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Allemagne : un choc à double détente

16/06/2023

L'économie allemande a enregistré une récession avec un recul du PIB au 4e trimestre 2022 et au 1er trimestre 2023. Si la consommation des ménages a expliqué en majeure partie ce repli, la sous-performance de la croissance économique du pays depuis plus de 5 ans s’explique largement par celle de son industrie. Celle-ci subit davantage de contraintes qu’ailleurs en Europe, tant et si bien que - phénomène relativement nouveau dans l’histoire récente allemande - la taille de ce secteur s’est réduite. Une difficulté dont le pays n’est pas encore sorti et qui pourrait contribuer à entraîner une rechute de la croissance au 2nd semestre.

Transcription

L’économie allemande a enregistré une récession au tournant de l’année 2022 d’une ampleur telle qu’elle y a entraîné la croissance de la zone euro. Si le PIB allemand s’est contracté, c’est avant tout en raison de la répercussion sur la consommation des ménages du pic d’inflation enregistré à 11,6% a/a en octobre 2022.

Ceci ne doit pas masquer que l’Allemagne sous-performe en termes de croissance depuis la fin de l’année 2017. Ainsi, le PIB du 1er trimestre 2023, s’il est redescendu en deçà de son niveau d’avant-Covid de 0,5%, ne dépasse celui du 4e trimestre 2017 que de 0,6% contre 3,7% pour la France.

Le principal maillon faible de l’Allemagne est son industrie manufacturière dont la production a été, au 1er trimestre 2023, inférieure de 7% à celle de la fin de 2017. Si les difficultés de production dans l’automobile sont connues et impliquent une baisse de près de 11%, la métallurgie se replie dans la même proportion et la chimie, un des points forts traditionnels du pays, chute de près de 15%.

Sans surprise, la baisse de la production se reflète dans celle de la demande, avec notamment une contraction des nouvelles commandes adressées à l’industrie de 9,2% sur la même période. Toutefois, ce qui frappe c’est le niveau conséquent des contraintes d’offre, qui limitent la production pour près de 47% des entreprises industrielles allemandes contre 34% en France ou 36% dans la zone euro.

Le rôle joué par les pénuries de main d’œuvre est patent. Mais, dans le même temps, les entreprises auraient-elles également sous-investi dans leurs capacités ? L’investissement en machines et équipements est en effet l’un des parents pauvres de la demande en Allemagne, avec un niveau supérieur de seulement 0,7% au 1er trimestre 2023 par rapport à fin 2017, alors qu’en France, cet investissement a crû de 7,2% sur la même période.

Ainsi, l’Allemagne pourtant connue pour la vigueur de son industrie, a vu ses capacités de production dans le secteur diminuer de près de 6% par rapport à l’avant-Covid, affectée notamment par la hausse du coût de l’énergie.

En résumé, la sous-performance de l’industrie allemande transparaît dans les statistiques de croissance du PIB. Ce handicap implique que lorsque les autres pays de la zone euro affichent une croissance faible, le PIB allemand, lui, se contracte. C’est ce qu’il a fait au tournant de l’année 2022-23, et pourrait faire de nouveau au 2nd semestre 2023.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE