Les commentaires de Jerome Powell sur ce qu’il adviendrait si la récession venait à se prolonger ont considérablement pesé sur les marchés actions américains. Historiquement, les récessions s’accompagnent de fortes baisses des cours boursiers. Le recul observé depuis le début de l’année, relativement limité, est sans commune mesure avec l’effondrement de l’activité. Le soutien monétaire et budgétaire massif a induit une réévaluation de la distribution des risques, expliquant dans une large mesure le rebond des marchés actions. L’attention se concentre désormais sur les perspectives de résultats des entreprises, d’où l’importance du débat sur la configuration de la reprise.
Aux États-Unis comme ailleurs, la paralysie de l’activité provoquée par la pandémie de Covid-19 affecte la production des statistiques, devenues plus ou moins interprétables. Le rebond des revenus horaires au mois d’avril, indiqué par notre baromètre, fait partie de ces quelques faux signaux dont il convient de se méfier : il s’explique par la chute du temps de travail face à laquelle les salaires marquent toujours une certaine inertie. Outre que l’information collectée auprès des entreprises est incomplète, un décalage a pu exister entre le moment où l’activité a dû s’interrompre et celui où les rémunérations ont cessé d’être versées ...
Dans son jugement rendu le 5 mai, la Cour constitutionnelle allemande demande au Conseil des gouverneurs de la BCE de démontrer que les objectifs de politique monétaire de son programme d’achat de titres du secteur public ne sont pas disproportionnés par rapport aux effets de politique économique et budgétaire de ce programme. Dans la plupart des cas, les politiques monétaire, économique et budgétaire se renforcent mutuellement. Pour évaluer l’adéquation de la politique monétaire, il convient de tenir compte de l’orientation des politiques économique et budgétaire
Les indicateurs de l’Espagne se sont considérablement dégradés depuis le mois de mars et le début de la période de confinement, bien en deçà de leurs moyennes historiques. Les données concernant les exportations et la production industrielle ne portent à l’heure actuelle que sur février et vont elles aussi plonger en mars/avril [...]
Les grandes banques centrales ont redoublé d’efforts pour atténuer l’impact économique de la pandémie, ce qui pose une question importante : y a-t-il une limite à l’expansion monétaire ? Un programme d’achat d’actifs (assouplissement quantitatif ou QE) peut se poursuivre sur une longue période compte tenu de la possibilité d’élargissement de l’univers d’investissement. Les distorsions des cours des actifs et les inquiétudes suscitées par l’augmentation du niveau de risque du bilan des banques centrales constitueront, très probablement, la véritable contrainte
La dégradation de l’environnement économique international depuis mars 2020 a mis un terme à l’appréciation de la livre égyptienne. En 2019, la hausse des recettes en devises et des investissements de portefeuille avaient fait s’apprécier la livre de 12% par rapport au dollar. Depuis février, l’Égypte fait face à des sorties massives de capitaux, provoquant une dépréciation modérée de la livre, de 1,2%, et une baisse de 11% des réserves de change officielles de la banque centrale (BCE). À court terme, les recettes courantes devraient subir la chute des revenus du tourisme et du Canal de Suez (20% des recettes courantes au total)
Des progrès rééls ont été réalisés lors du Conseil européen de cette semaine. Les propositions faites lors de la dernière réunion de l’Eurogroupe sur la création de trois filets de sécurité ont été approuvées. Il y a accord pour travailler sur un fonds de relance destiné aux secteurs et zones géographiques les plus touchés en Europe. Son financement serait lié au cadre financier pluriannuel. Fait important, la chancelière Merkel a déclaré que, dans un esprit de solidarité, il fallait se tenir prêt à verser temporairement une contribution plus élevée au budget européen.
Notre baromètre des indicateurs de la Turquie montre une bonne résistance de l’économie jusqu’en février/mars. Jusqu’à présent, le gouvernement n’a pas imposé de confinement généralisé de sorte que le choc d’offre est moins fort que dans les autres économies européennes. Par ailleurs, la banque centrale a baissé son taux directeur de 200 points de base depuis la mi-mars et le gouvernement a annoncé qu’un tiers du programme de relance, d’un montant de TRY 100 mds (2,3% du PIB), avait déjà été dépensé à la mi-avril. Nous anticipons une récession limitée à -2% pour 2020.
La pandémie de Covid-19 a suscité des réactions importantes en termes de politique économique afin d’en atténuer les conséquences pour l’économie. Ce document passe en revue les mesures prises par les banques centrales et les gouvernements d’un large nombre de pays, de même que celles prises par des institutions internationales. Ce document reprend les mesures jusqu’au 20 avril. Il sera mis à jour régulièrement.
La pandémie de Covid-19 révèle la nécessité de mieux prendre en compte les aspects liés à l’offre dans les analyses macroéconomiques. Des chaînes de valeur mondiales longues, optimales en termes de coûts et de prix, peuvent s’avérer très complexes d’un point de vue opérationnel et, surtout, vulnérables. Une offre plus résiliente a un coût au plan micro et macroéconomique. Cet arbitrage est un exercice difficile dans une économie de marché. C’est pourquoi les politiques publiques ont, dans une certaine mesure, un rôle à jouer.
La pandémie de Covid-19 a suscité des réactions importantes en termes de politique économique afin d’en atténuer les conséquences pour l’économie. Ce document passe en revue les mesures prises par les banques centrales et les gouvernements d’un large nombre de pays, de même que celles prises par des institutions internationales. Il reprend les mesures jusqu’au 10 avril. Il sera mis à jour régulièrement.
Les pays émergents sont durement affectés par la pandémie même si, Chine mise à part, le décompte officiel des victimes est encore faible en comparaison avec les pays développés. La vague de récession/ralentissement n’en est qu’à son début et ses effets s’étendront probablement au-delà de 2020 car le choc réel (arrêt des activités à cause du confinement) se triple d’un choc financier et d’un choc sur les prix des matières premières. Les sorties de capitaux et le gel des marchés d’émission de dette internationale augmentent le risque de refinancement en dollar. Les filets de sécurité pour le traitement préventif des défauts se mettent en place, mais pour les pays les plus vulnérables, la solution passera probablement par un moratoire ou un allègement de dette.
La population et l’économie chinoises ont été les premières frappées par l’épidémie de coronavirus. L’activité s’est brutalement et fortement contractée pendant le mois de février, pour repartir ensuite très progressivement. Alors que la situation du côté de l’offre devrait se normaliser au T2, le choc de demande va se prolonger. Aux effets de la perte de revenus qu’entreprises et ménages viennent de subir vont s’ajouter ceux de l’effondrement de la demande mondiale. Les autorités ont encore des moyens d’intervention conséquents pour aider au redressement de l’économie. Les finances du gouvernement central ne sont pas menacées. En revanche, après le choc sur la croissance, la hausse attendue de l’endettement aggravera à nouveau les vulnérabilités du secteur financier.
L’Inde n’est pas épargnée par l’épidémie de coronavirus. Le ralentissement économique sera d’autant plus prononcé que le confinement de la population sera long. En outre, le gouvernement n’a pas les capacités budgétaires des autres pays d’Asie pour soutenir son économie. Les finances publiques, déjà affaiblies par le ralentissement enregistré depuis deux ans, vont se dégrader encore davantage. La dette publique pourrait atteindre 75% du PIB d’ici 2022. Les risques de refinancement sont faibles mais le coût d’emprunt risque d’augmenter durablement si les agences de rating sanctionnent cette dérive. Les réserves de change restent suffisantes pour faire face au remboursement de la dette à court terme.
Le choc massif sur l’économie lié à la crise sanitaire du coronavirus va retarder la reprise économique brésilienne, interrompre le processus de consolidation budgétaire et suspendre l’avancée des réformes. Si l’ampleur du choc récessif demeure encore très incertaine, des mesures ont été prises pour atténuer l’impact du confinement sur l’activité, prévenir une forte progression du chômage et éviter que les tensions sur la liquidité ne se transforment en problème de solvabilité. Les capacités d’intervention des autorités monétaires contrastent avec celles plus limitées du gouvernement du fait de la fragilité des comptes publics. Les marchés financiers brésiliens - très fortement chahutés au T1 - devraient continuer d’être mis à l’épreuve.
L’économie turque fait face à une difficulté qu’elle a déjà su surmonter par le passé : une crise mondiale, qui devrait provoquer une forte baisse de ses exportations, mais également une contraction des financements extérieurs. Toutefois, à la différence de 2018, la Turquie n’apparaît pas en surchauffe conjoncturelle, tandis que la baisse du prix du pétrole et l’apparition d’un excédent courant sont deux facteurs d’atténuation des risques. Il n’en reste pas moins que la faiblesse relative du niveau de réserves de change, le niveau élevé de la dette extérieure des entreprises et la hausse récente des créances douteuses sont des facteurs de risque conséquents. D’où une réponse de politique économique visant à assurer la liquidité notamment en devises.
L’économie roumaine s’est progressivement déséquilibrée au cours de ces dernières années, terminant l’année 2019 avec des déficits jumeaux (budgétaire et courant) significatifs. Une politique budgétaire accommodante a soutenu la croissance et devrait continuer de le faire. Toutefois, la Roumanie n’échappera pas à une contagion du ralentissement économique lié à la pandémie. Le pays devrait basculer en récession, alors même que sa croissance s’est déjà amoindrie. La liquidité en devises reste suffisante, mais son niveau relativement limité devrait contraindre la politique monétaire, la stabilité du taux de change restant importante dans une économie où les dettes en euro ont diminué mais restent significatives.
La crise du coronavirus va affecter une économie déjà légèrement fragilisée en 2019 par le ralentissement du commerce mondial. Néanmoins, les fondamentaux macroéconomiques sont bons. Les finances publiques sont solides, le secteur bancaire est robuste et les entreprises, comme les ménages, sont peu endettés. Les réserves de change sont suffisantes pour couvrir les besoins de financement à court terme du pays. Néanmoins, les pressions à la baisse sur la roupie devraient rester fortes : le déficit courant n’est que partiellement financé par les investissements directs et les sorties de capitaux ont atteint des niveaux sans précédent depuis le 31 janvier.
L’épidémie a frappé une économie fragilisée depuis déjà plusieurs trimestres par le recul des exportations de marchandises, du tourisme, de la consommation privée et de l’investissement. Le gouvernement a lancé depuis février un vaste plan de relance budgétaire, équivalent à environ 10% du PIB. Ce plan comprend notamment des aides directes aux entreprises et aux ménages. Il devra par la suite être complété par des mesures moins ponctuelles, visant à encourager un redressement durable de la demande privée et de la croissance à moyen terme. Grâce à ses larges réserves budgétaires et sa dette minimale, le gouvernement dispose d’une marge de manœuvre confortable pour conduire une politique expansionniste pendant quelques années.
La crise du coronavirus frappe une économie dynamique, dont la croissance avait dépassé 6% en glissement annuel au S2 2019 et devait continuer sur cette lancée en 2020. La pandémie et le confinement très strict imposé par le gouvernement Duterte vont gripper tous les moteurs de la croissance : arrêt de la production dans le centre économique du pays, ralentissement de la demande intérieure aggravé par les moindres transferts des travailleurs à l’étranger et les pertes du secteur informel, effondrement du tourisme et recul des exportations de biens et de services. Le choc est sévère, mais les bons fondamentaux macroéconomiques et l’endettement modéré du secteur public donnent des marges de manœuvre aux autorités pour mener des politiques de soutien.
Les conséquences de l’épidémie de Covid-19 sur l’économie devraient être significatives et provoquer un fort ralentissement de l’activité cette année. Néanmoins, la croissance devrait rester positive. À court terme, la dégradation attendue des finances publiques est soutenable, et le gouvernement égyptien est capable de faire face à une raréfaction temporaire des investisseurs internationaux. La liquidité en devise de l’ensemble du système bancaire s’est fortement améliorée au cours des derniers mois, renforçant la livre sur les marchés de change. Dans ce contexte, le financement du déficit courant, le remboursement des dettes extérieures, ainsi que la capacité à faire face à des retraits massifs de capitaux sont assurés à court terme.
Les conséquences de la pandémie du coronavirus sur l’économie marocaine seront significatives. L’activité touristique est à l’arrêt depuis mars et le restera jusqu’en mai dans le meilleur des cas. Le secteur de l’automobile ou encore les transferts financiers de la diaspora marocaine seront également affectés par la crise en Europe. Sous réserve que la situation s’améliore au second semestre, le Maroc devrait cependant éviter une récession. Les fondamentaux macroéconomiques sont solides et le pays va bénéficier d’un allègement substantiel de ses importations de produits pétroliers. De plus, les autorités ont réagi rapidement pour amortir le choc.
L’économie devrait être mise à rude épreuve en 2020 en raison des effets de l'épidémie de coronavirus, alors que la croissance réelle du PIB s’était déjà modérée l'an dernier. Le ralentissement de la croissance limitera davantage la marge de manœuvre budgétaire, d’autant plus que les recettes en devises vont également être grevées par des conditions climatiques défavorables. En outre, les rivalités politiques compliquent la mise en œuvre de la politique budgétaire. L'impossibilité de réduire les déficits dégradera la soutenabilité de la dette souveraine à moyen terme. De plus, l’assouplissement monétaire et les mesures d’urgence introduites dans le système bancaire pourraient remettre en cause les progrès liés à la récente abrogation de la loi sur le plafonnement des intérêts.
En tant qu’économie la plus diversifiée du Golfe et producteur de pétrole, les Émirats arabes unis sont doublement affectés par l’épidémie de Covid-19 et la chute des prix du pétrole. La crise risque de s’accélérer dans l’immobilier à Dubaï, en difficulté depuis plusieurs années, entraînant la dégradation de la situation financière des entreprises de la construction et des services. Cela devrait augmenter le risque de crédit et peser sur le secteur bancaire. Les finances publiques devraient pouvoir faire face à la baisse des revenus pétroliers, au prix d’une hausse de la dette. La solidité de la position extérieure garantit l’ancrage du dirham au dollar.
Comme dans de nombreux pays, la population et l’économie des Etats-Unis payeront un lourd tribut à l’épidémie de coronavirus. La progression de la maladie, qui semblait un temps s’infléchir, accélérait à nouveau au moment d’écrire ces lignes (plus de 30 000 nouveaux cas recensés par jour). L’activité donnait, quant à elle, ses premiers signes de décrochage...