L’économie française a positivement surpris au regard des vents contraires qui s’accumulent depuis le début de l’année 2022. Ainsi, la croissance a été de 0,5% t/t au 2e trimestre, une performance qui s’explique surtout par le rebond des activités liées au tourisme et aux loisirs à la suite de la levée, à partir de mars, des restrictions liées au Covid-19. L’inflation a pourtant continué de produire ses effets, comme en témoigne la nouvelle contraction du pouvoir d’achat des ménages au 2e trimestre (-1,1% t/t après déjà -1,6% au 1er). Cette inflation a atteint le niveau de 6,1% a/a en juillet avant de refluer en août à 5,8% (selon la mesure nationale de l’INSEE).
Berceau de la social-démocratie, la Suède fait face à une possible percée de l’extrême droite. Douze ans seulement après leur entrée au Parlement, avec seulement 5,7% des voix, les Démocrates de Suède (SD, extrême droite) menacent désormais les forces politiques traditionnelles. Après une campagne marquée par les débats sur la criminalité en Suède, la coalition gouvernementale actuelle, centrée autour du Parti social-démocrate suédois, pourrait échouer le 11 septembre prochain à briguer un troisième mandat consécutif (après ceux de 2014 et 2018)
Au Chili, une large majorité de votants (près de 62%, avec un taux de participation exceptionnel) a rejeté le projet de nouvelle constitution lors du référendum organisé le 4 septembre dernier. Ce projet, contenant près de 400 articles, ne proposait pas de réforme profonde du modèle économique chilien ; la Banque centrale devait rester indépendante, tandis que les droits de propriété et du travail n’étaient pas remis en cause. Elle garantissait en revanche un meilleur accès de la population à un ensemble de droits sociaux (logement, éducation, soins), alors qu’actuellement l’État prend à sa charge uniquement les besoins qui ne sont pas couverts par le secteur privé. Cela supposait une augmentation substantielle et pérenne des dépenses publiques
Les données économiques récentes dressent un tableau de la montée des inquiétudes concernant les perspectives économiques. Aux États-Unis, l'inflation élevée et la hausse des taux d'intérêt jouent un rôle central. Dans la zone euro, ces mêmes facteurs entrent en jeu - même si les taux d'intérêt y sont inférieurs qu’aux États-Unis - mais deux autres, la flambée des prix de l'énergie et les ruptures d'approvisionnement en gaz, devraient aussi freiner la croissance. L'atténuation des pressions sur les prix dans les enquêtes de conjoncture est encourageante. Néanmoins, les anticipations en matière de prix de vente restent exceptionnellement élevées au vu de la baisse des carnets de commandes
Le premier graphique indique une hausse récente de l’incertitude au niveau de la politique économique américaine, telle que mesurée par la couverture médiatique. Cette évolution reflète le ton agressif adopté par la Fed et, par conséquent, les inquiétudes relatives à l’ampleur et à l’impact des mesures de resserrement monétaire à venir. Le deuxième graphique montre qu’aux États-Unis, l’incertitude des entreprises quant à la croissance du chiffre d’affaires a légèrement diminué, rompant ainsi avec une tendance haussière de plusieurs mois.
Au cours des cinq prochaines années, la politique économique française devra continuer de traiter des sujets structurels, tels que le plein emploi, le retard en termes de robotisation et la compétitivité des entreprises, ou encore la place de l’industrie dans l’économie. Elle continuera aussi très probablement de s’attacher, au moins à court terme, à soutenir le pouvoir d’achat des ménages, comme elle le fait depuis 2019. Autant de chantiers à mener de front qu’il s’agira de concilier avec le coût de la transition écologique et énergétique, alors que la dette publique a déjà fortement augmenté dans un contexte de remontée, encore contrôlée, des taux d’intérêt.
Le FMI et le gouvernement pakistanais sont parvenus à un accord de principe sur la poursuite du programme de financement (« Extended Fund Facility »), interrompu depuis le mois de mars. Si le comité exécutif du FMI valide l’accord dans les prochaines semaines, le Pakistan recevra l’équivalent de près de USD 1,2 md. Une extension du programme de soutien de septembre 2022 jusqu’à juin 2023 pourrait permettre au pays de recevoir SDR 720 mns supplémentaires (i.e. environ USD 947 mns). Même si cet accord va permettre d’alléger partiellement et temporairement les pressions sur les comptes extérieurs du pays, les risques d’une crise de la balance des paiements restent élevés. Les fortes tensions sur la roupie pakistanaise ne se sont pas allégées
L’économie algérienne était dans une position délicate au moment du double choc - pandémie et retournement du marché pétrolier - au printemps 2020. La conjoncture s’est améliorée, portée par la hausse des cours du pétrole et celle de la demande européenne en gaz. Pour la première fois depuis 2014, le pays devrait être en mesure de dégager des excédents courants en 2022 et 2023, et donc d’accumuler des réserves de change. Le risque d’une crise de balance de paiements s’éloigne à court terme. Mais la stabilité macroéconomique reste fragile. Les perspectives de reprise sont modestes et les finances publiques sont structurellement déséquilibrées. La mise en place de réformes demeure une priorité pour éviter que l’économie se retrouve en difficulté en cas de nouveau choc pétrolier.
Au T2 2022, l’activité économique chinoise s’est contractée de 2,6% t/t et n’a quasiment pas progressé en glissement annuel (+0,4%). Cette mauvaise performance résulte essentiellement des restrictions à la mobilité imposées dans de nombreuses provinces en réponse à la nouvelle vague de Covid-19, les confinements les plus stricts ayant été maintenus de mars à mai dans des centres économiques majeurs tels que Shanghai. Le choc sur l’activité au T2 2022 a été sévère et inattendu, mais néanmoins moins violent qu’au T1 2020, lorsque les confinements imposés au début de la crise sanitaire avaient conduit à un effondrement de l’activité de 10,3% t/t et de 6,9% en g.a.
En moyenne mobile sur trois mois, la croissance britannique s’est élevée à 0,4% en mai (soit 3,5% a/a), un chiffre au-dessus des attentes (0%). Les données publiées par l’Office for National Statistics (ONS) permettent un suivi détaillé de l’évolution mensuelle de l’activité économique. Après une contraction en mars et en avril, le PIB a rebondi nettement au mois de mai (+0,5% m/m). Cette croissance a été tirée par les trois principaux secteurs : services, industrie et construction.
Les dernières données économiques envoient des signaux contradictoires à propos des perspectives de l’économie américaine. D’après une enquête des directeurs financiers des entreprises américaines, ces derniers s’inquiètent de plus en plus. De plus, le nowcast de la Fed d’Atlanta prévoit une contraction du PIB réel au deuxième trimestre. Or, deux trimestres successifs de croissance négative suffisent habituellement pour parler de récession. Néanmoins, le marché du travail demeure solide et la plupart des indicateurs du Comité de datation du cycle économique du NBER restent orientés à la hausse. Autrement dit, il n’existe pas de risque imminent de récession.
La tendance à la baisse du PMI manufacturier mondial s’est poursuivie en juin. L’indice a reculé aux États-Unis comme dans la zone euro, respectivement, à 52,7 et 52,1, s’approchant du seuil fatidique des 50. On observe un repli dans tous les pays de la zone euro pour lesquels des données sont disponibles. Les chiffres ont également baissé au Royaume-Uni et au Japon. L’indice a progressé en Australie, au Mexique et, en particulier, en Chine. Le reflux des nouvelles commandes du secteur manufacturier s’est également poursuivi et il est plus prononcé que celui de l’indice global. Les prises de commandes ont sensiblement baissé aux États-Unis et dans la zone euro en général ainsi qu’au niveau de chaque pays. Les chiffres sont particulièrement déprimés en Allemagne et en Italie
Les différentes enquêtes d’activité et de confiance sont unanimes : le ralentissement de l’économie américaine prend de l’ampleur. Le PMI Flash composite notamment baisse significativement en juin (-2,4 points par rapport à mai) et s’établit à 51,2 points. Du côté des enquêtes auprès des consommateurs, la confiance continue de diminuer fortement : l’indice de l’Université du Michigan a plongé de 9,5 points en juin (une baisse cumulée de 17 points depuis janvier) et l’indice du Conference Board, plus résistant jusque-là, a finalement cédé et chuté de 3,5 points.
L’Allemagne a enregistré pour la première fois depuis 1991 un déficit de sa balance commerciale au mois de mai 2022. Du fait d’une hausse des importations nettement plus importante que prévu (+2,7% m/m) et du recul inattendu des exportations (-0,5% m/m), le solde commercial allemand est passé en territoire négatif pour un montant de EUR 1 Md. Pour rappel, l’Allemagne dégageait, un excédent mensuel de près de EUR 20 Mds fin 2019.
Si le PIB italien s’est maintenu au T1 (+0,1% t/t), notre baromètre indique clairement un assombrissement des perspectives économiques. Tandis que l’inflation s’est encore accentuée en juin, passant de 7,3 % à 8,5 % a/a, l’activité industrielle marque le pas : à 50,9, et bien que toujours en zone d’expansion, l’indice PMI manufacturier recule pour le septième mois consécutif en juin (-11,9 pts en baisse cumulée).
Depuis le début de l’année, les pays émergents ont été confrontés à une série de chocs successifs et inattendus qui vont considérablement affecter leurs performances économiques. Les pressions inflationnistes mondiales ont augmenté en raison de la hausse des prix des matières premières et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement résultant du conflit en Ukraine. De plus, au printemps, les confinements dans d’importantes régions industrielles chinoises ont aggravé les problèmes d’approvisionnement et un peu plus assombri les perspectives de demande mondiale
L’activité s’est contractée en avril et mai 2022 en raison des sévères restrictions à la mobilité imposées dans des régions industrielles comme Shanghai. Depuis fin mai, ces restrictions sont progressivement levées, et l’activité a commencé à rebondir. Les risques baissiers sur la croissance restent cependant élevés. Les autorités continuent donc d’assouplir –prudemment– leur politique économique. Sur le plan budgétaire, les mesures de soutien restent centrées sur les projets d’infrastructures et les aides aux entreprises. Sur le plan monétaire, les taux d’intérêt ont été réduits depuis le début de l’année, et les programmes de prêts ciblés étendus. L’efficacité de l’action de la banque centrale se heurte toutefois à la faiblesse de la demande de prêts
À la fin de l’année budgétaire 2021/2022 (achevée au 31/03/2022), le PIB indien a dépassé son niveau d’avant-crise. De plus, les indicateurs d’activité des mois d’avril et mai ont été favorables. L’activité a été soutenue par la demande intérieure et le dynamisme des exportations. Confrontées à la hausse de l’inflation et aux pressions sur la roupie (induites par les sorties de capitaux et le creusement du déficit commercial), les autorités monétaires ont relevé les taux directeurs en mai et juin, et de nouvelles hausses sont à prévoir. Inversement, la politique budgétaire est plus expansionniste que prévu. Les organisations internationales et la banque centrale ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance (entre 6,9% et 7,5% pour l’année budgétaire 2022/2023 vs
Grâce à ses solides fondamentaux macroéconomiques, la Corée du Sud figure parmi les pays ayant le mieux résisté à la crise liée à l’épidémie de Covid-19. Ses perspectives de croissance restent relativement bien orientées. Le nouveau gouvernement, en fonction depuis le mois de mai dernier, a l’intention de poursuivre les réformes engagées au cours du précédent mandat et d’accroître les dépenses de recherche et développement. La dette des ménages a augmenté rapidement en 2021 et est élevée, mais les mesures macro-prudentielles mises en place par les autorités semblent porter leurs fruits : la hausse a ralenti et les risques qui pèsent sur la stabilité financière sont contenus.
L’économie taiwanaise a très bien résisté aux multiples chocs extérieurs des deux dernières années. Le secteur exportateur a largement tiré parti de la forte hausse de la demande mondiale de biens de haute technologie. En outre, la demande domestique a bénéficié du soutien budgétaire et de la politique monétaire accommodante. En 2022, de nombreux freins devraient contraindre la croissance économique (vague d‘Omicron du printemps, ruptures d’approvisionnement liées à la conjoncture chaotique en Chine, accélération de l’inflation et durcissement de la politique monétaire, environnement international moins favorable). Le ralentissement de la croissance n’entraînerait qu’une dégradation limitée de la qualité des prêts bancaires
La situation économique de la Turquie offre des contrastes saisissants avec une croissance soutenue jusqu’au T1 2022, une inflation galopante, des entreprises beaucoup plus confiantes que les ménages, un excédent budgétaire primaire. À cela s’ajoutent une aggravation du déficit courant, en raison du gonflement de la facture énergétique, et des conditions d’emprunt domestique pour l’État à un taux réel négatif inédit malgré des sorties massives d’investissements de portefeuille. La combinaison d’une politique monétaire délibérément accommodante et d’un taux de change compétitif est maintenue pour stimuler l’investissement, les exportations et la substitution aux importations
La croissance économique est restée très dynamique jusqu’au premier trimestre 2022. La bonne tenue des salaires notamment, ainsi que d’importantes mesures gouvernementales en faveur du pouvoir d’achat sur cette période ont soutenu la consommation des ménages. L’inflation a enregistré une forte remontée mais elle est restée plus faible en comparaison des autres pays d’Europe centrale, grâce à un gel des prix sur certains biens alimentaires et énergétiques. La croissance devrait ralentir sensiblement en 2023. En cause : la dégradation de l’environnement international, le resserrement monétaire et un durcissement budgétaire à partir du S2 2022
Ces deux derniers trimestres ont été marqués par une progression plus lente de l’activité économique, principalement due à l’affaiblissement de la consommation des ménages. Par ailleurs, le pays reste très exposé aux difficultés d’approvisionnement, notamment dans le secteur automobile, ce qui pénalise à la fois l’activité industrielle et les exportations. Le ralentissement de l’économie mondiale en 2022 va aussi affecter la croissance, le pays étant fortement exposé aux échanges commerciaux. L’inflation n’a probablement pas encore atteint son point haut. Le cycle de resserrement monétaire devrait donc se poursuivre à court terme.
L’activité économique a bien résisté au premier semestre mais le ralentissement de la croissance du PIB devrait s’intensifier au cours de la deuxième moitié de l’année. Le rétablissement du marché du travail se poursuit avec un repli du chômage au prix d’une baisse de la productivité. L’inflation, qui connait une progression à deux chiffres depuis neuf mois, se diffuse à l‘ensemble de l’économie. La politique monétaire est contrainte par l’annonce de nouveaux soutiens budgétaires, et l’affaiblissement de la principale règle budgétaire pourrait peser sur les primes de risques et les anticipations d’inflation. L’engouement qui avait prévalu début 2022 pour les actifs brésiliens montre des signes d’essoufflement.
Le PIB péruvien a retrouvé son niveau d’avant crise, grâce au fort sursaut d’activité enregistré en 2021. Mais les capacités de rebond sont limitées et les perspectives de croissance à court et moyen terme sont modérées. D’une part, les pressions inflationnistes pèsent sur la consommation et la désorganisation des chaînes de valeur entrave le secteur exportateur. D’autre part, la longue crise politique freine les perspectives d’investissement. Par ailleurs, les finances publiques se sont dégradées au cours des deux dernières années. Plus que le niveau de la dette, encore modéré, c’est la composition qui inquiète car elle rend le pays plus vulnérable au changement de sentiment des investisseurs.