Les données conjoncturelles des mois d’avril et de mai présagent d’un 2e trimestre relativement bon en termes de croissance, même si des dichotomies persistent.
Si un doute pouvait éventuellement encore persister, les dernières déclarations de Philip Lane permettront a priori, d’entériner une première baisse des taux directeurs de la BCE lors de la prochaine réunion de politique monétaire du 6 juin. L’évolution actuelle de l’inflation en zone euro permet en effet à la BCE d’amorcer une détente monétaire, bien que de nouvelles pressions à la hausse semblent émerger. L’inflation a reflué, à la marge, en avril, de 2,43% à 2,37% a/a, tandis que l’inflation sous-jacente a reculé plus franchement de 2,95% à 2,66%
La sous-performance de la croissance allemande sur ces dernières années s’est poursuivie en 2023. Toutefois, si elle n’est plus motrice, il semble que l’économie allemande bénéficie du rebond observé par ailleurs en zone euro et qui pourrait doper sa croissance dans les prochains trimestres. En témoigne, une relative bonne performance (0,2% t/t) au 1er trimestre, comme en zone euro (0,3% t/t). Le climat des affaires (IFO) souligne une amélioration, même si elle reste encore partielle, avec un indice à 89,3 en mai comme en avril, les deux meilleurs mois depuis mai 2023.
La croissance française a surpris à la hausse au 1er trimestre, atteignant 0,2% t/t en 1re estimation, soutenue par la consommation des ménages et l’investissement des entreprises dans les services. Notre prévision pour le 2e trimestre est du même ordre (notre nowcast, à 0,3% t/t, suggère même un risque à la hausse), confirmant le retour à une croissance un peu plus forte, après un 2e semestre 2023 à + 0,1% par trimestre.
La désinflation est de retour en Italie. Après avoir enregistré une légère hausse en mars (1,2% a/a ; +0,4 pp sur un mois), l’inflation est repassée sous la barre des 1% en avril (0,9% a/a), principalement en raison de la déflation toujours importante de la composante énergétique (-12,2% a/a). Bien qu’elle diminue, l’inflation dans les services reste forte (+3,1% a/a ; -0,2 pp sur un mois), gardant l’inflation sous-jacente à 2,2%. Néanmoins, les tendances désinflationnistes sur les prix à la consommation devraient se poursuivre, l’évolution des prix de production étant toujours négative (-9,6% a/a en mars).
Sans trop de surprise, la conjoncture espagnole reste positive en ce début de deuxième trimestre. Après avoir surpassé les pays de la zone euro en affichant une croissance de 0,7% t/t au T1, l’activité devrait rester importante au T2 (0,5% t/t selon nos prévisions).
Le maintien à un niveau élevé de l’inflation en glissement annuel et son momentum haussier continuent de peser négativement sur le moral des ménages aux États-Unis. En avril, la confiance des consommateurs, mesurée par le Conference Board, s’est repliée pour un troisième mois consécutif (97,0, -6,1pp), ce qui achève d’effacer les progrès de la fin d’année 2023. De même, l’enquête de l’Université du Michigan fait état d’un décrochage de son indice du sentiment du consommateur en mai, avec un résultat de 69,1 (-10,5), constituant un plus bas depuis novembre.
L’estimation préliminaire de la croissance au premier trimestre n’a pas dissipé les doutes sur l’état de la demande intérieure au Royaume-Uni. Bien que l’inflation ait baissé, que les salaires réels et la confiance des ménages se soient améliorés, les consommateurs britanniques restent frileux. En hausse de seulement 0,2% t/t au T1, la consommation des ménages ne comble en effet qu’une petite partie de la contraction enregistrée les deux trimestres précédents (-1,0% en cumul). Par ailleurs, les ventes au détail ont encore surpris défavorablement en avril, accusant un repli en volume de 2,3% m/m, après une légère baisse en mars (-0,1% m/m).
L’économie japonaise a, conformément à nos attentes, fait l’objet d’une contraction du PIB de -0,5% q/q au premier trimestre 2024. Celle-ci est à mettre en relation avec les perturbations liées au séisme du 1er janvier sur la péninsule de Noto et à la fermeture temporaire de centres de production automobile sur fond de scandale de sécurité. Les composantes du PIB suggèrent par ailleurs une faiblesse généralisée de l’économie, avec, au premier chef, une quatrième contraction consécutive de la consommation des ménages qui constitue le premier moteur de la baisse du PIB. Par ailleurs, la publication s’est accompagnée d’une révision de la croissance du T4 2023 à +0,0% q/q (contre +0,1% précédemment)
Aux US, face à l'augmentation significative des taux d’intérêt officiels, les entreprises ont affiché une résilience surprenante. Cette résilience peut-elle perdurer dans un environnement de « taux élevés plus longtemps » ? Le dernier Rapport de la Réserve fédérale sur la stabilité financière se veut rassurant. Ce rapport établit une comparaison entre les rendements et les spreads des obligations privées par rapport à leur distribution historique. Par ailleurs, la résilience des résultats confère aux entreprises une forte capacité à assurer le service de leur dette
La dynamique de l’économie chinoise reste caractérisée par des divergences sectorielles et par la morosité de la demande intérieure privée. Comme l’illustre notre graphique ci-dessous, l’activité dans le secteur manufacturier a gagné en vigueur sur la période février-avril 2024 par rapport aux trois mois précédents, alors que l’activité dans le secteur des services ne s’est pas renforcée.
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et de change.
Au premier trimestre, la croissance économique dans les pays d’Europe centrale s’est améliorée comme attendu (Pologne : +0,4% t/t au T12024 ; Hongrie : 0,8% t/t ; Rép. tchèque : 0,5% t/t ; Slovaquie : 0,7% t/t ; Roumanie : +0,5%). Bien que le détail des comptes ne soit pas encore disponible, tout porte à croire que la croissance a reposé essentiellement sur la consommation, à l’image du dynamisme des ventes au détail.
Aux États-Unis, dans un environnement de resserrement monétaire drastique, la résilience des entreprises a contribué à celle de l’économie tout entière via différents canaux (niveaux d'effectifs, investissements, croissance des résultats et des dividendes, etc.). Cette résilience des entreprises s'est appuyée sur différents facteurs financiers : rentabilité des entreprises, niveaux de trésorerie accumulée au cours de la pandémie de COVID-19, assouplissement des conditions de financement sur les marchés, important volume d’émission de dette à taux fixe bas au cours de la pandémie
Aux États-Unis, l’incertitude sur la politique économique, basée sur la couverture médiatique, a augmenté en avril, pour la deuxième fois consécutive. Cette hausse est probablement en lien avec la dernière réunion du Federal Open Market Committee (FOMC) au cours de laquelle les membres du FOMC ont voté pour un maintien des taux entre 5,25 et 5,50%. Comme lors des six réunions précédentes, les gouverneurs ont choisi de maintenir un statu quo sur les taux directeurs. Selon le président de la Fed, l’inflation reste élevée et la progression vers l’objectif de 2% n'est pas assurée.
La publication, ce mercredi 15 mai, de la seconde estimation flash du PIB pour la zone euro n’a apporté aucun changement notable par rapport à l’estimation initiale. Elle confirme toutefois une reprise encourageante de l’activité économique. Le PIB réel en zone euro a rebondi de 0,3% t/t, comme annoncé dans le rapport précédent, une hausse qui met fin à deux trimestres de légère contraction (-0,1% t/t pour le T3 2023 et le T4). La croissance a été tirée par les économies baltes (Lettonie et Lituanie à +0,8% t/t), ainsi que par les économies du sud de l’Europe, notamment l’Espagne et le Portugal, qui ont vu leur activité croître de 0,7% au T1, au même rythme que le trimestre précédent
Aux États-Unis, le désendettement des ménages, les emprunts hypothécaires à taux fixe l'amélioration des revenus sur les produits financiers en lien avec la hausse des taux d’intérêt et des dividendes, conjugués à l'amélioration du patrimoine net des ménages ont contribué à la résilience des ménages dans un environnement de rapide resserrement monétaire. Néanmoins, une certaine prudence s'impose. Par nature, les données agrégées ne rendent pas compte de l'hétérogénéité de la situation financière des ménages. Dans un environnement où les taux restent élevés plus longtemps que prévu, il faudra suivre de près la catégorie la plus fragile car une détérioration importante des finances de ces ménages pourrait avoir des effets indirects sur l'économie américaine dans son ensemble.
En avril, l’indice PMI composite de S&P Global sur l’activité mondiale a de nouveau, légèrement, progressé (+0,1 point) pour atteindre 52,4, soit son niveau le plus élevé depuis juillet 2023. Cette hausse résulte exclusivement de celle dans les services, dont l’indice a atteint son plus haut niveau depuis juillet 2023 (52,7 contre 52,4 en mars). En revanche, l’indice relatif au secteur manufacturier a légèrement reculé en avril (50,3 contre 50,6 en mars) après trois mois de hausse, mais il reste en zone d’expansion.
Au premier trimestre, les États-Unis et la zone euro ont presque fait jeu égal en matière de croissance, avec, en rythme trimestriel, 0,4% pour les États-Unis et 0,3% pour la zone euro, selon les premières estimations. En glissement annuel toutefois, le bilan reste très nettement à l’avantage des États-Unis avec une croissance de 3% quand celle de la zone euro est de seulement 0,4%.
Depuis l’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre 2001, le déficit bilatéral de l’Union européenne avec le pays est passé de EUR 39 mds à EUR 294 mds en 2023 (données Eurostat). C’est de loin la dégradation la plus importante enregistrée par le Vieux Continent avec un partenaire commercial, même si, dans son ensemble, la balance commerciale de l’UE avec le reste du monde est repassée en excédent en 2023.
Les chiffres clés de l'économie française comparés à ceux des principaux pays européens, l'analyse des données relatives à la population et au marché du travail français, l'activité par secteur, les chiffres des administrations publiques, de l'inflation, des taux et des comptes des entreprises.
Ces dernières années ont vu une substitution s’opérer entre la consommation de biens et celle de services. Cette substitution s’est même accélérée après le Covid, avec la montée de l’inflation et devrait perdurer dans les années qui viennent. Ainsi, si la consommation de biens a reculé depuis début 2022, ce mouvement résulte en partie de cet effet substitution et pas d’une réduction de la dépense des ménages, puisque leur consommation totale est supérieure à son niveau pré-inflation (fin 2021).