Le choc de la Covid-19 de début 2020 a frappé une économie en récession. Après déjà plusieurs trimestres de contraction, la consommation privée, l’investissement, le tourisme et les exportations de marchandises se sont effondrés au S1 2020. L’activité – hors tourisme – s’est ensuite rapidement redressée, soutenue par un important plan de relance budgétaire, l’assouplissement des conditions monétaires et la forte accélération des échanges commerciaux. Cependant, la reprise est restée déséquilibrée et s’est vite essoufflée, pour finalement s’interrompre brutalement au T1 2022.
Alors que les échanges extérieurs ont bien rebondi après le choc du T1 2020, portés par la très solide performance des exportations chinoises, la demande intérieure est restée à la traîne en dépit du policy mix très accommodant. Le taux d’investissement, qui avait chuté de 21,6% du PIB en 2018 à 17% en 2020, s’est à peine redressé en 2021 (atteignant 17,5%), freiné par la perte d’attractivité et la détérioration des perspectives économiques du territoire. De fortes contraintes ont également pesé sur la consommation privée (65,2% du PIB en 2021, contre 68,4% en 2018), en particulier : la fermeture des frontières (les achats des non-résidents, essentiellement chinois, représentaient près de la moitié des ventes au détail avant la crise sanitaire), un marché du travail dégradé et une confiance des ménages en berne.
Le marché de l’emploi n’a en effet pas retrouvé sa situation d’avant les crises de 2019-2020, les secteurs de services les plus fragilisés étant notamment les plus intensifs en main d’œuvre, comme la restauration et l’hôtellerie. Entre le T4 2018 et le T4 2021, les salaires réels ont progressé de moins de 1% et l’emploi total a baissé de 4,8%. La population totale et la population active ont également diminué sur la même période, respectivement de 1,1% et 3,8%. Le taux de chômage, qui avait grimpé de 2,7% en décembre 2018 à un pic de 6,8% en février 2021, est redescendu à 3,5% en janvier 2022, puis est reparti à la hausse (4,2% en février).
… Interrompue par la déferlante omicron au T1 2022
Jusqu’à fin 2021, Hong Kong a su contrôler l’épidémie de Covid-19, au prix d’importantes restrictions (notamment à la frontière). Mais la situation sanitaire s’est brutalement dégradée avec l’arrivée du variant Omicron fin décembre. Les contaminations sont devenues hors de contrôle, notamment en raison d’une couverture vaccinale insuffisante. Au 6 avril 2022, 86% de la population avait reçu deux doses de vaccin, contre seulement 65% fin 2021 ; le taux de vaccination n’était que de 61% pour les 70-79 ans et 35% pour les 80 ans et plus. Le nombre de nouvelles infections est passé de moins de 100 la dernière semaine de décembre 2021 à 450 000 la première semaine de mars (pour une population de 7,4 millions d’habitants), et le taux de mortalité est monté en flèche[1].
De janvier jusqu’à la mi-mars, les autorités ont imposé de très sévères restrictions sur le territoire. Les indicateurs de mobilité, qui étaient revenus à des niveaux d’avant-crise fin 2021, ont chuté et atteint début mars leurs niveaux les plus bas depuis le début de la pandémie. Les ventes au détail se sont à nouveau effondrées. Depuis mi-mars, la vague épidémique reflue et les conditions de mobilité ont commencé à s’améliorer. Elles devraient se normaliser très progressivement dans les prochains mois compte tenu de la dureté des mesures de contrôle sanitaire.
L'environnement externe se dégrade
Hong Kong fait maintenant face à d’autres défis, liés à la dégradation de l’environnement international. En premier lieu, Hong Kong va subir des répercussions indirectes de la guerre en Ukraine via ses effets sur le commerce mondial et les prix des matières premières. Ses échanges commerciaux avec la Russie et l’Ukraine sont très réduits (respectivement 0,2% et 0,7% de ses importations et exportations totales).
Néanmoins, de par son rôle de hub commercial régional, Hong Kong est vulnérable au ralentissement attendu de la demande mondiale et aux perturbations dans les chaines d’approvisionnement. Celles-ci seront exacerbées dans les prochaines semaines par les conséquences de la vague épidémique sur la production industrielle et le transport des marchandises en Chine. À la fragilité de la demande intérieure de Hong Kong devrait donc s’ajouter à court terme le ralentissement de ses exportations (dont 98% sont des ré-exportations).