L’indice PMI composite mondial a encore marqué une hausse pour le troisième mois consécutif en janvier (51,8 contre 51 en décembre), atteignant ainsi son plus haut niveau depuis juin 2023. Cette amélioration de l’activité globale est portée par l’ensemble des secteurs. En janvier, l’indice mondial PMI dans le secteur manufacturier et celui du secteur des services ont atteint leur plus haut niveau, respectivement, depuis août 2022 et juillet 2023.
Croissance du PIB, inflation, taux de change et d'intérêt
En 2023, le rebond post-Covid de l’activité économique chinoise a été moins vigoureux qu’espéré. La crise du secteur immobilier s’est aggravée en fin d’année, la demande de logements ne redémarre pas, et le moral dégradé des ménages pèse sur leur consommation. En revanche, le secteur manufacturier exportateur a affiché une performance meilleure que prévu au dernier trimestre, contrastant avec celle des secteurs tournés vers le marché intérieur. Les autorités maintiennent une politique accommodante. Cependant, la fragilité financière des collectivités locales pèse sur l’investissement public, et la marge de manœuvre de la banque centrale pour relancer le crédit est faible. Le secteur bancaire subit une hausse du risque de crédit, qui semble cependant rester maîtrisé.
L’activité économique indienne est restée solide au premier semestre de l’année budgétaire en cours. Sur l’ensemble de l’année 2023/2024, elle pourrait être proche de 7%, soutenue principalement par le dynamisme des investissements privés et publics. L’augmentation du taux d’investissement pour la deuxième année consécutive est particulièrement favorable. Elle répond à une des fragilités structurelles du pays. A ce jour, les contraintes sur les facteurs de production (tant au niveau du travail que du capital) et la faible intégration du pays dans le commerce mondial pèsent sur son attractivité, comme en témoigne la nouvelle baisse des flux d’IDE (-0,9% du PIB) sur les trois premiers trimestres de l’année 2023
La croissance économique de la Malaisie est restée robuste en 2023, bien qu’en recul par rapport à 2022 en raison d’effets de base défavorables. La demande intérieure en a été le principal moteur alors que les exportations se sont sensiblement contractées. Les perspectives pour 2024 restent bien orientées et la croissance devrait légèrement rebondir. Les principaux points d’attention portent sur l’évolution du marché immobilier et du secteur de la construction (lequel concentre les entreprises les plus fragiles), la consolidation des finances publiques (qui reste très graduelle) et l’évolution des comptes extérieurs
Le dynamisme de la consommation des ménages et le retour des touristes devraient permettre à la croissance d’accélérer au cours des prochains trimestres. Le manque de compétitivité du secteur exportateur et les effets d’El Niño sont les principaux risques sur la croissance et les exportations. En outre, la situation politique reste tendue et la coalition gouvernementale apparaît fragile. Un dérapage budgétaire est possible et la banque centrale devrait marquer une pause dans son assouplissement monétaire.
Le Vietnam a connu une série de difficultés en 2022-2023, liées à la dégradation de l’environnement international, à la sévère correction dans le secteur immobilier, à la crise de confiance et aux tensions sur la liquidité dans le secteur bancaire. La croissance économique a marqué le pas début 2023, mais elle a ensuite rapidement réaccéléré. En particulier, l’activité dans le secteur exportateur manufacturier se redresse depuis quelques mois, porté par de solides entrées d’investissements directs étrangers. Ces dynamiques devraient se poursuivre à court terme, le Vietnam étant un des grands bénéficiaires des ajustements en cours dans les chaines de production mondiales.
Pour son retour aux commandes, Lula peut dresser un bilan positif de sa première année, marquée par des indicateurs macro-financiers au vert, la relance des programmes sociaux, des positions ambitieuses sur l’environnement et une capacité à réformer que peu d’observateurs anticipaient. Ce tableau cache toutefois quelques déséquilibres : dans le profil de la croissance, la dynamique du chômage et la diversification de la balance commerciale. Les doutes des marchés sur la capacité du gouvernement à équilibrer ses comptes (malgré le nouveau cadre budgétaire) constitue une autre zone d’ombre. En 2024, la croissance, l’inflation et les taux d’intérêt seront inférieurs à 2023
Après une récession attendue en 2023, les perspectives de croissance sont plus favorables en 2024. L’activité économique devrait être portée à la fois par une amélioration de la demande intérieure et un léger rebond de la croissance en zone euro. Le cycle d’assouplissement monétaire initié fin 2023, devrait se poursuivre mais avec une certaine prudence, compte tenu de la persistance de fortes pressions salariales. Les comptes externes restent solides avec des réserves de change en hausse depuis plusieurs années. La Hongrie devrait afficher un excédent courant en 2023, après un déficit de -8,2% du PIB en 2022. Du côté des comptes publics, le déficit budgétaire reste dégradé et devrait dépasser les 5% du PIB en 2023
Malgré de nombreuses vulnérabilités, dont une forte dépendance au marché européen et un environnement politique complexe, les économies des Balkans occidentaux ont remarquablement résisté aux deux chocs extérieurs depuis 2022 : la guerre en Ukraine et le ralentissement européen. Le risque de change a été contenu grâce au soutien des investissements directs étrangers et des financements extérieurs. Le dynamisme de la demande intérieure a permis de compenser les conséquences du ralentissement européen sur les exportations. Les pressions inflationnistes, encore prégnantes en 2023, devraient se réduire cette année. L’intégration de la Croatie à la zone euro va réduire significativement les risques macroéconomiques
Lourdement affectée par la crise du COVID et les conséquences de la guerre en Ukraine, l’économie tunisienne doit désormais faire face à d’importantes contraintes de financement. Les comptes extérieurs ont plutôt bien résisté en 2023, mais la situation macroéconomique reste très fragile. Les tombées de dette pour cette année sont significatives, et le pays n’est pas à l’abri d’un nouveau choc. Surtout, la perspective d’un rapprochement avec le FMI apparait de moins en moins probable, alimentant des craintes sur la capacité du gouvernement à couvrir l’intégralité de ses besoins de financements. Une crise de la dette n’est pas à écarter.
Selon notre estimation, le déficit de la balance commerciale (sur les échanges de biens) devrait avoir atteint près de EUR 101 mds en 2023, après 165 mds en 2022 et 86 mds en 2021. Cette amélioration s’explique principalement par la baisse du prix du pétrole et le retour à la normale des exportations d’électricité et des importations de biens intermédiaires. Bonne nouvelle, la balance commerciale s’améliore également en volume, même si c’est de façon plus limitée et en raison d’effets qui ne devraient probablement pas se répéter.
Pour les pays émergents, les conditions monétaires et de change sont plus favorables en ce début d’année qu’elles ne l’étaient fin 2022-début 2023. L’assouplissement des politiques monétaires permis par la désinflation, et des perspectives de croissance globalement révisées à la hausse, attirent les investissements de portefeuille. Malgré l’augmentation du risque géopolitique, le risque souverain devrait diminuer sauf pour les pays plus fragiles, déjà sur la sellette en 2023. Pour les pays à faible revenu, 2024 sera une année à haut risque car les échéanciers de dette extérieure des États resteront très chargés comme en 2023.
GDP growth, inflation, interest and exchange rates
La zone euro aura finalement échappé de justesse à la contraction économique au dernier trimestre 2023, mais le tableau est contrasté entre les pays. Selon les chiffres préliminaires d’Eurostat, le PIB réel en zone euro est resté stable au T4, après une légère baisse de 0,1% t/t au T3. La croissance trimestrielle a surpris à la hausse en Espagne (+0,6%), en Italie (+0,2%), tandis que les chiffres français (0,0%) et allemands (-0,3%), plus faibles, étaient en ligne avec le consensus. La baisse la plus importante en zone euro est venue d’Irlande (-0,7%), tandis que le Portugal a progressé le plus fortement (+0,8%).
Le narratif du « dernier kilomètre », très répandu dans la sphère des banques centrales en 2023, reflète la crainte qu’après un déclin important de l’inflation, de nouvelles baisses serait difficiles à obtenir. Cependant, il semble qu’il soit de plus en plus remis en question. Le compte rendu de la réunion de décembre 2023 du Conseil des gouverneurs de la BCE mentionne qu’il a été l’objet de débats. Il semblerait que la désinflation de 2023 ait été plus rapide que lors d’épisodes précédents, soulevant des doutes quant à la pertinence de ce narratif. Un article de la Réserve fédérale d’Atlanta analyse le sujet pour le périmètre des États-Unis
Les répercussions du conflit en mer Rouge sur le transport maritime mondial sont déjà notables. Si le prix du fret maritime est, à ce stade, encore très en dessous des niveaux observés en 2021, lors du redémarrage de l’économie mondiale post-confinement, la hausse au cours du mois de janvier 2024 a été abrupte. L’indice Freightos (graphique 5) indique, en moyenne, un triplement des coûts de transport par rapport à la fin de l’année dernière. Du fait de leurs positionnements géographiques, la Chine et l’Europe sont les régions les plus directement affectées par ces perturbations, et font déjà face à des hausses de coûts de transport allant d’un facteur trois (trajet Chine-Europe) à cinq (trajet Europe-Chine)
Dernières données sur la croissance du PIB, l'inflation, les taux d'intérêt et de change.
L’année 2023 s’est terminée sur une note d’espoir suscitée par les anticipations de baisses de taux et les signes de stabilisation, voire de redressement, des enquêtes de confiance. Cette note d’espoir ne s’est pas dissipée en ce début d’année 2024. Sauf nouveau choc, le retour de l’inflation à la cible de 2% apparaît en bonne voie. Il ouvre la voie à un début d’assouplissement monétaire attendu au deuxième trimestre. Cette double baisse, de l’inflation et des taux, et l’évolution encourageante de la plupart des données économiques nourrissent le scénario d’un soft landing. Les risques et les points d’attention ne manquent toutefois pas. Les tensions géopolitiques restent fortes et susceptibles de perturber ce scénario, notamment par leur impact inflationniste
En 2023, le rebond post-Covid de l’activité économique chinoise a été moins vigoureux qu’espéré. La crise du secteur immobilier semble même s’être aggravée en fin d’année, la demande de logements ne redémarre pas en dépit des mesures de soutien des autorités, et le moral dégradé des ménages pèse sur leur consommation. En revanche, le secteur manufacturier exportateur a affiché une performance meilleure que prévu au cours des derniers mois, contrastant avec celle des secteurs tournés vers le marché intérieur.
Catastrophe naturelle, crise politique : l’année 2024 débute difficilement pour le Japon. Les répercussions économiques du séisme qui a frappé la côte ouest du pays le 1er janvier 2024 devraient néanmoins être assez limitées en raison de la préparation efficace et de la réaction rapide des autorités face à ce type d’évènement. Après une croissance attendue à +0,4% t/t au quatrième trimestre 2023, le rythme devrait ralentir au premier trimestre 2024 mais rester positif, à 0,2% t/t. La baisse de l’inflation et des rendements obligataires en fin d’année 2023 donne de l’air à la Banque du Japon (BoJ), qui devrait mettre un terme à sa politique de taux d’intérêt négatifs en mars ou avril
L’activité en zone euro devrait se renforcer légèrement en 2024, portée par le reflux de l’inflation et le début du cycle baissier des taux directeurs, qui interviendrait en avril d’après nos prévisions. Le marché du travail surprend toujours favorablement. Néanmoins, l’activité industrielle se replie nettement et reste très exposée à une escalade des tensions en mer Rouge et aux répercussions sur le transport maritime et les chaînes d’approvisionnement. Cette année 2024, rythmée par de nombreuses échéances législatives et présidentielles nationales (Finlande, Portugal, Belgique, Autriche) et européennes (du 6 au 9 juin), redessinera aussi les contours du paysage politique dans la région et les rapports de force au sein du parlement européen.
Le ralentissement conjoncturel que connaît l’économie allemande, similaire à celui traversé par la zone euro, s’inscrit dans une stagnation plus ancienne : le dernier trimestre de croissance significative datant du T3 2022. Ce chiffre étant encore biaisé à la hausse, la période bénéficiant du rebond post-Covid. Si l’augmentation des prix de l’énergie a été suffisamment forte en 2022 pour faire ressortir les faiblesses manifestes de l’économie allemande, concentrée sur des secteurs énergivores, certaines de ces faiblesses préexistaient. Dans ce contexte, la perspective d’un retour à la croissance, qui est notre scénario pour le printemps 2024, notamment en raison du reflux de l’inflation, reste entourée de profondes incertitudes et d’un aléa baissier.
La croissance française s’est affaiblie en 2023, comme en témoigne le bas niveau atteint en décembre par les indicateurs de climat des affaires. Toutefois, 2024 devrait amorcer la voie de la reprise. Des prix de l’énergie bien plus bas que début 2023 permettront notamment une poursuite du recul de l’inflation, qui ne devrait pas être remis en cause par le retrait de la majeure partie du bouclier tarifaire encore présent sur l’électricité. Le rebond des salaires réels, la bonne santé du secteur de l’aéronautique et la poursuite du verdissement de l’économie devraient permettre un atterrissage en douceur de la croissance en 2024, à 0,6% en moyenne annuelle
En 2023, la reprise italienne a ralenti, avec quelques à-coups. Après avoir soutenu la croissance au premier semestre, l’investissement s’est inscrit en recul. De son côté, la consommation a surpris à la hausse (+1,5 % par rapport au T4 2022). Les ménages ont bénéficié d’une amélioration significative des conditions du marché du travail et d’un reflux de l’inflation et leur confiance s’est redressée, ce qui a permis de soutenir les dépenses privées. Au T4 2023, en raison de la décélération des prix de l’énergie (+1,2 % en moyenne en 2023 contre +50,9 % en 2022), l’inflation a fortement ralenti.