En Turquie, la croissance a bien résisté (+3,9% en glissement sur un an au T3 2022) en dépit de l’envolée de l’inflation. La consommation des ménages en a été le principal soutien avec une progression de 19%. Pourtant, l’accélération de l’inflation (de 19% en glissement sur un an au T3 2021 à 74% au T2 2022) a entrainé une contraction de la masse salariale en termes réels jusqu’au T2 2022 malgré une forte reprise de l’emploi. Depuis la mi-2022, l’inflation a continué d’accélérer (+84,4% en novembre) mais un rattrapage salarial a eu lieu consécutivement à la revalorisation du salaire minimum. Il ne saurait cependant expliquer l’écart entre la consommation et le pouvoir d’achat de la masse salariale.
La consommation des ménages est largement soutenue par le recours au crédit, et notamment par les achats effectués par cartes de crédit dont l’usage s’est fortement développé ces dernières années. En octobre 2022, l’encours de cartes de crédit des particuliers représentait 27% du total du crédit aux ménages contre 20% en moyenne entre 2015 et 2019. Même pour ce type de financement onéreux, le taux débiteur maximum applicable par les banques, qui a été abaissé de 1,9% par mois en 2021 à 1,36% actuellement, est négatif quand il est déflaté par l’inflation des salaires.
Y a-t-il un risque de surendettement des ménages ? Leur taux d’endettement est encore modéré; l’encours total des crédits aux particuliers ne représente en effet que 31% du revenu disponible des ménages de 2021. Selon la banque centrale, le profil des emprunteurs s’est plutôt amélioré au cours des quatre dernières années avec une augmentation de la part des salariés ayant un salaire fixe. Enfin, jusqu’à présent, le taux de créances douteuses sur les cartes de crédit est resté faible (3,5% en octobre). Le risque de surendettement apparaît pour l’instant limité et maîtrisé.