Le mois dernier, dans notre analyse ils apparaissaient globalement en légère hausse. La conclusion reste la même au regard des dernières données, plusieurs indicateurs poursuivant lentement leur progression. La flambée des cas de Covid-19 dans plusieurs pays entre en jeu tout comme les problèmes d’approvisionnement rencontrés par les entreprises.
La croissance économique chinoise a ralenti à 4% en glissement annuel (g.a.) au T4 2021, contre 4,9% au T3. Dans l’industrie, la situation s’est redressée légèrement au cours du T4 2021 après un été très perturbé par des coupures d’électricité et des contraintes d’approvisionnement. La croissance industrielle est ainsi passée de 3,1% en g.a. en septembre à 4,3% en décembre. À très court terme, cependant, la production et les exportations du secteur manufacturier devraient souffrir des effets de la nouvelle vague épidémique (confinements, perturbations dans les usines et le transport des marchandises).
L’économie française semble débuter l’année 2022 sous de relatifs bons auspices, nonobstant la mise en œuvre de restrictions plus fortes liées à la vague Omicron. Ainsi, la dynamique favorable perceptible au 4e trimestre (qui devrait être confirmée par la publication du PIB le 28 janvier prochain) semble s’être globalement poursuivie dans l’industrie et la construction. Les carnets de commande restent remplis dans ces deux secteurs, même s’ils continuent de subir des goulets d’étranglement liés à une insuffisance de main d’œuvre et à des difficultés d’approvisionnement.
Les pays émergents terminent l’année 2021 avec une détérioration de la balance perspectives/risques. Pour 2022, le ralentissement de la croissance sera plus important que prévu avec éventuellement un risque d’instabilité sociale à l’image des soubresauts au Kazakhstan. Au cours des trois derniers mois, la Turquie s’est illustrée par une mini-crise financière. La politique monétaire et de change mise sur les exportations et l’investissement pour soutenir la croissance et rétablir les grands équilibres à moyen terme mais au prix d’une forte instabilité financière à court terme. C’est un pari osé qui pourrait contraindre les autorités à recourir à un véritable contrôle des changes au lieu des mesures incitatives prises jusqu’à présent.
Les indicateurs d’activité du dernier trimestre 2021 le confirment : la crise des secteurs de l’immobilier et de la construction, le maintien de la stratégie zéro covid face aux résurgences de l’épidémie, et la fragilité persistante de la consommation des ménages pèsent lourdement sur la croissance économique chinoise. L’industrie exportatrice reste très dynamique, mais elle pourrait s’essouffler à très court terme à cause d’un moindre dynamisme de la demande mondiale et des répercussions de la vague Omicron sur l’activité des usines et le transport des marchandises. Les autorités renforcent progressivement leurs mesures de soutien monétaire et budgétaire
Alors que le Vietnam a traversé la crise sanitaire de 2020 sans forte vague d’infections, sans contraction du PIB ni dégradation notable des fondamentaux macroéconomiques, la situation a été plus compliquée en 2021. Au T3, la flambée du nombre de cas de Covid-19 et le confinement strict ont conduit à un arrêt de l’activité. Au T4, la courbe épidémique s’est encore dégradée, mais l’activité a redémarré grâce au progrès de la vaccination et à l’ajustement de la stratégie « zéro Covid ». La production et les exportations du secteur manufacturier ont rebondi et leurs perspectives de croissance restent solides. En revanche, la consommation privée et les services sont affaiblis. Le gouvernement dispose d’une marge de manœuvre pour renforcer son soutien budgétaire.
Les perspectives de croissance à court et moyen terme sont limitées en Thaïlande. La consommation privée et le secteur du tourisme, principaux moteurs de la croissance du PIB, resteront durablement affaiblis. Dans le secteur du tourisme particulièrement, il est peu probable que le niveau d’activité enregistré en 2019 soit atteint avant 2024. Par ailleurs, les faiblesses structurelles de l’économie (manque d’investissement, d’infrastructures) ont été exacerbées par la crise et pèseront sur la reprise, notamment des exportations. Cela dit, la vulnérabilité extérieure du pays a augmenté au cours des deux dernières années, mais reste pour le moment très modérée.
Malgré l’accélération de la campagne de vaccination, le raffermissement attendu de la croissance au S2 2021 n’a pas eu lieu. L’économie est tombée en récession technique au T3 et les indicateurs disponibles pour le T4 montrent toujours des signes d’essoufflement. Dans le même temps, le contournement du plafond des dépenses, dans le budget 2022, a accentué la défiance des marchés. Alors que les élections générales se profilent à l’horizon, les perspectives économiques s’assombrissent. L’évolution de l’épidémie, le cycle électoral, les incertitudes sur le plan budgétaire, la permanence de l’inflation et le durcissement des conditions financières sont autant de freins potentiels à la reprise.
Au-delà du fort rebond de la croissance en 2021, l’économie argentine reste fragile. La production dans les secteurs primaire et secondaire a retrouvé son niveau d’avant la pandémie. Toutefois, l’économie reste contrainte par une inflation élevée, pourtant largement réprimée, qui pèse sur la consommation des ménages et les services. Depuis décembre dernier, la nouvelle vague de contaminations introduit une incertitude supplémentaire. Les élections de mi-mandat ont affaibli la coalition gouvernementale toujours en négociation avec le FMI. La politique monétaire va se durcir et la normalisation du financement du déficit budgétaire implique un tour de vis, même si la consolidation à marche forcée est peu probable. Mais le temps presse
Gabriel Boric a remporté le deuxième tour de l’élection présidentielle en décembre dernier. Il prendra ses fonctions à la mi-mars et les défis qu’il affrontera au cours de son mandat seront nombreux. Le nouveau gouvernement devra composer avec une assemblée fragmentée et des attentes populaires très fortes. La croissance économique devrait ralentir avec le retrait progressif des mesures exceptionnelles de soutien. Bien que la population soit très largement vaccinée, l’activité pourrait être fragilisée par de nouvelles vagues de contaminations et les restrictions qui y seraient associées. Enfin, consolider les finances publiques tout en répondant aux promesses de réforme des systèmes d’éducation, de soin et de retraite s’annonce comme la principale difficulté.
Après avoir plutôt bien résisté à la pandémie et à l’effondrement des prix mondiaux du pétrole en 2020, l’économie russe a fortement rebondi en 2021. À ce jour, deux risques majeurs pèsent toutefois sur la croissance : l’inflation et le durcissement des sanctions internationales. Ces dernières peuvent renforcer le risque inflationniste. Le gouvernement dispose toutefois des capacités financières pour soutenir son économie. Les finances publiques restent solides et les risques de refinancement sont faibles. En outre, même dans le cas où un durcissement des sanctions internationales empêcherait les investisseurs étrangers d’accéder au marché secondaire de la dette russe, le gouvernement pourrait se financer sur le marché domestique.
L’économie ukrainienne a subi une accumulation de chocs externes et domestiques : la pandémie (avec une population encore peu vaccinée), le risque géopolitique et les tensions politiques locales. À ces éléments s’ajoute l’accélération de l’inflation depuis un an. La crise de l’épidémie de Covid-19 a toutefois été nettement mieux absorbée que les crises de 2008 ou 2014. Le solde courant s’est temporairement redressé et les réserves de change se sont accrues grâce, notamment, à la hausse du cours des matières premières (céréales, métaux). Le versement de l’aide internationale (FMI, Union européenne principalement) a apporté le complément nécessaire pour financer, notamment, le soutien budgétaire à l’économie. Toutefois, le pays reste exposé à des arrêts brutaux des entrées de capitaux
L’économie israélienne aborde l’année 2022 dans une position favorable. Après un fort rebond en 2021, la croissance du PIB devrait rester soutenue par la consommation des ménages et les exportations. Bien qu’en hausse, l’inflation reste maîtrisée, ce qui devrait permettre la poursuite d’une politique monétaire accommodante. Les fondamentaux macroéconomiques sont toujours très favorables au shekel, mais le resserrement monétaire aux États-Unis et une éventuelle correction du marché boursier américain pourraient freiner son appréciation. La vulnérabilité des finances publiques à une hausse des taux d’intérêt demeure limitée. En effet, le financement du déficit budgétaire est essentiellement intérieur et le risque d’un resserrement monétaire important à court terme est faible.
Les signaux d’alarme se multiplient. Alors que la croissance résiste plutôt bien, la dégradation importante des finances publiques sur fond de forte poussée inflationniste inquiète les investisseurs et menace les perspectives. Si la Banque centrale a déjà réagi en relevant son taux directeur, les autorités devront avant tout rassurer sur leur capacité à réduire le déficit budgétaire. Pour l’instant, elles n’y sont pas parvenues. Mais la contrainte financière forte et une dette dangereusement élevée pourraient les pousser à faire des ajustements.
La reprise économique devrait être forte en 2022 grâce à une consommation dynamique des ménages saoudiens et à la progression du PIB pétrolier. La réforme du marché du travail a un effet positif sur la demande intérieure avec notamment la hausse importante du taux de participation féminin. Le risque inflationniste reste modéré, même si la pression salariale a récemment accéléré. Avec l’augmentation des prix et de la production de pétrole, le solde budgétaire devrait à nouveau être en excédent dès cette année. Il se maintiendrait grâce notamment aux progrès de la diversification des revenus. Le niveau plus élevé des prix du pétrole sera un test de la volonté du gouvernement de poursuivre le processus de consolidation budgétaire
Le cycle économique actuel est atypique, et cela influence la démarche analytique. L'attention se porte sur l'offre et sa capacité à répondre au niveau de la demande, plutôt que sur la demande elle-même. Les ruptures d’approvisionnement jouent un rôle central mais les récents indices PMI suggèrent que le plus dur serait derrière nous. Dans la zone euro comme aux États-Unis, la part des entreprises confrontées à une hausse des prix des intrants, et qui envisagent d'augmenter leurs prix à la production, a commencé à diminuer. De plus, les délais de livraison raccourcissent. L’indice des tensions sur la chaîne d’approvisionnement mondiale de la Réserve fédérale de New York semble avoir atteint un pic. Néanmoins, la visibilité est très faible
Le PMI manufacturer mondial, resté stable en décembre, a peu évolué depuis le printemps 2021. Cela masque néanmoins d’importantes différences d’un pays à l’autre. Pour ce qui est des données les plus récentes, les États-Unis et la zone euro ont enregistré une légère baisse. Les chiffres sont restés pour l’essentiel inchangés en France et en Allemagne, tandis qu’ils ont accusé un repli en Italie et aux Pays-Bas. L’Italie affiche toujours le meilleur résultat de la zone euro. La République tchèque et la Pologne poursuivent leur progression. La Chine a fait mieux que le mois dernier tandis que l’Inde a enregistré un recul assez marqué.
La Réserve fédérale ne plaisante plus. Face au dérapage inédit de l’inflation (6,9% sur un an en novembre dernier, probablement à peine moins en décembre), elle va resserrer sa politique monétaire, davantage que prévu. Au-delà des statistiques d’inflation, c’est la situation du marché du travail, jugée « tendue » par les membres du FOMC, qui autorise le changement de cap.
D’après les indicateurs disponibles pour la fin de l’année 2021, l’Allemagne aurait enregistré au T4 2021 au mieux une croissance très faible, mais une contraction du PIB n’est pas à exclure. Les commandes industrielles restent, certes, à un niveau relativement soutenu, mais la production demeure significativement freinée par des problèmes d’approvisionnement.
Les données économiques du mois de novembre montrent, une nouvelle fois, le dynamisme des exportations chinoises (+21,4% en g.a. en dollars courants), qui continuent de soutenir la production et l’investissement dans le secteur manufacturier. Notre baromètre met en évidence une dégradation de la performance industrielle sur la période septembre-novembre 2021 par rapport aux trois mois précédents. Néanmoins, la situation du secteur industriel s’est redressée lentement dès octobre, après un mois de septembre fortement perturbé par des coupures d’électricité et des contraintes d’approvisionnement. La croissance de la production industrielle a atteint 3,8% en g.a., contre 3,5% en octobre.
L’économie japonaise s’est redressée au quatrième trimestre après la levée, en octobre et dans toutes les préfectures, de l’état d’urgence lié à l’épidémie de Covid-19. Le climat, en particulier, s’est nettement amélioré dans le secteur des services. Comme le montre l’enquête Tankan trimestrielle, les conditions d’activité dans le secteur non-manufacturier ont progressé de sept points en décembre par rapport au niveau enregistré trois mois plus tôt. De plus, la confiance des ménages s’est redressée en octobre et en novembre ; elle a renoué avec les chiffres antérieurs à la pandémie, tout en se maintenant à un niveau bas par rapport à sa moyenne de long terme.
À défaut de durcir drastiquement les conditions d’activité, le gouvernement italien a toutefois effectué quelques ajustements dans le cadre de la lutte sanitaire : l'état d'urgence a notamment été prolongé de trois mois (jusqu’au 31 mars 2022 désormais). Malgré la résurgence épidémique, les perspectives d’activité restent bien orientées pour cet hiver. Les indices PMI se maintiennent à des niveaux solides, en particulier pour le secteur manufacturier. Celui-ci a atteint un nouveau record en novembre (+1,7 point à 62,8), grâce notamment à des indices plus favorables pour l’emploi et les nouvelles commandes. Côté services, l’indice PMI s’est également amélioré (+3,5 points à 55,9)
Malgré une remontée importante des cas de Covid-19 dans le pays depuis début novembre, le taux d’incidence est encore inférieur à celui observé en France et en Allemagne. Les inquiétudes liées à la situation sanitaire n’ont d’ailleurs eu que peu d’effet jusqu’ici sur la confiance des entreprises : l’indice PMI composite s’est amélioré en novembre (+1,9 point à 58,3) grâce à de meilleures perspectives du côté des services. La bonne dynamique dans ce secteur s’observe aussi dans le sondage de la Commission européenne, qui montre un niveau d’optimisme jamais atteint en 20 ans.
Après la récession soudaine, profonde et atypique de 2020, provoquée par la pandémie de Covid-19, l’année 2021 a également inédite à plusieurs égards. Les goulets d’étranglement du côté de l’offre et les perturbations des chaînes d’approvisionnement, thèmes dominants en 2021, ont freiné la croissance, directement mais aussi indirectement, en entraînant une remontée de l’inflation à des niveaux inédits depuis des décennies. Dans l’hypothèse d’une maîtrise progressive de la pandémie grâce à une meilleure couverture vaccinale, nous devrions assister en 2022 à une normalisation en termes de croissance, d’inflation et de politique monétaire.
Après une croissance robuste au T2 et au T3, le climat des affaires s’est détérioré. En cause : les difficultés d’approvisionnement, la hausse des prix et la flambée des cas de Covid-19. La production va probablement stagner vers la fin de l’année. Le nouveau gouvernement compte mettre l’accent sur les politiques sociales et environnementales, tout en respectant pleinement l’orthodoxie budgétaire chère à l’Allemagne. La consommation privée sera le principal moteur de la croissance en 2022.