L’économie américaine s’envole. Dopée par le recul de l’épidémie de Covid-19 autant que par des transferts budgétaires sans précédent, l’activité croîtra d’au moins 6% en 2021, pour dépasser son niveau de 2019. L’inflation accélérera, jusqu’à s’établir assez sensiblement au-dessus de la cible de 2% visée par la Réserve fédérale. Pour autant, la Banque centrale ne déviera pas de sa ligne accommodante. Sa priorité reste l’emploi, qui porte encore les stigmates de la crise et est loin d’avoir récupéré tout le terrain perdu avec celle-ci. Les conditions monétaires resteront donc favorables, pour l’économie comme pour les marchés, quitte à encourager quelques excès.
À l’issue des « deux sessions », temps fort de la vie politique chinoise, Pékin a annoncé ses objectifs économiques pour 2021 ainsi que les priorités du nouveau Plan quinquennal. En fixant pour cette année une cible de croissance simplement « supérieure à 6% », soit un taux en dessous des prévisions, les autorités signalent que le redressement de l’activité à la suite du choc de la Covid-19 est désormais moins au centre de leurs préoccupations. Elles devraient donc poursuivre le resserrement prudent de la politique monétaire et réduire progressivement les mesures de soutien budgétaire. Surtout, les autorités réaffirment leur stratégie de développement à moyen terme visant, notamment, à accroître fortement l’innovation et l’indépendance technologique de la Chine.
L’épidémie continue de circuler rapidement dans les États membres de la zone euro et de nombreuses incertitudes demeurent. Les dernières données conjoncturelles envoient néanmoins des signaux encourageants qui, sans appeler au triomphalisme, permettent d’espérer une accélération du rattrapage économique à partir du second semestre 2021. C’est dans le déploiement des vaccins que réside le plus grand espoir. Les politiques publiques resteront également au chevet de l’économie de la zone euro et éviteront tout resserrement qui entraverait le processus de reprise. Du côté monétaire, par exemple, Christine Lagarde a annoncé une augmentation du rythme des rachats d’actifs, les conditions de financements sont donc surveillées de près.
Après un début d’année difficile, les indicateurs conjoncturels se sont nettement améliorés en mars, portés par le sentiment que le pire de la crise de la Covid-19 est désormais passé. Selon les prévisions, le PIB devrait retrouver ses niveaux pré-Covid-19 vers la fin de 2022. Nombre de mesures de soutien adoptées par les pouvoirs publics devraient rester en place cette année. La politique budgétaire pour 2022 dépendra de l’issue des élections législatives en septembre. Après un net tassement des chrétiens-démocrates dans les sondages, une coalition entre les Verts, les sociaux-démocrates et les libéraux ne peut être exclue. La crise entraîne un sérieux ralentissement de l’activité des entreprises, mais cela n’aura probablement pas de conséquences à long terme.
Contrairement à ce que laissait espérer fin 2020 la découverte des vaccins, à savoir la fin du stop-and-go, on reste, début 2021, sur une trajectoire de sortie de crise en accordéon du fait de l’apparition des variants et de lenteurs dans la vaccination. Elle s’est rapprochée (baisse moins forte qu’attendu du PIB au T4 2020, rechute en récession technique a priori évitée au T1 2021 avec une croissance faible mais positive attendue) avant de s’éloigner à nouveau (report du rebond attendu au T3 après une croissance au T2 qui frôle le zéro, un chiffre négatif ne pouvant être écarté). Le net rebond des enquêtes de confiance en mars est une bonne nouvelle mais éphémère car il n’intègre pas le durcissement récent des mesures de confinement
En 2020, le PIB réel de l’Italie a chuté de 8,9% et près de 2,5 millions d’emplois équivalents temps plein ont été perdus. La consommation a été le principal moteur de la récession, expliquant les trois-quarts de la baisse. La stagnation des revenus et le manque de confiance ont doublé la propension des ménages à épargner. Le secteur le plus affecté par la crise est celui des services, dont la valeur ajoutée recule de 8,1%, tandis que le manufacturier a été soutenu par la reprise modérée des exportations. Les problèmes soulevés par la pandémie se sont trouvés aggravés par certaines difficultés structurelles qui entravent la croissance depuis quelque temps
L’activité économique est restée très fragile en ce début d’année 2021. À l’épidémie de Covid-19 s’est ajoutée, début janvier, la tempête Filomena, dont les effets délétères, sur la consommation notamment, se sont fait clairement ressentir. Les ventes automobiles et celles de détail ont ainsi fortement chuté au cours de l’hiver. Nous prévoyons désormais une croissance du PIB nulle au T1. L’activité économique pourrait néanmoins rebondir au printemps, et plus fortement cet été, même si les risques baissiers, liés au variant anglais et à une possible quatrième vague de contaminations, ne peuvent être totalement écartés. Nous anticipons une croissance du PIB réel de 5,9% en 2021, et de +5,6% en 2022. Cela fait suite à une contraction record de l’activité de 10,8% en 2020.
Grâce à la bonne santé des finances publiques et au choix d’un confinement léger, les Pays-Bas ont mieux surmonté la crise que ses voisins. L’économie était néanmoins en légère récession au T1 2021. Les indicateurs du sentiment économique pointent en direction d’un redressement marqué au second semestre. Malgré la nette victoire du gouvernement sortant aux élections législatives en mars, la formation d’une nouvelle coalition se déroule dans un climat de nervosité. Les doutes se renforcent sur la capacité de Mark Rutte à diriger son quatrième gouvernement successif. La nouvelle coalition aura pour principale tâche la mise en œuvre d’un plan de reprise.
L’économie belge s’est contractée de 6,3 % en 2020, le repli le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale. Un 4e trimestre meilleur que prévu a permis une légère augmentation des données finales, avec un effet positif sur le taux de croissance 2021, qui devrait s’établir à 3,7 %. La consommation a pâti du deuxième confinement mis en place à la fin de l’année. Elle devrait plonger de nouveau en avril, le gouvernement ayant réinstauré les achats sur rendez-vous et demandé une prolongation des vacances de Pâques. Le chômage a sensiblement augmenté, mais moins que ce qu’on aurait pu craindre, et la vague de faillites, anticipée depuis longtemps, n’a pas eu lieu
Le Portugal a été l’un des pays européens les plus durement touchés par la troisième vague de Covid-19 survenue cet hiver. Le gouvernement a réinstauré un confinement « dur », ce qui a permis de réduire drastiquement la propagation du virus. Un plan progressif de déconfinement a débuté le 15 mars et s’achevera le 3 mai prochain. L’espoir d’une reprise économique solide repose sur la campagne de vaccination qui se déroule pour l’heure, et comme partout dans l’Union européenne, à un rythme peu soutenu. Le succès de la vaccination en Grande-Bretagne offre néanmoins des perspectives de reprise intéressantes pour le secteur touristique portugais, très dépendant des visiteurs d’outre-Manche. Le PIB en volume pourrait rebondir à hauteur de 5,0%-5,5% en 2021, après une contraction de 7,6% en 2020
Avec relativement peu de décès et une chute limitée de son PIB en 2020, le Danemark a plutôt bien résisté à la pandémie de Covid-19. Début 2021, une seconde vague de contaminations forçant à des mesures sanitaires plus contraignantes a décalé l’horizon de la reprise, sans toutefois la compromettre. Celle-ci interviendra, à la faveur d’une campagne vaccinale qui va bon train et d’un soutien budgétaire qui se prolonge. De manière à mieux contrôler le « peg » liant la couronne à l’euro, la Banque centrale du Danemark a procédé à d’importants ajustements de sa politique monétaire.
Dans les pays d’Europe du Nord, les conséquences économiques de la crise de la Covid-19 en 2020 ont été parmi les plus modérées de l’UE, avec un repli du PIB proche de 3% en Suède, au Danemark et en Finlande, contre plus de 6% dans la zone euro. À quel point cela a-t-il permis aux acteurs économiques des pays nordiques d’être plus confiants que leurs homologues européens ? D’après les dernières enquêtes de la Commission européenne, l’indice du sentiment économique s’est fortement redressé au mois de mars 2021 et, ce, dans la plupart des pays européens
Le VVD (libéraux-conservateurs) et D66 (sociaux-libéraux) ont été les grands gagnants des élections législatives du 17 mars 2021, remportant, respectivement, 35 et 23 sièges. Le CDA (chrétiens-démocrates), en revanche, a essuyé de lourdes pertes. La droite populiste a gagné un peu de terrain, le repli du PVV (Parti pour la liberté) ayant été compensé par une forte avancée du FvD (Forum pour la démocratie), qui a fait campagne contre les mesures de confinement. Les partis de gauche ont dévissé, passant de 37 sièges dans le Parlement précédent à 26 à peine aujourd’hui. Le recul des Verts est particulièrement surprenant au regard de l’importance des questions environnementales pour l’électorat néerlandais
Les partisans de l’annulation de la dette arguent parfois du fait qu’elle ne pourra pas être remboursée, mais là n’est pas le sujet. En France, la dette publique exprimée en euro (ou en franc équivalent euro avant 1999) a constamment augmenté au cours de l’après-Guerre, sans que personne ne songe à l’éteindre. Les taux de croissance et d’inflation élevés des Trente Glorieuses ont fait leur œuvre. Entre 1945 et 1975, la dette a vu son encours multiplié par dix environ - la dépréciation du franc ayant notamment gonflé sa composante extérieure - alors que son poids dans le PIB a chuté, de plus de 100% à moins de 20%
Au T4 2020, troisième trimestre de l’exercice budgétaire 2020/2021 qui s’achèvera le 31 mars 2021, l’Inde est officiellement sortie de récession. Le PIB réel est en hausse de 0,4% par rapport au T4 2019. La reprise a été favorisée par une augmentation des investissements publics et la reconstitution des stocks des entreprises. En revanche, la consommation des ménages – plus forte composante de la croissance – affichait encore une baisse alors que les pressions inflationnistes ont ralenti depuis le mois de novembre. L’activité dans les services restait d’ailleurs en repli de 1% alors qu’elle a accéléré dans l’agriculture, la construction et, dans une moindre mesure, l’industrie manufacturière. Les indicateurs d’activité du mois de janvier restent bien orientés
Selon les sondages, l’élection de dimanche serait marquée par une percée du parti socialiste et de l’extrême droite au détriment du parti de centre-droit Ciudadanos. Si les risques politiques en Catalogne restent présents encore aujourd’hui, la détérioration économique liée à la Covid-19 pourrait affaiblir l’engouement pour la question de l’indépendance, suscitant plutôt un mouvement de repli vers le gouvernement central. La crise de la Covid-19 a accentué la dépendance de la Catalogne à l’égard de l’administration centrale et de l’Europe plus largement.
En Espagne, le soutien budgétaire reste, à l’heure actuelle, essentiel pour que la croissance et l’emploi résistent au choc de l’épidémie de coronavirus. Mais à terme, la question de la maîtrise des finances publiques se posera de nouveau. En effet, dans ses dernières prévisions de novembre, la Commission européenne anticipe un déficit public structurel espagnol de 7,2% du PIB en 2022. Le pays enregistrerait ainsi le déficit le plus élevé depuis 2010 – 2009 étant une année record – et le plus large au sein de la zone euro. Le déficit structurel primaire dépasserait la barre des 5% du PIB en 2022. Son impact sur les dépenses publiques sera néanmoins amorti par des taux d’intérêt souverains – et donc un coût de remboursement de la dette – qui devraient rester bas
En ce début d’année, les pays émergents bénéficient d’une conjonction d’éléments favorables à la poursuite de la reprise (rattrapage du commerce extérieur, dollar faible, prix des matières premières en hausse, coûts de financement domestiques plus bas qu’avant la crise). Cependant, de nombreuses incertitudes ou menaces demeurent : la rapidité de couverture des campagnes de vaccination contre la Covid-19, le risque de multiplication des cas d’insolvabilité des pays à faibles revenus, malgré le soutien financier des institutions internationales et créanciers officiels, la montée des prêts non performants dans les systèmes bancaires dès 2021
La croissance chinoise a atteint 2,3% en 2020. Le rebond de l’activité depuis mars a été rapide et s’est étendu progressivement de l’industrie aux services. L’investissement, surtout tiré par les projets d’infrastructures et immobiliers, devrait se renforcer dans le secteur manufacturier, encouragé par la solide performance des exportations. Enfin, la consommation privée, bien que toujours à la traîne, se redresse plus vivement depuis l’été. Alors que la politique budgétaire devrait continuer de soutenir la demande à court terme, les autorités monétaires réajustent leurs priorités. Les conditions de crédit commencent à être resserrées via de nouvelles normes prudentielles. Une hausse des défauts des entreprises devrait accompagner les efforts d’assainissement du secteur financier.
L’activité économique a fortement rebondi depuis le mois de juillet, tirée par une reprise dans l’industrie qui s’est étendue aux services à partir du mois d’octobre. Même si la reprise semble encore fragile, la banque centrale a révisé à la hausse ses prévisions de croissance pour l’année budgétaire 2020/2021 à -7,5%. L’année 2021/2022 devrait être marquée par un important rebond mécanique de l’activité. À défaut de pouvoir soutenir la reprise par un programme de relance budgétaire, le gouvernement s’attelle à créer un environnement favorable aux investissements afin que la croissance à moyen terme renoue avec des rythmes proches de 7%. Les dernières réformes vont dans ce sens. Cependant, leur adoption ne garantit pas leur application et encore moins leur succès.
L’épidémie de Covid-19 a été bien contenue l’an dernier et le confinement rapidement allégé. L’activité productive a vite redémarré à partir de mai, particulièrement soutenue par le solide rebond des exportations. D’ampleur modeste, le plan de soutien budgétaire a surtout reposé sur la mise en œuvre accélérée de projets d’investissement déjà planifiés. Au final, la croissance et les déséquilibres macroéconomiques n’ont été que modérément et temporairement dégradés en 2020. Il demeure néanmoins un maillon faible, lié à la vulnérabilité des banques, insuffisamment capitalisées, et à l’excès de dette des entreprises, notamment publiques. Certaines institutions pourraient s’avérer très fragilisées lorsque les mesures d’aide des autorités monétaires prendront fin en 2021.
En 2020, une politique économique très active a permis d’atténuer l’ampleur du choc récessif. La reprise au T3 a été vigoureuse et le redressement de l’activité s’est poursuivi au T4, en dépit de quelques signes de ralentissement en fin d’année. Malgré une forte volatilité des investissements directs et de portefeuille, et la dépréciation du real, la vulnérabilité extérieure ne s’est pas accentuée. En 2021, même si le maintien des mesures monétaires devrait permettre de soutenir l’activité, la nouvelle flambée de l’épidémie de Covid-19, les retards pris dans la campagne de vaccination, les incertitudes concernant la reprise du processus de consolidation budgétaire et le manque de progrès des réformes sont autant de sujets susceptibles d’agiter les marchés et de déstabiliser la reprise
Le Pérou figure parmi les pays d’Amérique latine les plus touchés par l’épidémie de Covid. Après avoir lourdement chuté au T2 2020, le rebond de croissance entamé au T3 se poursuit. Cela dit, le niveau d’activité pré-Covid ne sera pas retrouvé avant la fin 2022. La contraction économique et le plan de relance massif mis en place par le gouvernement ont pesé sur les finances publiques, mais la dégradation devrait rester gérable, au moins à court terme. En revanche, la dégradation du climat politique observée au cours des dernières années pèse sur les perspectives économiques de moyen terme.
Le soutien budgétaire et la bonne résistance des exportations ont permis de limiter la récession économique en 2020. La reprise devrait être soutenue en 2021, notamment grâce à une campagne de vaccination accélérée contre le coronavirus. Le shekel s’est renforcé avec la hausse de l’excédent courant et des entrées massives de capitaux. La situation des finances publiques est plus incertaine. En plus de la dégradation structurelle observée ces dernières années, l’absence de loi budgétaire dans un contexte d’instabilité gouvernementale récurrente n’est pas favorable à une consolidation. Si de solides indicateurs de solvabilité permettent d’écarter tout risque à court terme, l’absence de réformes pourrait peser sur le potentiel de croissance à moyen et long terme.
Le scénario d’une reprise partielle et fragile de l’économie russe se confirme sur fond d’expansion de la pandémie. Seule la consommation des ménages a permis à la croissance de repartir mais elle risque de s’essouffler avec l’accélération de l’inflation. Le redémarrage attendu de la production des industries extractives, le redressement des prix du pétrole et l’amélioration des indices de confiance dans le secteur manufacturier permettent d’espérer une assise plus large de la reprise en 2021. Mais les soutiens monétaire et budgétaire resteront limités. Les finances publiques ont plutôt bien résisté et les réserves de change se sont consolidées malgré les sorties de capitaux, le rouble ayant été la variable d’ajustement