L’inflation a certes reflué à 5,6% a/a en septembre après un point haut à 6,1% en juillet mais elle a aussi changé de nature. La contribution des prix alimentaires à l’inflation (avec une hausse de 9,9% a/a en septembre) est, en effet, devenue majoritaire pour la première fois (comptant pour un tiers dans le chiffre de 5,6% observé en septembre), dépassant celle de la composante énergie, dont le repli doit beaucoup à la ristourne appliquée sur le litre de carburant (qui est passée de 18 à 30 centimes). En 2023, la hausse des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité sera limitée à 15% au lieu de 120% (source gouvernementale), ce qui évitera 5 points d’inflation (globale) selon nos estimations.
Cette inflation relativement contenue devrait contribuer à un certain maintien du pouvoir d’achat des ménages sur l’année 2022 et même à une hausse de ce dernier en 2023 (+0,9% selon nos prévisions et celles du gouvernement). Pour autant, l’enquête de l’Insee sur les ménages montre une augmentation de l’opportunité d’épargner (+30 en septembre, contre +19 deux mois auparavant), suggérant que leur consommation devrait rester contrainte.
Les entreprises se préparent, quant à elles, à devoir réduire leur production. Leurs stocks sont en conséquence relativement élevés, non pas en raison d’une demande élevée ou qui pourrait le devenir, mais pour continuer à satisfaire la demande existante dans les prochains mois alors même que les obstacles à la production promettent de se renforcer (les contraintes fortes sur l’énergie – flambée des prix et limitation de l’offre et de la demande – s’ajoutant aux difficultés d’approvisionnement).
L’économie française continue toutefois de bénéficier de singularités, avec le rebond à partir du 2e trimestre de l’hébergement-restauration et du tourisme à la faveur de la levée des restrictions liées à la Covid-19. Le rebond de la production automobile s’est poursuivi en août - cette dernière se situant désormais 10% en deçà de son niveau moyen de 2019 contre près de 40% en mars -, permettant de réduire le retard sur un carnet de commandes qui s’est maintenu à près de 7,5 mois.
Ces « retours à la normale » successifs soutiennent la croissance dans un environnement qui reste difficile. Ils induisent toutefois un risque haussier sur notre prévision de croissance pour le 3e trimestre (-0,2% t/t), à noter que l’Insee anticipait une croissance de +0,2% t/t et la Banque de France autour de +0,25% t/t (prévisions publiées les 6 octobre et 10 octobre respectivement). Cependant, le restockage observé au 3e trimestre renforce la probabilité d’une correction au 4e trimestre, d’autant que la demande s’étiole, comme l’illustre, par exemple, la baisse du pourcentage de ménages déclarant une intention d’achat d’automobile dans les 12 mois (de 10,5% en juin à 7,5% en septembre). Nous anticipons une croissance de -0,3% t/t, l’Insee s’attendant à une stagnation.