Le PMI manufacturier mondial a accusé une légère baisse en juin, qui masque néanmoins une dynamique divergente : stable aux États-Unis, l’indice a légèrement progressé dans la zone euro, au Royaume-Uni et au Japon et il a reculé en Chine. Il a décroché en Inde, passant en dessous du seuil de 50 et le repli a été encore plus marqué au Vietnam. En résumé, malgré des niveaux toujours très élevés dans les pays développés, la dynamique s’essouffle. Dans les pays émergents, le tableau reste contrasté en termes de niveaux comme de variations par rapport au mois de mai.
Après la catharsis du printemps, qui a vu le vaccin contre la Covid-19 se déployer en même temps que les milliards du plan « Biden », le climat des affaires se tempère légèrement aux États-Unis. En juin, l’indice des directeurs d’achat de l’Institute for Supply Management (ISM) a été mesuré à 60,6 dans le secteur manufacturier, ce qui reste élevé dans l’absolu (la moyenne de long terme se situe plutôt vers 53) mais s’inscrit en retrait par rapport aux mois précédents, notamment mars, qui marquait un record. Dans les services, la même correction modeste était observée.
Entreprises et consommateurs ont été nombreux à voir leurs perspectives s’améliorer dans les économies avancées au premier semestre, mais les enquêtes de conjoncture pourraient désormais marquer le pas. En variation trimestrielle, la croissance du PIB devrait culminer au troisième trimestre de cette année. Toutefois, sur la durée de notre horizon de prévision, qui s’étend jusqu’à la fin de l’année prochaine, la croissance trimestrielle devrait rester supérieure à son potentiel. Ces perspectives favorables pour l’économie réelle soulèvent des défis pour les marchés financiers. Les bonnes surprises sur le plan des performances bénéficiaires risquent de se raréfier. En outre, il va falloir composer avec les perspectives d’inflation
En croissance de près de 7% cette année, l’économie américaine connait un redémarrage aussi spectaculaire qu’inégal, qui efface les pertes causées par la pandémie mais laisse aussi de côté de nombreux actifs. Conséquence du renchérissement des matières premières ainsi que du retour en force de la consommation, l’inflation atteint un pic à 5%, du jamais vu depuis 2008. Tolérante, la Réserve fédérale juge le dérapage transitoire, et évitera de resserrer préventivement la politique monétaire. La généralisation à tous les secteurs de la reprise et le plein rétablissement du marché du travail restent sa priorité.
Le rebond de l’activité à la suite du choc du Covid-19 a été particulièrement rapide, mais également caractérisé par des performances différenciées entre secteurs et entre composantes de la demande. La croissance de la production industrielle et des exportations a accéléré vigoureusement jusqu’au début de 2021 et se normalise maintenant progressivement. Le redressement dans les services et de la consommation privée a été plus lent et se révèle toujours fragile au second trimestre. En conséquence, les autorités chinoises devraient se montrer de plus en plus prudentes dans le resserrement de la politique économique. Le ralentissement du crédit et l’ajustement des déficits budgétaires devraient toutefois rester leurs priorités.
L’économie japonaise a été moins touchée par l’épidémie de Covid-19 que d’autres pays développés. Ainsi, la chute de l’activité en 2020 a été moindre qu’ailleurs. Toutefois, la lenteur de la campagne de vaccination et le manque de confiance des différents agents économiques pèsent sur la dynamique de reprise du pays. Après une belle performance fin 2020, l’économie nippone prendrait donc du retard par rapport aux États-Unis ou à l’Europe. La confiance des consommateurs, élément essentiel à une reprise économique robuste, demeure faible par rapport à son niveau d’avant-crise. Cette dynamique pèse sur la consommation privée et in fine sur la dynamique de l’activité dans le secteur des services marchands. Ces derniers ont beaucoup de mal à retrouver la croissance
Après une forte contraction au premier trimestre 2020, le climat économique s’est nettement amélioré au T2, avec l’ouverture progressive de l’économie. En 2020, le gouvernement allemand a réussi à limiter l’impact de la crise du coronavirus sur les ménages et les entreprises. Cette année, l’orientation de la politique budgétaire restera très accommodante et les mesures de soutien liées à la Covid-19 pourraient représenter 3% du PIB. Les élections législatives fédérales ayant lieu le 26 septembre prochain, le budget pour 2022 sera élaboré par le nouveau gouvernement. D’après les sondages, une coalition serait possible entre la CDU/CSU et les Verts, de sorte que le changement climatique devrait figurer au premier rang des priorités
Au regard des enquêtes sur le climat des affaires en mai et juin, le rebond de l’économie française, au sortir du troisième confinement, est plus vigoureux que prévu. Nous avons rehaussé notre prévision de croissance au T2, d’un chiffre frôlant zéro à presque 1% t/t. Au T3, le rebond mécanique porterait la croissance à environ 3% t/t. Elle refluerait ensuite, l’effet de rattrapage se dissipant, mais resterait élevée, soutenue par l’impulsion budgétaire. Le revers de la médaille du redressement vigoureux de la demande est la mise sous tension de l’offre. Les contraintes d’approvisionnement, la hausse des prix des intrants, les difficultés de recrutement qui en découlent sont autant de points de friction pouvant freiner la reprise
Au début de l’année, la croissance économique a dépassé les attentes. Au premier trimestre, le PIB réel italien a ainsi progressé de 0,1%. La consommation privée a, de nouveau, reculé, reflétant l’évolution décevante des revenus et une propension toujours élevée à l’épargne, tandis que l’investissement a grimpé de près de 4%. La reprise a été inégale : l’industrie et le bâtiment ont rapidement rebondi, alors que les services étaient toujours à la peine. La croissance économique devrait se raffermir dans les prochains mois. Avec l’accélération du programme de vaccination et l’amélioration notable des perspectives en matière de santé, consommateurs et entreprises ont retrouvé la confiance
Alors que les voyants semblaient passer au vert sur le front sanitaire, la propagation du variant Delta en Espagne, comme ailleurs en Europe, inquiète. À ce stade, les risques restent contenus et l’activité économique devrait accélérer notablement cet été. Le relâchement des restrictions de voyage et le pass sanitaire européen (en place depuis le 25 juin) permettront au secteur touristique espagnol de relever la tête, ce qui aura des effets d’entraînement sur la consommation et l’emploi. Néanmoins, et malgré un rebond de la croissance important estimé à 6,0% en 2021, les finances publiques espagnoles porteront pour plusieurs années encore les stigmates du coronavirus
L’économie belge a enregistré une croissance supérieure au potentiel au premier trimestre 2021 et semble bien partie pour maintenir ce rythme tout au long de l’année. La croissance en année pleine devrait s’inscrire à 5,1 %. Le secteur privé affiche une confiance robuste et le marché du travail sort de la crise sanitaire quasiment indemne, avec un taux de chômage d’environ 5 %. Les finances publiques qui, au travers de l’adoption de solides mesures de soutien, sont en grande partie à l’origine de la robustesse de la situation actuelle, doivent être renforcées à moyen terme. Le gouvernement entend, en effet, utiliser la reprise pour s’attaquer à d’autres problèmes plus structurels.
La Finlande a été touchée par l’une des épidémies de coronavirus les plus faibles d’Europe, mais elle a tout de même vu sa reprise économique décalée par une troisième vague de contaminations à la fin de l’hiver 2020 et au début du printemps 2021. L’activité va repartir au second semestre, soutenue par la consommation et la reprise du commerce mondial ; sa croissance pourrait s’établir entre 2,5% et 3% cette année et l’an prochain. Très soucieux de la solidité de ses finances publiques, le pays a vu sa dette publique augmenter d’environ dix points de PIB l’an dernier et son déficit s’ouvrir à 5,4% du PIB.
Sur le plan économique, la Grèce a fait preuve de résistance, avec une reprise d’activité jusqu’au T1 2021 comparativement plus rapide que dans la plupart des autres pays de la zone euro. Le rebond, très significatif, des exportations (biens) en est le principal moteur. La propagation du variant Delta en Europe constitue un risque pour l’activité touristique, dont le redémarrage est crucial pour soutenir la croissance et l’emploi dans les mois à venir. En effet, la dynamique sur le marché du travail reste fragile. Le taux de chômage est remonté au T1 (16,3%), tandis que le nombre de travailleurs inactifs a bondi, en partie sous l’effet de la hausse du nombre de travailleurs au chômage partiel
Peu touchée par l’épidémie de la Covid-19, la Norvège a enregistré en 2020 une des récessions les plus faibles d’Europe (-2,5%). Elle devrait connaître au second semestre une reprise vigoureuse, portée par l’accélération du commerce mondial et le rebond de la consommation des ménages. Compte tenu de ces perspectives favorables, et inquiète de voir les prix immobiliers accélérer, la Norges Bank prévoit d’entamer le relèvement progressif de son taux directeur à compter de septembre prochain et, ce, malgré la faiblesse de l’inflation sous-jacente.
Le marché du travail devrait jouer un rôle crucial dans la reprise par son impact sur les revenus et les dépenses des ménages. À cet égard, plusieurs éléments incitent à l’optimisme. Les dernières enquêtes auprès des chefs d’entreprises indiquent une nouvelle hausse des intentions de recrutement tandis que les anticipations de chômage des ménages ont reculé en deçà de leur niveau prépandémie. Les intentions d’achats importants des ménages au cours des douze prochains mois ont déjà augmenté, une tendance qui devrait se poursuivre à la faveur de l’amélioration de la situation financière et de la diminution de l’incertitude sur le revenu.
L’accélération de la couverture vaccinale réduit l’incertitude pour les agents économiques, ménages et entreprises, et offre des perspectives économiques plus favorables. L’indice Tankan de la Banque du Japon s’est à ce titre inscrit en hausse au 2e trimestre 2021, dans le secteur manufacturier comme non-manufacturier.
Le baromètre de l'Italie continue de s’améliorer, reflétant à la fois un réel rebond d’activité, ainsi que les effets de base (positifs) liés au plongeon de l’activité au premier semestre 2020. Ces derniers sont particulièrement prononcés pour la production industrielle et les ventes de détail qui s’établissaient encore, en avril dernier, à des niveaux inférieurs à la fin de l’année 2019.
Face à la crise sanitaire, la réponse budgétaire a été rapide, conséquente et multiple. Aux mesures d’urgence, visant à amortir le choc récessif et à faciliter la reprise économique, se sont adjoints des plans de relance pour soutenir et renforcer le redémarrage en cours des économies et la croissance de demain. Les montants engagés et la répartition des mesures varient néanmoins d’un pays à l’autre. D’après notre décompte, toutes mesures confondues, l’Italie a déployé les efforts les plus importants, atteignant au total 71% du PIB. L’Allemagne suit avec 47%, puis l’Espagne avec 31% et la France avec 26%
Les répercussions de la pandémie sur l’économie marocaine sont significatives. Après une chute historique de 6,3% de son PIB en 2020, les premiers signaux de reprise restent fragiles en dépit des avancées de la vaccination au Maroc et en Europe, de loin son principal partenaire économique. L’atonie de l’activité touristique en est la principale raison. L’appui des autorités restera donc crucial cette année. Malgré la hausse de la dette publique, l’assainissement des finances publiques ne devrait commencer qu’à partir de 2022. Les agences S&P et Fitch ont relégué le pays en catégorie « spéculative ». Pourtant, la stabilité macroéconomique ne soulève pas pour l’instant d’inquiétudes majeures
L’amélioration des perspectives de croissance au niveau mondial et le succès de la campagne de vaccination ont permis de soutenir le rebond de croissance observé depuis le T3 2020, en dépit du rétablissement de contraintes sanitaires relativement strictes au début 2021. La consommation des ménages a fortement progressé et devrait continuer de tirer la croissance, soutenue par les mesures de relance et l’autorisation donnée à un grand nombre de salariés de puiser dans leur épargne retraite. Au total, le PIB réel devrait progresser de plus 6% en 2021, après une chute de 5,8% en 2020. Cela dit, les risques restent orientés à la baisse. Les risques externes sont largement liés à la dynamique d’évolution de la pandémie et des progrès de la vaccination au niveau global
Dans les États de la zone euro, les ressources publiques ont été massivement mobilisées pour répondre à l’urgence sanitaire, afin de soutenir les ménages et les entreprises confrontés à la perte d’activité. Le ratio de dette publique a ainsi fortement augmenté en 2020, pour s’établir à 98% du PIB. Alors que le besoin de soutenir l’activité économique reste fort en ce début d’année, l’endettement de la zone euro devrait franchir le seuil de 100% du PIB en 2021. La BCE prévoit de poursuivre ses achats d’actifs dans le cadre du PEPP au moins jusqu’en mars 2022, alors que l’Eurosystème détient actuellement presque 30 points de PIB de titres de dettes publiques de la zone euro. Les premiers versements du plan Next Generation EU pourraient intervenir dès le second semestre 2021
En Suède, l’activité a poursuivi son redressement au premier trimestre, avec un PIB en hausse de 0,8% t/t, principalement soutenu par les exportations, une reconstitution des stocks, et l’amélioration de la consommation des ménages. En glissement annuel, la croissance est désormais en passe de revenir en territoire positif (-0,1% g.a. au T1 2021). Les enquêtes de confiance laissent penser que l’amélioration n’en est qu’à ses débuts. D’après la Commission européenne, le climat des affaires dans l’industrie s’est envolé au cours des deux derniers mois jusqu’à atteindre un niveau record (inédit depuis la création de l’enquête en 1996). Il s’est également très fortement amélioré dans les services, tout comme, de façon un peu moins marquée, la confiance des consommateurs
Le creux conjoncturel en zone euro semble être derrière nous, dans un contexte d’accélération notable des campagnes vaccinales dans les États membres. Au niveau macroéconomique, la dynamique de rattrapage apparaît plus marquée que ce qu’anticipaient la plupart des analystes. Pour autant, l’amélioration économique générale masque des disparités sectorielles fortes. Les effets de la crise de la Covid-19 sont plus forts et plus durables pour certains secteurs, comme l’hébergement et la restauration. Dans les prochains mois, le risque d’une hausse des défaillances d’entreprises existe, en particulier dans les secteurs les plus affectés.
La hausse des difficultés d’offre signalées par les enquêtes de conjoncture de l’INSEE en avril 2021 a suscité l’attention. Il ne s’agirait pas, en effet, qu’elles viennent freiner la reprise, à peine entrevue. Cette hausse est particulièrement marquée dans l’industrie et principalement imputable à des contraintes d’approvisionnement, dont l’ampleur dépasse nettement le niveau moyen des années précédentes. Dans le bâtiment, l’insuffisance de main d’œuvre est le problème dominant (comme avant la crise) mais les difficultés d’approvisionnement sont également en forte hausse. Dans les services, les contraintes d’offre sont avant tout liées aux restrictions sanitaires. Dans ce secteur, les problèmes de demande concernent cependant un plus grand nombre d’entreprises
La croissance en Europe centrale devrait s’accélérer de nouveau au 2e trimestre 2021, après déjà une bonne performance au 2e semestre 2020, comme le suggère le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie. Celui-ci souligne une bonne résilience malgré une pénurie de semi-conducteurs dans l’automobile et une 3e vague de Covid assez sévère au 1er trimestre 2021. L’amélioration de la conjoncture dans l’industrie provient d’un rebond continu de la demande, singulièrement à l’exportation, permettant une activité d’ores et déjà supérieure à l’avant-Covid pour la République tchèque et la Slovaquie, et à peu près équivalente en Pologne et en Roumanie