Les derniers chiffres d’inflation offrent un très léger répit au gouvernement espagnol. Après avoir frôlé les 10% en glissement annuel en mars (9,8%), la hausse des prix à la consommation a ralenti en avril (8,4%). Les mesures prises par les autorités afin d’endiguer l’augmentation des prix de l’énergie (principalement via des subventions et des baisses de taxes) ont eu un effet positif.
Néanmoins, le renchérissement des produits alimentaires s’intensifie (+10,1% a/a en avril). De plus, leur contribution à l’inflation (1,98 point de pourcentage) atteint désormais le même niveau que les autres postes de dépenses liés à l’énergie, à savoir les transports (1,98 pp), l’électricité, le gaz et autres combustibles (2,30 pp). En effet, si l’inflation des produits alimentaires reste inférieure à ces deux postes énergétiques (12,3% et 35,2% respectivement pour les transports et électricité, gaz et autres combustibles), elle pèse davantage dans le panier des ménages (19,5% contre 15,4% et 6,5%).
Par ailleurs, la croissance du PIB réel pour le T1 2022 (+0,3% t/t) a été inférieure aux attentes, un résultat imputable à la consommation finale des ménages qui s’est contractée de 2,5% t/t, freinée par l’empilement de facteurs défavorables (hausse de l’inflation, guerre en Ukraine, grève des transporteurs routiers ayant perturbé l’approvisionnement des commerces). Les variations de stocks ont également contribué négativement à la croissance. Néanmoins, l’investissement (+3,4% t/t) et surtout les exportations de services (+10,5% t/t) ont augmenté sensiblement. Le rebond de l’activité touristique (comptabilisée dans les exportations de services) constituera un moteur de croissance important cette année. La levée quasi-généralisée des restrictions sanitaires en Europe soutiendra l’activité ainsi que l’emploi durant la saison estivale.
Par ailleurs, l’office pour l’emploi espagnol (SEPE) indique, dans son rapport d’avril, une accélération importante des embauches dans l’hôtellerie, l’un des secteurs bénéficiant le plus de la disparition des contraintes sanitaires. Le nombre total d’emplois dans le pays a progressé en variation mensuelle de 33?200 m/m en avril. La nouvelle loi sur le droit du travail, entrée en vigueur cette année, continue de porter ses fruits puisque les embauches en contrat à durée indéterminée ont enregistré une nouvelle augmentation importante en avril (+ 311 100 en avril et +669 710 depuis le début de l’année).1 À l’inverse, les contrats temporaires ont chuté de 322 170. Malgré les bons résultats sur le front de l’emploi, le taux de chômage est reparti légèrement à la hausse au T1 (+0,3 point, à 13,5%) en raison d’un accroissement de la population active.