Selon l’estimation flash d’Eurostat, l’inflation dans la zone euro s’est élevée à 7,5% a/a en mars, marquant une nouvelle hausse très importante (+1,6 point par rapport à février). L’inflation reste en grande partie énergétique – la composante « énergie » contribue à hauteur de 4,9 points de pourcentage à ce chiffre, soit 65% du total – mais les autres composantes (alimentation, produits manufacturés, services) se renforcent également et contribuent chacune à hauteur d’environ 1 point. L’inflation se généralise donc et tous les pays de la zone euro sont concernés par le mouvement récent d’accélération, bien qu’à des degrés divers.
Les pays européens limitrophes de la Russie et de l’Ukraine sont plus exposés que ceux situés à l’Ouest. Parmi ces derniers, des divergences existent entre l’Allemagne et l’Italie, plus dépendantes du gaz russe, et la France, l’Espagne et le Portugal, moins exposés. Les pays qui importent le plus de Russie sont également très dépendants des importations provenant d’Ukraine. L’exposition des pays européens à la Russie et l’Ukraine et leur vulnérabilité aux répercussions économiques du conflit entre les deux pays découlent principalement du poids important dans leurs importations des approvisionnements en produits énergétiques russes et en produits alimentaires et agricoles ukrainiens
Le ratio des prêts non performants (PNP) des sociétés financières espagnoles spécialisées[1] (crédit à la consommation, crédit à l’habitat, crédit-bail ou encore l’affacturage) a atteint 6,9% au mois de janvier 2022 soit son niveau le plus élevé depuis 2016 pour un mois de janvier. À l’inverse, le ratio des PNP des banques commerciales, des caisses d’épargne et des banques coopératives[2] s’est stabilisé à 4,2%, son niveau le plus faible depuis mars 2009. L’augmentation du ratio des PNP des sociétés financières spécialisées est imputable à une hausse de l’encours des PNP plus rapide que celle de l’ensemble des prêts (respectivement 8,7% et 2,0% entre janvier 2021 et janvier 2022)
La France a terminé l’année 2021 avec le taux d’emploi le plus élevé depuis les années soixante-dix, le taux de chômage le plus bas depuis 2008 et un record de créations d’emplois depuis l’après-guerre. Ce dynamisme de l’emploi est imputable pour moitié au rebond des créations d’emplois dans les secteurs les plus affectés par la crise de la Covid-19 (dont la restauration et l’intérim). La pandémie a également soutenu l’emploi dans la santé et l’éducation. Le secteur privé marchand porte néanmoins encore la trace de la crise sanitaire : l’emploi y est inférieur de 1,3% au niveau qu’il aurait atteint si sa croissance observée entre 2017-19 s’était poursuivie jusqu’à fin 2021 (un même calcul sur le PIB réel donne un écart de 2,2%)
L’impact net de la guerre en Ukraine sur le système bancaire de la zone euro devrait être relativement contenu, du fait d’expositions directes très faibles à la Russie et à l’Ukraine, et transiter principalement par les effets macroéconomiques.
La croissance française est restée positive en début d’année 2022, comme en témoignent des enquêtes de conjoncture relativement stables jusqu’en février, tant du point de vue des ménages que des entreprises, ou même du climat de l’emploi. La hausse de l’inflation a été significative, à 3,6% a/a en février, néanmoins la stabilité du tarif réglementé du gaz et la hausse contenue à 4% du prix de l’électricité ont permis de la limiter. D’après le dernier point de conjoncture de l’Insee, l’inflation aurait atteint 5,1% sans ces mécanismes.
La France connait une dégradation structurelle de sa balance commerciale des biens depuis 2015. Son déficit atteint en janvier 2022 le niveau record de EUR 73 mds en cumul sur 12 mois, selon les statistiques de balance des paiements de la Banque de France (EUR 88 mds selon la définition des douanes1). La tendance au creusement du déficit des biens industriels s’est renforcée depuis 2020 avec la baisse des exportations aéronautiques depuis le début de la pandémie de Covid-19. La hausse du prix du pétrole explique l’essentiel de la détérioration observée à partir de novembre 2021.Toutefois, la balance courante, qui synthétise la totalité des échanges extérieurs de la France2, montre un profil différent, avec un déficit limité à EUR 23,4 mds en janvier, en cumul sur 12 mois
D’après les deux indicateurs de santé financière des entreprises - le nombre de défaillances et le taux de marge - la situation des entreprises françaises s’est nettement améliorée entre 2016 et 2021. Le nombre de défaillances a baissé de moitié, permettant de sauvegarder 210 000 emplois sur la période, dont 170 000 au cours de la pandémie. Le taux de marge a augmenté de 1,4 point de pourcentage et le poids de la fiscalité a reflué. La politique budgétaire a joué un rôle majeur avec la baisse des impôts de production et de l’impôt sur les sociétés, ainsi que la hausse des subventions aux entreprises pendant la pandémie. L’année 2022 s’annonce moins favorable, notamment du fait des pressions inflationnistes
Depuis son lancement, le programme d’achat d’actifs de la Banque centrale européenne a eu un impact significatif sur les marchés financiers, l’activité économique et l’inflation, à travers divers canaux de transmission. Ces derniers mois, les doutes concernant les effets positifs d’achats d’actifs supplémentaires et les inquiétudes au sujet de possibles conséquences négatives grandissent. Dans ce contexte, la BCE a décidé de rompre le lien entre la fin des achats et la remontée des taux directeurs, une décision qui permet d’accroître l’optionalité de la politique du Conseil des gouverneurs. Les dernières projections macroéconomiques de la zone euro nous rappelle la forte incertitude actuelle. Par conséquent, la politique monétaire ne peut être que dépendante aux données.
La production industrielle en Italie a démarré l’année sur un repli marqué, avec une baisse de 3,4% m/m en janvier. Les risques d’une contraction du PIB au T1 2022 sont désormais élevés en raison de la guerre en Ukraine et des répercussions de l’envolée du coût des matières premières sur l’économie transalpine. L’Italie est, en effet, particulièrement dépendante du gaz russe (près de 45% de ses importations). Rome compte réorienter drastiquement ses importations de gaz depuis d’autres pays (Algérie, Azerbaïdjan) et accroître sa consommation de GNL, néanmoins cela mettra du temps à se matérialiser.
On retiendra, des nouvelles projections de mars 2022 de la BCE, la révision en hausse de près de 2 points de sa prévision d’inflation pour 2022 (à 5,1%) et la révision en baisse d’un demi-point de sa prévision de croissance pour 2022 (à 3,7%). L’inflation baisserait ensuite vers la cible de 2% et la croissance resterait soutenue. En termes de décision de politique monétaire, la BCE a notamment annoncé la réduction plus rapide de ses achats nets mensuels au titre de l’APP et leur possible arrêt au T3 si l’inflation ne faiblit pas comme attendu.
Les créations d’emplois au sein de la zone euro ont été très importantes en 2021. Cela a permis de ramener le taux de chômage à un niveau historiquement bas. Mais cette dynamique s’est aussi traduite par des difficultés de recrutement et un manque de main d’œuvre. Les pénuries de main d’œuvre les plus contraignantes frappent l’Allemagne (dans tous les secteurs), en lien avec un faible taux de chômage, et les plus faibles touchent l’Italie dont le marché du travail est le moins dynamique de la zone (hiérarchie vérifiée quel que soit le secteur). En France, les tensions sont plus vives dans le secteur de la construction et plus modérées par ailleurs
Nous nous intéresserons, en premier lieu, à l’ampleur de la révision en hausse des projections d’inflation de la Banque centrale européenne. Cette révision devrait être importante compte tenu des derniers chiffres disponibles, toujours plus élevés (5,8% en février en glissement annuel selon l’estimation flash d’Eurostat, 2,7% pour le sous-jacent) et des développements en cours.
Le conflit qui touche l’Ukraine affecte l’économie de la zone euro à travers différents canaux : une incertitude accrue, la volatilité des marchés financiers, la baisse des exportations, la hausse des prix du pétrole, du gaz et d’autres matières premières. Si les canaux de transmission à l’économie sont connus, l’ampleur de l’impact ne l’est pas. Les analyses contrefactuelles des hausses des prix du pétrole et du gaz en 2021 peuvent servir de référence. Néanmoins, la nature géopolitique du choc réduit la fiabilité des estimations basées sur de modèles économétriques. En outre, d’autres canaux peuvent affecter la croissance économique. On peut craindre que plus la crise durera et plus les conséquences économiques seront importantes
Avec la remontée des taux d’intérêt souverains en Europe, les inquiétudes autour de la dette publique italienne refont surface. Peut-on pour autant faire un lien avec la situation de l’Italie en 2010/2011, lors de la crise des dettes souveraines qui a secoué la zone euro ?
Le pouvoir d’achat est un sujet de préoccupation récurrent pour les ménages, que l’envolée actuelle de l’inflation vient exacerber. L’inflation devrait, en effet, dépasser la barre des 3 % sur l’essentiel de l’année 2022, une première depuis 1989. La croissance du revenu disponible nominal des ménages est cependant dynamique, ce qui implique un gain de pouvoir d’achat au niveau macroéconomique : 2,3 % en 2021 et 0,2 % en 2022 selon nos prévisions. Le revenu disponible total des Français est soutenu par une forte création d’emploi. Or, en considérant l’évolution de la rémunération moyenne, le pouvoir d’achat a connu une progression limitée à 1,1 % en 2021 et devrait se contracter de 0,6 % en 2022
Les restrictions sanitaires instaurées pour maîtriser la vague Omicron semblent avoir eu un impact limité sur la croissance française au début de l’année 2022. De plus, la levée progressive de ces contraintes augure d’une ré-accélération. Ces perturbations sont survenues dans un contexte plutôt favorable.
L’obstacle des élections présidentielles franchi, les préoccupations autour de l’économie italienne se sont centrées encore davantage sur les risques liés à l’envolée de l’inflation et à la normalisation à venir de la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Les taux à dix ans sur les obligations d’État italiennes ont grimpé de près de 50 points de base depuis le début du mois de février, et le seuil des 2% pourrait être franchi très prochainement.
Le nombre de paiements par carte bancaire[1] sans contact a augmenté de 61% en France entre 2019 et 2020 selon les derniers chiffres de la Banque des règlements internationaux (BRI). La pandémie de COVID-19 notamment a accéléré le développement de ce mode de paiement respectueux des gestes barrières. En outre, afin d’élargir le périmètre des opérations éligibles à ce mode de paiement dans le contexte de la pandémie, le plafond a été relevé de EUR 30 à EUR 50. Ainsi près de 60% des transactions réalisées en magasin, d’un montant inférieur à EUR 50, ont été réglées par carte bancaire sans contact en 2020, pour un montant cumulé de EUR 71 mds (contre EUR 38 mds en 2019) selon le Groupement des cartes bancaires[2]
Le thème de la désindustrialisation est souvent abordé en France. De fait, l’industrie manufacturière ne représente aujourd’hui plus que 13% du PIB et 12% de l’emploi salarié (contre près de 19% et 15% respectivement en 2000). L’industrie française a vu ses capacités de production culminer au début des années 2000, avant de connaître de multiples décrochages, en même temps que l’emploi industriel diminuait et que le déficit commercial se creusait. Les capacités de production se sont encore réduites ces dernières années et sont inférieures de près de 20% à ce qu’elles étaient au début des années 2000. Alors que les carnets de commande sont globalement les mêmes qu’en 2018, les capacités de production sont près de 6% en deçà
Dans la zone euro, certains spreads souverains ont tendance à se creuser quand le rendement des obligations d’État allemandes augmente. Cette corrélation positive perdure tant qu’il y a suffisamment d’investisseurs pour penser que cette relation maintes fois observée dans le passé se poursuivra. L’écartement des spreads constaté ces dernières semaines l’a encore démontré. C’est un défi pour les gouvernements, car il entraîne une hausse des coûts d’emprunt, mais aussi pour la BCE, car cela affecte la transmission de la politique monétaire. C’est pour cela que la banque centrale insiste sur la flexibilité des réinvestissements au titre du PEPP.
Comme on le voit sur le baromètre, la forte poussée inflationniste se poursuit en ce début d’année, avec un indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) en hausse de 6,1% en janvier. Si les détails pour le mois dernier n’ont pas encore été dévoilés, les prix énergétiques resteront, sans surprise, le principal carburant de cette hausse de l’inflation. L’IPCH pour l’énergie enregistrait déjà un bond de 40,2% en g.a. en décembre 2021, tandis que les prix à la production du secteur ont quasiment doublé (+95,9% en g.a.) entre décembre 2021 et décembre 2020.
La France a enregistré un déficit commercial de 85 Mds EUR en 2021, le plus élevé de son histoire. La hausse du pétrole est responsable de la majeure partie de la détérioration par rapport à 2020, mais c’est le déficit sur les biens industriels qui s’est le plus dégradé structurellement, doublant en 10 ans pour atteindre 50 Mds EUR. En 2022, le déficit pourrait atteindre 100 Mds EUR : une ponction conséquente sur le pouvoir d’achat des français.
La dernière conférence de presse de Christine Lagarde montre l’évolution assez significative de la position du Conseil des gouverneurs de la BCE en matière de perspectives d’inflation. Depuis la réunion de décembre dernier, les risques à la hausse ont augmenté, ce qui préoccupe les membres du Conseil. Les marchés financiers y ont vu le signal que la première remontée des taux pourrait avoir lieu plus tôt qu’attendu. Les rendements obligataires ont ainsi sensiblement augmenté. La forward guidance de la BCE, que l’on peut également considérer comme l’illustration de sa fonction de réaction, suggère de fixer les taux d’intérêt sur la base de règles et de conditions précises en termes de perspectives d’inflation et d’évolution récente des prix
Dans un contexte de reprise économique (rebond du PIB réel de +14,4% en glissement annuel au T2 2021 puis de +3,9% au T3 et +4,6% au T4, d’après l’estimation préliminaire d’Eurostat), les encours de prêts bancaires aux sociétés non financières (SNF) et aux ménages ont continûment accéléré dans la zone euro de mai à décembre 2021. Même si d’importants effets de base la maintenaient en territoire négatif, leur impulsion (qui reflète la variation, sur un an, de la croissance annuelle des encours) s’est donc redressée pour s’établir, en décembre 2021, à -0,6%.