Les chocs d’incertitude ont-ils des effets symétriques ou asymétriques? Cette question est centrale car, depuis 2018, l’incertitude agit comme un vent contraire sur la croissance mondiale. Par ailleurs, sur la base des dernières informations concernant l’avancée des négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et de celles sur le Brexit, le pic d’incertitude est peut-être derrière nous. La recherche empirique montre que les phases d’augmentation de l’incertitude ont un plus grand impact sur l’économie que les phases de baisse, en particulier quand la croissance est déjà lente. La reprise de la croissance ne pourra donc qu’être progressive.
La croissance économique au 3e trimestre 2019 a surpris à la hausse. Elle s’est stabilisée à +0,2% en variation trimestrielle (v.t.) par rapport au trimestre précédent. Par pays, la croissance est stable en Espagne (+0,4%), en France (+0,3%) et en Italie (+0,1%). Les données pour l’Allemagne ne sont pas encore publiées. Alors que l’activité dans le secteur manufacturier reste très déteriorée, l’indice des directeurs d’achats dans le secteur des services s’établit nettement en deçà de sa moyenne de long terme en octobre. La contagion des difficultés manufacturières aux services reste le point à surveiller au cours des prochains mois. L’évolution du chômage, qui reste relativement faible au regard du passé, en est un élément déterminant à court terme.
En 2018, malgré un climat social tendu et un environnement économique marqué par l’essoufflement de la croissance européenne, le Brexit et le différend commercial sino-américain, les indicateurs d’attractivité de la France sont restés bien orientés. D’après le baromètre EY en particulier, la France devance l’Allemagne et talonne le Royaume-Uni en nombre de projets d’investissements étrangers (IDE) sur son territoire. Ces projets sont essentiellement portés par l’industrie, le numérique et les services aux entreprises. Cette attractivité de l’Hexagone témoigne de la solidité de ses secteurs historiques, de la densité de son écosystème entrepreneurial et du dynamisme de sa recherche. Les réformes récemment entreprises jouent également favorablement
La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ainsi que le Brexit freinent la croissance depuis déjà un bon moment. Les évolutions récentes donnent à penser que ces sources d’incertitude pourraient avoir atteint un point culminant. Si tel était le cas, cela pourrait stimuler les dépenses en libérant la demande contenue des entreprises ou des ménages. Cependant, dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale et, pour citer le FMI, de perspectives précaires pour l’année prochaine, la réaction sera probablement plus modérée, de nouvelles sources de préoccupation prenant le relais des précédentes : l’incertitude a peut-être atteint un sommet dans certains domaines, mais elle va probablement en gagner d’autres.
Après des mois de mauvaises surprises, certains indicateurs du Baromètre ont migré vers la droite du graphique. On notera particulièrement que l'indice ifo du climat des affaires s'est stabilisé en octobre, alors que le marché s'attendait à une nouvelle baisse. Les enquêtes ifo et PMI indiquent une légère amélioration de la confiance dans le secteur manufacturier, même si les indices sont restés fermement ancrés en zone de contraction. La faiblesse persistante des commandes en août confirme cette tendance. De ce fait, la légère reprise de l’activité industrielle au cours de ce mois n’a probablement été qu’un «soubresaut» statistique
Dans son projet de loi de finances pour 2020, le gouvernement prévoit un déficit de 3,1% du PIB en 2019 et de 2,2% en 2020 (après un déficit observé de 2,5% en 2018). L’amélioration en 2020 est en trompe-l’œil, comme le creusement du déficit en 2019. Les chiffres de 2020 ne portent plus la trace, contrairement à ceux de 2019, du coût budgétaire ponctuel de la bascule du CICE en baisse de charges. Hors éléments exceptionnels, le déficit budgétaire se réduit de 0,1 point chaque année et atteint 2,1% en 2020. Le nouvel objectif de déficit pour 2020 est près d’un point plus élevé que celui établi il y a un an dans le PLF 2019. Cette dégradation est imputable, dans des proportions équivalentes, à la révision à la baisse des prévisions de croissance et d’ajustement structurel
Selon la conseillère économique du FMI, les perspectives de croissance sont précaires. Le Fonds prévoit une légère amélioration de la croissance l’année prochaine portée par un nombre limité de pays émergents et de pays en développement, actuellement en difficulté ou en sous-régime. Cette accélération modeste de la croissance tiendrait à des facteurs propres à certains pays plutôt qu’à des anticipations d’amélioration généralisée. La croissance devrait continuer à se tasser aux États-Unis bien au-delà de 2020 et, d’après les projections, elle se repliera en Chine à 5,8 %, l’année prochaine. Dans ce contexte, les projections relatives à un léger rebond dans la zone euro, rebond tiré par l’Allemagne et l’Italie et conditionné par la reprise de la demande extérieure, semblent ambitieuses
Il existe différents moyens de mesurer l’incertitude. Si l’on part du haut à gauche et que l’on tourne dans le sens de l’aiguille d’une montre, l’indicateur de l’incertitude relatif à la politique économique, qui est basé sur la couverture médiatique, est historiquement à son point le plus haut en raison des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis et des craintes d’un Brexit chaotique...
Les indicateurs de notre baromètre sont moins dispersés qu’il n’y paraît. Situés dans le cadran nord-est, les données d’enquête de l’INSEE envoient un signal positif pour le mois de septembre, tandis que dans le cadran sud-ouest, les données d’activité pour le mois d’août renvoient un signal négatif. Quel signal l’emporte ? Alors que les bons résultats des enquêtes de l’INSEE sont encourageants, l’évolution décevante de la production et de la consommation des ménages en biens est préoccupante. Notre modèle nowcast réconcilie les deux informations. Sur la base des données d’enquêtes et des données d’activité, la croissance estimée est la même pour le T3 : à peine 0,2% t/t. Cela correspond à notre prévision tandis que l’INSEE et la Banque de France viennent de confirmer les leurs, à 0,3%.
La croissance mondiale marque le pas, obligeant la Réserve fédérale à abaisser ses taux à deux reprises tandis que la BCE a annoncé un ensemble complet de mesures d’assouplissement. Le ralentissement devrait néanmoins se poursuivre. L’incertitude est omniprésente. Confrontées à l’essoufflement de la croissance, aux différends commerciaux, aux inquiétudes liées au Brexit et au risque géopolitique, les entreprises s’interrogent sur la situation réelle de la demande. Leur investissement est à la peine, ce qui pourrait freiner l’emploi et impacter les ménages. Autre facteur susceptible de peser sur la confiance : la marge de manœuvre désormais limitée de la politique monétaire et, dans de nombreux pays, de la politique budgétaire pour stimuler la croissance
La contraction des échanges mondiaux, aggravée par l’offensive tarifaire du président Trump, rattrape les Etats-Unis et participe au ralentissement de son activité, qui a aussi ses raisons propres. L’atterrissage de l’économie s’est poursuivi dans le courant de l’été 2019, les enquêtes de conjoncture n’annonçant aucun mieux dans les mois à venir. L’investissement des entreprises, notamment, resterait mal orienté, tandis que la consommation des ménages, résistante jusqu’ici, freinerait. Dans ce contexte, la Réserve fédérale, qui ne donne plus d’indication quant à l’évolution à venir de sa politique, baissera encore les taux d’intérêt.
Pékin a laissé le yuan se déprécier face au dollar après chaque hausse des droits de douane des Etats-Unis sur leurs importations de biens chinois. A court terme, l’usage de la politique de change pour soutenir l’activité devrait néanmoins rester modéré. La marge de manœuvre pour relancer le crédit est également étroite. En cause : le niveau de dette excessivement élevé de l’économie et le souhait des autorités de poursuivre les efforts d’assainissement du secteur financier, du secteur public et du marché immobilier. Le dilemme – soutien à la croissance contre désendettement – pourrait encore s’accroître si les récentes mesures de relance fiscale n’ont pas les effets escomptés sur la demande interne ou si l’environnement externe se détériore davantage.
La croissance du PIB japonais a été plus forte que prévu début 2019. Malgré les difficultés actuelles du secteur exportateur, la demande interne, privée comme publique, a pris pour l’heure le relais. A court terme, deux sources d’inquiétude pèsent sur le scénario macroéconomique japonais. D’abord, le Japon est particulièrement exposé au ralentissement de l’économie chinoise et du commerce international. Ensuite, la hausse de TVA en octobre freinerait la consommation à la fin de l’année et peut-être en 2020. Face à ces incertitudes internes et externes, les politiques monétaire et budgétaire resteront accommodantes mais leur efficacité pourrait être limitée.
Ainsi qu’il ressort du fléchissement des données et des indicateurs conjoncturels, l’économie serait en légère récession technique. Ce ralentissement de l’activité touche principalement le secteur manufacturier sans presque aucune incidence sur le reste de l’économie. Pressé de toutes parts d’adopter des mesures de soutien budgétaire, le gouvernement ne va probablement pas aller au-delà de ce que prévoient l’accord de coalition et le plan climat. Les simulations montrent, par ailleurs, que les effets d’entraînement d’une impulsion budgétaire sur les autres pays de la zone euro seraient limités. De plus, la mise en œuvre d’un plan de relance pourrait se heurter à la longueur des délais nécessaires à sa préparation ainsi qu’aux goulets d’étranglement sur le marché du travail
L’économie française continue de faire preuve de résistance à en juger la stabilité de la croissance, sur un rythme annualisé d’un peu plus de 1%, et la bonne tenue des enquêtes de confiance et du marché du travail. Les perspectives restent favorables mais elles se sont assombries ces derniers mois avec les signes de récession outre-Rhin, l’accroissement des tensions commerciales et l’incertitude sur le Brexit. Nous prévoyons que l’investissement des entreprises et les exportations fléchissent nettement sous le poids de cet environnement extérieur plus incertain et moins porteur. Mais le tassement de la croissance serait amorti par le rebond attendu de la consommation des ménages, porté par les mesures importantes de soutien au pouvoir d’achat.
Le nouveau gouvernement a approuvé l’actualisation du document économique et financier prévoyant de porter le déficit à 2,2 % du PIB en 2020. Le projet de loi de finances 2020 est estimé à EUR 30 mds. Certaines mesures prévues par le projet de budget, comme la réduction du coin fiscal, devraient soutenir l’économie et avoir un effet positif sur la croissance, malgré une incertitude grandissante. Au deuxième trimestre, le PIB a augmenté de 0,1 % en glissement annuel, avec la contribution négative des stocks à la croissance globale, tandis que les exportations ont poursuivi leur progression. La demande intérieure a pâti de l’évolution contrastée du marché du travail et d’un marché du logement qui ne s’est toujours pas complètement redressé.
Les Espagnols sont à nouveau convoqués aux urnes le 10 novembre prochain, mais rien ne permet d’affirmer que ce scrutin permettra de sortir de l’impasse. Le paysage politique reste trop fragmenté pour produire des coalitions durables. La conduite à tenir face à l’indépendantisme catalan exacerbe les clivages et aide à justifier le manque de coopération. Pendant ce temps, la croissance a ralenti de façon un peu plus marquée qu’on ne le croyait jusqu’ici, tout en restant à un niveau, 2%, que beaucoup d’autres grands pays européens pourraient envier. La préparation et l’adoption d’un budget pour 2020 attendront la formation d’un nouveau gouvernement.
La croissance du PIB devrait reculer de 1,4 % en 2018 à 1 % à peine en 2019 et à 0,7 % en 2020. Ce repli s’explique par un nouveau ralentissement du commerce international, que la bonne tenue de la demande intérieure ne compense que partiellement. Malgré le recul des créations d’emplois, le redressement du revenu disponible devrait stimuler la consommation privée jusqu’à fin 2019 et une partie de 2020. Les finances publiques demeurent un facteur de risque majeur, la dette publique étant supérieure à 100 % du PIB. Un nouveau dérapage budgétaire semble inévitable, les négociations en vue de former un gouvernement n’étant pas près d’aboutir.
Après son succès aux élections de fin septembre, le parti conservateur (ÖVP) va devoir former un nouveau gouvernement. Pour obtenir une majorité, il pourrait de nouveau faire appel au FPÖ (extrême droite). Dans ce cas, la politique qui sera mise en œuvre devrait rester largement inchangée et centrée sur l’assainissement budgétaire et la réduction de la charge fiscale. Toutefois, le prochain gouvernement devra faire face à un environnement économique moins favorable. La croissance du PIB pourrait fléchir pour atteindre autour de 1,2 % en 2020. Néanmoins, la santé des finances publiques s’est considérablement améliorée, offrant au gouvernement une importante marge de manœuvre pour lutter contre la récession, si nécessaire.
Très progressif jusqu’ici, le ralentissement économique devrait peu à peu s’étendre au cours de la seconde moitié de 2019 et en 2020. Alors que le chômage est au plus bas depuis 2002, le moral des ménages est bon. Ils viennent d’ailleurs de renouveler leur confiance à l’équipe sortante du premier ministre Costa. Le Parti socialiste est ainsi arrivé largement en tête des élections législatives du 6 octobre dernier avec plus de 36% des votes. Comme lors de la précédente législature, il va chercher à s’assurer du soutien des autres partis de gauche pour former un nouveau gouvernement.
A l’approche du 31 octobre 2019, nouvelle date limite avant une sortie britannique de l’Union européenne (Brexit), qui peut dire où le Royaume-Uni se dirige ? Sans doute pas le premier ministre lui-même, Boris Johnson, qui, après s’être aliéné une partie de son Parlement en tentant d’y interdire les débats, a nourri le scepticisme de ses partenaires européens en leur présentant comme à prendre ou à laisser un « compromis » sur l’Irlande du Nord aussi peu réaliste qu’acceptable. Resteraient, en bout de course, l’option d’un Brexit sans accord, qu’une loi britannique interdit toutefois, ou celle, plus vraisemblable mais non totalement acquise, d’un nouveau report, assorti d’élections générales anticipées.
L’économie norvégienne devrait afficher une croissance soutenue du PIB jusque fin 2019 grâce à la bonne tenue de l’investissement dans le secteur pétrolier en Norvège et à l’étranger. La croissance devrait ensuite ralentir sous l’effet d’une conjoncture internationale moins favorable. L’investissement dans le secteur pétrolier norvégien pourrait, par ailleurs, marquer le pas en 2020. La consommation des ménages devrait néanmoins continuer à croître à un rythme relativement soutenu grâce à l’accélération des salaires. La Banque centrale de Norvège ne devrait pas relever son taux directeur au cours des prochains trimestres. Le taux d’inflation resterait en effet proche de sa cible de 2% alors que les risques à l’étranger se sont accrus.
L’indice des directeurs des achats du secteur manufacturier de l’Institute for Supply Management (ISM) a poursuivi sa baisse en septembre, atteignant 47,8%. L'ISM non-manufacturier a enregistré une forte contraction de 3,8 points de pourcentage et se situe maintenant à 52,6%. Hormis en période de récession, il s’agit d’un chiffre assez faible. Dans ce contexte, les rendements obligataires ont nettement faibli, reflétant les inquiétudes grandissantes quant au risque de récession, les anticipations d’assouplissements monétaires par la Fed, et la fuite vers des valeurs refuges. Les données sur le marché du travail pour septembre ont toutefois apporté un soulagement. Nous prévoyons néanmoins que la Réserve fédérale continuera à réduire ses taux.
Bien qu’en août le volume de la production industrielle et celui des ventes au détail aient dépassé les attentes, les données clés relatives à septembre ont envoyé des signaux contradictoires. L’ISM manufacturier et l’ISM non manufacturier, tous deux en dessous des attentes, ont généré beaucoup de nervosité à l’approche de la publication cruciale des chiffres du marché du travail. Les données publiées ont été accueillies avec soulagement, les créations d’emplois non agricoles s’élevant à 136 000 pour septembre (contre un consensus Bloomberg de l’ordre de 145 000) et le taux de chômage s’élevant à 3,5%...
Le rôle de la consommation privée comme moteur de la croissance économique chinoise s’est accru ces dernières années, mais ce moteur reste fragile. A l’heure où le secteur exportateur subit les effets des mesures protectionnistes américaines et l’affaiblissement de la demande mondiale, la Chine cherche de solides relais de croissance. La consommation privée marque cependant le pas, et pourrait continuer de décevoir à court et moyen terme. Le rattrapage va nécessairement se poursuivre avec l’urbanisation et le vieillissement de la population, ainsi que grâce à l’action du gouvernement, déterminé à réduire les inégalités de revenus, à améliorer l’accès au logement et à renforcer davantage le système de protection sociale. Néanmoins, ces changements structurels prendront du temps