Pour la première fois depuis la crise de 1998, l’Indonésie devrait être en récession en 2020. Au T2 2020, l’économie s’est contractée de plus de 5% et la reprise devrait être lente. La demande intérieure peine à redémarrer alors même que Jakarta vient d’être partiellement reconfinée. Le soutien budgétaire tarde à se matérialiser : sur les sept premiers mois de l’année, les dépenses budgétaires prévues n’ont pas été engagées. Pourtant le déficit est contenu et la banque centrale agit comme prêteur en dernier ressort. Au S2 2020, le gouvernement espère consolider la reprise grâce à un plan massif de soutien aux plus pauvres. Alors même que l’inflation reste maîtrisée, le taux de pauvreté pourrait s’élever à 11,6% selon la Banque mondiale (contre 9,2% en 2019).
L’épidémie montre des signes de ralentissement. La reprise économique au T3 est plus vive qu’attendu mais elle est très hétérogène. Par ailleurs, la banque centrale interrompt son cycle d’assouplissement monétaire et élargit sa palette d’outils en recourant aux principes de la forward guidance. Le programme d’aides d’urgence aux plus démunis participe au regain de popularité du Président Bolsonaro mais porte le déficit budgétaire à un niveau record. Les négociations budgétaires pour 2021 cristallisent les tensions et mettent en lumière un arbitrage difficile entre soutien aux plus démunis et consolidation budgétaire. Quant à la monnaie, en plus de ses accès de faiblesse, elle souffre toujours d’une très forte volatilité
La crise sanitaire a durement frappé une économie déjà aux prises avec la récession depuis plus de deux ans. La contraction du PIB dépassera probablement 10% en 2020. Le rebond technique de l’activité, amorcé à la fin du deuxième trimestre, et l’accord de restructuration de la dette publique permettent d’envisager une sortie de récession au second semestre. Toutefois, l’instabilité financière persiste, avec l’érosion des réserves de change, la forte déconnexion entre le taux de change officiel et le taux parallèle et les anticipations d’une ré-accélération de l’inflation. Les autorités ont durci à nouveau le contrôle des changes. Le soutien du FMI est une condition nécessaire à la stabilisation financière mais peut-être insuffisante pour assurer une reprise durable.
L’économie hongroise a particulièrement souffert des conséquences de la Covid-19 au 2e trimestre 2020, en raison du poids des exportations dans son PIB. Le choc semble avoir été plutôt bien absorbé, le gouvernement et la banque centrale s’étant attaché en priorité à soutenir le marché du travail, ainsi qu’à appliquer les moratoires de paiements ou de remboursements nécessaires. La relance mise en œuvre l’a été sous contrainte, notamment afin d’éviter une dépréciation trop conséquente du forint. Le désendettement public, interrompu cette année, devrait reprendre ses droits rapidement dans le cadre d’une stratégie inchangée : maintenir une fiscalité modérée afin de continuer à attirer des investissements étrangers dans l’industrie.
La Turquie bénéficie d’un retour rapide et prononcé de la croissance du PIB depuis la fin du printemps. C’est habituel pour une économie régulièrement soumise à des chocs externes amplifiés par les sorties de capitaux. Elle s’en relève une fois de plus grâce au soutien marqué de la politique économique. La mauvaise surprise vient de la conjonction de plusieurs déséquilibres : le retour à un déficit courant significatif et un rythme de croissance du crédit qui s’est davantage accéléré que lors des reprises précédentes. Ces deux éléments, qui viennent jouer à la baisse sur la devise et à la hausse sur l’inflation, indiquent une croissance dont la qualité s’est détériorée et impliquent une hausse des ratios d’endettement.
L’économie égyptienne a assez bien résisté aux conséquences de la crise sanitaire. L’activité est restée soutenue par la politique de grands travaux, tandis que l’inflation s’est réduite bien au-delà des objectifs de la banque centrale. Les déficits budgétaire et courant devraient se creuser, mais le soutien international et l’accès au marché des capitaux à des conditions acceptables contribuent à la stabilisation macroéconomique. Le maintien à un niveau élevé du taux directeur de la banque centrale permet de conserver l’attractivité du marché égyptien pour les investisseurs internationaux. Grâce à des injections de liquidité, le crédit reste soutenu, augmentant l’exposition des banques au souverain et au risque de crédit dans un environnement plus incertain.
Le produit intérieur brut libanais pourrait se réduire d’un quart en 2020 sous l’effet conjugué de la grave crise économique en cours depuis 2019 et des dégâts causés par l’explosion dans le port de Beyrouth. À court terme, les espoirs de reprise sont limités tant le système économique qui relie étroitement les finances publiques, les banques commerciales et la banque centrale paraît à bout de souffle. Le système de changes multiples actuel n’empêchera pas l’épuisement des réserves de change à court terme. De son côté, le gouvernement, en défaut sur sa dette en devises, est contraint de financer son déficit par création monétaire. Les banques commerciales cumulent une exposition record au risque souverain et un important passif extérieur.
Malgré un soutien rapide, l’économie n’échappera pas à une récession sévère cette année. L’arrêt brutal de l’activité touristique, la chute des exportations à destination de l’Europe et l’écroulement de la demande domestique au T2 vont se traduire par une contraction du PIB de l’ordre de 6%. Si un rebond de la croissance est espéré pour 2021 grâce à une bonne campagne agricole, le redressement des activités hors agriculture risque d’être long. En revanche, la stabilité macroéconomique ne semble pas menacée. Les réserves de change sont confortables et l’envolée de la dette reste gérable grâce à de très bonnes conditions de financement. La pression sur les comptes publics limite néanmoins les marges de manœuvre.
Alors que le pays est en récession pour la cinquième année consécutive, avec 4 % prévu en 2020 selon les dernières estimations, la crise actuelle agit comme un catalyseur des vulnérabilités préexistantes et assombrit les perspectives économiques du pays. La baisse du cours du pétrole et de sa production, conjuguée à la dépréciation de la devise, intensifie la pression sur ses capacités de financements extérieurs et la soutenabilité de sa dette. L’Angola a enregistré une chute importante du niveau de ses réserves en devises qui pourraient devenir insuffisantes à mesure que le déficit de financement augmente. En cours de négociations, le soutien attendu des créanciers bilatéraux (et en particulier la Chine) devient vital.
Les barrières érigées contre la pandémie de Covid-19 ont sévèrement entravé l’économie américaine au deuxième trimestre de 2020, qui a vu le PIB chuter de 9,1%, un record. Si une reprise a suivi, elle est incomplète et, surtout, très inégale, les quelque dix millions d’Américains toujours sans emploi du fait de la crise étant souvent les plus modestes. Le bilan sanitaire s’est, quant à lui, alourdi, plaçant les États-Unis au premier rang des pays les plus endeuillés (près de 200 000 victimes comptabilisées à ce jour). Donald Trump, qui a longtemps minimisé la maladie, doit en gérer les conséquences au moment d’affronter l’élection présidentielle du 3 novembre prochain. Bien que les sondages ne lui soient pas favorables, l’issue du scrutin reste très incertaine.
Le redressement de la croissance économique se poursuit. D’abord principalement tiré par le redémarrage de la production industrielle et de l’investissement, il s’est étendu au cours de l’été notamment grâce au rebond des exportations. L’activité dans les services se redresse également, mais elle reste néanmoins contrainte par la reprise encore timide de la consommation des ménages. Celle-ci semble en effet encore loin d’un retour à la normale. Le taux de chômage est rapidement reparti à la baisse après la fin du confinement, mais son recul s’accompagne d’une montée des emplois précaires et des disparités entre les individus, les moins qualifiés et les jeunes diplômés étant particulièrement fragilisés.
Le choc économique provoqué par la pandémie de Covid-19 sera long à effacer au Japon. Malgré des mesures sanitaires moins restrictives que dans d’autres pays, la chute du PIB japonais en 2020 sera historique. Le rebond attendu pourrait être limité. En effet, la confiance des consommateurs et les indicateurs d’activité des entreprises stagnent, ce qui envoie des signaux mitigés du côté de la demande interne. Cette crise pourrait intensifier les faiblesses de l’économie japonaise : croissance faible, inflation basse et niveau d’endettement public au plus haut. Les politiques économiques resteront expansionnistes, et la démission du Premier ministre Shinzo Abe ne devrait pas conduire à des changements majeurs.
Après le rebond de l’économie plus marqué qu’attendu à la sortie du confinement, la dynamique semble moins allante. Le rattrapage reste incomplet et la fin de l’année, entourée d’incertitudes sur les fronts sanitaire et économique, devrait être marquée par un ralentissement notable de l’activité. Dans notre scénario central, le niveau du PIB ne devrait pas être atteint à l’horizon de la prévision, fin 2021. De plus, les pressions désinflationnistes s’accentuent et l’appréciation de l’euro n’arrange rien. La Banque centrale européenne reste pour l’heure patiente mais se dit prête à intervenir de nouveau. Si cette situation venait à durer, une extension des mesures monétaires d’urgence, à la fois au niveau de l’enveloppe et de la durée du programme, est à prévoir.
Un fort rebond est attendu au troisième trimestre (7,2 %) avec la levée progressive des restrictions. Cependant, la reprise va probablement rester lente et difficile, au moins tant qu’un vaccin ou de meilleurs traitements contre la Covid-19 n’auront pas été trouvés. Grâce à un large recours aux dispositifs de chômage partiel, le marché du travail a assez bien résisté. Cependant, les mesures adoptées ont peut-être aussi contribué à reporter des restructurations nécessaires, ce qui pourrait peser sur la performance économique à long terme. La forte augmentation des dépenses publiques pour atténuer les conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19 a contraint les autorités à activer la clause dérogatoire aux règles de limitation de l’endettement public
Après un redémarrage rapide en mai et juin, l’économie est revenue à 95% de son niveau normal en août. L’amélioration se fait néanmoins plus asymptotique à mesure que les effets mécaniques du rattrapage s’estompent, et du fait des fortes disparités sectorielles, des contraintes et des incertitudes sanitaires qui persistent. Le rebond au T3 s’annonce toutefois important (de l’ordre de +15% t/t). C’est au T4 que la croissance retomberait comme un soufflé et que se joue la suite de la reprise. D’où l’importance du plan de relance, de son double rôle d’amortisseur des séquelles de la crise et de renfort du redémarrage en cours. Nous estimons son impact sur la croissance en 2021 à +0,6 point, ce qui la porterait à 6,9% après avoir plongé de 9,8% en 2020.
Au T2 2020, le PIB réel s’est effondré de 12,8 %, retrouvant les niveaux des années 1990. La récession s’explique principalement par la chute de la demande intérieure : les ménages ont réduit leurs dépenses et les investissements ont baissé de 15 %. La contraction économique a été générale. Les signaux sont contrastés dans l’immobilier : les prix ont grimpé au T1 2020 alors que le volume des transactions était en net repli. Les données récentes indiquent un rebond de l’économie, mais le scénario demeure incertain. La vigueur de la reprise dépendra du comportement des entreprises et des ménages, qui sera lui-même fonction de l’évolution de la pandémie. Dans le secteur immobilier, l’année pourrait s’achever sur une forte baisse des prix comme du nombre d’opérations
L’Espagne a enregistré une chute record d’activité de 22,7% au premier semestre 2020. Alors que le déficit public pourrait atteindre plus de 10% du PIB cette année, des décisions délicates se posent désormais à l’exécutif espagnol, notamment concernant les conditions d’attribution du chômage partiel. Le rebond de l’activité industrielle depuis le déconfinement constitue un soutien à la reprise meilleur qu’attendu, mais il ne compense que faiblement les pertes dans les autres secteurs. À l’instar d’autres pays, le dernier trimestre 2020 sera une période charnière pour l’Espagne. Un soutien fort à l’emploi et à l’investissement (grâce au plan de relance présenté cet automne) sera nécessaire, avec un recentrage des aides sur les secteurs durablement impactés par la crise.
La contraction économique (-8,5 %) est moins importante que dans les pays voisins. Les données d’activité confirment un rebond au troisième trimestre malgré le poids des règles de distanciation sociale, en particulier dans les services. Grâce à de solides amortisseurs financiers, l’État est en mesure de supporter les coûts considérables entraînés par la pandémie de Covid-19. Selon les prévisions pour 2021, le déficit devrait s’élever aux environs de 5 % du PIB et la dette publique, dépasser à peine la barre des 60 %. La coalition de centre-droit perdra probablement la majorité lors des prochaines élections législatives en mars 2021. Dans l’hypothèse d’un bon score des socio-démocrates et des verts, la formation d’une «?coalition pourpre?» serait une option possible.
L’économie belge pourrait se contracter de 7,5% cette année, puis croître de 4,6 % en 2012. La tenue de la consommation plaide pour une reprise dynamique mais l’investissement reste hésitant, une faiblesse que les dépenses publiques pourraient en partie compenser. Le pays vient de se doter d’un nouveau gouvernement seize mois après les élections. La nouvelle coalition devra jongler avec les mesures de soutien à court terme et le programme de réduction du déficit à moyen terme.
L’économie finlandaise montrait déjà des signes de fragilité avant que la pandémie de Covid-19 survienne. En effet, la croissance du PIB s’était contractée au dernier trimestre 2019. Malgré cela, la Finlande s’est avérée l’une des économies les plus résilientes d’Europe. La pandémie a été relativement contenue, permettant aux autorités d’imposer des mesures de restriction plus souples que celles des autres pays européens. Une autre explication réside dans le soutien important apporté par le gouvernement.
La bonne gestion de l’épidémie n’a pas permis au Portugal d’éviter un choc économique sévère. Le PIB réel a chuté de 13,9% au T2, principalement sous l’effet d’un plongeon des exportations de biens et services (-36,1% t/t) et de la consommation privée (-14,0% t/t). Le Portugal a pâti de la chute du tourisme et de l’arrêt de l’activité à l’étranger, en particulier en Espagne. Cela pourrait également freiner la reprise, étant donné la recrudescence des contaminations de l’autre côté de la frontière. Cependant, et grâce à des efforts budgétaires consentis ces dernières années, le déficit public pour 2020 devrait être inférieur à celui de ses voisins européens (environ 7,0% du PIB selon les estimations gouvernementales), ce qui offre quelques marges de manœuvre à l’exécutif.
Si le PIB britannique a rebondi depuis mai et a rattrapé la moitié du retard causé par la pandémie de Covid-19, la crise économique est encore loin d’être terminée. De fortes inquiétudes pèsent sur le marché du travail, les programmes de chômage partiel du gouvernement devant s’arrêter dans les prochaines semaines. Dans le même temps, la fin de la période de transition, qui maintient le Royaume-Uni dans le marché unique et l’union douanière de l’Union européenne, approche à grands pas. Des tensions dans les négociations font craindre une sortie sans accord. Cela pourrait avoir des effets de long terme sur l’économie plus importants encore que ceux liés à la crise actuelle.
La Norvège a non seulement été affectée par la pandémie de Covid-19 mais elle a aussi dû faire face à une forte chute des prix de son principal produit d’exportation : le pétrole. Néanmoins, ce double choc a été largement amorti, du fait notamment de la structure de l’économie norvégienne et de la réponse des autorités. Le pays se situe désormais parmi les mieux positionnés pour sortir de la crise. De fait, l’économie norvégienne montre déjà des signes concrets de reprise.
Selon le gouvernement, le déficit budgétaire atteindra 11,4% du PIB cette année, contre 4,7% attendus initialement, en raison de la crise de la Covid-19. Surtout, les perspectives de moyen terme ne tablent pas sur un retour du déficit en deçà de 5% avant 2024. Cette dynamique inquiète. La couverture des besoins de financement s’annonce difficile. Alors que la majeure partie des financements extérieurs a été mobilisée, l’État va devoir se tourner vers le marché local de la dette. Or, les conditions y sont onéreuses, ce qui va entraîner un gonflement des charges d’intérêts à un niveau très élevé (50% des recettes du gouvernement en 2020). Une autre option serait d’accroître le recours au financement monétaire. Un programme d’achat d’actifs par la banque centrale est en place (2,6% du PIB)
Si le continent européen a été frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19, les pays nordiques ont été relativement peu affectés – à l’exception de la Suède, où les mesures de restriction ont été particulièrement souples. En conséquence, leurs économies ont été parmi les plus résilientes d’Europe. Au deuxième trimestre, le PIB a chuté de « seulement » 8,3% en Suède, 6,9% au Danemark, 5,1% en Norvège, et 4,5% en Finlande. Cela tranche avec des baisses de 9,8% en Allemagne, 13,8% en France, et près de 12% pour la zone euro dans son ensemble. Néanmoins, les entreprises et consommateurs des pays nordiques ne sont pas plus optimistes qu’ailleurs, ce qui est certainement dû à la dépendance de la région au commerce extérieur