Le patrimoine des ménages – la différence entre leurs actifs (immobiliers, financiers) et leurs dettes financières – revêt une grande importance dans la mesure où, à plus long terme, ce patrimoine devrait leur permettre de financer leurs dépenses une fois à la retraite. Durant la pandémie, on a assisté à une montée en flèche du taux d'épargne dans la zone Euro ainsi qu'à une hausse des prix immobiliers supérieure à la tendance, tandis que les actifs financiers subissaient des effets de valorisation négatifs. La Commission européenne estime qu'entre le début de la pandémie et la fin 2021, le patrimoine des ménages s'est globalement accru de quelques 2 700 MdEUR au-delà de la tendance normale
La Roumanie affiche un solde courant structurellement déficitaire depuis plusieurs années. Cette année, le déficit devrait se dégrader et pourrait avoisiner 10% du PIB après s’être établi à -7,3% en 2021. Sur les neuf premiers mois de l’année, il a déjà atteint EUR 20,2 mds, dépassant largement le chiffre observé pour l’ensemble de l’année 2021. Il s’agit du déficit le plus élevé au sein des pays d’Europe centrale. La raison principale est la détérioration du solde énergétique qui a atteint EUR -4,5 mds en cumul sur la période janvier-juillet selon les derniers chiffres. Les importations de biens alimentaires, ainsi que celles des biens industriels y ont aussi contribué mais dans une moindre mesure. En revanche, les importations de biens de consommation durables sont restées en berne
L’inflation harmonisée en zone euro a de nouveau surpris défavorablement en octobre, atteignant 10,7% en g.a. d’après l’estimation préliminaire d’Eurostat, contre une prévision du consensus Bloomberg de 10,2%. C’est le deuxième mois d’affilée que les prix accélèrent autant (+0,8 point). Cette mauvaise nouvelle ne vient pas seule : cette accélération est imputable à hauteur de la moitié à l’inflation sous-jacente, de 0,3 point à l’inflation alimentaire et de 0,1 point à la composante énergie. L’inflation continue donc de se propager et de se renforcer.
Contre toute attente, le PIB allemand a progressé de 0,3% au 3e trimestre (t/t). Ce chiffre a de quoi surprendre puisque le ministre de l'Économie lui-même, Robert Habeck, annonçait le 12 octobre dernier que « l'économie allemande devrait se contracter aux troisième et quatrième trimestres de cette année ainsi qu'au premier trimestre de 2023 ». Si le détail des composantes du PIB n’est pas encore disponible, d’après l’institut national de statistiques Destatis, la consommation privée aurait porté la croissance au 3e trimestre. Mais cette mention est difficile à concilier avec la baisse de 3,5% des ventes au détail (y.c. les ventes de véhicules) entre le T2 et le T3 2022 et celle de 2,6% des ventes dans le commerce de gros.
L’économie française a vu son PIB progresser de 0,2% t/t au 3e trimestre, une performance qui dénote un niveau d’activité élevé après une croissance déjà favorable au 2e trimestre (+0,5%). Après le tourisme et l’hébergement-restauration au 2e trimestre, l’investissement des entreprises et la production manufacturière ont surpris positivement au 3e trimestre. Alors que l’automobile est l’un des secteurs le plus touché par les contraintes d’approvisionnement, ce qui implique un décalage entre une production inférieure à l’avant-Covid et un carnet de commandes bien rempli, l’été a permis de combler une partie du retard. Cela a conduit la production manufacturière à la hausse (+0,6% t/t), et contribué à une croissance conséquente de l’investissement des entreprises (+2,3% t/t).
L’inflation reflue en octobre en Espagne pour le troisième mois consécutif, passant de 10,7% en juillet à 7,3% en glissement annuel. Si les chiffres détaillés seront dévoilés le 15 novembre seulement, il est vraisemblable que cette baisse ait été une nouvelle fois alimentée par les prix énergétiques, dont le rythme de progression a ralenti de façon notable cet été, bien qu’il reste élevé (22,4% a/a en septembre). L’ « exception ibérique », en place depuis le printemps, ainsi que le plafonnement des prix réglementés sur le marché de l’énergie portent leurs fruits.
Avec près de EUR 19 mds débloqués entre le début de l’année 2022 et la mi-septembre, un tiers de plus qu’à la même époque en 2021, le plan de relance et de résilience national en Espagne monte en puissance. Certains obstacles à sa mise en œuvre sur le terrain demeurent néanmoins.
En seulement sept mois, la part des taux variables dans le total des crédits nouveaux à l’habitat aux ménages italiens a plus que triplé. Elle est passée de 15,8% en février 2022 à 60,9% en septembre 2022. Ce dernier niveau est inédit depuis février 2015 (où, dans un contexte de forte baisse, la part des taux variables était passée de 81,1% en février 2014 à 37,7% en août 2015). Le récent regain d’intérêt des ménages italiens pour les crédits à l’habitat à taux variable procède, à l’évidence, de la hausse de 136 points de base (bp), en moyenne, des crédits à taux fixe entre janvier 2022 (1,48%) et septembre 2022 (2,84%). La hausse enregistrée depuis le début de l’année 2022 par les crédits à l’habitat à taux variable est plus modeste (55 bp)
Négative durant la majeure partie de l’année 2021, l’impulsion du crédit est redevenue positive au début de 2022 et a accéléré jusqu’à atteindre des niveaux inédits (+3,8 points en août 2022, +3,7 points en septembre 2022). Ces évolutions contrastent avec la forte décélération du PIB de la zone euro au troisième trimestre 2022 (+0,2% t/t après +0,8% au deuxième), qu’elles ont sans doute contribué à limiter. En forte accélération depuis le printemps, les encours ont enregistré, en septembre 2022, leur plus forte croissance depuis décembre 2008 pour les prêts au secteur privé (+6,9% en glissement annuel) et depuis janvier 2009 pour les prêts aux sociétés non financières (SNF, +8,9%).
L’inflation s’est singulièrement accélérée depuis le début de l’année 2022. Après une pause au cœur de l’été, suite au reflux du prix du carburant, elle a même atteint un nouveau point haut dès le mois d’octobre. L’inflation sous-jacente gagne en intensité et les hausses attendues des prix alimentaires et de l’énergie suggèrent une inflation qui devrait croître au 1er trimestre 2023, avant de refluer graduellement. Dans ce contexte, la croissance des salaires devrait modérément s’accélérer, tant et si bien qu’une progression modérée du pouvoir d’achat des ménages devrait intervenir en 2023.
La dernière enquête des prévisionnistes professionnels de la BCE met en évidence une révision à la baisse des perspectives de croissance et un ajustement à la hausse des prévisions d’inflation. Pour l'année à venir, la question véritable porte non sur la direction de l'inflation mais sur la rapidité et l'ampleur de son déclin. Un ralentissement trop lent pourrait convaincre la BCE de la nécessité de poursuivre la hausse des taux au-delà de ce que prévoient actuellement les marchés, ce qui augmenterait le coût pour l'économie des efforts déployés pour juguler l'inflation. La désinflation pourrait se faire attendre plus longtemps que prévu. Au cours des deux années écoulées, une série de facteurs ont conduit à une inflation exceptionnellement élevée mais également à large spectre
Selon les derniers chiffres de l’Autorité bancaire européenne, les ratios des prêts non performants des systèmes bancaires espagnol, italien et portugais ont atteint des plus bas historiques au deuxième trimestre 2022. Il apparaît également que leur coût du risque se maintient à un niveau relativement faible après leur forte hausse en 2020. Toutefois, le coût du risque des banques d’Europe du Sud est fortement susceptible de repartir à la hausse au cours des trimestres à venir sur fond de ralentissement de l’activité économique en lien avec une inflation élevée, une remontée des taux d’intérêt et une augmentation des prix de l’énergie.
Nous anticipons une croissance négative du PIB au 3e trimestre (-0,2% t/t), notamment en raison de l’impact de la sécheresse qui a sévi cet été, d’une hausse du taux d’épargne des ménages et des contraintes liées à l’énergie. Toutefois, des risques haussiers existent, du fait d’une possible surprise à la hausse sur la production manufacturière due à un phénomène de restockage dans l’industrie, en sus de la poursuite du rebond du tourisme débuté au 2e trimestre. En conséquence, l’Insee et Banque de France anticipent une croissance positive au 3e trimestre (0,2% et 0,25% respectivement)
L’intronisation dimanche dernier de Giorgia Meloni au poste de présidente du Conseil italien ne doit pas faire oublier les débuts difficiles de la nouvelle coalition au pouvoir. En effet, des fissures sont déjà apparues entre les différents partenaires de l’alliance de droite. En sus des dissensions politiques, le contexte économique italien est également propice à générer des tensions. La plupart des indicateurs du baromètre ont poursuivi leur dégradation ces dernières semaines, à la fois du côté des indices centrés sur les entreprises et de ceux portant sur les ménages.
Depuis le 1er janvier 2022, le forint hongrois fait partie des devises les moins performantes en Europe centrale. Le forint a perdu respectivement 11 % et 23 % de sa valeur vis-à-vis de l’euro et du dollar. La Banque centrale hongroise est même intervenue la semaine dernière pour soutenir sa monnaie. Pourquoi le forint est-il plus chahuté que les autres devises de la région ? Quelques éléments d’explication.
Si le PMI manufacturier est un indicateur performant sur longue période pour apprécier la dynamique de la production industrielle d’un pays, les récentes contraintes sur l’offre ont fait ressurgir un problème méthodologique lié à la prise en compte des délais de livraison. Le traitement des délais de livraison dans le PMI manufacturier doit distinguer les types de choc afin de mieux refléter l’activité industrielle. Nous proposons une méthode permettant de détecter la présence d’un choc de demande positif ou d’offre négatif. Le PMI manufacturier est ensuite corrigé en fonction du choc. Il est également possible de recalculer le PMI manufacturier par une analyse en composantes principales à partir de l’ensemble des sous-soldes disponibles dans l’enquête de S&P Global
Alors que le gouvernement allemand a déjà mis en œuvre une batterie de mesures budgétaires pour un montant de EUR 65 mds (soit 1,8% du PIB), Olaf Scholz a annoncé le 29 septembre dernier « une double dose », selon ses propres termes, avec l’instauration d’un bouclier énergétique d’une enveloppe maximum de EUR 200 mds. L’ensemble de l’enveloppe ne devrait pas être consommé, mais seulement la moitié d’après les premières estimations. Après deux décennies de rigueur, l’Allemagne entre dans une nouvelle ère budgétaire alors que son bien le plus précieux, l’industrie, est en pleine crise.
Les chiffres détaillés de l’inflation pour septembre en Espagne confirment les changements de la dynamique des prix en cours ces derniers mois. L’augmentation des prix énergétiques, certes toujours très élevée (22,4% a/a), s’estompe depuis mars dernier – la hausse avait alors atteint un pic à 60,9% a/a. À l’inverse, l’augmentation annuelle de l’IPC des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées s’accentue (14,4% a/a contre 6,8% a/a en mars). Par conséquent, et pour la première fois depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, la hausse des produits alimentaires devient le premier contributeur à l’inflation.
L’inflation en zone euro a atteint le seuil des 10% a/a au mois de septembre selon l’estimation préliminaire d’Eurostat, un plus haut historique depuis que le taux d’inflation de la zone est mesuré. Les prix de l’énergie y jouent un rôle majeur (+40,8% a/a). En parallèle, la dynamique des prix alimentaires pèse de plus en plus, avec une hausse de 11,8% a/a de l’indice harmonisé (incluant également l’alcool et le tabac) au mois de septembre. Une partie de cette hausse des prix alimentaires provient de l’impact de l’envolée des prix de l’énergie sur les coûts de production du secteur. Toutefois, des contraintes d’offre, du fait de difficultés de production, semblent également à l’œuvre
Le ralentissement de l’économie va sans doute se poursuivre au cours des prochains trimestres. Par ailleurs, la Pologne est confrontée à plusieurs défis. D’abord, le pays est très dépendant des importations de charbon, matière première dont les prix se sont envolés depuis fin 2021. Les pressions inflationnistes restent élevées alors que la Banque centrale s’oriente vers une politique monétaire moins restrictive. Enfin, le moratoire sur le remboursement des crédits hypothécaires en 2022 et 2023 va peser sur le bilan des banques à court terme. L’économie polonaise dispose néanmoins de plusieurs atouts et devrait faire preuve de résilience.
Au deuxième trimestre 2022, tous les moteurs de la croissance ont ralenti. Très exposée à la Russie pour son approvisionnement en gaz et en pétrole, la Slovaquie pourrait être parmi les pays d’Europe centrale les plus affectés par les répercussions de la guerre en Ukraine. L’envolée des coûts énergétiques ainsi que les difficultés d’approvisionnement pèseront sur l’activité industrielle, qui n’a pas encore retrouvé son niveau pré-Covid. Par ailleurs, l’inflation a accéléré mais reste plus modérée que dans les autres pays de la région. Enfin, les comptes publics et externes vont se dégrader à court terme mais cette situation reste gérable.
Compte tenu de la récente forte hausse des taux d’intérêt, dans les pays de la zone euro le coût d’emprunt de la dette nouvellement émise est désormais plus élevé, pour une maturité équivalente, que celui de la dette existante. Pour que la dette publique soit soutenable, une telle situation requiert un déficit primaire moindre ou un excédent plus élevé, selon que le coût moyen de la dette est inférieur ou supérieur au taux de croissance nominale à long terme du PIB. Toutefois, l’effet ne se fera pleinement ressentir que lorsque la totalité de la dette aura été refinancée à un taux d’intérêt plus élevé. Compte tenu de la maturité moyenne élevée de la dette existante, l’effort annuel d’ajustement est, pour le moment, limité mais il augmentera à l’avenir
L’inflation a certes reflué à 5,6% a/a en septembre après un point haut à 6,1% en juillet mais elle a aussi changé de nature. La contribution des prix alimentaires à l’inflation (avec une hausse de 9,9% a/a en septembre) est, en effet, devenue majoritaire pour la première fois (comptant pour un tiers dans le chiffre de 5,6% observé en septembre), dépassant celle de la composante énergie, dont le repli doit beaucoup à la ristourne appliquée sur le litre de carburant (qui est passée de 18 à 30 centimes). En 2023, la hausse des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité sera limitée à 15% au lieu de 120%, ce qui évitera 5 points d’inflation (globale) selon nos estimations.
Le ciel conjoncturel ne cesse de s’assombrir au-dessus de la zone euro. Le bilan des premières données disponibles pour septembre n’est pas bon et cela se voit sur notre baromètre. Au niveau des données d’enquêtes, la zone bleue (relative aux conditions récentes) se rétracte par rapport à la ligne pointillée (relative aux conditions des quatre mois précédents) et même, sur certains indicateurs, par rapport au dodécagone gris (la moyenne de long terme). La situation est inverse pour les données d’inflation. De fait, l’inflation a franchi un nouveau cap, en atteignant 10% en g.a. en septembre selon l’estimation préliminaire d’Eurostat
La remontée des taux de marché depuis le début de l’année 2022 a entraîné un début de hausse des taux des prêts bancaires dans la zone euro. Ces évolutions ont concerné notamment les taux des prêts à l’habitat et ceux des prêts aux sociétés non financières. Pour l’heure, les évolutions des encours de crédit bancaire ne sont pas encore affectées par le resserrement des conditions mais les premières conséquences devraient se matérialiser en 2023.