Au troisième trimestre 2023, la croissance espagnole s’est légèrement modérée à 0,3% t/t. Elle a été principalement portée par la consommation des ménages, elle-même soutenue par la résilience du marché du travail et la progression des salaires réels. Après une remontée au cours du second semestre (de 1,6% a/a en juin à 3,3% en décembre selon la mesure harmonisée), l’inflation devrait de nouveau baisser en 2024 et s’inscrire en dessous de la cible de 2% dès le T3. Nous prévoyons que la croissance reste modérée en fin d’année 2023 et début 2024 (0,2% t/t), avant de redevenir plus franchement positive. L’Espagne restera l’un des moteurs de la zone euro pour une année supplémentaire – avec une croissance attendue de 1,5% en moyenne annuelle contre 0,6% pour la zone euro.
Le pays est entré en récession dans le courant de l’année 2023, comme son voisin allemand, mais 2024 devrait être meilleure car le futur gouvernement disposera de moyens financiers pour relancer la dynamique économique. Il faudra un peu de patience toutefois pour que les choses se mettent en place. La conjoncture hollandaise reste fortement exposée au contexte international, très tendu en ce début d’année.
L’économie belge devrait continuer à croître à son rythme actuel pendant quelques trimestres. Malgré un environnement international difficile, combinant resserrement monétaire et ralentissement économique de ses principaux partenaires commerciaux, l’économie belge a remarquablement bien résisté. La consommation des ménages, soutenue par l’indexation des salaires sur l’inflation, et le dynamisme de l’investissement sont les moteurs de cette croissance. En raison de la hausse des coûts salariaux et de l’énergie, les dépenses en capital se concentrent en premier lieu sur l’automatisation et la transition énergétique.
La croissance en Grèce devrait être à nouveau au rendez-vous en 2024, mais l’activité a montré des signes d’essoufflement au second semestre 2023. Le PIB réel a stagné au T3 2023 et l’emploi s’est replié de 0,5% t/t. Si la forte activité touristique, dans un contexte d’inflation élevée, génère des recettes fiscales pour l’État, ses effets sur le PIB réel sont plus limités. La baisse rapide du taux de chômage (désormais sous les 10%), l’amélioration drastique des comptes publics et le recul de l’endettement public et privé témoignent de l’important redressement de la Grèce, salué d’ailleurs par la hausse des marchés actions et obligataires, et par le net resserrement des spreads entre la dette souveraine grecque et le Bund allemand
L’économie britannique flirte avec la récession. Le coup d’arrêt enregistré par l’activité au second semestre 2023 se prolongerait jusqu’au printemps 2024 avant une reprise attendue peu vigoureuse mais soutenue par le début du cycle d'assouplissement monétaire de la banque d’Angleterre (BoE). Malgré une légère remontée en décembre 2023, l’inflation reste sur une trajectoire baissière, que reflètent bien les prix à la production ou les enquêtes du CBI. Le retournement du marché du travail, encore contenu, contribue à réduire les pressions haussières sur les salaires : c’est une bonne nouvelle pour la dynamique inflationniste mais cela affaiblit la consommation privée. La BoE dispose de peu de marges de manœuvre. Une première baisse des taux directeurs devrait intervenir en juin 2024
La conjonction de l’envolée de l’inflation et du resserrement monétaire pour la combattre a entraîné l’économie suédoise en récession. La baisse de la consommation des ménages et de l’investissement résidentiel en a constitué les moteurs principaux. Certes, la situation ne devrait pas se détériorer davantage en 2024, ce qui ne signifie toutefois pas qu’une reprise dynamique est à attendre. Cependant, bien que rencontrant des difficultés notables, la Suède conserve de nombreux atouts de nature à venir soutenir l’activité à moyen terme.
L’Insee a publié son climat des affaires pour janvier ainsi que son enquête trimestrielle dans l’industrie. Ces deux enquêtes reflètent un manque de dynamisme, sans marquer de nouvelle détérioration. Concernant les prix de vente, les évolutions observées sont encourageantes, les récents évènements en mer Rouge pourraient toutefois inverser la tendance.
Christine Lagarde, présidente de la BCE, et Chris Waller, membre du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale, lors d’interventions récentes, ont douché l’enthousiasme du marché sur le calendrier et le nombre des baisses de taux prévus cette année. Aux États-Unis, on estime qu’il n’y a pas lieu d’agir dans l’urgence ou de baisser les taux aussi rapidement que lors des cycles antérieurs, compte tenu de la bonne santé de l’économie. Dans la zone euro, malgré la baisse de l’inflation en 2023, les perspectives d’inflation restent incertaines, notamment en raison du rythme de croissance des salaires
Au T4 2023, la croissance économique chinoise a légèrement accéléré à 5,2% en glissement annuel (g.a.) contre 4,9% au T3, mais elle a perdu en vigueur en rythme trimestriel (+1% t/t après +1,5% au T3). Notre baromètre semble indiquer une amélioration généralisée de l’activité au dernier trimestre par rapport au trimestre précédent, mais celle-ci s’explique toujours largement par la normalisation post-Covid de la demande intérieure et d’importants effets de base. L’économie chinoise continue en réalité de faire face à un grand nombre de fragilités, qui devraient persister à court terme.
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et de change
Les chiffres clés de l'économie française comparés à ceux des principaux pays européens, l'analyse des données relatives à la population et au marché du travail français, l'activité par secteur, les chiffres des administrations publiques, de l'inflation, des taux et des comptes des entreprises.
Le bilan des indicateurs conjoncturels publiés ces dernières semaines est mitigé. Dans la zone euro comme aux États-Unis, le signal avancé de la plupart des enquêtes de confiance du mois de décembre est encourageant. Mais il reste prématuré d’en conclure que le point bas a été atteint. Les créations nettes d’emplois salariés non agricoles aux États-Unis sont restées robustes en décembre. Mais l’écroulement de la composante emploi de l’enquête ISM dans le secteur non manufacturier interpelle à tout le moins. Les défaillances d’entreprises remontent. La situation économique reste également vulnérable aux tensions géopolitiques. Il n’y a en revanche pas matière à s’inquiéter du rebond de l’inflation en décembre. Et la dynamique apparaît plus favorable dans la zone euro qu’aux États-Unis.
Aux États-Unis, l’incertitude sur la politique économique, basée sur la couverture médiatique, a baissé en décembre, après trois mois de hausse. Cette baisse peut probablement être imputée en partie aux anticipations de baisses de taux de la Réserve fédérale et aux espoirs qu’elles suscitent.
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et de change.
Plusieurs éléments ont marqué l'année 2023 et ces éléments sont pertinents dans l'analyse que nous ferons pour les perspectives de 2024. 2023 est l'année de la grande résilience du marché du travail face à la hausse des taux d'intérêt. C'est l'année de la résilience de l'économie américaine qui a connu une performance en termes de croissance absolument impressionnante. C’est également l'année de la stagnation en zone euro ou encore l'année de la désinflation. Mais le fait qui a le plus marqué 2023 est le pic des taux d'intérêt officiels qui a été atteint aux États-Unis et en zone euro. En conséquence, on a terminé l'année sur une note positive, une note d'espoir que 2024 devrait être marquée par un début d'assouplissement monétaire.
En décembre, l’indice PMI composite S&P Global de l’activité mondiale a de nouveau légèrement progressé (+0,5 point), pour atteindre 51, soit son niveau le plus élevé depuis août 2023. Il s’agit du deuxième mois consécutif de hausse, après cinq mois de baisse. Le signal reste donc encourageant pour l’activité mondiale à la fin du 4e trimestre 2023. Toutefois, cette amélioration masque une divergence assez nette entre le secteur des services et le secteur manufacturier. En décembre, l’indice mondial relatif aux services a atteint son plus haut niveau depuis août 2023 (51,6) tandis que celui relatif au secteur manufacturier enregistrait son plus bas niveau depuis ce même mois (49).
Croissance du PIB, inflation, taux de change et d'intérêt.
En 2023, les défaillances d’entreprises ont dépassé de 8,5% leur niveau d’avant-Covid (2019). Une augmentation qui est allée crescendo au fil de l’année et qui s’explique par deux dynamiques : celle concernant les secteurs ayant généré beaucoup de créations d’entreprises ces dernières années et une autre se rapportant à la détérioration des trésoreries et des comportements de paiement liée à l’inflation et à la remontée des taux d’intérêt.
Il y a près d’un an, nous avions qualifié 2023 d’« année de transition, mais vers quoi? », car nous étions d’avis que l’inflation baisserait, que les taux d’intérêt officiels atteindraient leur pic et que le processus de désinflation pourrait être chaotique. 2023 a été pleine de surprises : la résilience du marché du travail aux États-Unis et dans la zone euro, l’ampleur du resserrement monétaire, l’appétit pour le risque des investisseurs. La performance de croissance de l’économie américaine s’est révélée la plus grande surprise
Les dernières données d’activité de l’économie chinoise rappellent une nouvelle fois la fragilité de la dynamique de rebond post-Covid. La demande intérieure se redresse notamment grâce à la normalisation de la consommation privée, mais d’importants freins persistent. La performance du secteur exportateur semble s’être légèrement améliorée.
Croissance du PIB, inflation, taux de change et d'intérêt
En Europe, la croissance a marqué un net ralentissement au 3e trimestre (-0,1% t/t en zone euro et 0% au Royaume-Uni). Les premières données disponibles pour le 4e trimestre montrent que l’année se termine sur cette note plus négative, ce dont rend compte notre nowcast pour la zone euro, à -0,1% pour le 4e trimestre.
La fin d’année s’annonce difficile en zone euro, un constat qui se dégage des indicateurs flash PMI pour le mois de décembre. L’indice composite, qui recule de 0,6 point à 47, est sous le seuil de 50 (en zone de contraction donc), pour le septième mois consécutif. L’indice sur l’emploi ne décroche pas, mais baisse progressivement depuis le mois d’avril pour s’établir à 49,6 en décembre, son plus bas niveau en trois ans. A 6,5% en novembre, le taux de chômage en zone euro s’est stabilisé à un niveau historiquement bas, qui s’apparente de plus en plus à un plancher. Nous anticipons une légère remontée du taux de chômage dans les prochains mois, cohérente avec l’évolution actuelle des indices PMI
Les indicateurs de climat des affaires soulignent une situation toujours dégradée, laissant craindre un nouveau trimestre de contraction de l’activité (-0,1% t/t au T4 selon nos prévisions), après déjà 4 trimestres de stagnation ou de repli (dont -0,1% t/t au T3). En effet, les indices liés aux conditions contemporaines dans les enquêtes de l’IFO ou du ZEW restent proches des plus bas historiques, que ce soit dans l’industrie ou dans les services. Si une amélioration est attendue, elle proviendrait d’un début d’anticipation d’assouplissement monétaire par la BCE en 2024, qui reste encore incertain pour l’instant.
Les signes de refroidissement de la conjoncture française se sont accentués en décembre, avec le nouveau repli du PMI composite flash à 43,7 (44,6 en novembre). Le PMI manufacturier est en deçà de 50 depuis 11 mois et touche en décembre un nouveau point bas, comme celui relatif aux services.