Face à l’épidémie de coronavirus, la Norvège a su minimiser ses pertes, humaines autant qu’économiques. En 2021, l’envolée des prix mondiaux du gaz et du pétrole lui a largement profité. L’activité a déjà dépassé son niveau pré-pandémique, l’immobilier s’affole, les comptes publics renouent avec leurs traditionnels excédents. La Banque centrale, qui fut l’une des toutes premières à remonter ses taux d’intérêt directeurs, juge la situation compatible avec une normalisation de la politique monétaire. Sa feuille de route reste néanmoins tributaire de la situation sanitaire, qui, comme partout, se dégrade.
Dans la plupart des pays européens, le déficit structurel primaire devrait baisser en 2022. Une telle contraction constitue une impulsion budgétaire négative qui pourrait freiner la croissance économique. Toutefois, le solde primaire reste important et correspond à une politique budgétaire accommodante. Les politiques nationales, les dépenses au titre de la facilité pour la reprise et la résilience, et les autres aides européennes devraient soutenir la croissance en 2022. En outre, elles devraient accompagner et renforcer la reprise actuelle et l’efficacité de la politique accommodante de la BCE.
Nos différents indicateurs d’incertitude sont complémentaires en termes de portée comme de méthodologie. D’après les derniers relevés, plusieurs font ressortir une légère augmentation. Cette évolution s’explique par les perturbations persistantes dans les approvisionnements, les goulets d’étranglement, et surtout, le regain d’inquiétude suscité par la pandémie, eu égard à la hausse significative, dans plusieurs pays, des cas d’infection par le variant Delta et aux préoccupations entourant le variant Omicron.
Aux États-Unis, le dérapage des prix n’en finit plus et devient un véritable sujet d’attention. En novembre 2021, l’inflation a atteint 6,8% sur un an, un record depuis juin 1982. Si, comme les mois précédents, la flambée des prix de l’énergie (+33% sur un an) a contribué à renchérir le coût de la vie, elle n’est plus seule en cause. Hors alimentation et énergie, l’inflation a été mesurée à 4,9% en novembre, là encore, un record. En hausse de 3,9% sur un an, les loyers, qui constituent le principal poste de dépense pour les ménages (33% de l’indice), commencent notamment à peser lourd. Loin d’être anecdotique, leur renchérissement s’accentue mois après mois, dans le sillage de la flambée des prix de l’immobilier
La réunion du 16 décembre de la BCE est très attendue, en premier lieu pour les nouvelles prévisions de croissance et d’inflation de la banque centrale. Du côté de la croissance, en septembre, la BCE prévoyait 5% en 2021 en moyenne annuelle, 4,6% en 2022 et 2,1% en 2023. Elle pourrait laisser inchangée sa prévision pour 2021, les chiffres positifs du T3 étant contrebalancés par une vision moins positive des perspectives pour le T4 (sous l’effet de la hausse des contraintes d’offre, des pressions inflationnistes et de la recrudescence de l’épidémie). La croissance en 2022 devrait s’en ressentir. L’ampleur de la révision en baisse sera indicative de son degré de préoccupation
La crise de la Covid-19 génère toujours de vives discussions sur le devenir de la mondialisation des échanges commerciaux et financiers, et des chaînes de valeur mondiales. La part de la valeur ajoutée étrangère contenue dans les exportations d’un pays ou d’une région[1] synthétise bien le niveau d’imbrication dans les chaînes de valeur mondiales. Cette part a augmenté rapidement du début des années 1990 jusqu’à la crise financière mondiale de 2008, sous l’effet de la libéralisation des échanges (baisses des tarifs douaniers et multiplications des accords de libre-échange) et de la chute des coûts de transport
Devant le Sénat américain, Jerome Powell a reconnu qu’il pouvait y avoir une inflation moins transitoire que ce que l’on avait pensé jusque-là, ce qui justifierait une réduction des achats d’actifs plus rapide. Malgré ce durcissement de ton, les bons du Trésor ont peu réagi. Cela pourrait refléter l’inquiétude des marchés sur l’évolution de la pandémie. Le nouveau variant Omicron constitue, en outre, un choc d’incertitude pour les ménages et les entreprises. Il vient s’ajouter à un choc d’offre négatif qui freine la demande. Cela rend la tâche des banques centrales plus complexe que jamais au moment de décider de l’ampleur du coup de frein monétaire qu’elles peuvent donner.
Le PMI manufacturier mondial est stable depuis août. Toutefois, sur cette période, les données des États-Unis et de la zone euro se sont affaiblies, tout en restant nettement supérieures au niveau mondial. Novembre a vu une amélioration notable en France et en Italie, et plus encore en Australie. Le Japon poursuit la tendance haussière amorcée récemment et ancre son indice PME solidement au-dessus de la barre des 50 points. La République tchèque, l’Afrique du Sud et l’Inde enregistrent des avancées particulièrement dynamiques.
Notre Baromètre annonce clairement du mauvais temps. La détérioration est notable dans tous les secteurs, à l’exception du bâtiment. L’indice Ifo du climat des affaires s’est détérioré dans le secteur manufacturier en novembre pour le cinquième mois consécutif. L’activité industrielle est freinée par les goulets d’étranglements du côté de l’offre et par la hausse des prix des intrants. L’amélioration des anticipations, en particulier dans l’industrie automobile, pourrait annoncer une diminution des pénuries de pièces détachées dans ce secteur.
Les premières indications pour le 4e trimestre rendent compte du maintien des principaux indicateurs de confiance à un bon niveau, en particulier du côté des entreprises, ainsi que de la poursuite de l’amélioration perceptible depuis plusieurs mois sur le marché du travail. Ainsi, la croissance, qui a été récemment confirmée à 3% t/t au 3e trimestre, devrait aisément atteindre 6,7% sur l’année 2021. La croissance pourrait néanmoins ralentir, comme le suggère notre baromètre, en raison de plusieurs dynamiques. La première tient au décalage entre les carnets de commande et la capacité des entreprises à y répondre rapidement
Jusqu’à maintenant, l’économie égyptienne a traversé la crise du Covid-19 sans dégradation significative de ses principaux indicateurs macroéconomiques. La croissance du PIB est restée positive et les soldes budgétaire et extérieur sont relativement stables. Ces bonnes performances résultent notamment de l’assainissement macroéconomique des années précédentes et du soutien financier extérieur. À court terme, les perspectives sont mitigées. La reprise de l’inflation, si elle persistait, pourrait enclencher un cycle de durcissement monétaire, avec des conséquences négatives pour les finances publiques. Par ailleurs, la vulnérabilité extérieure est entretenue par des déficits courants structurels et une dépendance aux flux d’investissements de portefeuille
Si, face à l’épidémie de coronavirus, l’État britannique n’a pas manqué de volontarisme (20 points de PIB ont été directement transférés dans l’économie pour faire face à la crise sanitaire, le double de la moyenne européenne), il figure aussi parmi les premiers à avoir décrété la fin du « quoi qu’il en coûte ». En octobre, les principaux dispositifs de maintien dans l’emploi - le Coronavirus Job Retention Scheme (CJRS) et le Self-employed Income Support Scheme (SEISS) - disparaissaient.
Les entreprises de la zone euro font état de pénuries records de main-d’œuvre. Si celles-ci sont en partie de nature cyclique, certains facteurs structurels interviennent. D’après l’enquête annuelle 2020 de la BEI sur les investissements, la disponibilité de personnel qualifié arrive en deuxième position des principaux facteurs pesant sur les décisions d’investissement à long terme dans la zone euro. Les pénuries structurelles de main-d’œuvre pèsent sur la croissance du PIB, en affectant la formation de capital, l’innovation et la productivité
Notre baromètre met en évidence une dégradation conjoncturelle de l’économie chinoise sur la période août-octobre 2021 par rapport aux trois mois précédents. Alors que la situation du secteur industriel s’est améliorée en octobre après le fort ralentissement du mois de septembre, la correction dans le secteur immobilier s’est poursuivie.
D’après notre baromètre, la situation conjoncturelle de la zone euro s’est dégradée au cours des trois derniers mois. Si cette dégradation ressort très nettement dans les indicateurs d’activité, elle est moins perceptible au niveau des enquêtes sur le climat des affaires.
Après deux trimestres solides, la croissance économique en Italie devrait enregistrer une baisse au T4. Pour rappel, le PIB réel a augmenté de 2,7% t/t au T2 2021 et encore de +2,6% t/t au T3. Cependant, le rattrapage d’activité jusqu’à cet automne a été encourageant et a notamment conduit la Commission européenne à rehausser fortement sa prévision de croissance pour 2021, désormais à 6,2% en moyenne annuelle contre 4,2% lors de ses projections du printemps dernier.
Comme d’autres économies, l’Espagne n’échappe pas aux obstacles du moment (tensions sur la main d’œuvre et l’approvisionnement en biens et équipements de production, inflation, etc.), auxquels s’ajoute, une nouvelle fois, le risque épidémique. À la mi-novembre, le nombre de nouvelles contaminations à la Covid-19 restait à un niveau très modéré mais la hausse semble bien enclenchée et devrait s’accélérer à l’approche de l’hiver.
C’est un dérapage transitoire… qui dure ! En octobre, l’inflation américaine a été mesurée à 6,2% sur un an, son plus haut niveau depuis trente-et-un ans. Si, comme les mois précédents, l’alourdissement de la facture énergétique est en cause (il explique 30% du chiffre), l’accélération de la hausse des prix est un phénomène qui s’étend aux États-Unis. Elle rattrape les loyers, dont le renchérissement atteint déjà 3,5% sur un an et va, à coup sûr, s’accentuer.
La Pologne est touchée, comme les autres pays d’Europe centrale, de façon de plus en plus manifeste par les pénuries de biens intermédiaires dans l’industrie. Celles-ci concernent un nombre croissant de composants, que ce soit les semi-conducteurs ou les plastiques. En conséquence, la production automobile est en repli de 15% par rapport à son point haut de la fin 2020, et celle d’équipements électriques de 8% par rapport à son pic de mai 2021. Dans les deux cas, ces baisses ont lieu malgré des carnets de commande relativement pleins. Elles ont, de plus, des conséquences directes sur la balance courante. Cette dernière a, en effet, brutalement basculé d’un excédent de EUR 500 m par mois en moyenne au 1er semestre à un déficit de l’ordre de EUR 1,5 md à partir de juillet
Le PMI manufacturier mondial a légèrement progressé en octobre malgré un fléchissement aux États-Unis et un léger repli dans la zone euro. L’indice a affiché une baisse notable en France alors qu’il a évolué à la hausse en Italie. Il a également progressé au Japon. Les niveaux enregistrés dans les économies avancées restent très élevés tandis que la situation est plus contrastée dans les pays émergents.
L’économie allemande a poursuivi son redressement au troisième trimestre, avec une progression du PIB de 1,8 % par rapport aux trois mois précédents. La croissance s’explique principalement par la hausse des dépenses de consommation, liée à l’amélioration de la situation sur le marché d’emploi et à la poursuite de l’assouplissement des mesures sanitaires.
La première estimation de la croissance française au T3 2021 a réservé une bonne surprise : le rebond du PIB a atteint 3 % t/t, dépassant nettement nos attentes (2,2 %) ainsi que celles de la Banque de France (2,3 %) et de l’INSEE (2,7 %). De plus, la croissance du T2 a été rehaussée de 0,2 point, à 1,3 %. Avec un trimestre d’avance, le PIB français retrouve ainsi quasiment son niveau d’avant crise du T4 2019. Et l’acquis de croissance s’élève à 6,6 %. En moyenne sur 2021, la croissance sera donc très certainement supérieure aux prévisions (6,25% pour le gouvernement, 6,3 % pour la nôtre).
La Commission européenne a relancé le réexamen de la gouvernance économique de l'Union européenne. Cette initiative est plus que jamais nécessaire en raison des effets de la pandémie de Covid-19 sur les finances publiques des pays et de leurs besoins d'investissements publics dans le contexte de la transition verte et numérique. Cela soulève néanmoins plusieurs défis : un ordre du jour particulièrement dense, la nature inclusive du débat avec de nombreuses parties prenantes et, en ce qui concerne la gouvernance budgétaire, la nécessité pour les États membres de trouver un équilibre entre discipline économique et maintien d'une marge de manœuvre
La croissance économique chinoise a marqué le pas au T3 2021, atteignant 4,9% en glissement annuel (g.a.) contre 7,9% au T2 2021. Dans le secteur des services, la croissance avait fortement ralenti en août (+4,8% en g.a.), notamment à cause des restrictions de mobilité réintroduites face à la résurgence de cas de Covid-19. Elle s’est redressée en septembre (+5,2%) mais reste faible. L’activité dans les services est pénalisée par un durcissement réglementaire dans une série de secteurs tels que le numérique, le soutien scolaire ou les jeux vidéo.
Le gouvernement britannique aurait-il trop vite baissé la garde ? Depuis le début du mois de juillet, presque toutes les barrières contre l’épidémie de coronavirus sont tombées outre-Manche. Londres n’exige plus le port du masque dans les espaces publics, même clos, ni la présentation d’un « pass » sanitaire, laissés à l’appréciation des citoyens. Conséquence, le pays le plus « libre d’Europe », selon les propos du ministre britannique David Frost, est aussi celui qui, en ce milieu d’automne 2021, enregistre le plus grand nombre de contaminations : près de 45 000 par jour soit dix fois plus qu’en France, pour des tailles de population ou des taux de vaccination comparables (67% pour l’ensemble).