Les indicateurs de l’Espagne se sont considérablement dégradés depuis le mois de mars et le début de la période de confinement, bien en deçà de leurs moyennes historiques. Les données concernant les exportations et la production industrielle ne portent à l’heure actuelle que sur février et vont elles aussi plonger en mars/avril.
Les indices des directeurs d’achat (PMI) – dont les délais de publication sont plus courts – montrent en effet une chute de l’activité historique en avril. L’indice pour le secteur des services plonge à 7,1 tandis que celui du secteur manufacturier tombe à 30,8. Les entreprises rapportaient, en parallèle, une chute sévère des prix de vente en avril : l’indice composite correspondant à cet indicateur était de 36,2, son plus bas niveau depuis mars 2009.
Alors que le PIB réel a déjà enregistré une baisse record de 5,2% t/t au T1, il est clair que la chute au T2 sera encore plus brutale, et avec des conséquences économiques et sociales profondes. Les données ajustées mensuelles de l’agence pour l’emploi espagnole (Servicio Publico de Empleo Estatal, SEPE), publiées ce mardi, montrent déjà une hausse record du nombre de demandeurs d’emploi en mars-avril (+681,210, soit +21,7%), et ce malgré la mise en place du chômage partiel (ERTE) pour près de 3,39 millions de personnes. Les bénéficiaires étant considérés en emploi, il est fort probable que le nombre de demandeurs s’accroisse de nouveau dans les prochains mois avec le retrait progressif des ERTE et de certaines aides aux entreprises.
La période de déconfinement qui débutera réellement lundi prochain (la phase 1 commence au niveau national le 11 mai) sera très progressive et étalée sur un minimum de huit semaines. La reprise économique restera donc atone au moins jusqu’à cet été et pourrait perdurer, en raison notamment du risque d’une baisse d’activité prolongée dans des secteurs clés du pays, le tourisme en tête.
Le gouvernement, dans son plan de stabilité envoyé le 1er mai à la Commission européenne, table désormais sur une chute du PIB réel de 9,2% et sur un accroissement du déficit public à 10,3% du PIB en 2020.