La croissance britannique s’est élevée à 0,8% t/t au T1 2022, portant le PIB légèrement au-dessus (0,7 point) de son niveau pré-Covid-19 (T4 2019) mais elle déçoit les attentes (1%). L’ONS publiant également un PIB mensuel, il est possible de suivre l’évolution de l’activité au cours du trimestre. Après un mois de janvier positif (+0,7% m/m), la croissance a marqué le pas en février (0% m/m contre 0,1% initialement estimé) avant que le PIB n’enregistre même une légère contraction en mars (-0,1% m/m).
Si le PIB du T1 est décevant, sa composition est aussi inquiétante pour la suite. La croissance a été principalement tirée par l’augmentation des stocks (+4 points de contribution) et de l’investissement (0,9 point), contrebalancée par une balance commerciale largement déficitaire (-4 points de contribution). La consommation des ménages (+0,3 point) a contribué faiblement à la croissance, alors que la dépense publique s’est contractée (-0,4 point).
Les perspectives de croissance au T2 paraissent également limitées, pour trois raisons. Premièrement, la contribution très positive des variations de stocks au T1 ouvre la voie à une correction au T2. Deuxièmement, du côté du commerce extérieur et des exportations en particulier, les PMI signalent une nouvelle contraction des exportations manufacturières en avril (47,7). Troisièmement, les pertes de pouvoir d’achat dues à la poussée inflationniste devraient encore peser sur la consommation des ménages. Face à la hausse du coût de la vie, la confiance des consommateurs est d’ailleurs tombée en avril à son niveau le plus bas depuis juillet 2008 selon l’indice GfK (-38).
Qui plus est, la Banque d’Angleterre prévoit une poursuite de l’inflation, avec un pic autour de 10% à l’automne 2022, ainsi qu’une baisse de la croissance au T2 (+0,1% t/t), et envisage même un risque de récession au cours de l’année. Lors de sa réunion de mai, le Comité de politique monétaire (MPC) a opté pour une poursuite de sa normalisation monétaire avec une quatrième hausse consécutive de 25 points de base de son taux directeur, le portant à 1%. Concernant la réduction de son bilan, le MPC temporise encore face aux incertitudes pesant sur le contexte économique et financier et ne devrait présenter le plan de vente de ses actifs qu’en août 2022.