Ce phénomène transparaît aussi dans la dernière enquête trimestrielle de la Réserve fédérale de Philadelphie réalisée auprès de prévisionnistes professionnels. L'une des questions posées portait sur la probabilité d'une croissance négative en glissement trimestriel sur le trimestre en cours et les suivants[1]. Les graphiques 2 à 6 présentent l’évolution de ces probabilités au début du cycle de hausse des taux depuis 1994[2].
En règle générale, la probabilité d'une récession augmente à mesure que l'horizon de projection s'allonge et que le cycle de resserrement avance. En outre, le risque d'une récession à brève échéance est plus élevé lorsque les taux ont déjà été relevés plus d'une fois. Dans ce contexte, on ne peut qu’être frappé par les évolutions récentes. Les probabilités de récession sur l'horizon de projection se sont accrues et, concernant la dernière observation de l'enquête publiée en mai, elles sont très supérieures aux niveaux observés par le passé à ce stade du cycle de resserrement[3].
Cette situation traduit sans doute la conjonction de deux facteurs : d'une part, la conviction des intervenants du marché que les « atterrissages en douceur » sont un exercice difficile : au cours des décennies récentes, les cycles de resserrement ont le plus souvent été suivis d'une récession.[4] Cela n'implique pas que la contraction de l'activité soit uniquement attribuable à la hausse des taux d’intérêt officiels, néanmoins celle-ci a certainement joué un rôle. D'autre part, dans la situation actuelle, l'inflation est exceptionnellement forte, ce qui justifie des hausses des taux beaucoup plus radicales pour la juguler. Cette situation rend plus périlleux encore l'exercice d'équilibriste de la Réserve fédérale, et alimente les inquiétudes croissantes sur le risque de récession.
Actuellement, l'inflation est exceptionnellement forte, ce qui justifie des hausses des taux beaucoup plus élevées pour la juguler. Cette situation rend plus périlleux encore l'exercice d'équilibriste de la Réserve fédérale, et alimente les inquiétudes croissantes sur le risque de récession.