Le président Lula doit rencontrer le président chinois Xi Jinping dans le courant du mois. Une importante délégation de ministres, de membres du Congrès et chefs d’entreprises devrait accompagner le président. Une vingtaine d’accords bilatéraux devraient être signés au cours de la visite. L’examen de la structure des échanges de marchandises entre les deux pays révèle : i/ une forte dépendance du Brésil à l’égard de la Chine et donc l’importance de maintenir une entente cordiale avec l’empire du Milieu ii/ une tendance à la spécialisation dans le profil des échanges entre les deux pays (produits primaires pour le Brésil et produits à haute/moyenne intensité technologique pour la Chine).
L’intégration commerciale entre le Brésil et la Chine (y compris Hong Kong et Macao) a énormément évolué au cours des 20 dernières années. En 2022, le commerce bilatéral s’est élevé à environ USD 150 mds, soit 37 fois plus qu’en 2001. Depuis 2009, la Chine est le principal partenaire commercial du Brésil, absorbant aujourd’hui près de 27 % de ses exportations (contre 11 % pour les États-Unis). En 2001, ce chiffre n’était que de 3 %. Le géant asiatique est également la principale source d’importation du Brésil (22,3 %), devant les États-Unis (18 %) et l’Argentine (5%). Le base des exportations vers la Chine s’est réduite au fil du temps : 96 % des importations chinoises en provenance du Brésil sont des produits de base (soit des matières premières, soit des produits manufacturés issus de la transformation de ressources naturelles), contre 72 % en 2001. La Chine est aux premiers rangs des acheteurs de soja (69 % des exportations), de minerai de fer (61 %), de pâte à papier (41 %), de pétrole (37 %), de viande (36 %) et de sucre (15 %). En 2022, environ un tiers des exportations issues de l’agrobusiness étaient destinées à la Chine.
Ces évolutions sont intervenues au cours d’une période durant laquelle l’économie brésilienne a connu un processus de désindustrialisation relative. La part de l’industrie dans le PIB est passée de 25,6 % en 2000 à 20,8 % en 2022 sur fond de contraction du secteur manufacturier. Les échanges de produits manufacturés sont passés d’un excédent de USD 8 mds au milieu des années 2000 à un déficit de USD 90 mds en 2019. Si de multiples facteurs expliquent ces développements, une des explications est le rôle de la Chine à la fois comme acheteur de produits primaires et fournisseur de produits manufacturés de haute et de moyenne/haute technologie. Compte tenu du fait que les flux d’investissement actuels en provenance de la Chine tendent à renforcer le schéma existant, Lula devra faire face à un chantier difficile dans sa quête de réindustrialisation du Brésil.