Comme le montre notre Baromètre, la situation économique au T3, représentée par la zone en bleu, est restée quasiment inchangée par rapport aux trois mois précédents. Les indicateurs récents du cycle économique font même ressortir un essoufflement de la reprise. L’indice Ifo du climat des affaires recule depuis le mois de juillet. Les chefs d’entreprises du secteur manufacturier signalent, en particulier, une détérioration de la conjoncture.
Cela faisait quelques mois que ce n’était pas arrivé : en septembre, les enquêtes sur le climat des affaires de l’INSEE et de Markit n’ont pas évolué dans le même sens. L’indice composite de l’INSEE s’est légèrement redressé (de 1 point, à 111) tandis que le PMI composite a poursuivi son effritement (en perdant un nouveau point, à 55). La baisse du PMI manufacturier se fait plus nette.
La désynchronisation monétaire entre les États-Unis et la zone euro semble inévitable. Elle résulte d’évolutions très différentes en termes d’inflation. Quant à savoir si elle compliquera la tâche de la Banque centrale européenne pour atteindre son objectif d’inflation, l'influence des conditions financières dans la zone euro sera ici décisive à court terme. Dans l’ensemble, l’effet net devrait être limité. Les exportations devraient jouer un plus grand rôle à moyen terme, une fois que le cycle de resserrement monétaire aux États-Unis sera bien engagé. La croissance de la demande intérieure américaine va alors ralentir, ce qui pèsera sur les importations et, donc, sur les exportations de la zone euro vers les États-Unis
Nos différents indicateurs d’incertitude sont complémentaires en termes de portée comme de méthodologie. Les derniers relevés font apparaître quelques divergences, probablement dues aux goulets d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement et, dans certains pays, à la propagation rapide du variant Delta.
La crise de 2008 a provoqué en Espagne – comme dans la plupart des pays occidentaux – un plongeon sans précédent de l’emploi industriel dont les stigmates perdurent. L’emploi manufacturier reste, en effet, inférieur de près de 500 000 postes au niveau de 2008. Une partie de ce déclin reflète néanmoins une réorientation de plus en plus importante des firmes industrielles vers des offres de services, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Avec la crise de la Covid-19 et le plan de relance et de résilience (PRR) de EUR 69,5 mds, qui sera déployé au cours des cinq prochaines années, le renforcement de l’industrie en Espagne est redevenu un enjeu central aux yeux des autorités. Un quart du PRR sera ainsi dédié à cet objectif
En Chine, la situation des finances publiques se dégrade depuis plusieurs années et cette dynamique s’est accélérée en 2020 avec la crise liée à l’épidémie de Covid-19. Les réformes introduites depuis 2014 ont conduit à une plus grande transparence des comptes publics et permis d’améliorer la gestion des budgets et de la dette des collectivités locales. Ces changements n’ont toutefois pas empêché une montée des déséquilibres budgétaires. Par ailleurs, d’importantes opérations quasi- et extrabudgétaires coexistent avec le budget officiel, et les liens entre les différentes administrations et entités publiques sont multiples et parfois opaques – ce qui fait de l’analyse des finances publiques un exercice souvent compliqué.
Il aura fallu relativement peu de temps à l’économie grecque pour se remettre du choc de 2020. C’est ce qui ressort des chiffres du PIB et de l’emploi publiés début septembre. Avec une croissance de 3,4% t/t enregistrée au T2, le PIB en volume est repassé 0,6% au-dessus de son niveau de pré-Covid. À titre de comparaison, la Grèce connaît la quatrième plus importante reprise d’activité parmi les 19 économies de la zone euro, depuis le début de la pandémie. Même si la consommation des ménages restait fragile au T2 (+0,9% t/t) du fait des restrictions sanitaires, l’investissement a été de nouveau solide (+4,3% t/t). L’emploi a, lui aussi, atteint un niveau inédit depuis 10 ans
Après deux trimestres en légère contraction (-0,4% t/t au T4 2020, -0,3% au T1 2021), marqués par les reconfinements dans différents pays de la zone, la croissance a vigoureusement rebondi au T2 2021 (+2,2% t/t, +14,3% en glissement annuel). L’acquis de croissance s’élève à près de 4% et l’écart par rapport au niveau d’avant-crise du T4 2019 n’est plus que de 2,5%. La vigueur du rebond était déjà visible dans le redressement des enquêtes de confiance entre avril et juin, que ce soit les PMI de Markit ou l’indice du sentiment économique de la Commission européenne (ESI).
Alors qu’une baisse de dynamisme s’observe au niveau de la production industrielle, notre baromètre fait état d’une amélioration notable des exportations et des ventes de détail ces trois derniers mois (surface bleue) par rapport aux trois mois précédents (surface en pointillé). La seconde estimation du PIB pour le T2, publiée le 31 août, a confirmé une solide reprise d’activité (+2,7% t/t), en grande partie liée au relâchement des mesures de restriction et aux hausses de consommation qui en découlent.
L’économie espagnole a fait preuve de dynamisme cet été, avec des chiffres d’emploi en très nette amélioration. Le nombre de travailleurs affiliés à la Sécurité sociale s’est en effet accru de plus de 410 000 au cours des trois derniers mois, remontant ainsi d’ores et déjà à un niveau quasi identique à celui de l’avant Covid-19. Cela présage d’une nouvelle baisse du taux de chômage au cours du T3, celui-ci s’établissant à 14,3% en juillet. À noter que le taux de chômage était retombé à 13,7% avant la pandémie. Une part importante des nouvelles embauches étant de nature saisonnière.
À la suite des élections présidentielles du 12 août dernier, à l’issue desquelles le leader de l’opposition zambienne Haikande Hichilema a battu le président sortant Edgar Lungo, le scénario macroéconomique de la Zambie montre des signes d’amélioration, tandis que la relation avec le Fonds monétaire international progresse, un accord portant sur un programme de financement étant attendu dans les prochains mois. La liquidité extérieure s’est renforcée avec le versement, le 23 août dernier, des allocations de nouveaux droits de tirages spécieux (DTS) du FMI. Elles s’élèvent à USD 1,3 milliard soit le montant le plus important derrière ceux de l’Afrique du Sud, du Nigeria et de la RDC
Le PMI manufacturier mondial a encore baissé en août et il se situe à présent à environ deux points au-dessous du pic atteint en juin. Les niveaux restent très élevés dans les pays développés mais la dynamique récente par pays reflète une divergence considérable. Le PMI mondial des services a poursuivi son déclin en juillet, accusant un nouveau repli notable, en août, aux États-Unis. Le PMI composite mondial est ressorti en baisse en juillet et, au vu des données disponibles par pays, il devrait céder encore du terrain en août.
A l’occasion de son traditionnel discours de politique monétaire au symposium annuel de Jackson Hole, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, s’est réjoui des dernières statistiques du marché du travail. Non sans raison. Sur les trois derniers mois de juin à août, ce sont plus de 2,2 millions de postes qui ont été créés dans l’ensemble de l’économie (hors activités agricoles), dont plus de 800 000 dans le seul secteur du tourisme (hôtellerie, restauration, loisirs, etc.) en pleine renaissance. Si la Covid-19 laisse toujours derrière elle un large déficit d’emplois (d’environ 5,5 millions) ainsi qu’un taux de chômage trop haut pour les standards américains (5,2%), la situation se normalise peu à peu.
La crise de la Covid-19 devrait avoir un effet durablement négatif sur la croissance potentielle des pays émergents. Les économistes du FMI prévoient ainsi une croissance du PIB par habitant de seulement 2,5% en 2025. Certes, c’est plus qu’au cours de la décennie passée (+1,8% par an en moyenne), mais loin des 4% de croissance enregistrés au cours des années 2000, période durant laquelle les pays émergents avaient bénéficié du « super cycle » des prix des matières premières. Peut-on espérer une réédition de cette performance passée ? C’est très peu probable
La crise de la Covid-19 a profondément affecté nos économies. Le rebond observé depuis quelques mois semble se confirmer mais des incertitudes demeurent sur les capacités de rattrapage économique des pays. Cet article tend à observer dans le passé les comportements des économies du G7 - en termes de PIB, de consommation et d’investissement - en phase post-récessive. À quelle vitesse les économies rattrapent-elles le niveau et la tendance de PIB d’avant-crise ? Quelles sont les composantes de la demande agrégée les plus dynamiques en sortie de crise ? Peut-on comparer le choc de la Covid-19 avec les chocs passés, compte tenu de sa nature si particulière ? Nous essaierons d’apporter des éléments de réponse à ces questions en insistant sur les disparités sectorielles actuelles.
L’Inde n’a pas été épargnée par la crise de la Covid-19 et comme dans de nombreux pays émergents, la situation économie et sociale s’est sensiblement dégradée. Mais elle avait déjà commencé à se détériorer bien avant l’épidémie, laquelle n’a fait qu’accentuer les fragilités du pays. La très forte contraction de la croissance induite par l’épidémie de Covid-19 a mis en exergue les vulnérabilités structurelles de cette économie et, en particulier, l’importance des travailleurs ne bénéficiant d’aucune protection sociale. Le confinement national en avril et mai 2020 aurait ainsi renvoyé sous le seuil de pauvreté 75 millions d’Indiens et on peut s’inquiéter des effets de la seconde vague
Le rebond de l’activité à la suite du choc du Covid-19 a été particulièrement rapide, mais également caractérisé par des performances différenciées entre secteurs et entre composantes de la demande. La croissance de la production industrielle et des exportations a accéléré vigoureusement jusqu’au début de 2021 et se normalise maintenant progressivement. Le redressement dans les services et de la consommation privée a été plus lent et se révèle toujours fragile au second trimestre. En conséquence, les autorités devraient se montrer de plus en plus prudentes dans le resserrement de la politique économique. Le ralentissement du crédit et l’ajustement des déficits budgétaires devraient toutefois rester leurs priorités.
La deuxième vague épidémique semble être passée, le point haut des contaminations ayant été atteint en mai. La contraction de l’activité devrait être moins forte qu’il y a un an et circonscrite au deuxième trimestre. Cependant, le coût de cette deuxième vague est estimé à plus de 2 points de pourcentage de PIB alors même que les ménages se remettent difficilement de l’impact de la première. En 2020, 75 millions d’Indiens sont passés sous le seuil de pauvreté. De plus, le rebond attendu pour l’année en cours pourrait être insuffisant pour stabiliser le ratio de la dette publique, ce qui pourrait provoquer une dégradation de la note souveraine par les agences de notation. Dans ce contexte très incertain, la roupie ne profite pas de la bonne tenue des comptes extérieurs.
La situation sanitaire peine à s’améliorer aux Philippines. Après une deuxième vague particulièrement sévère, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 semble s’être stabilisé, mais leur niveau reste élevé. Dans le même temps, le taux de vaccination complète est très faible, ce qui induit le maintien de contraintes sanitaires strictes qui pèsent sur la demande interne et le secteur du tourisme. Après un recul de plus de 9% du PIB en 2020, le rebond d’activité sera modéré en 2021. Cela dit, le potentiel de croissance reste élevé, les efforts de réforme entrepris au cours de la dernière décennie ayant porté leurs fruits.
Après une contraction modeste de son activité en 2020, l’économie russe enregistre depuis le mois de mars 2021 un très net rebond de sa croissance, soutenue par le dynamisme de la demande intérieure et des exportations. La troisième vague épidémique en cours depuis le mois de juin, associée à la forte hausse des pressions inflationnistes et au durcissement de la politique monétaire qui en a découlé, devrait toutefois peser sur la reprise. Les risques sur l’économie restent néanmoins contenus. Les finances publiques bénéficient de la forte hausse des prix internationaux du pétrole et les risques de refinancement de la dette publique sont faibles en dépit des nouvelles sanctions américaines. Enfin, les réserves de change couvrent l’intégralité de la dette extérieure.
La Covid-19 n’aura été qu’un frein passager à la croissance polonaise. L’économie surperforme celles de ses voisins, avec une récession plus modérée en 2020 et un rebond plus précoce de l’activité. Le risque de crédit apparaît relativement bien contrôlé malgré une participation élevée des entreprises et des ménages au moratoire de remboursement sur les prêts. Les contraintes d’offre font même craindre un risque passager de surchauffe conjoncturelle avec une hausse de l’inflation. Mais le maintien d’un fort excédent courant et la bonne maîtrise de la dette publique sont des éléments stabilisateurs. Le potentiel de croissance reste inchangé même si la perspective d’une harmonisation fiscale internationale peut ralentir les investissements étrangers.
Le rebond de l’économie roumaine est spectaculaire. Le PIB a déjà retrouvé son niveau pré-Covid et la croissance économique devrait être de 8,2% en 2021. Mais cette performance s’accompagne de déficits budgétaire et externe élevés. En conséquence, la dette publique ne devrait pas se réduire à horizon 2022, contrairement aux autres pays d’Europe centrale. Les emprunteurs qui ont bénéficié d’un moratoire sur les remboursements de dette présentent un taux de créances douteuses élevé (10,9%). Le système bancaire devrait pouvoir les absorber. Cependant, la croissance débridée du crédit à l’immobilier mérite d’être surveillée.
L’économie serbe n’a été que modérément affectée par les conséquences de la pandémie de Covid-19 en 2020. L’activité s’est à peine contractée, tandis que la banque centrale a maintenu un niveau de liquidité en devise suffisant dans un contexte d’euroisation élevée de l’économie. Ces bonnes performances sont à relier à l’attractivité de l’économie pour les investisseurs internationaux, ainsi qu’aux efforts passés de consolidation budgétaire, qui ont accru la marge de manœuvre du gouvernement pour soutenir l’activité l’an dernier. À court terme, la reprise devrait être soutenue, grâce notamment aux exportations, et le risque inflationniste maîtrisé. Au-delà, la capacité des autorités à maintenir la compétitivité de l’économie est essentielle pour réduire le risque de change.
Dans un contexte sanitaire très dégradé au T1, l’économie brésilienne a montré de bonnes capacités de résistance. Grâce à un environnement externe plus porteur, une reprise dans les services et un rebond de la confiance, les perspectives à court terme se raffermissent – d’autant que l’épidémie ralentit avec la progression de la vaccination. L’accélération de l’inflation continue toutefois d’inquiéter et pourrait entraîner un resserrement monétaire plus vigoureux d’ici la fin de l’été. Si une hausse des taux plus agressive devrait profiter à la monnaie et aux investissements de portefeuille, elle risque de freiner la reprise et de peser sur les finances publiques
Le succès de la campagne de vaccination, l’amélioration des perspectives de croissance mondiale et la hausse du prix du cuivre permettront un fort rebond d’activité en 2021. D’après l’indice mensuel d’activité, l’économie avait retrouvé au début du deuxième trimestre son niveau de décembre 2019. Au-delà de 2021, les perspectives de croissance peuvent pâtir des tensions politiques qui perdurent dans le pays. Les débats relatifs à l’élection présidentielle, d’une part, et au processus de rédaction de la nouvelle constitution, d’autre part, perturberont probablement la mise en œuvre de la politique économique et les décisions d’investissement privé, domestique et étranger.