 sous de relatifs bons auspices, nonobstant la mise en œuvre de restrictions plus fortes liées à la vague Omicron. Ainsi, la dynamique favorable perceptible au 4e trimestre (qui devrait être confirmée par la publication du PIB le 28 janvier prochain) semble s’être globalement poursuivie dans l’industrie et la construction. Les carnets de commande restent remplis dans ces deux secteurs, même s’ils continuent de subir des goulets d’étranglement liés à une insuffisance de main d’œuvre et à des difficultés d’approvisionnement.
Moins de deux semaines avant le scrutin présidentiel (le premier tour aura lieu le 24 janvier prochain), une possible candidature de l’actuel Premier ministre, Mario Draghi, reste d’actualité. L’élection de ce dernier à la présidence de la République aurait vraisemblablement des répercussions – dont il est, à ce stade, difficile de connaître la nature – sur la coalition gouvernementale en place.
La révision assez significative du PIB pour le T3 2021 a souligné une nouvelle fois les difficultés auxquelles l’Institut national espagnol de la statistique (INE) est actuellement confronté dans sa collecte de données. Pour rappel, la croissance au troisième trimestre 2021 a été réhaussée de 2,0% t/t à 2,6% t/t, après une révision à la baisse également conséquente pour le T2, de 2,8% t/t à 1,1% t/t.
D’après les indicateurs disponibles pour la fin de l’année 2021, l’Allemagne aurait enregistré au T4 2021 au mieux une croissance très faible, mais une contraction du PIB n’est pas à exclure. Les commandes industrielles restent, certes, à un niveau relativement soutenu, mais la production demeure significativement freinée par des problèmes d’approvisionnement.
L’euro fiduciaire a fêté ses 20 ans le 1er janvier 2022, plutôt en bonne forme. Les chantiers pour améliorer et renforcer la construction et l’intégration européennes restent toutefois nombreux. Les sujets au menu de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE), au cours des six prochains mois, en attestent. Parmi les priorités, la réforme des règles budgétaires européennes sera un débat majeur de 2022. La discussion est lancée et doit aboutir cette année. Le défi est que « la montagne n’accouche pas d’une souris »
À défaut de durcir drastiquement les conditions d’activité, le gouvernement italien a toutefois effectué quelques ajustements dans le cadre de la lutte sanitaire : l'état d'urgence a notamment été prolongé de trois mois (jusqu’au 31 mars 2022 désormais). Malgré la résurgence épidémique, les perspectives d’activité restent bien orientées pour cet hiver. Les indices PMI se maintiennent à des niveaux solides, en particulier pour le secteur manufacturier. Celui-ci a atteint un nouveau record en novembre (+1,7 point à 62,8), grâce notamment à des indices plus favorables pour l’emploi et les nouvelles commandes. Côté services, l’indice PMI s’est également amélioré (+3,5 points à 55,9)
Malgré une remontée importante des cas de Covid-19 dans le pays depuis début novembre, le taux d’incidence est encore inférieur à celui observé en France et en Allemagne. Les inquiétudes liées à la situation sanitaire n’ont d’ailleurs eu que peu d’effet jusqu’ici sur la confiance des entreprises : l’indice PMI composite s’est amélioré en novembre (+1,9 point à 58,3) grâce à de meilleures perspectives du côté des services. La bonne dynamique dans ce secteur s’observe aussi dans le sondage de la Commission européenne, qui montre un niveau d’optimisme jamais atteint en 20 ans.